1964

 

Le 25 janvier, un cessez-le feu entre en vigueur entre la Malaisie et l'Indonésie, après plusieurs voyages diplomatiques entrepris par Robert F. Kennedy.

Le 25 mars, Sukarno, lors d’un rassemblement public, dit à l'ambassadeur américain présent : « Allez au diable avec votre aide. »

Le 9 septembre, les raids indonésiens en Malaisie sont rapportés devant le Conseil de sécurité des Nations unies.

Le 17 septembre, le Conseil de Sécurité des Nations unies vote à 9 contre 2 la condamnation des raids indonésiens, mais l'Union soviétique oppose son veto à la résolution.

En novembre, le PKI met en place un bureau secret pour coordonner l'infiltration des unités de l'armée.

Sukarno voyage en Chine pour des réunions secrètes.

En décembre, Chaerul Saleh affirme avoir la preuve que le PKI prévoit un coup d'Etat.

Le 4 décembre, des émeutiers attaquent et brûlent les bibliothèques du Service d'information des Etats-Unis (USIS) à Jakarta et Surabaya.

Le 17 décembre, le Badan Pendukung Sukarnoisme – un mouvement pour contrer l'influence du PKI sous l’égide des principes du Pancasila de Sukarno – est interdit par Sukarno sous prétexte qu’il s’agit en fait d’un « complot de la CIA ».

 

 

1963

 

Le 14 février, Sukarno déclare publiquement l'opposition de l'Indonésie à la création de la nouvelle Malaisie.

Le 1er mai, les Nations unies transfèrent le contrôle de l'Irian occidental à l’Indonésie.

Entre les 7 et 11 juin, poursuite des pourparlers entre la Malaisie, l'Indonésie et les Philippines à Manille ; il en résulte l'accord de Manille : le futur du Sabah sera assuré par des moyens pacifiques ; chaque nation conserve sa propre souveraineté tant que les pourparlers sur la fédération continuent.

Le 9 juillet, la Malaisie et la Grande-Bretagne signent des accords définitifs à Londres pour une création effective de la nation de Malaisie fondée au 31 août. Sukarno est furieux.

L’Assemblée fait de Sukarno le Président à vie.

Le 16 septembre, création officielle de la Malaisie. Des émeutiers attaquent les ambassades britanniques et malaises à Jakarta. L’Indonésie rompt ses relations avec Kuala Lumpur.

Le 17 septembre, la Malaisie rappelle ses ambassadeurs en Indonésie et aux Philippines. 

’ambassade indonésienne à Kuala Lumpur est attaquée. Une manifestation du PKI brûle l'ambassade britannique à Jakarta ainsi que quarante-huit résidences britanniques. Les propriétés britanniques en Indonésie – d'une valeur de 400 millions de dollars – sont nationalisées.

Le Président des Etats-Unis, LB Johnson, retire l’aide économique accordée à l’Indonésie ; toutefois, l’aide militaire secrète aux militaires indonésiens pro-américains se poursuit.

 

1962

 

En janvier, tentative d'assassinat de Sukarno en visite à Célèbes ; de nombreux anciens rebelles et des personnalités critiques du gouvernement sont emprisonnés.

Deux navires de guerre néerlandais affrontent quatre torpilleurs indonésiens au large de l’Irian occidental. Un bateau indonésien est coulé, un autre est endommagé.

Le 1er février, un avion charter avec 110 soldats néerlandais à bord, en route pour l'Irian occidental, s’arrête pour se ravitailler en Alaska. En représailles, une émeute a lieu devant l'ambassade américaine à Jakarta.

Le 11 février, Robert F. Kennedy arrive à Jakarta pour mener les négociations sur l'Irian occidental.

Le 25 février, Robert Kennedy part pour les Pays-Bas ; il informe le gouvernement des Pays-Bas que les Etats-Unis ne soutiendraient pas la Hollande si le conflit dégénérait.

e 12 mars, le gouvernement des Pays-Bas annonce qu'il va négocier avec Jakarta au sujet du transfert de l'Irian occidental à l’Indonésie.

Le 2 avril, le « plan Bunker » (d’après le nom du diplomate américain Ellsworth Bunker) est annoncé ; il s’agit d’une proposition visant à mettre fin au conflit en Irian occidental. Les Pays-Bas abandonnent l’Irian occidental à l'administration de l'ONU, et un plébiscite doit avoir lieu pour déterminer l'avenir du territoire.

L’Indonésie rejoint l'OPEP.

Le 15 août, les Hollandais conviennent de transférer l'Irian occidental aux Nations unies le 1er octobre.  Les Nations unies doivent transférer l'Irian occidental à l’Indonésie, le 1er mai 1963. Des élections doivent décider du sort ultime du territoire.

