Le site canadien 'affaires mondiales' émanant des affaires étrangères publie sa vision des normes sociales et culturelles générales et du milieu de travail de divers pays. Il s'aide pour cela d'un interprète culturel du pays et d'un autre vivant au Canada mais connaissant le pays. Le texte ci-dessous concerne Israël, mais n'engage pas le gouvernement canadien...
 
 
 
 
"Avertissement

Aperçus-pays/Enjeux interculturels visent à fournir un aperçu des normes sociales et culturelles générales et du milieu de travail auxquels un Canadien devra probablement s'adapter dans un pays en particulier. Nous offrons un aperçu de chaque pays de deux points de vue différents : celui d'un Canadien et celui d'un natif du pays d'accueil. Vous pourrez vous faire une idée de la culture de ce pays en comparant le point de vue canadien et le point de vue local. Nous vous encourageons à poursuivre vos recherches à l'aide d'autres sources et à utiliser le processus d'évaluation Triangulation. On demande aux interprètes culturels de s'appuyer sur la plus vaste expérience possible pour formuler leurs réponses. Cependant, ces dernières doivent être considérées comme un point de vue qui reflète le contexte et les expériences de l'auteur, il ne s'agit pas de commentaires sur un groupe ou une société en particulier.

Il est possible que vous soyez en désaccord avec le contenu de quelques réponses. Il faut même s'y attendre, vu la complexité du sujet et des problèmes associés aux commentaires généraux sur un pays et un peuple au complet. Nous vous encourageons à nous faire part de vos expériences, car vos commentaires nous aideront à faire d'Aperçus-pays un riche milieu d'apprentissage.

 

Au sujet des interprètes culturels
Interprète local :

Votre interprète culturelle est née en Israël la plus jeune de 10 enfants. Elle a grandi en ville à Ashdod. Elle a poursuivi ses études en Israël à l'université de Ramat Gan à Tel Aviv et en France. Ses études l'ont emmenée à l'étranger en France pour la première fois où elle a étudié la littérature. Par la suite, elle a émigré au Canada et pour travailler dans une agence de voyages. Elle vit maintenant à Montréal depuis 7 ans. Elle se rend deux fois par an en Israël pour visiter sa famille et dans le cadre de programmes de soutien à Israël. Elle est mariée et a deux enfants.

Interprète Canadien :

Votre interprète culturelle est née et a grandi à Ottawa, en Ontario. À 18 ans, elle s'est installée en Israël pour y faire sa première année d'études universitaires. Après avoir obtenu un diplôme d'études culturelles à l'Université McGill, à Montréal, elle a habité un an à Toronto, puis a séjourné pendant deux ans en Israël, où elle a travaillé au sein d'un fond d'investissement à capital de risque et lancé son propre restaurant sushi. Elle a par la suite fait plusieurs voyages à Singapour, en Thaïlande, en Australie et en Nouvelle-Zélande, avant de se rendre en France pour prendre des cours d'art culinaire à Paris. Elle vit actuellement au Canada et suit des cours de cuisine à l'École Cordon Bleu à Ottawa. Elle est mariée et a une fille.

 

Conversations

Question :

Je rencontre quelqu’un pour la première fois et je veux faire bonne impression. Quels seraient de bons sujets de discussion à aborder?

Point de vue local :

En Israël, lors d’une première rencontre, la façon dont l’étranger parle hébreu est déjà une curiosité pour l’interlocuteur et un indicateur sur l’origine de la personne en face de lui. Les Israéliens sont très curieux et à la fois respectueux des étrangers, notamment ceux qui maîtrisent plus ou moins bien l’hébreu ou ceux qui essayent de le parler.

Généralement les discussions commencent par le lieu d’origine. Cela permet de mieux se familiariser avec la personne. La famille tient également une place très importante dans la conversation. Le travail ne vient qu’en dernier lieu pour connaître davantage la personne. Il n’y a pas tellement de sujets tabous en Israël, la parole est libre et chacun peut avoir ses opinions si controversées soient-elles.

L’humour est très développé en Israël. Il s’agit d’un humour spontané que les gens utilisent parfois sans même s’en rendre compte. Mais il est parfois difficile de comprendre à moins de bien maîtriser la langue.

