Le Monde avec AFP Publié 11/02/2019
Les actes antisémites ont bondi de 74 % en France en 2018, a annoncé, lundi 11 février, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, après plusieurs actes antijuifs commis ces derniers jours à Paris et dans l’Essonne, qui ont soulevé l’indignation.
« L’antisémitisme se répand comme un poison », a-t-il déclaré à Sainte-Geneviève-des-Bois, où un arbre planté en mémoire d’Ilan Halimi, jeune juif tué en 2006, a été vandalisé. Les actes antisémites sont passés de 311 en 2017 à 541 l’an passé, a précisé le ministère de l’intérieur.
Un site en mémoire d’Ilan Halimi profané
Un arbre planté à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne) pour perpétuer le souvenir d’Ilan Halimi, un jeune homme torturé à mort en 2006 parce qu’il était juif, a été découvert scié à sa base lundi. Cet acte intervient deux jours avant une cérémonie d’hommage à Ilan Halimi dans cette commune, où il avait été retrouvé agonisant le 13 février 2006.
« Sur les lieux où Ilan fut jeté comme un chien, la mairie de Sainte-Geneviève-des-Bois a planté des arbres et a apposé une plaque en la mémoire d’Ilan. Sur ce lieu, des commémorations ont lieu chaque 13 février. Ce matin, ce lieu a été profané, à quelques heures de la cérémonie de mercredi », a dénoncé SOS-Racisme dans un communiqué, condamnant « cet acte odieux ».
La mairie et le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), Frédéric Potier, ont annoncé qu’ils saisissaient la justice.
« En attaquant un culte, en attaquant la mémoire d’Ilan Halimi, c’est la République qu’on attaque », a affirmé le ministre de l’intérieur, qui a également évoqué les « attaques dont ont fait l’objet les églises catholiques ». « Face aux vents mauvais de l’antisémitisme, la République fera bloc. C’est son honneur, c’est son devoir », a tweeté de son côté le secrétaire d’Etat à l’intérieur Laurent Nuñez.
Des croix gammées sur des portraits de Simone Veil
Deux portraits de Simone Veil dessinés par l’artiste C215 sur deux boîtes aux lettres, situées sur la façade de la mairie du 13e arrondissement, ont été tagués de croix gammées. Ils avaient été réalisés lors de la panthéonisation de Mme Veil, figure européenne et survivante d’Auschwitz. La maire socialiste de la capitale, Anne Hidalgo, a annoncé que la Ville de Paris allait porter plainte.
Dans un message posté sur Twitter, le maire du 13e arrondissement, Jérôme Coumet (PS), a dénoncé un acte « immonde, abject et surtout lâche ».
Immonde abject et surtout lâche Salir Simone Veil, c'est salir chacun d'entre nous. Et chacun d'entre nous doit ré… https://t.co/bH57MgMesl
— jerome_coumet (@Jérôme Coumet)
« Salir la mémoire de Simone Veil, c’est salir la République (…). Tout est mis en œuvre pour que cet acte infâme ne reste pas impuni », a déclaré, sur Twitter, M. Castaner.
Des inscriptions antisémites à plusieurs endroits de la capitale
Plus tôt dans la journée, Frédéric Potier avait annoncé saisir le procureur de Paris et le préfet de police après la découverte de tags antisémites dans la capitale. Il a publié sur Twitter un message accompagné de la photo d’une porte de garage sur laquelle est écrit « Macron Jews’ Bitch », prise dans le 1er arrondissement, a-t-il précisé à l’Agence France-Presse (AFP).
Tags antisémites jusqu'à la nausée en plein Paris ce WE. Quand la haine des Juifs se recoupe avec la haine de la Dé… https://t.co/rDfir1skBx
— FPotier_Dilcrah (@Frédéric Potier)
Il a également retweeté la photo d’un mur du 18e arrondissement sur lequel on peut lire « truie juive ». « C’est scandaleux. Un signalement a été fait ce matin de notre côté », a assuré la mairie du 18e.
Une inscription antisémite visant Emmanuel Macron a également été découverte lundi matin sur une façade du Monde, dans le 13e arrondissement. Le journal a annoncé qu’il portait plainte.
Tag sur le bâtiment du Monde, 11/02/19 https://t.co/PxmjLibdTn
— RaphaelleLeyris (@Leyris)
Un restaurant Bagelstein tagué
Dimanche, les gérants d’un restaurant Bagelstein, dans le centre de Paris, sur l’île Saint-Louis, dont la vitrine a été taguée du mot Juden (« juifs » en allemand) peint en jaune, ont eux aussi déposé plainte.
Le tag a « probablement été fait dans la nuit de vendredi à samedi », selon le cofondateur de cette chaîne de restauration, Gilles Abecassis, qui a précisé que des graffitis similaires ont déjà été effectués sur d’autres vitrines. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « dégradations volontaires aggravées » et « provocation à la haine raciale », confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).