 

1960

 

Sukarno commence à utiliser son nouveau slogan « Nasakom », pour Nationalisme, Agama (religion) et Komunisme.

En janvier, Khrouchtchev visite Jakarta. Les Soviétiques apportent une aide militaire à l'Indonésie.

En mars, l'Assemblée élue (DPR) rejette le budget de Sukarno. Aussi bien les représentants du PKI que des membres de partis musulmans critiquent le mépris de Sukarno pour les procédures parlementaires.
Le 5 mars, Sukarno dissout l'Assemblée et la remplace par une Assemblée nommée : le « DPR-Gotong Royong ». Des officiers militaires sont au DPR pour la première fois.

Le 17 août, l'Indonésie rompt ses relations diplomatiques avec les Pays-Bas.

1961 : En avril, Sukarno se rend aux Etats-Unis et rencontre le président Kennedy. Sukarno dit à Kennedy que si les Etats-Unis le soutiennent, il s’opposera au communisme.

Le 26 septembre, le ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, Luns, annonce à l'Assemblée générale de l'ONU que les Pays-Bas sont prêts à céder l'Irian occidental à l'administration de l'ONU.

Sukarno signe un traité d'amitié et de coopération avec la république populaire de Chine.

Le 19 décembre, Sukarno annonce qu'il va prendre l'Irian occidental par la force si nécessaire. 

 

 

1959

 

1959 : En janvier, Londres signe un nouveau traité avec Brunei : la Grande-Bretagne sera responsable de la défense et des Affaires étrangères ; Brunei sera autonome. Le sultan de Brunei promet des élections dans les deux ans.

Le 5 juillet, Sukarno rétablit la Constitution de 1945 par décret ; il dissout l'Assemblée, puis la réinstitue sous l’empire de la Constitution de 1945. Sukarno ajoute 94 membres supplémentaires afin de représenter les provinces et 200 autres pour représenter les « groupes fonctionnels » – avec les 281 d’origine, cela fait un nouveau total de 575, la plupart d'entre eux choisis par Sukarno.

L’armée commence à déplacer les Chinois des zones rurales vers les villes. Pas moins de 100 000 Chinois quittent l'Indonésie pour la république populaire de Chine au cours de l’année qui suit ; 17 000 autres partent pour Taiwan.

L’armée tente de refuser au PKI de tenir son congrès. Sukarno intervient pour permettre au congrès de se tenir et y intervient lui-même.

 

1958

 

En octobre, campagne anti-chinoise visant les magasins, des journaux et d'autres institutions ayant des liens avec la Chine nationaliste (Taiwan).

 

1957

 

Le 21 février, Sukarno propose la « démocratie dirigée » dans un discours. Dès le début de sa présidence, Sukarno est insatisfait de l’instabilité apportée par le règne des partis ; l’objectif de son concept était d’unifier le gouvernement en y incluant les membres de tous les partis politiques et de créer un nouveau Conseil national afin de contrebalancer une Assemblée instable. Dans les faits, la « démocratie dirigée » a plutôt conduit à un renforcement du pouvoir de Sukarno lui-même.

Le 2 mars, le lieutenant-colonel Sumual prend le contrôle du gouvernement dans l'Est de l'Indonésie et exige plus de pouvoir pour Sukarno, moins pour l'Assemblée et le gouvernement. Le 14 mars, Sukarno proclame la loi martiale. La censure de la presse est réintroduite.

En mai, Sukarno nomme quarante-et-un dirigeants de « groupes fonctionnels », membres d’un
Conseil (Dewan Nasional).

En octobre, le gouvernement promeut et coordonne un boycott anti-néerlandais.

Une résolution de l'ONU, du 29 novembre, demandant le transfert de l'Irian occidental à l’Indonésie échoue.

Le 1er décembre, Sukarno annonce que les avoirs des 246 entreprises néerlandaises seront
nationalisés.

Le 5 décembre, le gouvernement ordonne l’expulsion de 46 000 citoyens néerlandais.

Durant l’année 1957, le général va à Washington pour demander un prêt de 650 millions de dollars à des fins militaires. Les Etats-Unis lui refusent ce prêt ; il part alors pour Moscou et reçoit 250 millions de dollars de crédit de l'Union soviétique. En 1958, l'Indonésie demandera à nouveau aux Etats-Unis une aide militaire et la recevra. Ce jeu entre les deux grandes puissances est typique de la présidence de Sukarno.

 

 

1956

 

 En mai, Sukarno visite les Etats-Unis. Le 8 mai, l’union constitutionnelle entre l'Indonésie et les Pays-Bas est dissoute.

Le 4 août, le gouvernement indonésien rejette 85 % de sa dette envers les Pays-Bas.

