Nations unies 8256e séance

CS/13338 15 mai 2018 communiqué de presse du conseil de sécurité

Après les violences meurtrières à Gaza, appels au Conseil de sécurité pour qu’Israël fasse un usage proportionné de la force

Le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, a appelé ce matin, devant le Conseil de sécurité, réuni en urgence à la demande du Koweït, tous les États Membres à condamner fermement les actions qui ont conduit à la mort d’au moins 60 Palestiniens, dont 6 enfants, hier à Gaza.  « Israël doit faire un usage proportionné de la force », a-t-il déclaré, appuyé par une majorité de délégations.

Le représentant d’Israël a, lui, demandé aux membres d’imaginer ce qu’ils feraient « si une foule violente de milliers de personnes menaçait la souveraineté de leur pays » et reçu le soutien de la déléguée des États-Unis qui a réfuté tout lien entre les violences de Gaza et l’inauguration, le même jour, de l’ambassade américaine à Jérusalem.

Avant que M. Mladenov ne prenne la parole, le Conseil de sécurité a observé une minute de silence à la mémoire des victimes de la journée d’hier.  Dans son intervention, le délégué de la Bolivie a égrené les noms des jeunes tués lors de ces manifestations dites de la « Grande marche du retour » qui doivent s’achever à la fin du mois.

« Pour la population de Gaza, hier a été une journée de tragédie », a déclaré le Coordonnateur spécial.  « Il n’y a pas d’autres mots pour décrire ce qui s’est passé.  Il n’y a pas d’excuses.  Cela ne sert personne.  Cela ne sert certainement pas la cause de la paix. »

M. Mladenov a rappelé qu’Israël a la responsabilité de ne pas utiliser une force létale et seulement en dernier recours.  Israël doit protéger ses frontières des tentatives d’infiltration et du terrorisme mais il doit le faire de manière proportionnée et enquêter sur chaque incident meurtrier, a-t-il déclaré.

Dans le même temps, le Coordonnateur spécial a exhorté le Hamas à ne pas se servir de ces manifestations pour dissimuler ses provocations et tentatives de poser des bombes près de la clôture de sécurité.  M. Mladenov a en outre déploré l’instrumentalisation à des fins politiques faites par les responsables palestiniens des souffrances de la population de Gaza.

Rappelant que ces manifestations se déroulent depuis plus de six semaines, M. Mladenov a affirmé que la colère du peuple de Gaza, qui vit dans une pauvreté abjecte et dans des conditions dignes d’une prison, risque de conduire à plus de destructions, si elle ne trouve pas à s’exprimer différemment.

Depuis le 30 mars, plus de 100 personnes ont été tuées, y compris 13 enfants, lors de ces manifestations, soit le bilan humain le plus lourd depuis le conflit de 2014.  « Le cycle de violence à Gaza doit cesser, sous peine de voir la région être le théâtre d’une nouvelle confrontation meurtrière », a-t-il averti.

Un appel partagé par la plupart des délégations, à l’instar du Royaume-Uni qui a demandé une enquête afin de déterminer pourquoi autant de balles réelles ont été tirées.  Le délégué des Pays-Bas a indiqué que de « sérieuses questions » se posent quant à la proportionnalité de la réponse d’Israël.

L’Observateur permanent de l’État de Palestine a condamné le « massacre » d’Israël, hier, à Gaza et appelé à une enquête internationale indépendante.  L’occupation est la cause de la violence, a-t-il dit, en demandant une protection internationale pour son peuple.

L’Observateur permanent a en outre accusé Israël d’avoir commis un crime de guerre et un crime contre l’humanité, avant d’exhorter le Conseil à agir, « parce que rien n’a été fait pour les Palestiniens ».  « Combien de Palestiniens devront mourir pour que vous preniez des décisions? » a-t-il accusé.

Certaines délégations ont, elles aussi, déploré le « silence du Conseil », selon l’expression du délégué français, depuis le début de la crise.  « Les violations d’Israël continuent parce que le Conseil n’arrive pas à être ferme », a dénoncé le représentant du Koweït, en regrettant qu’un communiqué proposé hier par sa délégation n’ait pas été adopté.

« Lorsqu’il s’agit de la sécurité de la population israélienne, le monde est silencieux », a rétorqué le délégué d’Israël, qui a dénoncé les « émeutes violentes » de Gaza.  « Si la barrière de sécurité était enfoncée, alors les terroristes du Hamas, lourdement armés, conduiraient des attaques contre les civils israéliens », a-t-il averti.

Il a accusé le leadership palestinien de suivre la tactique mortifère suivante: « inciter à la violence; placer autant de civils que possible, y compris des femmes et des enfants, sur la ligne de front; blâmer Israël puis se plaindre à l’ONU ».  Le représentant israélien a exhorté le Conseil à ne pas tomber dans le « piège » et à condamner la violence du Hamas.

Déplorant la pratique du « deux poids deux mesures » au sein du Conseil, la représentante des États-Unis a, de son côté, regretté qu’aucune réunion n’ait été convoquée la semaine dernière « quand des forces iraniennes en Syrie ont tiré des roquettes contre des positions israéliennes dans le Golan ».

