Le 20 Mai, l'ONU nomme le comte Folke Bernadotte, un diplomate suédois comme médiateur.

C'est ce neveu du roi de Suède Gustave V, alors président de la croix-rouge suédoise qui a négocié avec Himmler la libération de 15 000 déportés suédois et norvégiens par les nazis, dont des Juifs, pendant la guerre. On sait depuis 2005, que ce sauvetage a eu un prix, que

2 000 détenus malades ou mourants, principalement français, mais aussi russes et polonais, soient évacués de Neuengamme, afin de libérer un bâtiment où les Scandinaves furent rassemblés avant leur départ. Ces 2 000 prisonniers affamés furent transportés par ces mêmes bus blancs, pilotés par les Suédois vers d'autres camps. La plupart moururent pendant le trajet, ou juste après.4

Le 27 juin, le comte propose un premier plan, avec un État juif sur 20 % de la Palestine, au lieu des 55 % prévus, qui plus est confédéré avec la Transjordanie :

Sous réserve que les deux parties intéressées acceptent d'envisager un tel arrangement, la Palestine, telle que la définissent les termes du mandat primitivement accordé au Royaume-Uni en 1922, c'est-à-dire Transjordanie incluse, pourrait former une Union composée de deux membres, l'un arabe l'autre juif.

L'État arabe disparaît et son territoire est attribué à la Transjordanie. Ce plan est rejeté par toutes les parties, y compris arabes.  Bernadotte devient la cible, en Israël, d'une virulente campagne de presse.

Le 16 septembre, Bernadotte propose un deuxième plan dans lequel la Transjordanie annexerait le Néguev, la Judée et la Samarie (dénommée Cisjordanie après 1950). La confédération entre Israël et la Transjordanie disparaît. Ce plan prévoit également un État juif sur la Galilée, le passage de Jérusalem sous contrôle international et le rapatriement (ou dédommagement) des réfugiés. Concernant ce dernier sujet, le comte Bernadotte écrivait :

Ce serait offenser les principes élémentaires que d'empêcher ces innocentes victimes du conflit de retourner à leur foyer, alors que les immigrants juifs affluent en Palestine et de plus menacent de façon permanente de remplacer les réfugiés arabes enracinés dans cette terre depuis des siècles ». Il critique « le pillage sioniste à grande échelle et la destruction de villages sans nécessité militaire apparente.  

Ce second plan est de nouveau refusé par les Israéliens et les pays arabes (la Transjordanie, grande gagnante du projet de Bernadotte, n'ose pas accepter, compte tenu de l'état de guerre contre Israël et des soupçons de collaboration qui pèsent sur lui).

 

Lire aussi le plan de Bernadotte

 

Yitzhak Shamir (qui sera des années plus tard Premier ministre à la suite de Begin en 1984) alors l'un des chefs du groupe Stern écrit :

Ne se contentant pas du rôle astreignant de médiateur, le comte (Bernadotte) commença à travailler à un plan de paix de son crû (…) et environ 360 000 arabes devaient revenir. C'était un désastre….

Le Stern décide de la mort de Bernadotte qu'il assassine le 17 septembre en mitraillant à six reprises sa voiture. A ses côs, le colonel français André Sérot, chef des observateurs des Nations unies trouve aussi la mort.

Le conseil de sécurité adopte la résolution 57, le 18 septembre. Il se dit profondément ému par le crime et la lacheté d'un groupe de terroristes criminels. Le drapeau de l'ONU est mis en berne pour trois jours. Etonnament, la résolution ne condamne pas explicitement l'acte.

 

Bernadotte dans un jeep de l'armée Israélienne1. Il sera assassiné par le LeHi

Shamir écrit dans ses mémoires qu'il n'était pas opposé à cet assassinat2. Sur les quatre exécutants et les trois organisateurs, deux furent condamnés par la Justice israélienne et amnistiés quinze jours plus tard par Ben Gourion, alors Premier ministre.

L'un des deux tireurs, Yeoshoua Cohen, futur fondateur de Sdé Boker, deviendra un proche de Ben Gourion, qui finira ses jours dans ce Kiboutz du Neguev.

1Site Orient XXI

2 Yitzhak Shamir, ma vie pour Israël, mémoires de combat. " NM7, éditions Ramsay.


Le musée du LeHi à Tel-Aviv commente l'assassinat après avoir rappelé les critiques apportées au plan Bernadotte à l'époque :

son plan, rendu public le 27 juin 1948, représentait un danger pour l’existence même de l’État d’Israël: Israël et la Transjordanie auraient été considérés comme une seule unité territoriale composée de deux États. Le Néguev aurait été inclus dans l’État arabe, de même que les villes de Ramla et de Lod, la Galilée occidentale revenant à l’État juif. L’État juif  n’aurait bénéficié d’aucune continuité territoriale. Jérusalem aurait été inclus dans le secteur arabe avec une autonomie municipale pour la communauté juive. Quelque 300.000 réfugiés auraient pu retourner dans leurs foyers, chaque État disposant d’un droit de veto sur la politique d’immigration de l’autre.

Le 17 septembre 1948, le comte Bernadotte fut tué par balles par des membres du LeHi s’appelant le « Front de la patrie ». Son plan fut ainsi réduit à néant.’1

À lire la dernière phrase, il ne semble pas que la méthode employée ait laissé d’importants regrets, même à ce jour...

1 Cité par JP Filu in Blog Le Monde 14/10/2018

 

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