Point de vue canadien :

Au premier contact avec des Israéliens, je leur poserais des questions sur leur travail, le service militaire (celui-ci est obligatoire pour les hommes et les femmes de 18 à 21 ans). L’humour est acceptable – surtout s’il porte sur la politique. Il est facile d’associer les Israéliens, d’après leur habillement, à une idéologie politique donnée. Un Israélien de droite a l’air très religieux – les hommes et les femmes ont la tête couverte et portent des vêtements modestes, de couleur sombre. Une personne de gauche porte en général une tenue décontractée qui comprendra chez les hommes, par exemple, une chemise à demi-boutonnée, sans t-shirt. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de sujet tabou pour les Israéliens – il est totalement acceptable de leur demander quel loyer ils paient ou quel salaire ils font. Pour conclure, il est toujours utile, au cours d’une conversation, de discuter de la région d’où votre interlocuteur est originaire – le pays est petit et il y aura sans doute quelqu’un qui aura effectué plusieurs voyages d’affaires dans la région qui vous intéresse. Un bon moyen de briser la glace est de s’informer sur la durée du trajet ou sur le trafic routier (il y en a toujours beaucoup!).

 

Styles de communication

Question :

Que dois-je savoir à propos des communications verbales et non-verbales?

Point de vue local :

En hébreu le vouvoiement n’existe pas. On tutoie les gens, ce qui rend le contact plus facile. La barrière est vite levée et on se sent moins gêné de s’adresser aux gens. La distance n’existe pas vraiment, l’Israélien met vite à l’aise les gens de par son attitude très décontractée. Si un Israélien vous sent embarrassé, il n’hésitera pas à vous mettre à l’aise en plaisantant, tout en essayant de vous comprendre.

On s’adressera à la personne par Monsieur ou Madame et son nom de famille pour la première fois mais très vite on pourra l’appeler par son prénom.

La gestuelle est plus importante que le toucher. On peut rencontrer parfois des Israéliens s’agitant dans tous les sens pour exprimer simplement une idée banale. On se sert la main entre hommes et parfois entre hommes et femmes. Les baisers homme/femme sont très rares, sauf entre très bons amis.

L’Israélien parle fort et vite. Il donne l’impression qu’il est pressé de parler ou presque contrarié. Il arrive souvent que les Israéliens crient comme s’ils étaient énervés alors qu’ils parlent tout à fait normalement.

Les Israéliens détestent l’hypocrisie et n’hésitent pas à la dénoncer ouvertement. Il faut parler directement et franchement. S’il y a un désaccord, il faut en parler et ne pas laisser de sous-entendu.

Point de vue canadien :

Le ton de voix et la franchise comptent d’avantage que le contact visuel – il n’est pas utile de tourner autour du pot avec les gens – une approche directe, droit au but, presque indiscrète (d’un point de vue canadien) est caractéristique des Israéliens. Les gestes de la main font partie de l’expression verbale et les discussions se tiennent à une distance personnelle que la plupart des Canadiens trouveraient trop petite. Il n’est pas question de toucher son interlocuteur, parce que les hommes et les femmes religieux et pratiquants ne se touchent pas. Ainsi, si vous faites affaires à Jérusalem, où l’on compte beaucoup plus de personnes religieuses qu’ailleurs, la distance personnelle est plus grande. À l’inverse, à Tel-Aviv, ville très cosmopolite, la poignée de main est pratique courante. À l’extérieur des grandes villes, les conversations sont plus décontractées – surtout dans le Nord et dans les kibboutz.

 

 Démonstration des émotions
Question :

Les démonstrations d'affection, de colère ou d'autres émotions sont-elles acceptables en public?

Point de vue local :

Les démonstrations d’affection sont très nombreuses et ce de 7 à 77 ans !! Les gens s’échauffent très vite, trop vite (impatience dans les files d’attente, mauvais service etc..). Les jurons partent vite aussi. En général, si une dispute sérieuse éclate, le public aux alentours essaye de calmer la situation. Il y a toujours quelqu’un plus « grande gueule » qui arrive à calmer la situation.

Point de vue canadien :

En ce qui a trait aux manifestations d’affection, voyez le paragraphe ci-dessus. La colère est un moyen répandu de manifester ses émotions et parfois de façon soudaine et imprévisible. Les gens ont la mèche courte! Toute la société subit un stress et une pression considérables dans un pays où les gens peuvent perdre la vie lors d’une attaque; les émotions sont donc à fleur de peau. Les Israéliens se disputent aux étals de légumes, avec les chauffeurs de taxi et au cours de réunions d’affaires. Comme la colère est partie intégrante de la vie des Israéliens, elle n’est pas prise aussi sérieusement qu’au Canada et est souvent considérée comme étant le reflet d’un caractère passionné. Ceci dit, dans un environnement professionnel, vous n’êtes pas censé vous disputer avec votre supérieur; vous pouvez avoir des divergences musclées avec vos collègues mais il existe tout de même un système hiérarchique qui doit être respecté. Les émotions sont acceptables, bien qu’il y ait des limites – vous verrez rarement ces Israéliens résistants se « laisser aller » et exprimer leurs sentiments.