Elle a défendu l’inauguration de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, très critiquée notamment par la Bolivie, comme le « droit souverain » de son pays.  « L’inauguration de cette ambassade n’a pas de conséquence sur les frontières d’Israël et sur les perspectives de paix au Moyen-Orient », a-t-elle ajouté.

Enfin, plusieurs délégations, dont celles du Royaume-Uni et de la Suède, ont demandé au Coordonnateur spécial de présenter rapidement des propositions de mesures concrètes pour une sortie de crise à Gaza.

 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

« Pour la population de Gaza, hier était une journée de tragédie », a dit M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, s’exprimant par visioconférence depuis Jérusalem.  « Il n’y a pas d’autres mots pour décrire ce qui s’est passé.  Il n’y a pas d’excuses. Cela ne sert personne.  Cela ne sert certainement pas la cause de la paix. »

Il a exhorté tous les États Membres à condamner dans les termes les plus forts possibles les actions qui ont conduit à la perte de tant de vies humaines à Gaza.  Israël a la responsabilité de faire un usage proportionné de la force, de ne pas utiliser une force létale ou seulement en dernier recours, a-t-il rappelé.  Ce pays doit protéger ses frontières des tentatives d’infiltration et du terrorisme mais il doit le faire de manière proportionnée et enquêter sur chaque incident ayant conduit à une perte en vies humaines, a-t-il dit.  D’un autre côté, le Coordonnateur spécial a exhorté le Hamas à ne pas utiliser les manifestations actuelles pour dissimuler ses provocations et ses tentatives de poser des bombes près de la clôture de sécurité.

M. Mladenov a rappelé que ces manifestations se déroulent depuis plus de six semaines.  Il a affirmé que la colère du peuple de Gaza, qui vit dans une pauvreté abjecte et dans des conditions dignes d’une prison, risque de conduire à plus de destructions et de souffrances, si elle ne trouve pas à s’exprimer différemment.  M. Mladenov a en outre déploré l’instrumentalisation des souffrances de la population de Gaza à des fins politiques.  « Quoi que nous pensions de ses motivations, nous devons voir les conditions de vie de la population de Gaza », a-t-il poursuivi.  

Le cycle de violence à Gaza doit cesser, sous peine de voir la région être le théâtre d’une nouvelle confrontation meurtrière, a-t-il averti, en exhortant la communauté internationale à intervenir et prévenir la guerre.  Le Coordonnateur spécial a indiqué qu’au moins 60 personnes ont trouvé la mort hier à Gaza, y compris six enfants, tandis que 1 300 personnes ont été blessées.  Un soldat israélien a été blessé, a-t-il ajouté avant de dénombrer, depuis le début des manifestations, le 30 mars, plus de 100 personnes tuées, y compris 13 enfants, soit le bilan humain le plus lourd depuis le conflit de 2014.  Il a ajouté que certaines des victimes étaient membres du Hamas et du Jihad islamique comme ces organisations l’ont reconnu.  Pointant la gravité de la situation sanitaire à Gaza, les hôpitaux étant submergés par l’afflux des blessés, le Coordonnateur spécial a exhorté Israël, l’Égypte et les autorités palestiniennes à faciliter l’évacuation des personnes grièvement blessées.

M. Mladenov a de nouveau appelé les parties à faire preuve de retenue et à prévenir l’escalade.  Il a noté que les déclarations du Hamas soulignent leur intention d’utiliser les protestations de masse pour infiltrer Israël et attaquer des Israéliens.  De telles déclarations et actions mettent en danger la vie des Israéliens et des Palestiniens et ne peuvent être justifiées, a-t-il affirmé.  « Il est impératif que les civils, en particulier les enfants, ne soient pas visés, ne soient pas utilisés comme des boucliers pour dissimuler des activités militantes et ne soient pas en danger. »

Pour le Coordonnateur spécial, les récents développements à Gaza sont un rappel douloureux des conséquences dévastatrices de l’absence de paix entre Israéliens et Palestiniens.  Alors que les manifestations vont se poursuivre, M. Mladenov a appelé à des efforts accrus pour une résolution pacifique du conflit.  « Nous devons lancer un appel collectif à toutes les parties pour qu’elles s’abstiennent de mesures unilatérales qui nous éloignent de la paix et qu’elles œuvrent au contraire pour mettre un terme à l’occupation et promouvoir l’objectif d’une paix juste et durable, se matérialisant par deux États, Israël et la Palestine, à laquelle appartient Gaza, vivant côte-à-côte dans la paix et sécurité. »

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a estimé que les violations d’Israël continuent parce que le Conseil de sécurité n’arrive pas à être ferme.  Il a regretté que le Conseil n’eût pu adopter un communiqué proposé hier par sa délégation, et qui condamnait les actes d’Israël et prônait une enquête internationale.  Il a dit que la communauté internationale doit prendre des mesures pour assurer une protection internationale aux Palestiniens. 

