Le 13 septembre 1993, à Wahington, Ytzhak Rabin et Yasser Arafat signent une déclaration de principes :

' Le gouvernement de l’État d’Israël et la délégation de l’OLP représentant le peuple palestinien, ayant convenu qu’il est temps de mettre fin à des décennies d’affrontements et de conflits, de reconnaître leurs droits légitimes et politiques mutuels et de s’efforcer de vivre dans un climat de coexistence pacifique, de respect et de sécurité mutuelles, afin de parvenir à un règlement de paix juste, durable et global ainsi qu’à une réconciliation historique par le biais du processus politique convenu. '

Voir aussi : Processus d'Oslo : Textes et documents

Les accords d’Oslo sont les premiers d’un processus de négociation qui dure huit ans, de 1993 à 2001.1 Ils représentent avec les accords de Camp David, la seule réelle possibilité de paix qu’a connu ce conflit. Le texte négocié secrètement en Norvège fut dévoilé, le 13 septembre 1993, par Yasser Arafat et Ytzhak Rabin, sur la pelouse de la Maison- Blanche, en présence du Président Clinton.

Les accords comportent une «Déclaration de principes portant sur les dispositions d’auto-gouvernement par intérim», en dix-sept articles, et quatre protocoles annexes précisant certains points. L’accord qui doit mettre fin à des décennies de conflit et instaurer une réconciliation historique devait entrer en vigueur un mois plus tard, le 13 octobre 1993.

La déclaration a été précédée trois jours plus tôt d’un échange de lettres entre Yasser Arafat et Ytzhak Rabin. L’OLP reconnaît le droit d’Israël à vivre dans la paix et la sécurité, alors qu’Israël reconnaît de son côté l’OLP comme unique représentant du peuple palestinien.

 

Rabin, Clinton et Arafat à Wahington

La déclaration qui ne fait pas référence à la création d’un État palestinien accepte les résolution 242 (retour aux lignes de 1967 contre la paix ), 338 (cessez le feu suite à la guerre de 1973) et fixe comme but immédiat aux protagonistes de

'- mettre en place une Autorité palestinienne intérimaire (président, conseil législatif), élue pour une période n’excédant pas cinq ans par les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie. Cette autorité aurait compétence dans des territoires évacués par l’armée israélienne, Cisjordanie et Gaza. La période de 5 ans commencerait par l’évacuation de Gaza et Jéricho.

- préparer dans les trois ans les négociations pour un statut définitif, qui devrait prendre en compte les questions laissées de côté par l’accord d’Oslo : les frontières, la colonisation, le statut de Jérusalem-Est et le problème des réfugiés.

Deux mois plus tard exactement, le 13 décembre 1993, un accord sur le retrait israélien de la bande de Gaza et de la ville de Jéricho devait être signé, retrait qui aurait dû être achevé le 13 avril 1994.

En fait, l’accord ne fut pas signé et le processus commença à prendre du retard, achoppant sur la superficie de la « zone de Jéricho » à évacuer (27 km2 pour les Israéliens, 345 pour les Palestiniens) mais aussi sur la question des accès vers la Jordanie et Gaza. A partir du 4 mai 1996 devaient donc commencer les négociations sur le statut définitif de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem. Le 4 mai 1999, la phase transitoire s’achèverait.

Les deux leaders prononcent chacun un discours.

Yasser Arafat pourtant laic, commence par citer la Basmala2 : " Au nom de Dieu, le clément, le miséricordieux, " […]

Puis enchaîne, ainsi

' Mon peuple espère que cet accord que nous signons aujourd’hui marquera le début de la fin d’un chapitre de douleur et de souffrance, qui a duré pendant ce siècle.

Mon peuple espère que cet accord que nous signons aujourd’hui débouchera sur une ère de paix, de coexistence et d’égalité des droits. […]. Maintenant que nous sommes au seuil d’une nouvelle ère historique, laissez-moi m’adresser au peuple d’Israël et à ses dirigeants que nous rencontrons aujourd’hui pour la première fois, et laissez-moi leur assurer que la difficile décision que nous avons prise ensemble était de celles qui nécessitaient un courage exceptionnel.

Tandis que Ytzhak Rabin déclare que

' La signature aujourd’hui à Washington de la déclaration de principes israélo-palestinienne n’est pas simple, ni pour moi-même en tant que soldat dans la guerre menée par Israël, ni pour le peuple d’Israël […] Ce n’est certainement pas simple pour les familles des victimes des guerres, de la violence, de la terreur, dont la souffrance ne guérira jamais, pour les milliers de personnes qui ont défendu nos vies avec la leur et qui ont même sacrifié leur vie pour la nôtre.

Pour tous ceux-là, cette cérémonie arrive trop tard. "Aujourd’hui, à la veille d’une occasion de paix et peut-être de la fin des violences et des guerres, nous nous souvenons de chacun d’entre eux avec un amour éternel.

Nous venons de Jérusalem, la capitale ancestrale et éternelle du peuple juif. Nous venons d’une terre de souffrance et d’angoisse.

Nous venons d’un peuple, d’une maison, d’une famille, qui n’a pas connu une seule année, un seul mois au cours desquels des mères n’ont pas pleuré leurs fils.

Nous venons pour essayer de mettre fin aux hostilités afin que nos enfants les enfants de nos enfants n’aient plus à payer le douloureux tribut de la guerre, de la violence et de la terreur. […]

Laissez-moi vous dire, Palestiniens, que nous sommes destinés à vivre ensemble sur le même sol et sur la même terre. […]

Nous n’avons aucun désir de vengeance, nous ne nourrissons aucune haine envers vous. Nous, comme vous, sommes un peuple, un peuple qui veut construire sa maison, planter un arbre, pour aimer, vivre à vos côtés dans la dignité, en affinité, comme des êtres humains, comme des hommes libres.

Nous donnons aujourd’hui une chance à la paix et nous disons qu’un jour viendra où nous ferons tous nos adieux aux armes. […].

Cependant, le 10 mai 1994, Yasser Arafat lors d’un discours à la mosquée de Johannesburg laisse entendre que l’accord est destiné à être enfreint

' Je vois cet accord comme ne valant pas plus que l’accord signé entre notre prophète Muhammad et les Qurayshites à la Mecque3 (…) Nous acceptons maintenant l’accord de paix, mais [seulement dans le but de] continuer notre route vers Jérusalem.4

Ytzhak Rabin exige alors une lettre affirmant formellement son adhésion à l’accord d’autonomie à Gaza et Jericho, sous menace d’interdire les négociations. Finalement ce qui reste de la négociation, ce sont les lignes rouges définies dans les deux camps par leurs propositions et leurs refus et les paramètres Clinton proposées peu après par le Président américain.


1 Voir Claude Cartigny, « Il y a dix ans : Oslo », Recherches Internationales n° 70, 4/2003

2 La Basmala, acronyme de ’Bismillahi Rahmani’ – au nom de Dieu, le clément...est placée en tête de chaque sourate du Coran, à l’exception de la 9è, la sourate du repentir parfois considérée comme la continuité de la 8è...

3 Il s’agit d’un traité signé en 628 pour gagner du temps, le temps pour Mahomet d’inverser le rapport de force.

4 In Détrompez-vous ! Les indignations sélectives de Stéphane Hessel décryptées , Jean Szlamowicz et d’autres, Le Figaro 30/06/2017 Pierre Rehov, Pourquoi la paix continue d’être impossible...

 

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