Le 28 octobre, Sukarno fait un discours appelant la nation à « enterrer les partis politiques » – c’est la première suggestion du concept de « démocratie dirigée ».

Le 10 novembre, la « Konstituante » se réunit pour examiner une nouvelle constitution. Les sessions butent toujours sur la question de savoir si c’est l'islam ou bien le Pancasila qui doit être le principe directeur de la nation.

 

1955

 

 

En avril se tient la Conférence afro-asiatique de Bandung ; des délégués de vingt-quatre nations y participent, y compris Chou En-Lai, Nehru et Nasser. C’est le début du mouvement des non-alignés.

En décembre, des élections ont lieu ; elles ont pour but de mettre en place une assemblée constituante. Il s’agit en effet d'élaborer une nouvelle constitution.

 

 

1952


Le 23 février, le gouvernement Sukiman tombe sur la question d’accepter ou non l'aide militaire des Etats-Unis.

Le 4 avril, Wilopo devient Premier ministre et libère de nombreux prisonniers politiques.

Les Pays-Bas déclarent qu'ils ne renonceront pas à l'Irian occidental (Papouasie).

1953 : En janvier, Sukarno fait un discours dans lequel il rejette les propositions en faveur d’un Etat islamique.

En mai, l’Indonésie envoie un ambassadeur en république populaire de Chine.

 

 

1951

 

En janvier, il y a un changement au sein de la direction du PKI. La nouvelle ligne du parti est nationaliste, anti-néerlandaise, anti-occidentale et anticapitaliste.

Le 3 mars, signature d’un traité d'amitié avec l'Inde.

En avril, le gouvernement Natsir tombe à cause de ses programmes d'austérité économique.

Des grèves et des troubles fomentés par le PKI éclatent en août. En 1951, les adhérents au parti étaient seulement quelques milliers ; en 1958, ils seront 1,5 millions. Le PKI proclamera fréquemment avoir des liens étroits avec Sukarno, afin de se protéger ; Sukarno à son tour tentera de manipuler le PKI pour servir ses propres intérêts ou pour contrebalancer les autres forces politiques (les militaires ou les partis musulmans) afin qu’aucune force ne devienne trop puissante.

 

1950

 

Le 22 février, Westerling, qui a envisagé un coup de force, quitte l’Indonésie pour Singapour. Le 13 mars, la roupie indonésienne est dévaluée de moitié.

Le 4 avril, le sultan de Pontianak est arrêté pour son implication dans le complot de Westerling.

La république des Etats-Unis d’Indonésie intègre l’Etat de Kalimantan-Ouest.

Le 25 avril, la république des Moluques du Sud (Republik Maluku Selatan ou RMS) est proclamée à Amboine, mais écrasée en juillet par les troupes républicaines. Près de 300 000 citoyens hollandais quittent l’Indonésie pour la Hollande au tout début des années cinquante.

Le 17 août, nouvelle Constitution. Il n’y a plus de république des Etats-Unis d’Indonésie. La nouvelle république est constituée de la république originelle, de l’Est de Sumatra (Sumatra Timur) et de l’Indonésie orientale (Negara Indonesia Timur). Jakarta est la capitale de la république. En théorie, la Hollande et l’Indonésie demeurent au sein d’une « union constitutionnelle », mais, dans les faits, l’Indonésie est pleinement indépendante.

Le temps de Sukarno
Comme ce fut le cas dans de nombreux pays décolonisés au lendemain de la seconde guerre mondiale ou au cours des années cinquante, l’indépendance de l’Indonésie va se confondre avec une figure charismatique, celle de Sukarno, devenu, de fait, le « père de la patrie ». Après avoir été un leader indépendantiste habile et efficace, Sukarno, une fois parvenu au pouvoir, va exercer celui-ci pendant une quinzaine d’années, et le prestige que lui a valu son rôle dans la lutte contre la puissance coloniale va quelque peu estomper un bilan aux aspects discutables du régime né de l’indépendance. L’Indonésie nouvelle va sans doute connaître sa plus grande heure de gloire avec l’organisation, au printemps de 1955, de la conférence de Bandoung, qui réunit les leaders afro-asiatiques et met sur pied le camp des non alignés. Dans le même temps, le régime se laisse aller à des dérives autoritaires et les résultats économiques ne sont pas à la hauteur des progrès attendus. Sur le plan international, Sukarno s’enlise dans une confrontation aussi vaine que stérile avec la Malaisie et surprend par son inconstance quant à ses relations avec les deux blocs.

L’expérience se termine en 1965, quand l’armée prend la situation en mains.

Le 26 septembre, l’Indonésie est admise à l'Organisation des Nations unies.

En novembre, Amboine, centre de la république des Moluques du Sud, tombe aux mains des
forces indonésiennes.