Le Koweït est en outre préoccupé par les mesures israéliennes visant à modifier la situation sur le terrain à travers notamment des colonies de peuplement illégales.  Le transfert de certaines missions diplomatiques à Jérusalem constitue pour le Koweït une violation flagrante de résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  De telles mesures visent à saper la paix internationale et contribuent à plonger la région dans le chaos.  Le Koweït se dit favorable à toute mesure sous l’égide du Quatuor et sous la coordination de l’ONU. 

La paix ne sera possible qu’avec la fin de l’occupation israélienne et le respect des prescriptions de l’Initiative de paix arabe, a assuré le représentant, tout en insistant pour qu’Israël se retire des zones occupées afin que soient réglées les questions du statut final et de permettre que le peuple palestinien acquiert son indépendance, avec comme capitale Jérusalem-Est. 

Il a conclu en invitant tous les États à reconnaître l’indépendance de la Palestine.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a déploré la pratique du « deux poids, deux mesures » au sein du Conseil de sécurité.  Elle a ainsi regretté qu’aucune réunion n’ait été convoquée, la semaine dernière, quand des forces iraniennes présentes en Syrie ont tiré des roquettes contre des positions israéliennes dans le Golan.  Et toujours pas de réunion après que le régime iranien a tiré des missiles vers l’Arabie saoudite.  Elle a également accusé l’Iran d’avoir soutenu, cette semaine, les mouvements partis de Gaza pour attaquer les frontières israéliennes.  « Voilà le type de violence dont le Conseil doit s’occuper », a-t-elle martelé avant de parler de la présence iranienne en Syrie, du soutien de l’Iran au Hamas, et de l’accumulation de ses armes au Liban.

Dans l’esprit de certains, a-t-elle poursuivi, cette séance du Conseil de sécurité porte sur la violence qui serait liée à l’ouverture de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem.  Elle a rappelé que le Présidant américain avait été clair à ce sujet: « Cette ambassade n’a pas d’impact sur les frontières d’Israël et sur les perspectives de paix au Moyen-Orient. »

Elle a en outre rappelé que l’organisation terroriste du Hamas incite à la violence depuis des années.  De nombreux organismes de presse ont détaillé les actions terroristes du Hamas qui exhorte les manifestants à foncer sur les barrières.  Le Hamas utilise même des haut-parleurs pour inciter la foule à avancer vers la frontière, a-t-elle argué en décrivant également des « cerfs-volants » enflammés qui sont lancés par-dessus le mur de séparation.  Selon Mme Haley, le Hamas est satisfait des résultats de la journée d’hier.  Elle a par ailleurs dit avoir demandé à ses collègues du Conseil de sécurité « qui, parmi eux, pourrait supporter ce genre d’évènements à ses frontières? »  Elle a salué la retenue dont ont fait preuve les autorités israéliennes, pariant que « cet État fait davantage preuve de retenue que certains membres de ce Conseil ».  

L’inauguration de notre ambassade est une raison de se réjouir pour les Américains et « c’est notre droit souverain de choisir le site de notre ambassade », a-t-elle fait observer.  Pour les États-Unis, le transfert de sa mission diplomatique signifie aussi que « Jérusalem est la capitale d’Israël; c’est le cas depuis la création de cet État, et c’est également un fait historique depuis la création de ce peuple ».  Tout ce que nous voulons c’est la paix, a affirmé Mme Haley.  Elle a plaidé pour une paix qui permettrait à toutes les religions de vivre leur foi à Jérusalem.  Nous espérons sincèrement que les nations du monde entier vont nous rejoindre dans cette quête de paix, a-t-elle plaidé, avant de saluer la célébration des 70 ans d’Israël qu’elle a félicité pour ses accomplissements.  Elle a terminé en saluant ces réalisations qui permettent à ce peuple d’accomplir « les prédictions du prophète Isaïe ».

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a appelé au calme et à la retenue à Gaza.  L’escalade n’est dans l’intérêt de personne, a-t-elle dit, avant de rappeler le bilan lourd d’hier.  Il est urgent de déterminer les faits, y compris les raisons qui ont poussé à un nombre si élevé de tirs à balles réelles, a-t-elle poursuivi.  

Elle a déploré que ces manifestations pacifiques soient détournées à des fins militantes, avant d’appuyer le droit d’Israël à la légitime défense.  Ce pays doit néanmoins faire un usage proportionné de la force, a-t-elle dit.  Elle a rappelé la position bien connue de son pays sur Jérusalem et le déménagement de l’ambassade américaine dans cette ville.  Le statut de Jérusalem doit être décidé dans le cadre de négociations entre Palestiniens et Israéliens et devenir la capitale partagée de la Palestine et d’Israël, a-t-elle tranché.

