Le 17 mai 1983, Amine Gemayel, frère du défunt Bechir Gemayel (élu le 23 aout 1982 et assassiné le 14 septembre 1982 par un chrétien pro-syrien) , signe un accord avec les Israéliens visant à engager des pourparlers de paix avec son voisin.
Les parties s'accordent et s'engagent à respecter la souveraineté, l'indépendance politique et l'intégrité territoriale l'une de l'autre. Elles considèrent que la frontière internationale existant entre le Liban et Israël est inviolable. Les parties confirment que l'État de guerre entre le Liban et Israël a pris fin, il n'existe plus.
Télécharger / imprimer l'accord Israélo-libanais du 17 mai 1983
Tenant compte des dispositions [précédentes ], Israël s'engage à retirer toutes ses forces armées du Liban. Les Israéliens s'engagent à partir en même temps que les forces syriennes.
Amine Gemayel,président du Liban(1982-1988) |
L'accord prévoit aussi une réduction de la souveraineté libanaise au sud Liban au profit d'Israël. Nommés arrangements de sécurité à l'article 3, il s'agit de la mise en place d'une région de sécurité dans laquelle le gouvernement libanais accepte des restrictions de souveraineté importantes. Ce qui, ajouté à une perspective de paix avec Israël , provoque une levée de boucliers et la colère de la Syrie.
L'accord, est voté par 80 députés libanais sur 91. Mais Gemayel se rend à Damas en 1984. Il doit alors donner sa parole d'honneur que l'accord ne sera pas ratifié.
'Ce que l'accord d'armistice de 1947, toujours en vigueur, ne réussissait plus à empêcher devait faire l'objet d'un nouvel accord. Il ne s'agissait pas de négocier l'arrêt des hostilités entre l'armée libanaise et l'armée israélienne, puisque ces hostilités n'existaient pas, mais d'amener les autorités libanaises à empêcher les hostilités imputables à des forces étrangères installées sur le sol libanais, contre Israël. Cela supposait l'éviction des fedayin palestiniens, et le départ de l'armée syrienne, suivi de celui de l'armée israélienne. L'objectif apparaît donc du côté libanais comme un retour à une pleine souveraineté et du côté israélien comme une garantie de sécurité à la frontière commune.
138 jours de négociations en 37 rencontres entre l'ambassadeur libanais, Antoine Fattal, le Directeur du Ministère israélien des Affaires étrangères, David Kimche, et le Sous-Secrétaire d'État américain, Morris Draper, montrent une incontestable volonté d'aboutir de la part des plénipotentiaires. Le résultat est un traité de 12 articles accompagné d'une annexe, d'un appendice, d'un procès-verbal et sans doute d'échanges de lettres restées secrètes.
Dès la publication de ce texte, au réalisme des deux gouvernements, qui, après trente-sept ans de vicissitudes souvent tragiques, veulent arrêter l'hémorragie par la négociation, s'oppose une classe politique qui, d'un côté comme de l'autre, au nom d'une logique sans concession reposant sur des thèses inconciliables, refuse discussion et compromis. La lecture qu'il faut tenter de faire de l'Accord du 17 mai 1983 est celle d'un document signé par trois États et qui dès cette signature a entraîné plusieurs conséquences importantes : l'arrêt des hostilités, le départ de l'OLP et des fedayin, l'existence d'une certaine forme de dialogue entre les parties, le jeu de la garantie américaine. Le contenu — somme toute attendu — de cet accord destiné à mettre fin à un conflit armé va pourtant faire, avant même sa signature, l'objet d'une contestation radicale qui finira par l'emporter; l'accord ne sera en effet jamais ratifié par Beyrouth. Ce que l’Égypte avait réussi à faire cinq ans auparavant n'a pas été possible au Liban.'1
Lire l'article de Maurice Flory
Malgré tout les Israéliens évacuent partiellement le Liban tout en contrôlant la zone sud. L'OLP saisit l'occasion et se réinstalle dans certains camps.
Les hostilités recommenceront au mois de Septembre au Liban2
Le 2, le président Gemayel demande officiellement, dans une requête à la Ligue arabe, le retrait des troupes syriennes et des combattants palestiniens du Liban.