 

Code vestimentaire, ponctualité et formalité

Question :

Que dois-je savoir à propos du milieu de travail (la tenue vestimentaire, les délais, la formalité, etc.)?

Point de vue local :

Comme il a été dit précédemment, Israël est un pays chaud où les gens sont très décontractés. Au travail (sauf en cas de demande expresse de l’employeur), on ne porte pas la cravate et le costume. Une simple chemise à manches courtes et un pantalon de ville suffiront. Même parmi les cadres, de nombreux directeurs sont habillés ainsi.

L’approche entre collègues est très simple, spontanée, presque familiale. Une entreprise est presque comme une seconde famille. On se fait vite des collègues amis, curieux de mieux vous connaître et de vous aider parfois même. On sort ensemble dîner, boire un café lors d’une pause. La qualité de la langue n’est pas très importante du moment que l’on arrive à se faire comprendre.

On s’appelle par le prénom en général, même à l’égard des supérieurs hiérarchiques. La mentalité veut que l’on travaille tous pour faire évoluer l’entreprise dans une bonne ambiance d’équipe.

Certains travaux nécessitent un respect des délais auquel les supérieurs accordent une grande importance. La gestion du travail personnel est libre à partir du moment que l’on démontre qu’on produit le résultat attendu au moment demandé. La ponctualité et l’absentéisme sont aussi contrôlés dans la plupart des entreprises.

Point de vue canadien :

En général, le code vestimentaire est très décontracté – il fait très chaud en Israël et le port de la cravate n’est donc pas obligatoire. De fait, les chemises ne sont pas entièrement boutonnées et le port de shorts kaki assortis à une chemise à boutons, rentrée, et des sandales sont acceptables. Dans les milieux de travail plus huppés, les sandales sont interdites et vous devez porter des chaussures fermées. Dans les milieux moins formels, les jeans sont acceptables. La tenue vestimentaire des femmes est aussi décontractée, mais nette, et peut comprendre un pull-over, une jupe ou des pantalons repassés et des sandales, mais pas de jeans. Les femmes pratiquantes religieuses se couvrent la tête de chapeaux, de foulards ou d’autres façons de se couvrir la tête, même au bureau, et elles portent aussi des jupes qui cachent les genoux. Les hommes religieux portent une calotte (kippa), une chemise blanche et un pantalon noir.

Les collègues et les superviseurs utilisent le prénom. Toutefois, lorsqu’on s’adresse à des gens que l’on ne connaît pas personnellement, on utilise le titre Monsieur ou Madame – par exemple, « Est-ce que Monsieur Goldman est libre? ». Au premier contact, toutefois, ce même Monsieur Goldman sera appelé par son prénom, par exemple « Georges ».

Bien que les choses soient menées à la manière militaire en ce qui a trait au ton et à ponctualité, en réalité, chacun semble être toujours un peu en retard. Ainsi, si vous êtes en position d’autorité – c’est-à-dire si vous êtes le propriétaire, un actionnaire ou l’employeur, vous pouvez être en retard. Cependant, vous devez être à l’heure à vos rendez-vous lorsque vous êtes à la recherche d’un emploi, d’un prêt de lancement d’entreprise, etc. Les retards peuvent aller de 5 à 40 minutes, mais les personnes en retard sont jugées impolies. Il est acceptable d’arriver tard au travail le matin – les heures d’entrée variant de 7 à 10h30 - à condition de le quitter plus tard. L’absentéisme n’est pas acceptable parce que les employés ont droit à environ deux semaines de congé (selon les négociations) dans les postes de débutant, et à un mois de congés payés en septembre et octobre (pour les fêtes juives). À cela s’ajoutent quelques autres jours fériés répartis sur l’année et la semaine de la Pâque juive (Passover) en avril. Durant ces jours de fête religieuse, tous les magasins, les centres commerciaux et les épiceries sont fermés. Le seul congé payé où tous les magasins sont ouverts est le jour des élections nationales. Ce jour-là, les Israéliens votent, puis vont à la plage!

 

Méthodes de gestion

Question :

Quelles sont les qualités les plus recherchées chez un supérieur/directeur local? Comment saurais-je de quelle façon mon personnel me perçoit?

Point de vue local :

En général les qualités requises chez un gestionnaire sont les aptitudes personnelles, et les qualifications. À cela s’ajoutenet l’esprit d’initiative, un dynamisme hors-pair, un potentiel d’adaptation développé, un bon esprit d’équipe, le leadership, l’expérience professionnelle et des connaissances solides.