La déléguée a reconnu la détérioration de la situation déjà « désespérée » à Gaza.  Enfin, Mme Pierce a demandé que le Coordonnateur spécial présente une proposition de plan pour une sortie de crise à Gaza.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a commencé par égrener les noms des jeunes tués hier à Gaza, puis a demandé pardon pour les plus de six millions de réfugiés palestiniens, pour les 70 ans de promesse non tenue en ce qui concerne la création de l’État de Palestine, pour les plus de 50 ans d’occupation et pour l’augmentation constante du nombre de colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés, pour 40 ans de blocage inhumain à Gaza et pour la construction d’un mur honteux autour de la Cisjordanie, ou encore pour les points de contrôle israéliens.  À cette liste, le représentant a ajouté les 97 Palestiniens et plus qui sont morts au cours des six dernières semaines depuis qu’a commencé la « Grande marche du retour »; les 12 000 Palestiniens blessés par l’agression israélienne; les 300 enfants et plus qui sont dans des centres de détention israéliens; les 169 travailleurs humanitaires blessés dans l’exercice de leurs fonctions; les 18 ambulances endommagées au cours des dernières semaines, les hôpitaux qui se sont effondrés, les quatre heures d’électricité par jour seulement.  « La communauté internationale n’a pas été à la hauteur », a-t-il martelé après chacune de ces énonciations. 

Le représentant a souligné que, s’il existe deux parties à ce conflit, elles ne bénéficient pas de conditions égales.  Il a mis en parallèle ce contexte d’inégalité avec la décision unilatérale du Gouvernement des États-Unis d’établir son ambassade dans la ville occupée de Jérusalem.  La Bolivie, a-t-il lancé, condamne fermement le fait que, au nom de la « paix », un membre du Conseil de sécurité se fie de la volonté de ce « grand organe », qui, par 86 résolutions, s’est prononcé sur l’illégalité des actes de cet État dans les territoires palestiniens occupés.  Il a insisté pour que soient activés les mécanismes qui permettent à la Cour pénale internationale (CPI) de lancer une enquête authentique, impartiale et indépendante et ainsi faire rendre des comptes aux auteurs des crimes commis pendant la « Grande marche du retour » contre les Palestiniens.  Enfin, il a exprimé son engagement en faveur d’une solution pacifique du conflit israélo-palestinien dont la seule solution est celle des deux États.

Nous avons entendu parler de « Hamas, Hamas et Hamas », ou encore d’« Iran, Iran, et Iran », a relevé le représentant.  Il est surprenant que l’on n’ait pas entendu parler de la vraie raison de cette situation qui est « l’occupation, l’occupation et l’occupation », a encore dit le représentant de la Bolivie.  Pour lui, une fois que l’on aura mis fin à l’occupation, alors on pourra aller vers la fin de ce conflit.  Selon la Bolivie, le problème n’est pas le Hamas, mais plutôt le fait qu’un État de notre institution occupe illégalement un territoire et soumet ses populations à des atrocités.

Horrifié par les pertes en vies humaines à Gaza, M. OLOG SKOOG (Suède) a noté qu’Israël avait utilisé des balles réelles, y compris contre des enfants.  Israël a le droit de se protéger et de protéger son peuple à l’intérieur de ses frontières, a-t-il répété.  Cela dit, Israël doit pleinement respecter le droit de manifester pacifiquement et s’assurer que le recours à la force est proportionné. 

Le délégué a appelé toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue.  Il ne faut jamais prendre des enfants pour cibles ni les mettre en danger ou les encourager à la violence.  Il a également appelé les forces de sécurité israéliennes à s’abstenir de recourir à la force contre des manifestants civils non armés et contre des représentants des médias.

De plus, a poursuivi M. Skoog, il ne faut pas oublier que « le peuple de Gaza vit dans des conditions intolérables depuis trop longtemps ».  Sur le statut final de Jérusalem, la position de la Suède et de l’Union européenne est claire et n’a pas changé, a-t-il assuré, en se référant aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité à ce sujet.  

Les trois religions abrahamiques ont avec cette ville des liens forts qui doivent être préservés.  Il a regretté la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.  Toutes les parties doivent prendre des mesures immédiates pour faire baisser les tensions et le Conseil doit activement promouvoir cet effort, a fait valoir M. Skoog. 

Regrettant que la déclaration à la presse proposée hier par le Koweït n’ait pas pu être adoptée, et il a espéré que le Conseil trouvera rapidement un moyen de s’exprimer publiquement sur cette question.         

Consterné par le nombre de morts et de blessés à Gaza, dont beaucoup de mineurs, M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a jugé les faits « inacceptables », contraires aux règles normales de coexistence, au droit international humanitaire et aux droits de l’homme, et facteurs d’instabilité au Moyen-Orient.  Le Pérou estime que les actes de violence de ces derniers jours doivent faire l’objet d’une enquête exhaustive, transparente et indépendante.

À cet égard, a précisé le délégué, il faudra établir avec précision le degré de conformité aux principes de proportionnalité, de précaution et de légalité de la part des autorités et des troupes israéliennes.  De même, il faudra préciser si, du côté des manifestants palestiniens, il y a eu des actes de violence et des incitations allant au-delà de l’exercice de leurs droits et de leur liberté d’association et d’expression. 

En outre, M. Meza-Cuadra a recommandé d’aborder les causes profondes de la violence à Gaza, en particulier la situation humanitaire dramatique à laquelle est confrontée la population.  Préoccupé par les décisions et les actions unilatérales, notamment en ce qui concerne Jérusalem, qui peuvent conduire à une escalade de la violence, il a rappelé que le statut final de cette ville doit être négocié directement par les parties.   