À partir du 3 au soir commence le retrait des troupes israéliennes qui évacuent la montagne du Chouf pour s'installer derrière le fleuve Awali. L'armée libanaise, qui devait remplacer l'armée israélienne dans toutes les positions que cette dernière abandonnait, se contente dans un premier temps de se déployer vers le sud et vers l'est le long du littoral, tandis que, dans la montagne, les milices druzes, fortement soutenues par l'armée syrienne, s'affrontent aux milices chrétiennes. À l'issue de combats très violents, qui durent plusieurs jours et s'accompagnent de massacres de populations civiles dans plusieurs villages et de l'exode de dizaines de milliers de réfugiés, les chrétiens sont chassés de toutes les positions qu'ils détenaient dans la montagne.
Le 6, deux marines américains sont tués dans le secteur de l'aéroport de Beyrouth, ce qui porte à quatre le nombre des soldats américains membres de la force multinationale morts au Liban. Washington adresse une sévère mise en garde à Damas, lui rappelant que la décision a été prise le 31 août d'envoyer vers le Liban une flottille de débarquement ayant près de deux mille marines à bord. Plus de dix navires de combat américains stationnent au large de Beyrouth, dont le porte-avions à propulsion nucléaire Eisenhower, avec quatre-vingt-quatre appareils à bord, et le cuirassé New Jersey, dont les canons portent à 35 kilomètres.
Le 7, deux militaires français, dont le lieutenant-colonel Louis Sahler, sont tués par des obus provenant de positions contrôlées par l'armée syrienne, ce qui porte à dix-sept le nombre des soldats français tombés au Liban. Une intervention énergique est faite par Paris auprès de Damas et des « vols de semonce » sont effectués par les aviations embarquées française et américaine. La flotte française au large de Beyrouth comprend six bâtiments, dont le porte-avions Foch, avec une quinzaine d'avions d'attaque Super-Étendard.
Le 8, des navires américains canonnent des batteries d'artillerie dans la montagne, en riposte à des tirs visant le contingent américain à Beyrouth. Cependant, l'armée libanaise qui a progressé d'une quinzaine de kilomètres au sud et à l'est de Beyrouth se retrouve au contact des milices druzes, prenant peu à peu la relève des milices chrétiennes en première ligne.
Le 13, la Maison-Blanche autorise l'aviation et l'artillerie navale à riposter pour protéger les positions du contingent américain, et aussi pour aider l'armée libanaise.
Le 16, une offensive est lancée par l'armée libanaise autour de Souk el-Gharb, à la suite de tentatives menées par des Palestiniens dissidents du colonel Abou Moussa pour s'emparer de la ville. Cette offensive est appuyée par l'aviation libanaise, qui intervient dans des combats pour la première fois depuis dix ans, ainsi que par l'artillerie navale américaine. Pendant plusieurs jours, une bataille acharnée a lieu autour de Souk el-Gharb.
Le 22, après un nouveau pilonnage du contingent français de la force multinationale à Beyrouth, huit avions Super-Étendard interviennent dans un secteur de la montagne libanaise sous contrôle syrien : quatre batteries d'artillerie sont détruites.
Le 25, un accord de cessez-le-feu est conclu grâce à la mission de médiation entreprise depuis deux semaines par l'émir Bandar ibn Sultan, représentant personnel du roi Fahd d'Arabie Saoudite. Les jours suivants, le cessez-le-feu est respecté mais le président Gemayel ne semble pas pressé de convoquer le « comité de dialogue national » qui, selon l'accord, devrait regrouper autour du gouvernement libanais toutes les grandes tendances politiques nationales ainsi que deux « observateurs », l'un saoudien et l'autre syrien. D'autre part, malgré les efforts des pays participant à la force multinationale (États-Unis, France, Grande-Bretagne et Italie), la Syrie refuse que le cessez-le-feu soit contrôlé par des observateurs de l'O.N.U. Pour Damas, ce rôle doit revenir à une force recrutée dans les pays arabes.
Les 28 et 29, le Congrès américain autorise les douze cents marines de la force multinationale à rester au Liban pendant encore au moins dix-huit mois.
1 L'accord libano-israélien du 17 mai 1983. Maurice Flory, In: Annuaire français de droit international, volume 29, 1983. pp. 137-150;
2 Chronologie Encyclopédie universalis
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