Israël est un pays d’immigrants où chacun est descendant d’une famille venant d’un des quatre coins du globe. La provenance du directeur n’a donc aucune incidence sur ses rapports avec ses employés. On ne jugera pas la personne sur son lieu d’origine mais sur ses aptitudes professionnelles.

En Israël il est très facile de comprendre si l’on est apprécié ou non par ses collègues ou employés. Les Israéliens n’hésitent pas à exprimer leurs opinions sur les gens.

Point de vue canadien :

Les grades militaires et la formation universitaire sont très recherchés. L’expérience de travail en Amérique impressionne beaucoup. L’expérience acquise dans les entreprises du haut du panier, à New York ou à Londres, attire l’attention dans un pays où règnent le commerce, les idées et le marketing. En outre, le traitement équitable de tous les employés est aussi très apprécié. Pour finir, la langue parlée est très importante. Si vous administrez des Israéliens, vous devez connaître leur vocabulaire et leur argot (incluant l’argot moderne et militaire). Autrement, vous ne serez pas respecté.

 

Hiérarchie et Prise de décision

Question :

Au travail, comment sont prises les décisions et qui les prend? Est-il convenable d’aller consulter mon superviseur immédiat pour obtenir des réponses ou de la rétroaction?

Point de vue local :

En fonction de leur importance, les décisions sont prises toujours collectivement en réunions de personnel ou d’équipe de travail.

Chacun a le droit d’émettre son avis sur telle ou telle question. Si le superviseur est disponible, il est possible de lui soumettre spontanément une idée, une opinion et même parfois une doléance. La liberté de parole est très importante pour le bien être de l’entreprise.

Point de vue canadien :

Le milieu de travail est généralement assez ouvert, mais les supérieurs ont toujours le dernier mot. Vous pouvez vous adresser à votre supérieur immédiat pour lui poser des questions ou lui demander une évaluation en vue d’une augmentation de salaire.

 

La religion, la classe, l'ethnicité et le sexe

Question :

Décrivez brièvement l’attitude des gens de l’endroit à l’égard des facteurs suivants et leurs répercussions en milieu de travail : L’égalité des sexes, la religion, les classes sociales, et l’origine ethnique.

Point de vue local :

Égalité des sexes : En Israël, les relations hommes-femmes sont égalitaires. La femme dispose des mêmes droits civiques que l’homme. Nous retrouvons des femmes au gouvernement qui ont les mêmes prérogatives politiques que leurs confrères masculins. Dans l’armée israélienne les femmes ont le même statut que les hommes et peuvent accéder à des grades élevés (officiers de carrière, pilotes de chasse...). Ceci est aussi valable pour la police.

En dehors de la religion, la femme moderne israélienne peut accéder à n’importe quel poste de responsabilité pourvu qu’elle ait les compétences requises. Au travail, les femmes ont le même pouvoir décisionnaire que les hommes et les rapports directrices/subordonnés et vice-versa sont en général respectés. Il arrive qu’il y ait des différences de salaire entre hommes et femmes possédant les mêmes qualifications et compétences et qui sont souvent dénoncées par le syndicat national (Istadroute).

Concernant le statut de la femme religieuse, dans une famille orthodoxe juive (et comme dans d’autres religions), la femme ne travaille pas ou peu et doit élever les enfants alors que le mari passe le plus clair de son temps à l’étude de la Thora dans les écoles talmudiques. Dans une famille orthodoxe, il est une « Mitsva » (bonne action divine) d’avoir de nombreux enfants, dont la mère aura la responsabilité. Il incombe au père de les éduquer dans le respect des traditions et des valeurs du judaïsme.

Religion : En Israël, les trois religions monothéistes sont présentes. Le judaïsme, le christianisme et l’islam. Beaucoup de chrétiens et de musulmans travaillent et sont bien intégrés dans la société israélienne. On note cependant une préférence de chaque communauté religieuse à rester davantage entre elle. Cela se traduit par des quartiers ou des villages à forte dominante musulmane ou catholique. Je ne parle pas des différentes branches de l’Islam (Chiites, Sunnites, Bahaï, Druzes) que l’on retrouve dans de nombreux villages et qui vivent intégrés dans le pays (certains villages ou villes à dominante arabe sont des escales touristiques importantes (Nazareth) mais les habitants de ces communautés préfèrent éviter les contacts avec les juifs israéliens et cela est parfois réciproque.