Mme VICTORIANA MBASOGO MANGUE (Guinée équatoriale) a appelé les parties à respecter le droit international.  La Guinée équatoriale considère justes les revendications palestiniennes tout en reconnaissant également le droit d’Israël de vivre dans la paix et la sécurité.  Elle a souligné que ce n’est qu’en reconnaissant les droits de ces deux parties, dans la droite ligne des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, que l’on pourrait parvenir à une solution durable.  Elle a invité les pays ayant une influence au Moyen-Orient à aider à trouver une telle solution.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rappelé que, depuis des années, la France estime que la réalité qui prévaut à Gaza n’est pas tenable.  Il a rappelé que les manifestations des dernières semaines se nourrissent de l’absence de tout horizon politique, de l’absence de toute perspective économique et de la caractéristique de la population qui est très jeune, une jeunesse qui a le sentiment de n’avoir plus rien à perdre.  Le drame en cours ne peut être dissocié du désespoir de la population de Gaza, en a-t-il déduit en appelant à travailler à des solutions durables pour Gaza. 

Faisant ensuite le bilan de la répression des manifestations hebdomadaires depuis le 30 mars, il a estimé qu’un seuil avait été franchi dès le premier vendredi de manifestations, puis à nouveau hier avec la mort d’au moins 60 manifestants.  Le lourd bilan de 99 morts et 7 000 blessés depuis le 30 mars « est directement lié à la réponse, inadéquate et disproportionnée, des forces de sécurité israéliennes », a-t-il estimé.  « Toute la lumière devra être faite sur ces graves évènements. »  Il a rappelé à cet égard la demande du Secrétaire général qu’une enquête indépendante et transparente soit conduite.  Dans l’immédiat, il a exigé le respect du droit international humanitaire et le respect des droits de l’homme, en particulier le droit à manifester pacifiquement.  « Israël est un État de droit », a-t-il rappelé.

« Nous condamnons les tirs indiscriminés contre les manifestants », a-t-il poursuivi en affirmant que « rien ne les justifie » et en appelant à écarter l’emploi d’armes létales face aux manifestants désarmés.  Parallèlement, il a appelé les manifestants à s’abstenir de tout débordement et de toute violence, mettant en garde le Hamas, en particulier, de ne pas instrumentaliser ces manifestations.  « Le risque que la situation dégénère et échappe à tout contrôle est extrêmement élevé », a-t-il dit en parlant de Gaza et de la Cisjordanie.  Le représentant a répété à cette occasion qu’il revient au Conseil de sécurité de parler d’une voix forte, espérant que le silence qui prévaut depuis le début de la crise laisserait la place, sans tarder, à une expression publique claire.

Enfin, M. Delattre a fait appel à la responsabilité collective pour préserver les paramètres qui seuls permettront de parvenir à une solution au conflit israélo-palestinien, au cœur desquels figure la question de Jérusalem.  Il a cité à cet égard plusieurs résolutions du Conseil desquelles il résulte que le statut de la ville devra être examiné par les parties dans leurs discussions en vue d’un accord de paix.  Rappelant que la France n’avait reconnu aucune souveraineté sur Jérusalem, il a souligné que, d’après le Conseil, toute décision visant à altérer le statut de la ville est nulle et sans effet, et que tous les États Membres, le cas échéant, doivent retirer leurs missions diplomatiques de Jérusalem.  Il a affirmé que Jérusalem a vocation à devenir la capitale de deux États, Israël et la Palestine, selon des modalités définies par la négociation, et qu’aucune décision unilatérale ne pourra s’y substituer.  Il a aussi rappelé que la France avait désapprouvé la décision prise par les États-Unis, en décembre, à ce sujet.

M. MA ZHAOXU (Chine) a exhorté les Israéliens à faire preuve de retenue et demandé une enquête pour faire la lumière sur ce qui s’est passé hier à Gaza. L’emploi de la force n’apportera la sécurité à personne, a-t-il dit, en appelant les parties à reprendre le dialogue.  Il a pointé la gravité de la situation humanitaire à Gaza et exhorté la communauté internationale à accroître son aide.  La question de Jérusalem est délicate, a-t-il ajouté.  Toutes les parties doivent respecter l’équité, le consensus international et la coexistence pacifique.  La question de Jérusalem doit être tranchée au cours de négociations, a-t-il déclaré, en apportant son soutien à la solution des deux États.  En conclusion, le délégué de la Chine a affirmé que son pays n’épargnera aucun effort pour une résolution pacifique de la question palestinienne. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) s’est dit alarmé par la hausse du nombre de décès causés par la violence à la frontière de la bande de Gaza et d’Israël, et a, en même temps, souligné le droit d’Israël à la sécurité.  Exprimant sa solidarité avec le peuple palestinien, il a appelé tous les acteurs à faire preuve de responsabilité pour éviter de nouvelles tensions et demandé aux deux parties de faire preuve de retenue. 