Début de la politique de transmigrasi (transmigration ou réinstallation) au départ de Java et de Bali vers les îles les moins peuplées, notamment Kalimantan.

L'Assemblée qui avait été constituée directement après l'adoption de la constitution d’août 1950
n’est pas élue. Elle restera ainsi jusqu'aux élections de 1955.

 

1949

 

Le 5 janvier, les Hollandais acceptent l’appel de l’ONU au cessez-le-feu à Sumatra. Le sultan Hamengkubuwono IX de Yogyakarta refuse la proposition hollandaise de prendre la tête du nouvel Etat javanais, démissionne de ses fonctions de chef du gouvernement de Yogyakarta et apporte son aide aux combattants de la république.

Le 28 janvier, le Conseil de sécurité de l'ONU demande la libération du gouvernement républicain et l'indépendance de l'Indonésie pour le 1er juillet 1950.

Le 7 février, une résolution est présentée au Sénat des Etats-Unis pour que cesse toute l’aide du plan Marshall aux Pays-Bas ; cette résolution est rejetée le 8 mars.

Le 31 mars, le secrétaire d'Etat américain Dean Acheson fait part en privé aux Hollandais que l’aide du plan Marshall dont ils bénéficient est toujours menacée.

Le 6 avril, le Sénat des Etats-Unis adopte une résolution mettant fin au plan Marshall pour les Pays-Bas, mais seulement si le Conseil de sécurité de l'ONU vote des sanctions contre la Hollande.

Le 7 mai, c’est l’accord de « Roem-Royem » : les Hollandais sont d'accord pour rétablir le gouvernement de la république d'Indonésie, tenir des pourparlers compte-tenu de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies du 28 janvier, et oeuvrer à un règlement de la situation établi à partir de l'accord du Renville (Renville agreement).

Le 24 juin, les soldats néerlandais commencent à évacuer Yogyakarta ; le 29 juin, les troupes indonésiennes entrent dans la ville.

Le 6 juillet, le gouvernement républicain revient à Yogyakarta.

Le 11 août, cessez-le-feu à Java ; le 15 août à Sumatra.

Les Hollandais libèrent près de 12 000 prisonniers.

Le 23 août, la conférence de la Table ronde commence à La Haye. Hatta mène la délégation de la république d'Indonésie, le sultan de Pontianak, quant à lui, mène la délégation des Etats néerlandais d’Indonésie créés par les Hollandais.

Le 2 novembre, l'accord de La Haye est le résultat de la conférence de la Table ronde : la « Republik Indonesia Serikat » (la République des Etats-Unis d’Indonésie) est placée – de façon symbolique – sous la couronne des Pays-Bas, a pour président Sukarno, et Hatta en tant que vice-président. Elle comporte quinze Etats néerlandais créés dans l’archipel indonésien ainsi que la république d’Indonésie originelle. La souveraineté est censée être transférée le 30 décembre.

Le 27 décembre, les Hollandais transfèrent formellement la souveraineté à la république des Etats-Unis d’Indonésie.

Le 28 décembre, Sukarno retourne à Jakarta.

 

1948

 

Le 17 janvier, l’accord du Renville sous les auspices de l'ONU dresse une ligne de cessez-le-feu plutôt favorable aux Néerlandais.

Le 23 janvier, Sjarifuddin démissionne de son poste de Premier ministre ; les partis de « gauche » passent dans l'opposition.

Sukarno nomme Hatta à la tête d'un gouvernement d'urgence. Les Hollandais créent un gouvernement « Banjar » (Daerah Banjar) sur Bornéo.
En février, Sjahrir crée le PSI (Partai Sosialis Indonesia) et soutient Sukarno.

Sjarifuddin critique l'accord du Renville.

Le 9 mars, van Mook crée un gouvernement provisoire pour fédérer Indonésie : le « Voorlopige Federale Regering » (Gouvernement fédéral de transition). Le nom « Nederlands-indie » (Indes néerlandaises) est remplacé par « Indonésie » dans la constitution des Pays-Bas.

Le 8 juillet, les représentants des treize Etats contrôlés par les Hollandais et créés par van Mook, sont convoqués à Bandung, pour entamer le processus de création des Etats-Unis d'Indonésie.

Le 17 septembre, la division Siliwangi évince le PKI de Surakarta ; le PKI recule sur Madiun. « L’incident de Madiun » est la deuxième fois que le PKI tente, en vain, une révolte. Les événements de Madiun changent l'opinion des diplomates américains à l'égard de la nouvelle république. Anciennement suspecte, les Etats-Unis à présent considèrent l'Indonésie comme un allié potentiel contre le communisme.