L’égalité des religions au travail est en général respectée mais on comprendra que vis-à-vis de la communauté musulmane arabe et vu le contexte actuel en Israël, de nombreux employeurs sont réticents à embaucher des travailleurs originaires de cette ethnie.

Depuis le début du conflit israélo-palestinien, beaucoup d’arabes israéliens qui travaillaient régulièrement en Israël ont souffert des conséquences de ce conflit. Une grande méfiance règne en Israël à l’égard de toute personne arabe, car l’image du kamikaze est gravée dans la population israélienne littéralement traumatisée par les nombreux attentats palestiniens.

Israël vit au rythme du calendrier religieux juif concernant la célébration des fêtes mais se fonde sur le calendrier chrétien dans la vie quotidienne. Pour un religieux travaillant dans un milieu plus laïc, il n’y a aucune incidence du fait qu’il soit plus religieux que ses collègues.

Classe : Le fossé entre les classes riches et les classes plus modestes s’est considérablement agrandi depuis le début de la 2e Intifada. La récession économique grandissante, une grande partie du budget de l’État a été consacré à la sécurité intérieure et à l’armée au détriment des aides sociales. Aujourd’hui on assiste en Israël à un appauvrissement accéléré de la classe modeste qui a des moyens très limités, voire nuls, pour trouver d’autres ressources, alors que la classe riche s’enrichit davantage en allant en chercher à l’étranger. Cela explique que beaucoup d’entreprises ont fermé ou se sont localisées à l’étranger. Il en résulte un affaiblissement considérable de l’économie israélienne et un marasme sans précédent. Il reste alors les classes moyenne et modeste qui luttent pour leur survie dans un contexte économique désastreux.

Origine ethnique : Nous comptons de nombreux groupes ethniques juifs depuis les grandes vagues d’immigration russe au début des années 90 et l’arrivée des juifs Fallasha (juifs d’Ethiopie), des juifs fuyant l’Iran, l’Iraq, et même les nombreux juifs faisant leur « Aliyah » (trad. Montée en Israël = émigration ) de France et des Etats-Unis. La société israélienne s’est considérablement diversifiée et le melting pot israélien s’est davantage élargi. Désireux d’augmenter sa population pour avoir plus de poids au regard de l’ensemble des pays arabes qui l’entourent, Israël a accueilli (et continue d’accueillir ) à bras ouverts tous les juifs du monde quelle que soit leur origine. De ce fait les Israéliens qui y vivent depuis plusieurs générations ont du s’adapter tant bien que mal à vivre avec ces nouvelles ethnies.

C’est pourquoi il n’est pas rare d’avoir dans les compagnies à Tel Aviv, des collègues russes, français, éthiopiens et venant de pays arabes. Dans un même département d’une compagnie, il arrive souvent d’entendre parler 5 à 6 langues différentes, mais l’hébreu est bien sûr la langue commune. La règle du respect de la différence d’autrui est toujours de mise.

Point de vue canadien :

Égalité des sexes : Pour les Israéliens, les femmes sont moins capables que les hommes. Par conséquent, les femmes qui réussissent aussi bien que les hommes seront davantage respectées pour avoir surmonté cette situation. Les femmes pratiquantes ont en général de nombreux enfants, et si elles travaillent en même temps, on les respectera encore plus. Ce n’est que récemment que les femmes ont été autorisées à occuper des rôles de combat dans l’armée. Il en est de même pour de nombreux autres emplois.

Religion : Les gens religieux sont considérés comme des citoyens de deuxième classe par les travailleurs cosmopolites, et les juifs séculaires (généralement cosmopolites) sont perçus comme des païens par les gens religieux. C’est là le problème principal de la société israélienne, qui ne peut pas être résumé, même en plusieurs pages. S’il était possible de rapprocher les Israéliens religieux et séculaires, cela rendrait un grand service au peuple et au pays. La plupart des Israéliens respectent ceux qui observent leur religion de façon non ostentatoire. La lutte entre les antireligieux et les ultra-orthodoxes déchire le tissu social.

Classe : Comme le pays est très petit, des villes entières jouent le rôle de quartiers. Selon la ville dans laquelle vous dites résider, vous êtes (probablement), soit un Israélien « nouveau riche », et séculaire de troisième génération, soit en difficulté financière et un nouvel immigrant américain et religieux. Ces deux types n’ont aucun rapport entre eux. Par conséquent, même si les membres de ces deux classes pourraient réaliser ensemble de bonnes possibilités d’affaires, ils n’ont jamais de contacts pour former la synergie nécessaire. Les Israéliens de longue date ont souvent du ressentiment à l’égard des nouveaux immigrants parce qu’ils leur reprochent de miner l’économie. De fait, le principe du « droit de retour » permet à tout étranger juif de s’installer en Israël et de profiter des nombreuses mesures subventionnées par le gouvernement, telles que le paiement des billets d’avion, des allégements hypothécaires, des réductions de taxe sur les voitures et les articles ménagers, et l’inscription gratuite dans les universités. Même si des membres de ces deux classes étaient amenés à se rencontrer, ils trouveraient difficile de travailler ensemble, la religion pesant énormément dans la réalité.