Après des semaines de violence, il a aussi appelé les autorités israéliennes au discernement et à la retenue.  Les forces israéliennes doivent protéger les civils et faire un usage proportionné de la force, en n’employant la force mortelle qu’en dernier ressort, a-t-il exigé. 

Le représentant s’est joint à la position de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) au sujet du conflit israélo-palestinien et a approuvé la Déclaration de Dacca adoptée par la quarante-cinquième session du Conseil des ministres des affaires étrangères de l’OCI, le 6 mai 2018. 

Réitérant que Jérusalem est la terre commune pour des ethnicités et religions différentes, il a appelé toutes les parties à ne pas prendre de mesures susceptibles de faire escalader la situation, avant de rappeler que le droit international est sans ambiguïté en ce qui concerne le statut de Jérusalem.

Le représentant a jugé important de poursuivre les efforts pour consolider les rangs palestiniens dans la plateforme politique de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), une condition nécessaire pour réaliser les aspirations légitimes du peuple palestinien pour la création d’un État indépendant. 

Il a aussi espéré que les parties trouveraient une solution à la situation humanitaire difficile à Gaza, appelant à des mesures de confiance à dimension économique. 

Enfin, il a appelé à soutenir l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et à recréer les conditions nécessaires à la recherche d’une solution politique.

Pour M. TEDEKA ALEMU (Éthiopie), dont la position s’aligne avec celle de l’Union africaine, la question du statut de Jérusalem doit être résolue par des négociations directes entre les deux parties, sur la base des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  Préserver la possibilité d’une solution des deux États est, selon lui, absolument critique.  « Il n’y a pas d’autre option viable », a-t-il déclaré, mettant en évidence les éléments de base pour une paix durable: une sécurité fiable pour les Israëliens et pour les Palestiniens, et la réalisation de leurs aspirations nationales.  « Toute tentative de les ignorer ne peut conduire qu’à la tension, la violence et le bain de sang auquel nous avons assisté. »  Il a aussi précisé que faire de la quête de justice des Palestiniens « une note de bas de page dans les problèmes que la région a en abondance », ne pourra conduire qu’à des troubles perpétuels aux conséquences inimaginables pour tous.  Il a demandé aux parties au conflit de faire preuve de flexibilité en s’engageant dans des « négociations directes et significatives », rappelant son soutien à des initiatives telles que le Quatuor pour le Moyen-Orient et l’Initiative de paix arabe.

Face à cette nouvelle flambée de violence, M. ILAHIRI ALCIDE DJÉDJÉ (Côte d’Ivoire) a appelé les parties à faire preuve de retenue et à s’abstenir d’actions unilatérales de nature à envenimer la situation et à éloigner durablement les perspectives d’un règlement pacifique de la crise israélo-palestinienne.  « La côte d’Ivoire réaffirme sa position de principe en faveur d’un règlement négocié devant conduire à la solution des deux États. »  Quant au statut définitif de Jérusalem, M. Djédjé a estimé qu’il devait être négocié dans le cadre d’une solution concertée entre les deux parties.  Il a donc appelé à une reprise, sans délai, des pourparlers entre Israéliens et Palestiniens, en vue de mettre fin à l’impasse politique dans laquelle se trouve le processus de paix.   

Rappelant que le nombre de morts en un jour à Gaza n’a jamais été aussi élevé depuis le conflit de 2014, M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a estimé que de sérieuses questions se posaient quant à la proportionnalité de la réponse d’Israël.  Il s’est dit particulièrement préoccupé par les mineurs tués et le grand nombre de blessés parmi le personnel médical.  

Tout en notant le mécanisme d’évaluation mis en place par les Forces de défense israéliennes, depuis le 30 mars 2018, pour évaluer les incidents à la frontière avec Gaza, il a souligné le besoin d’investigations indépendantes, transparentes et rapides.  Il a également exhorté les Palestiniens à ne pas utiliser les manifestations pacifiques comme prétexte à la violence.  « La démolition du passage de Karm Abusalem/Kerem Shalom ne fait que nuire à leurs propres intérêts », a-t-il précisé, demandant que les autorités palestiniennes et les leaders de Gaza réparent rapidement les dommages  

Il s’est ensuite attardé sur le statut de Jérusalem, soulignant que toute décision unilatérale à ce sujet était non seulement « imprudente et contre-productive, mais aussi en contradiction avec les lois internationales ».  « Toutefois, elles ne peuvent servir d’excuse à la violence », a-t-il ajouté. M. van Oosterom a conclu son intervention en regrettant que les deux parties au conflit s’engagent dans des directions incompatibles avec la résolution du Conseil de sécurité 2334 (2016).

Il a estimé que les récentes remarques du Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, sur les origines de l’Holocauste et la légitimité d’Israël étaient inacceptables; de même que la volonté des leaders politiques israéliens d’annexer des parties de la Cisjordanie.  « Nous leur demandons de prendre des mesures pour créer de la confiance mutuelle et contribuer positivement à préserver la possibilité d’une solution des deux États », a demandé le délégué.  