Le 18 septembre, le PKI tente un coup à Madiun ; des officiers pro-gouvernementaux sont tués.

L’armée indonésienne se souviendra toujours de ce « coup de poignard dans le dos » de Madiun, donné par les communistes.

Le 19 septembre, des figures du PKI sont arrêtées à Yogyakarta ; Sukarno dénonce le coup de Madiun et l'opinion populaire penche pour lui.

Le 11 octobre, van Mook démissionne de son poste de lieutenant-gouverneur des Indes.

Le 26 novembre, les Hollandais créent l’Etat de Jawa Timur dans les zones qu’ils occupent dans l'Est de Java.

Les Hollandais suppriment le poste de gouverneur général et le remplacent par celui de « Haut représentant de la Couronne ».

Le 11 décembre, les Hollandais informent les représentants de l'ONU que de nouvelles négociations avec la république sont « futiles ».

Le 18 décembre, les Hollandais créent le Negara Sumatra Selatan (l’Etat du Sud de Sumatra), avec, pour capitale, Palembang.

Le 18 décembre, les représentants néerlandais disent à leurs homologues des Etats-Unis et de la république d'Indonésie à Jakarta qu'ils mettent fin à l'accord du Renville.

Le 19 décembre, la deuxième « action de police » des Hollandais commence à 5 h 30 du matin, sans avertissement. Le gouvernement civil de la république, dont Sukarno, Hatta et Sjahrir, se laisse capturer en comptant sur l’indignation de l’opinion mondiale. Toute d'Indonésie sauf Aceh et quelques parties de Sumatra sont sous contrôle hollandais. La guérilla reprend.

L'ONU est scandalisée par l’attitude des Hollandais. Dix-neuf pays asiatiques boycottent la Hollande.

Les Etats-Unis suspendent leur aide financière aux Pays-Bas (plan Marshall) car cet argent est utilisé pour faire la guerre en Indonésie.

Le 31 décembre, les Hollandais acceptent l’appel de l'ONU pour un cessez-le-feu à Java.

 

1947

 

Sukarno et Hatta menacent de démissionner si l'accord de Linggajati n’est pas ratifié.

Entre décembre 1946 et février 1947, les forces néerlandaises (KNIL) exécutent près de 3 000 personnes sans procès.

Le 25 mars, le gouvernement des Pays-Bas ratifie enfin l’accord de Linggajati.

Le 11 mai, les Néerlandais créent l’Etat de Kalimantan-Ouest avec le sultan de Pontianak à sa tête ; protestations de Sjahrir.

En juin, les Néerlandais se plaignent que l'Indonésie bloque les livraisons de riz dans les zones
contrôlées par les Hollandais.

L’Egypte et la Syrie reconnaissent la république d'Indonésie.

Le 3 juin, la Tentara Keamanan Rakyat (l’armée indonésienne populaire) est renommée Tentara Nasional Indonesia (force armée indonésienne) ou TNI.

Le 26 juin, les forces néerlandaises se mobilisent pour envahir Madura, voire Java. William Foote, un diplomate américain, intervient et propose de servir de médiateur entre les Néerlandais et les Indonésiens. L'invasion est ajournée.

Le 27 juin, Sjahrir quitte le gouvernement et devient le représentant de l'Indonésie à l'ONU. Amir Sjarifuddin devient Premier ministre.

Le 8 juillet, le gouvernement Sjarifuddin fait une offre de conciliation aux Hollandais : la république d'Indonésie va cesser de chercher une reconnaissance internationale ; les fonctionnaires néerlandais peuvent avoir des postes au sein de la république.

Le 20 juillet, premières « opérations de police » opérées par les Hollandais : les troupes néerlandaises occupent Java-Ouest, Java-Est, Madura, Semarang, Medan, Palembang, Padang et bombardent de nombreuses villes.

Le 24 juillet, manifestation de 20 000 personnes contre la guerre à Amsterdam.

Le 29 juillet, les forces indonésiennes effectuent des bombardements sur Semarang, Ambarawa et Salatiga avec trois avions récupérés. Les Hollandais avaient pourtant annoncé que l’ensemble de l’aviation indonésienne avait été détruite.

Le 30 juillet, de jeunes étudiants font sauter un pont à Bumiayu, empêchant ainsi les forces néerlandaises de prendre Purwokerto.

Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne font état de leur mécontentement devant les « actions de police » ; l'Inde, l'Australie et l'Union soviétique soutiennent la république d'Indonésie à l'ONU.

Le 1er août, le Conseil de sécurité de l'ONU appelle à un cessez-le-feu en Indonésie.