Origine ethnique : À l’instar de nombreux autres pays, j’imagine que l’origine ethnique, la religion et la classe sont très étroitement liées en Israël. En théorie, il ne devrait pas y avoir de problèmes ethniques, puisque la majorité des Israéliens sont juifs. Cela dit, Israël compte un nombre croissant d’immigrants non juifs, notamment des Russes, des Thaïlandais et des Philippins. Un autre grand problème en Israël est la présence de Juifs éthiopiens qui sont les seuls Noirs dans le pays. À leur arrivée en Israël, ces Éthiopiens n’avaient pas un style de vie occidental et ne connaissaient pas grand chose de la culture juive, de la culture israélienne et de l’hébreu et, par conséquent, ils étaient très désavantagés. Ils ont été placés dans des résidences temporaires et peu d’efforts ont été réalisés pour les intégrer réellement. C’est pourquoi seul un très petit nombre d’entre eux ont très bien réussi dans le monde des affaires israélien. Le gros de la population israélienne accepte mal la dépendance de ce groupe ethnique à l’égard du système. Cette lutte de classe ou entre ethnies se poursuit aujourd’hui. À chaque nouvelle vague d’immigrants, les mêmes problèmes se posent. Bien que la deuxième génération d’Éthiopiens soit maintenant en train de s’intégrer, les immigrants nouvellement arrivés de Russie rencontrent plusieurs des mêmes obstacles qui ont confronté les Éthiopiens. De plus, il existe un évident problème ethnique et de classe en ce qui a trait aux Arabes qui se sentent privés de leurs droits, isolés et réprimés. Toutefois, il y aujourd’hui très peu d’échanges commerciaux entre Arabes et Israéliens.

 

Établir des bonnes relations

Question :

À quel point est-il important d’établir une relation personnelle avec un collègue ou un client avant de faire des affaires avec cette personne?

Point de vue local :

Il est difficile de faire d’un collègue israélien un véritable ami de confiance. Cela demande du temps, de l’écoute et de la compréhension mutuelle. Il en va de même pour un client. Il faut bien le connaître et ne pas hésiter à parler beaucoup avec lui.

Cela rend le défi encore plus difficile. Pour que l’Israélien se sente vraiment à l’aise ou en confiance, il doit auparavant avoir « testé » son futur partenaire. Il faut savoir parfaitement analyser les besoins et les attentes et ainsi prouver que l’on est la personne qui convient le mieux.

Le fait de se faire d’un client ou d’un collègue un ami montre certaines aptitudes à bien communiquer et à s’intégrer dans la société.

Point de vue canadien :

En Israël, « connaître quelqu’un » est PRIMORDIAL. Cela s’appelle la « protexia » (vous devinez que cela se traduit par « protection ») et peut vous mener loin. Il s’agit d’une personne qui vous connaît ou qui connaît quelqu’un qui vous connaît, et vous prend sous son aile en vous présentant aux bonnes personnes. Un très grand nombre de choses se font selon ce système dans ce pays. Disons par exemple, que si votre tante Ida connaît le patron – ou qu’elle est la patronne, ce qui est encore mieux! – vous n’aurez pas de difficulté à rencontrer le directeur de banque, qui est apparemment absent pour les 3 prochaines semaines, ou à obtenir une entrevue pour un emploi ou un bon prix sur un poste de télévision. Toutefois, il y a loin de la coupe aux lèvres, parce que les gens n’obtiennent pas d’emploi s’ils ne le méritent pas. Ils peuvent obtenir une entrevue grâce à un appui quelconque, mais ils ne seront recrutés que sur leur propre mérite.

 

Privilèges et Favoritisme

Question :

Un collègue ou un employé s’attendrait-il à avoir des privilèges spéciaux ou à recevoir une considération spéciale en raison de notre relation ou de notre amitié?

Point de vue local :

Les privilèges spéciaux, appelés « Protexia » en hébreu, ou piston, sont très à la mode en Israël. Le bouche à oreille entre employés (apprécié bien sûr) et patron sur l’embauche d’un ami ou d’un proche est chose courante. On estime qu’une recommandation d’un ami ou d’un proche est déjà une garantie de sérieux pour l’employeur vis-à-vis de la personne que l’on aide.