Il a estimé que cette solution est la seule qui, de manière réaliste, peut permettre à chaque partie « de répondre à ses aspirations, de mettre fin au conflit, et de parvenir à une paix durable ».

Le représentant a demandé aux membres du Quator de se réunir pour s’occuper de cette « spirale négative », et a appelé à une réaction unifiée du Conseil de sécurité pour aider à une désescalade de ce conflit. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a déploré les pertes en vies humaines à la suite des manifestations des Palestiniens dans le cadre de la « Grande marche du retour », alors qu’était inaugurée, hier, la nouvelle ambassade des États-Unis à Jérusalem.  Il a rappelé que les pourparlers de paix au Moyen-Orient concernent également le statut final de Jérusalem, une ville ouverte aux pratiquants des trois religions monothéistes.  Pour la Fédération de Russie, les appels à la force pour réviser les accords existants semblent encore plus durs dans le contexte d’une impasse politique.  « Ces appels conduisent à des larmes, des destins brisés », mais cette situation ne semble pas arrêter « des hommes politiques irresponsables ». 

Il est donc important, vu ces circonstances, de relancer les pourparlers de paix, dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Initiative de paix arabe.  Et ces pourparlers doivent aboutir, a expliqué le délégué, à l’indépendance de la Palestine dans le cadre de la solution des deux États et avec Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine.  Il a rappelé que la Fédération de Russie avait proposé d’accueillir les deux parties dans le cadre des pourparlers, précisant que cette proposition reste d’actualité.  M. Polyanskiy a aussi souhaité la relance des travaux du Quatuor qui est « un format de négociation universel » consacré dans des résolutions du Conseil de sécurité.

La Fédération de Russie déplore par ailleurs de nombreuses mesures unilatérales qui sapent le droit international.  Le sentiment de sa délégation est que « ceux qui prennent de telles mesures ne souhaitent pas changer d’approche », a conclu M. Polyanskiy.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a demandé une enquête pour faire la lumière sur les incidents qui se sont déroulés, hier, à Gaza.  Tout en reconnaissant le droit d’Israël à protéger ses frontières, elle a tenu à « fermement » souligner que l’usage de la force doit être proportionné.  Israël doit respecter le droit à manifester pacifiquement, tandis que le Hamas doit faire en sorte que ces protestations demeurent pacifiques, a-t-elle poursuivi.

La déléguée de la Pologne a exhorté les parties à respecter le droit international et à protéger les civils.  « Le Conseil de sécurité doit contribuer aux efforts de désescalade de la situation, y compris par le biais d’une expression publique adéquate. » 

Enfin, elle a rappelé l’engagement de son pays en faveur de la solution des deux États et souligné la nécessité d’un dialogue constructif entre les trois principales religions monothéistes.

L’Observateur permanent de l’État de Palestine, M. RIYAD H. MANSOUR, a condamné « dans les termes les plus forts » le massacre d’Israël dans la bande de Gaza, hier, et a appelé à une enquête internationale indépendante.  Il a indiqué que l’occupation est la cause de la violence, demandant à ceux qui ont une autre vision d’expliquer pourquoi ils bloquent cette enquête internationale qui est pourtant souhaitée par le Secrétaire général de l’ONU et par 14 membres du Conseil de sécurité.  Il a promis que sa délégation acceptera les résultats d’une telle enquête sans ciller.  « Y a-t-il une telle volonté de la part des autres? » s’est-il enquis, avant de dire que cela permettra de clarifier la situation sur le terrain.

L’Observateur permanent a ensuite accusé Israël d’avoir commis « un crime de guerre » et « un crime contre l’humanité » en vertu du Statut de Rome constitutif de la Cour pénale internationale (CPI).  Il a de nouveau appelé à une protection internationale pour son peuple qui subit des violations brutales d’Israël.  Il a rappelé avoir envoyé d’innombrables lettres sur le sort des Palestiniens et la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire. 

M. Mansour a ensuite posé une série de questions au Conseil.  Est-il possible que tous ces appels n’aient pas été entendus?  Est-il possible qu’aucun membre du Conseil n’ait pris ce problème au sérieux et combien de Palestiniens devraient mourir pour que vous preniez des décisions?  Accepteriez-vous que le Conseil de sécurité demeure silencieux si dans vos pays, en 24 heures, on comptait 61 martyrs, dont des enfants, et plus de 2 500 blessés? s’est-il encore indigné avant de rappeler que la communauté internationale possède pourtant des mécanismes d’alerte précoce, des outils de résolution des conflits, mais que rien n’a été fait en ce qui concerne les Palestiniens.  Pourquoi sommes-nous l’exception?  Jusqu’à quand allez-vous utiliser cette politique de deux poids, deux mesures, surtout de la part de ceux qui nous donnent des leçons au sein de ce Conseil? a-t-il poursuivi.