Le 4 août, le cessez-le-feu est accepté par les Hollandais et Sukarno, mais il est ignoré sur le terrain. Les Hollandais tracent la « ligne Van Mook », limite de l’avancée de leurs troupes sur Java et Sumatra.
Une mission de « bons offices » des Nations unies est organisée, avec l'objectif de parvenir à un règlement de la situation en Indonésie. Le 8 décembre, des représentants hollandais et indonésiens se rencontrent à bord de l'USS Renville, un transporteur de la marine américaine basé aux Philippines, mais ancré au port de Jakarta pour les pourparlers.

Le 25 décembre, les Hollandais créent l’Etat de Sumatra-Ouest.

 

 

1946


La question de l’Indonésie est abordée, pour la première fois, à l'Organisation des Nations unies.


Le 10 février, van Mook envoie une proposition de « partenariat démocratique » entre les Pays-Bas et l'Indonésie à Sjahrir, mais une véritable indépendance n’est pas évoquée.

Le 12 mars, Sjahrir répond publiquement à l'offre de van Mook datant de février, exigeant une reconnaissance immédiate et sans délai de la souveraineté de l'Indonésie.
Les forces néerlandaises remplacent les Britanniques à Bandung. Politique de la terre brûlée (Bandung Lautan Api), les Indonésiens commencent à brûler la ville plutôt que de se rendre aux Hollandais.

Le 14 avril, les représentants hollandais et indonésiens entament des pourparlers à Hoge Veluwe aux Pays-Bas. Les pourparlers échouent.

En juillet, les Alliés restituent officiellement l'ensemble de l'Indonésie aux Néerlandais, à l'exception de Java et de Sumatra.

Le 15 juillet, van Mook organise une conférence à Malino (Célèbes) afin de mettre en place le nouvel Etat d’Indonésie orientale, soutenu par les Hollandais.

Les Philippines deviennent indépendantes des Etats-Unis, le 4 juillet 1946. Le gouvernement britannique annexe le territoire du Sarawak (Bornéo), le 1er juillet, mettant fin à la domination de la famille Brooke, et fait du Nord de Bornéo, une colonie de la couronne, le 15 juillet.

Du 22 au 24 septembre, de violentes manifestations contre la guerre ont lieu à Amsterdam.
En novembre, première émission de billets libellés en roupies indonésiennes par la république.

Le 15 novembre, c’est l’accord de Linggajati : les Néerlandais reconnaissent l'autorité de la république d’Indonésie à Java, Sumatra et Madura. Les deux parties conviennent de former les Etats-Unis de l'Indonésie, sous la couronne (symbolique) des Pays-Bas.

Le 20 novembre, c'est la bataille de Marga : la résistance balinaise est vaincue par les forces néerlandaises.

Le 29 novembre, les dernières troupes britanniques quittent l'Indonésie.
Le capitaine Raymond Westerling commence sa campagne dans le Sud de Célèbes contre les républicains.

 Du 18 au 24 décembre, les Néerlandais créent l’Etat d'Indonésie orientale (Negara Indonesia Timur) lors d'une conférence à Denpasar (Bali). La capitale de cet Etat est Makassar ; il inclut toute la partie orientale de l'Indonésie.

 

1945

1945 : Le 14 février, à Blitar, des soldats de la Peta attaquent l’armurerie japonaise.
Le 1er mars, le Badan Penyelidik Usaha Persiapan Kemerdekaan Indonesia (BPUPKI), un comité pour la préparation de l’indépendance indonésienne, est mis en place par les Japonais. Ses membres comptent Sukarno, Hatta, Wahid Hasyim et beaucoup d’autres. Le 2 mai, le BPUPKI tient sa première session (jusqu’au 1er juin). Supomo parle au comité en faveur de l'intégration nationale. Muhammad Yamin propose que la nouvelle nation comprenne le Sarawak, le Sabah et le Timor portugais, ainsi que tous les territoires des Indes néerlandaises.

Les polémiques se poursuivent, entre membres du BPUPKI, au sujet du rôle et de la place de l’islam dans la nouvelle Indonésie.

Le 1er juin, Sukarno, dans un discours au comité pour l’indépendance, développe sa doctrine du Pancasila (panca-sila, les cinq principes, en Sanskrit). Ces principes sont : la croyance en un Dieu unique ; une humanité juste et civilisée ; l'unité de l’Indonésie ; une démocratie guidée par la sagesse à travers la délibération et la représentation ; et, enfin, la justice sociale pour tout le peuple indonésien.

Le 22 juin, sous la direction de Sukarno, la commission spéciale chargée de résoudre les différends sur le rôle et la place de l'islam dans la nouvelle république remet un texte de compromis – plus tard connu sous le nom de Piagam Jakarta ou « charte de Jakarta ». Le texte de compromis prévoit que les musulmans sont tenus de suivre la loi islamique (Shari’ah).