Cependant les traitements de faveur ou les augmentations de salaire sont plus rares car ils se méritent davantage qu’ils ne sont accordés facilement par affinité.

Point de vue canadien :

Je vous retourne au paragraphe ci-dessus. Notez que la « protexia » ne fonctionne que si le protecteur le désire et aime bien la personne qui lui demande une faveur. Toutefois, elle est automatique si les rapports entre le protecteur et le protégé sont très étroits; par exemple, si votre père est un général d’armée et que l’on reconnaît votre nom, vous irez certainement très loin.

 

Conflits dans le Lieu de travail

Question :

J’ai un problème relié au travail avec un collègue. Est-ce que je dois le confronter directement, publiquement ou en privé?

Point de vue local :

Dans cette situation également il ne faut pas hésiter à en parler avec son collègue en privé. Une bonne discussion, même un peu musclée, peut tout arranger. En cas de litige insolvable, une entrevue avec le supérieur est vivement conseillée.

En cas de doute il ne faut pas hésiter à engager la conversation. Ne jamais laisser un malentendu s’envenimer davantage. Les arrangements et ententes sont très faciles s’ils sont réglés à temps.

Point de vue canadien :

Vous pouvez affronter le collègue directement, mais vous auriez avantage à consulter d’abord votre supérieur. Tout doit être fait en privé. En général, si vous posez problème à un collègue, il vous le fera savoir directement.

 

Motiver les collègues locaux
Question :

Qu’est-ce qui motive mes collègues locaux à donner un bon rendement au travail?

Point de vue local :

Comme dans tout pays, la motivation première de l’employé est la rémunération. En Israël la vie est chère, et même de plus en plus depuis les débuts de la seconde Intifada. Les Israéliens n’hésiteront pas à faire des heures supplémentaires pour avoir un meilleur salaire. Dans certaines entreprises, des voyages ou des séminaires sont organisés pour motiver le personnel et des augmentations du taux salarial sont prévues à chaque fin d’année.

Point de vue canadien :

La reconnaissance est importante pour les Israéliens – ils aiment être reconnus, distingués et savoir qu’ils ont bien réussi dans une situation risquée. Ils souhaitent se distinguer de leur grade militaire. Ils sont aussi très axés sur la famille et veulent avoir du temps pour s’en occuper et l’agrandir. Les Israéliens accordent beaucoup d’importance à l’argent et ils travailleront plus fort pour en gagner d’avantage.

 

Livres, films et mets recommandés
Question :

Pour m’aider à en apprendre davantage à propos de la culture, pouvez-vous recommander : des livres, des films, des émissions de télévision, de la nourriture et des sites Web?

Point de vue local :

Livres et auteurs célèbres : Mon Peuple (Abba Eban), ouvrages de A.B. Yeoshua, Golda Meir, Amos Oz, Meir Shalev, Néomi Reger.

Films : Exodus, Khatouna Mehoukhéret (Mariage tardif), Esquimo limon, Khamsin, Kippour, Kadosh.Shtey Etzbaot Metsitson, Meakhorey Hasoragim.

Point de vue canadien :

Je recommande le site Jpost.com ou la revue Jérusalem Report Magazine, qui sont de bonnes sources d’information.

 

Activités sur le terrain
Question :

Dans ce pays, j’aimerais en savoir plus sur la culture et sur le peuple. Quelles activités pouvez-vous me suggérer?

Point de vue local :

Endroits à visiter : Jérusalem, Tel Aviv, Haïfa, la Galilée, le Néguev, le Golan.

Nourriture : Cuisine très variée de différents pays. Falafel, pain pita, shawarma, borekas, boulettes de viande, purée de pois-chiches.

Plats sépharades (Afrique du Nord) : Dafina, Couscous, Shubaka, Loubia, Djahnoun, Khamin.

Pâtisseries sépharades : Moffletas, burkoks, makrods, Sfindj, Meshimna.

Plats ashkénazes (Europe de l’Est) : Gefilte Fisch (boulettes de poisson dans bouillon), charcuteries diverses, et Geagteleiber (terrine de gésiers de volailles avec oignons).

Concerts : Programmation du Théâtre national de Tel Aviv, « la Bima » et du Théâtre national de Jérusalem Rebecca Crown. Nombreux concerts en plein air l’été dans l’amphithéâtre antique romain de Césarée. Festival d’Israël, chaque année en mai (concerts théâtre, chorégraphies dans plusieurs villes). Festival annuel de jazz à Eilat (en août); Festival annuel d’Arad (chanson); Festival annuel de musique Klezmer en juillet à Carmiel et en août à Safed.