Cela fait plus de 110 martyrs depuis le début de la « Grande marche du retour » et plus de 12 000 blessés dont certains ont de graves blessures du fait de l’usage de balles réelles par les forces israéliennes, a déploré M. Mansour qui a suggéré au Conseil d’inviter les responsables de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) ou de Médecins sans Frontières (MSF) à venir témoigner de la nature de ces blessures.  Nos enfants sont notre avenir et notre bien le plus précieux et c’est pour cela qu’Israël les cible, a-t-il accusé en jugeant « raciste » d’insinuer que les Palestiniens sont responsables de leur propre mort du fait d’avoir marché avec des familles entières servant de « boucliers humains ».  Plus d’un demi-million de manifestants à Washington contre les armes à feu, dont des familles entières, n’avaient pas suscité de telles réactions, a comparé l’Observateur permanent.  « En vertu de quoi ce qui est accepté dans vos pays ne le serait pas dans le nôtre? » s’est-il offusqué.  C’est face à ces faits qu’il a insisté sur une protection internationale qui s’avère désormais urgente et qui prendrait fin avec l’indépendance de la Palestine.

Pour l’Observateur permanent palestinien, le transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem est une violation des résolutions du Conseil de sécurité, et ce pays a clairement choisi d’être du côté d’Israël.  Aucun pays n’a le droit de mettre en péril notre intégrité territoriale, a-t-il déclaré en demandant pourquoi le transfert ne s’est pas fait vers Haiffa ou toute autre ville.  Il a ajouté que « l’Administration Trump refuse d’écouter le droit international et la communauté internationale », alors que « cette superpuissance devrait plutôt respecter et défendre ce droit international ».  M. Mansour a aussi reproché aux autorités américaines d’avoir bafoué les sentiments des Palestiniens en procédant à ce transfert alors que ces derniers célébraient la Nakba.   

Enfin, M. Mansour a déploré les vains appels du Conseil de sécurité pour la levée du blocus de la bande de Gaza, et invité tous les pays à ne pas reconnaître la colonisation des territoires palestiniens.  Soixante-dix ans après le début de la colonisation, le peuple palestinien veut croire en la primauté du droit international et réaliser une paix juste et durable, a-t-il affirmé.  En conclusion, il a appelé au respect des droits inaliénables de son peuple, y compris celui du retour et le droit à l’indépendance.

M. DANNY DANON (Israël) a dénoncé les émeutes violentes qui se sont déroulées le long de la barrière de sécurité à Gaza.  Les émeutiers ont essayé par la force d’infiltrer le territoire israélien, a-t-il dit.  « Le Hamas, l’organisation internationalement reconnue, a radicalisé son peuple. »  M. Danon a accusé le Hamas d’utiliser les civils innocents de Gaza comme boucliers humains et de les placer en première ligne.  Il a détaillé les informations fournies par un résident de Gaza sur les intentions du Hamas.  Le Hamas a donné pour instructions à ses militants de mettre à bas la barrière de sécurité, a-t-il dit.

Le Hamas veut que ces émeutes, dont il est l’instigateur, soient vues comme une insurrection populaire, et non pas comme une action violente conduite par ses militants, a poursuivi le délégué qui a averti que, si la barrière était enfoncée, alors les terroristes du Hamas, lourdement armés, conduiraient des attaques contre les civils israéliens.  Lorsqu’il s’agit de la sécurité de la population israélienne, le monde est silencieux, a-t-il déploré.  Le délégué a accusé le leadership palestinien de suivre la tactique mortifère suivante: inciter à la violence; placer autant de civils que possible, y compris des femmes et des enfants, sur la ligne de front; blâmer Israël puis se plaindre à l’ONU.

Le délégué a indiqué que son pays avait prévu la situation actuelle depuis l’annonce, par les responsables palestiniens, de « jours de rage », parce que les Palestiniens emploient toujours la même stratégie manipulatrice.  « Chaque fois que les Palestiniens ont l’occasion de changer le cours de l’histoire et de s’associer avec nous pour s’engager sur la voie de la paix, ils choisissent toujours la violence. »  Il a en outre déploré que certains acteurs internationaux tombent dans le piège tendu et accordent aux Palestiniens l’attention qu’ils recherchent.

« Je veux être très clair: quand les Palestiniens disent « jours de rage », ils veulent dire « jours de terrorisme », quand ils disent « droit au retour », ils veulent dire « destruction d’Israël » et quand ils disent « manifestations pacifiques », ils veulent dire « violence et incitation à la violence ».  Le délégué a pointé le dénominateur commun dans l’histoire de son pays: « la communauté internationale, à quelques courageuses exceptions près, ne fait absolument rien pour que les Palestiniens cessent de terroriser Israël sur la scène internationale ». 

Ceux qui appuient le stratagème ourdi par le leadership palestinien deviennent des acteurs de ce cycle mortifère, a-t-il accusé.  M. Danon a salué le déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem et dénoncé ceux qui y ont vu une raison de la violence palestinienne.  Il a exhorté le Conseil à dire au Hamas que la violence n’est pas la solution, avant de s’adresser aux États Membres: « Vous devez vous demander: qu’est-ce que je ferais si une foule violente menaçait la souveraineté de mon pays? »  Enfin, le représentant israélien a exhorté les membres du Conseil à condamner la violence du Hamas et se placer « du bon côté de l’histoire ».