En juillet, des responsables militaires japonais se retrouvent à Singapour ; des plans sont élaborés
pour remettre l’Indonésie aux chefs de l’indépendance indonésiens. Le 10 juillet, se tient la deuxième session du BPUPKI (jusqu’au 17 juillet) ; elle élabore une ébauche de la future constitution indonésienne.

Hatta critique les déclarations nationalistes de Yamin et suggère que la Papouasie occidentale pourrait être exclue des limites de la nouvelle Indonésie. Sukarno soutient Yamin. Haji Agus Salim suggère que les ressortissants des possessions britanniques et portugaises pourraient peut-être voter pour rejoindre ou non l'Indonésie. Une majorité de la commission vote pour que l'Indonésie nouvelle comprenne la Malaisie, le Sarawak, le Sabah et le Timor portugais, ainsi que toutes les Indes néerlandaises.

De la révolution à l'indépendance La défaite du Japon ouvre une ère de grande incertitude aux Indes néerlandaises où l’ancienne puissance coloniale entend bien rétablir son autorité. Le mouvement national indonésien ne l'imagine évidemment pas ainsi, mais le processus qui va conduire en 1949 à l’émancipation du nouvel Etat indonésien va se révéler extrêmement complexe.

Il faut compter avec l’hypothèque communiste qui inquiète Washington, mais, dans la capitale américaine, acquise à l’idée d’une décolonisation inéluctable, on voit d’un mauvais oeil l’exigence hollandaise d’un rétablissement du statu quo ante.

Il faut également compter avec les nombreuses forces centrifuges qui révèlent le caractère largement artificiel de la construction coloniale que constituaient les Indes néerlandaises.

Les musulmans d’Aceh, les Moluquois, les habitants de nombreuses îles périphériques ne se reconnaissent pas forcément dans un mouvement national largement dominé par les Javanais. La déstabilisation mise en oeuvre par les Hollandais – avec notamment les opérations conçues par le maître de guérilla que fut Westerling – fragilisent les ambitions de Sukarno et des leaders nationalistes, mais leur réaction face aux entreprises communistes rassurent les Américains qui vont exercer sur les Pays-Bas de telles pressions (la menace d’une suspension éventuelle de l’aide Marshall) que ceux-ci sont contraints de céder et de reconnaître l’indépendance de l’Indonésie nouvelle.

Le 7 août, le BPUPKI devient le PPKI (Panitia Persiapan Kemerdekaan Indonesia).

Le 15, le Japon se rend aux Alliés et convient de restituer l’Indonésie aux Hollandais.
Sukarno et ses compagnons rencontrent le général Yamamoto et se voient confirmer que le Japon n’a plus les moyens de prendre des décisions concernant le futur de l’Indonésie.

Le 17 août, Sukarno lit la brève et unilatérale « proclamation » (Proklamasi) : c’est la déclaration d’indépendance. Cette date restera, pour les Indonésiens, celle de l’indépendance du pays, quant bien même elle fut unilatérale et non reconnue internationalement (elle le sera quatre ans plus tard).

Le 18 août, le PPKI se transforme pour devenir un gouvernement intérimaire, avec Sukarno en tant que président et Hatta comme vice-président ; la « charte de Jakarta » (Piagam Jakarta) mentionnant l’islam dans les principes du Pancasila est évincée du préambule de la nouvelle constitution. La nouvelle république est constituée de huit provinces : Sumatra, Bornéo, l’Ouest de Java, le Centre de Java, l’Est de Java, Célèbes, les Moluques et les petites îles de la Sonde.

Le 23 août, le BKR (Badan Keamanan Rakyat), première force armée indonésienne, commence à s’organiser à partir des anciens membres de la Peta et du Heiho.
Les forces néerlandaises débarquent à Sabang et à Aceh.

Le 29 août, la constitution qui avait été rédigée par le comité préparatoire PPKI et annoncée le 18, est adoptée. Sukarno est déclaré officiellement président, Hatta vice-président. Le PPKI devient le KNIP (Comité national indonésien central). Le KNIP est l'organe de direction temporaire jusqu'à ce que des élections puissent avoir lieu. Le nouveau gouvernement est mis en place le 31 août.

Le 1er septembre, van Mook, le lieutenant-gouverneur des Indes néerlandaises, rencontre le Britannique Lord Mountbatten à Ceylan et demande que les troupes japonaises encore présentes en Indonésie soient commandées par les Britanniques afin de supprimer le gouvernement républicain. Lord Mountbatten est d'accord, mais les Japonais temporisent.

Le 8 septembre, les premières troupes britanniques sont parachutées sur l'aéroport Kemayoran de Jakarta.