Journaux : The Jerusalem Post en anglais ou hébreu, Yedihot Aharonot (quotidien national), et Maariv (quotidien national).

Magazines : La Isha (Elle), At (Marie Claire), Motor (4x4 magazine), Tséhirim (jeunesse), Maariv Lanoar (jeunesse), Rosh Ehad (jeunesse), et Globe (affaires).

Émissions de télévision : Les journaux télévisés tiennent une place très importante pour s’informer de la situation dans le pays. Grande audience chaque soir à 20h00. Variétés: Shishi ba Taverna (trad. Vendredi à la taverne), Doudou Topaz (animateur télé très populaire), Mi rotsé liyot milionaire (Qui veut être millionnaire?), Yair Lapid (talk show), Tioulim (Voyages) et Kassefet (jeux télévisé). Culturel : Arutz A Tarbout (chaîne culturelle et universitaire).

Cinéma : Arutz A Sratim (Canal Films).

Postes de radio : Galey Tsahal, Kol Israel, Galgalatz, Reshet Alef, Beth et Guimel. Chaque ville a son propre poste.

Événements sportifs : Jeux Maccabi tous les 4 ans (Jeux Olympiques israéliens), matchs de foorball tous les samedis soirs (très populaire), et compétitions nationales de tennis, judo, saut en hauteur.

Cafés : A Propo, Yotvata, Hard Rock Café, Aroma, et Kapulsky

Point de vue canadien :

Je vous conseillerais d’aller au shuk (marché) pour voir les vendeurs à l’oeuvre et la façon dont tout se négocie, l’esprit d’entreprise des gens, les aliments de toutes sortes tels que les olives, les pois chiches, les concombres, les pastèques et la sabra (figue de Barbarie). Les Israéliens de souche sont parfois appelés sabras.

Le basket-ball est le sport préféré des spectateurs et téléspectateurs. Il y a des concerts de musique en plein-air et des expositions d’art dans le port de Jaffa, Zichron Yaacov. Je conseillerais aussi les jardins Bahhai d’Haifa, les quatre quartiers de la vieille ville de Jérusalem, la plage de Tel-Aviv et le Chof Nitzanim. Essayez le Botz (sorte de café).

 

Héros Nationaux
Question :

Qui sont les héros nationaux de ce pays?

Point de vue local :

Héros : Le Roi David, héros biblique, vainqueur du géant Goliath; Moshé Dayan, grand héros de la Guerre des Six jours et grand général d’armée; Jonathan Nathanyaou, chef du commando qui réussit la libération des otages du raid à Entebbe; Itzhak Rabin, grand général de guerre et précurseur de la paix en Israël; Ilan Ramon, 1er astronaute israélien et grand homme militaire; Shimon Perez, grand homme de paix; et Haim Weizman, scientifique et Premier Ministre d’Israël.

Point de vue canadien :

Je citerai Yonatan Netanyahu – qui est mort en libérant les otages en Ouganda; Ilan Ramon – le premier astronaute israélien qui a trouvé la mort dans l’écrasement de la navette spatiale Challenger; et Dana International – champion du concours de chant d’Eurovision, pour son physique, ses chants et son non-conformisme sexuel.

 

Evénements Historiques partagés

Question :

Y a-t-il des événements historiques communs entre ce pays et le Canada qui pourraient nuire aux relations sur les plans professionnel et social?

Point de vue local :

Aucun.

Point de vue canadien :

Sans objet.

 

Stéréotypes

Question :

Quels sont les stéréotypes entretenus par les Canadiens à propos de la culture locale qui pourraient nuire à des relations efficaces?

Point de vue local :

Pas de stéréotypes nuisibles. Les Israéliens pensent (comme bien d’autres gens d’autres pays) qu’à Montréal il y a des ours et des indiens en tenue traditionnelle qui se promènent dans les rues et qu’il fait -30 degrés aussi en été !! Les Israéliens admirent parfois même les Canadiens pour leur courage de supporter des hivers très rudes.

Point de vue canadien :

Les Canadiens pensent que la vie en Israël est « dangereuse » et hésitent par conséquent à visiter le pays ou à établir des liens avec le pays. En réalité, il y a plus de décès sur les routes à cause des accidents de la circulation que d’attentats à la bombe. Cela peut ne pas en dire long sur la façon de conduire des Israéliens, mais en ce qui a trait à la situation politique, il n’y a pas de raison de ne pas s’y rendre.