L'ACTION REINHARDT (AKTION REINHARDT)

L'Action Reinhardt fut le nom de code de l'opération d'assassinat des Juifs du Gouvernement général de Pologne. A l'origine, le nom de l'opération, lancée à l'automne 1941, se référait au secrétaire d'Etat aux Finances Fritz Reinhardt. Lorsque Reinhardt Heydrich, le chef de l'Office central de sécurité du Reich, fut assassiné par des partisans tchèques, en juin 1942, l'opération en cours prit son nom.
Dès juillet 1941, Heydrich avaient été chargé par Hitler de résoudre la question juive en Pologne, même si les modalités de cette opération n'étaient pas précisées, et qu'il n'est pas sûr que cela a signifié l'extermination systématique.

La direction de l'Opération Reinhardt fut confiée par Heinrich Himmler au général SS Odilo Globocnik, qui était à la tête de la SS et de la police dans le district de Lublin. Dès décembre 1941, des essais de gazage eurent lieu au camp de Chelmno/Kulmhof. Même si le camp ne dépendit pas directement de Action Reinhardt, il rentre dans le cadre plus général de celui-ci. Globocnik établit deux organismes distincts chargés de l'assassinat. Le premier, sous la direction du commandant SS Hermann Hoefle, était chargé de la coordination des déportations des Juifs depuis les ghettos jusqu'aux lieux de leur assassinat. Le second organisme, avec à sa tête le commissaire de police Christian Wirth, fut chargé de l'extermination proprement dite, et de la construction de trois camps qui servirent uniquement à la mise à mort : Belzec, Sobibor et Treblinka. Ces camps n'étaient pas des camps de concentration. Aucun déporté qui y arrivait n'était destiné à y demeurer. Tous devaient être assassinés. (in mémorial wlc)

 

L’AKTION REINHARDT EN GALICIE ORIENTALE À la lecture des rapports de commissions d’enquête soviétiques
Willy Coutin

Mémorial de la Shoah | « Revue d’Histoire de la Shoah »
2012/2 N° 197 | pages 131 à 177

Province de l’empire austro-hongrois avant la Première Guerre mondiale, la Galicie orientale avait été intégrée à la Pologne par le traité de Riga de 1921, puis envahie par les troupes soviétiques en septembre 1939 et intégrée à la République socialiste soviétique d’Ukraine le 1er novembre 1939.

Selon le recensement polonais de 1931, 778 000 Juifs vivaient dans la partie sud-est du pays qui allait être intégrée à la RSS d’Ukraine huit ans plus tard, et face à l’avancée des troupes allemandes en Pologne, ce sont environ 300 000 Juifs polonais qui se réfugièrent à l’Est, dans les territoires envahis par les Soviétiques à partir du 17 septembre 1939.

La Galicie orientale comptait entre 500 000 et 600 000 Juifs lors de l’invasion allemande de juin 1941.

Lwow et ses environs avaient vu arriver environ 100 000 Juifs polonais des régions du pays passées sous contrôle allemand, et le nombre de Juifs à Lwow même était passé d’environ 110 000 en 1939 à 160 000 en 1941.

Après le passage du Heeresgruppe Süd de von Rundstedt (le 9 juillet 1941, la XVIIe Armée de von Stülpnagel se trouvait à 70 km à l’est de Tarnopol), les voïvodies polonaises de Lwow, Tarnopol et Stanislawow passèrent sous administration civile allemande et furent intégrées au Gouvernement général de Pologne, constituant un cinquième district administratif, celui de Galicie, avec Lwow comme capitale.Karl Lasch, un proche de Hans Frank, en fut nommé gouverneur, et le SS-Grupenführer Friedrich Katzmann prit le commandement de la SS et de la Police du district, après avoir occupé le poste de SSPF dans le district de Radom où il avait supervisé l’expulsion et l’asservissement des Juifs, le pillage de leurs biens et l’établissement de deux ghettos à Radom.

À la fin des trois années de l’occupation allemande, on ne comptait plus que 15 000 Juifs environ en Galicie orientale, soit 3 % de la population juive du district de 1941. Les victimes juives de cette région représentent environ un dixième des victimes de la Shoah.

Si l’on reprend les chiffres retenus par Dieter Pohl, qui affirme que 126 000 Juifs de Galicie orientale furent acheminés à Belzec pour y être tués, le territoire du district de Galicie fut un tombeau pour environ 400 000 Juifs, essentiellement exécutés par balles en marge des agglomérations, dans les cimetières juifs des communes, dans les ghettos lors des Aktionen menées contre ceux-ci, dans des camps de concentration (comme celui de Janowska qui évolua en lieu d’extermination systématique), ou encore dans de nombreux camps de travaux utilisés par des industriels allemands et par la SS (comme les 21 camps sur la route stratégique DG4 qui traversait le district d’ouest en est, que Katzmann cite dans son rapport envoyé au HSSPF Krüger le 30 juin 1943).

Yitzhak Arad, qui a comptabilisé les Juifs galiciens transportés à Belzec, arrive à l’estimation haute d’environ 280 000 déportés, ce qui porte son estimation à environ 320 000 Juifs tués sur le territoire du district de Galicie.

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sur Cairn : https://www.cairn.info/revue-revue-d-histoire-de-la-shoah-2012-2-page-131.htm

 

Voir aussi 

- Ce-que-les-allies-savaient-de-l-aktion-reinhardt

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