Le 16 septembre, l’amiral britannique Patterson atterrit à Jakarta. Il annonce que la mission britannique est « de maintenir la loi et l'ordre jusqu'à ce que le gouvernement légitime des Indes néerlandaises fonctionne de nouveau ». Les Hollandais demandent à Patterson d’arrêter les dirigeants de la république, mais Patterson leur répond que le haut commandement britannique n’interfère pas dans les affaires politiques.

Le 17 septembre, manifestation de masse en faveur de la république, à Jakarta.

Le 27, de jeunes républicains prennent le bâtiment central des PTT (Postes, Télégraphes et Téléphones) à Bandung.
De jeunes républicains prennent les chemins de fer et les stations de radio de Jakarta. Des rassemblements de masse célébrant l'indépendance sont organisés à Jakarta et Surabaya.
Les troupes australiennes apportent leur soutien à la NICA (l’administration civile des Indes néerlandaises) pour conserver le contrôle du gouvernement dans les régions orientales, Célèbes et Kalimantan.

Le 5 octobre, la Tentara Keamanan Rakyat (qui deviendra plus tard l’ABRI puis la TNI) est créée : ces sont les forces armées indonésiennes. Les forces navales sont également créées ; c’est  l’Angkatan Laut Republik Indonesia (ALRI puis, plus tard, la TNI-AL). La date du 5 octobre sera instituée plus tard comme la Journée des Forces armées ; c’est encore le cas aujourd’hui.

C’est l’escalade dans les affrontements entre les jeunes républicains indonésiens et les forces étrangères européennes.
Les troupes japonaises repoussent les républicains hors de Bandung et remettent la ville aux Britanniques.

Le 14 octobre, de jeunes républicains commencent une bataille de cinq jours, contre les troupes japonaises, à Semarang.

Le 16 octobre, décret du gouvernement autorisant la formation de partis politiques.

Le 17 octobre, van Mook envoie un télégramme au gouvernement néerlandais demandant que les
négociations avec la république soient rejetées.

Le 22 octobre, le Nahdlatul Ulama proclame que le djihad est licite contre les Hollandais, rendant ainsi la participation des musulmans obligatoire.

Le 23 octobre, sous la pression britannique, van Mook rencontre Sukarno pour des entretiens informels. Aucune des deux parties ne cède.

Le 27 octobre, des avions britanniques lâchent des tracts sur Surabaya, demandant la reddition des forces républicaines sous 24 heures. Le 29 octobre, Sukarno et Hatta arrivent à Surabaya en avion.
Sukarno et le général Mallaby se mettent d'accord sur le principe d’une trêve.

Le 30 octobre, le major-général britannique Hawthorn part en avion de Jakarta vers Surabaya. Sukarno, Hatta, Mallaby et Hawthorn signent un cessez-le-feu. Cinq heures plus tard, Mallaby est
tué.
Les Britanniques bombardent Surabaya en mesure de représailles, il y a des milliers de morts ou de sans-abri.

Le 1er novembre, le gouvernement républicain publie un manifeste d’orientation politique (Manifesto Politik ou ManiPol).

Le 3 novembre, Hatta annonce que l'interdiction des partis politiques est levée (Maklumat Pemerintah 10).

Le 10 novembre, contre-attaque indonésienne à Surabaya ; cette date deviendra le Hari Pahlawan,
le Jour des héros. Les combats se poursuivent pendant trois semaines. 600 soldats des troupes indiennes font défection et rejoignent les Indonésiens.

Le 11 novembre, Sjahrir fait passer une proposition à la KNIP qui a pour conséquence de retirerdes pouvoirs à la présidence et de les transférer à un Premier ministre et au gouvernement. Le but étant de rendre la position de Sukarno moins puissante pendant un certain temps.

Le 14 novembre, Sjahrir devient le premier Premier ministre de l'Indonésie.
Certaines troupes japonaises se battent contre les forces républicaines sur Java, Sumatra et Bali.
Les Hollandais abandonnent définitivement Aceh. Barisan Tani Indonesia (Le Front des paysans indonésiens) est mis sur pied par le PKI dans le but de promouvoir une réforme agraire et prendre des mesures contre les propriétaires fonciers.

Le 23 novembre, le secrétaire britannique aux Affaires étrangères, Bevin, en appelle instamment à des négociations entre les Hollandais et la république.Le PKI commence à fonctionner à nouveau à travers de nombreuses organisations de façade.

 

1944

 

1944 : En janvier, le Putera est remplacé par le Jawa Hokokai (Association de service javanais). Sukarno en est le président.
Le 8 septembre, le général japonais Koiso promet que l'Indonésie (entendons : tous les territoires des Indes néerlandaises) sera indépendante « très prochainement ».
En novembre, Harada est remplacé, comme gouverneur militaire, par Yamamoto.