Discours d’Arafat Pour le jour de la Nakba1 [1]

 

A ceux qui croient au retour

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«’Nous voulions favoriser ceux qui avaient été faibles sur terre et en faire des dirigeants, les héritiers de nos butins, les établir sur la terre…’ [2]

[A] notre héroïque peuple palestinien, sur sa terre et en diaspora, [aux] frères bien-aimés de notre noble patrie arabe, [à] nos amis, [aux] hommes nobles et libres de ce monde, [à] ceux qui tiennent le coup dans les camps de réfugiés [et croient en] la persévérance et au retour, [à] nos fils et [au] fruit de nos entrailles dans les prisons, [à] nos générations dont le courage et l’honneur vont s’amplifiant.»

Le jour maudit du 15 mai 1948, où l’Etat d’Israël fut proclamé

«Le grand complot sioniste impérialiste contre notre nation arabe et notre patrie la Palestine, qui a commencé en 1897 avec le Congrès sioniste de Bâle, en Suisse, a atteint son maudit paroxysme le 15 mai 1948. En ce jour maudit, l’Etat d’Israël a été instauré par la force des armes, à l’issue d’un complot impérialiste, sur les ruines de notre patrie la Palestine. Notre peuple a été éparpillé loin de sa terre, exilé en diaspora et dans les camps de réfugiés au moyen de massacres. Le monde a-t-il oublié, notre peuple a-t-il oubli les massacres de Deir Yassine, Qibiya et Nahaline, ainsi que les autres massacres de 1947, 1948 et ceux qui ont suivi ?

 

En 1947, les forces impérialistes qui contrôlaient alors les Nations unies ont imposé le partage de notre patrie, la Palestine, en deux Etats: un Etat palestinien arabe et un Etat israélien juif. Mais l’Etat de Palestine ne s’est pas créé, n’a jamais vu le jour; nul ne prêtait la moindre attention à la décision internationale légitime [des Nations unies] concernant notre peuple [et son droit] à un Etat indépendant sur la terre historique de Palestine.

 

Notre peuple palestinien a dû choisir entre sa propre disparition et la détermination, le conflit, l’adhésion au droit à sa patrie éternelle, la Palestine. Notre peuple palestinien, peuple de courage, n’a pas hésité à choisir de se tenir au front du combat pour la terre, au front du combat béni d’Allah, première direction de prière et troisième lieu saint, lieu du voyage nocturne de Mohammed [en référence à Jérusalem] et lieu de naissance de Jésus.

 

Notre peuple refuse l’humiliation, le mépris, la soumission, l’obéissance, l’esclavage et l’impérialisme sur les lieux saints du christianisme et de l’islam (…) parce qu’il est un peuple noble et croyant et qu’en lui coule le sang de la foi et de l’honneur, l’amour de la patrie et de la nation qui s’amplifient au fur et à mesure que le complot s’étend.»

 

La Palestine est le front de guerre

«La Palestine est notre terre, la terre du front de guerre et la terre sainte, notre terre, la terre de nos pères et de nos grands-pères, celle de nos petits enfants et des générations futures. La Palestine est notre patrie. Rien ne peut la remplacer, car nous n’avons pas d’autre terre. Chaque réfugié palestinien attend le jour où il étreindra sa patrie, rétablira son identité et l’honneur du citoyen sur sa terre, la Palestine.

Certains ont été injustement traînés hors de chez eux, simplement parce qu’ils disaient: notre seigneur est Allah.’ [3]

Notre peuple palestinien qui résiste sur le front de guerre, notre nation arabe méritoire, nous sommes la nation des braves, la nation du phœnix; [le peuple palestinien est] le facteur déterminant dans l’équation de la guerre et de la paix au Moyen-Orient aujourd’hui. Telle est notre situation, et notre vérité est la poursuite de ce combat au nom du droit à notre terre la Palestine.

 

Au commencement, certains se demandaient où se trouvait le peuple palestinien. Osent-ils aujourd’hui demander où il se trouve? Quelqu’un peut-il dire aujourd’hui de notre peuple que ses vieillards ont disparu et que ses jeunes ont oublié? Et que dire du chevalier palestinien Fares [4] , Fares Ouda, le garçon qui a défié un tank d’une pierre et est tombé en martyr pour les lieux saints, la patrie, la liberté?

 

La vérité palestinienne pousse aujourd’hui son cri. Elle est aussi claire que le soleil qui éclaire le monde: nul ne peut plus l’ignorer – parce que Fares Ouda a parlé pour tous les Palestiniens avant de tomber en martyr sous le feu d’un tank israélien: Soit nous obtenons une patrie, la liberté et l’indépendance, soit nous empruntons la voie du martyre pour Allah, la terre et l’honneur!

 

Pendant les 55 années passées, des martyrs et des blessés sont tombés pour la liberté de la patrie et le retour de ses fils. Aujourd’hui, des milliers de Palestiniens, hommes et femmes, sont enfermés dans les prisons de l’occupation parce qu’ils refusent l’occupation et la persécution et sont résolus à obtenir la liberté et l’indépendance. Ils sont bénis; ils ont reçu la promesse que leur liberté et leur sauvetage sont notre priorité et notre but suprême. Leur liberté est la liberté de la patrie.»

 

Les martyrs ont élevé la terre de leur sang

« Dans les villes de Palestine, ses camps de réfugiés, ses implantations et ses villages, ses plaines, sur ses montagnes, parmi ses bosquets et sur ses côtes, plus de 70 000 martyrs et blessés sont tombés en défendant la liberté et l’indépendance de la patrie, ainsi que les lieux saints de l’islam et du christianisme. Ils ont [gagné] la gloire et la bénédiction. Ils font partie des martyrs et des saints, les meilleurs amis [des martyrs] qui élèvent [la terre] avec leur sang pour l’indépendance et de la liberté, la création de l’Etat indépendant de Palestine, avec Jérusalem pour capitale; si Allah le veut, ‘ils entreront dans la mosquée comme ils y sont entrés la première fois’ [5] , ‘Allah tient toujours ses promesses’». [6]

 

Grâce à nos batailles, nos sacrifices, notre unité nationale, notre détermination, notre nation s’est imposée et a imposé sa cause dans l’équation du Moyen-Orient [en dépit de] toutes les tentatives pour l’éradiquer, pour la faire disparaître ou en faire un peuple disséminé en diaspora, en exil et dans les camps de réfugiés. La vérité politique que nul ne peut contester est que la guerre éclatera en Palestine et que la paix partira de Palestine, de l’Etat palestinien indépendant ayant Jérusalem pour capitale»

 

Celui qui imagine qu’une fausse paix peut tromper notre peuple hallucine

«Nous avons autrefois dit que l’option de la paix, de la paix des braves, signée avec notre partenaire Itzhak Rabin, de mémoire bénie, était notre option stratégique. Mais le pouvoir despotique et un énorme complot ont exclu et excluent toujours cette option, au profit d’une paix juste, éternelle et globale en Palestine, en Syrie et au Liban ainsi que dans toute la région, conformément à la légitimité internationale et ses résolutions 242, 338, 425, 194, 1397, aux autres résolutions et accords, le plus récent étant la feuille de route.

 

Celui qui croit qu’une fausse paix peut tromper notre peuple hallucine. Il n’y aura pas de paix sans retrait israélien complet de tous les territoires arabes et palestiniens, jusqu’à la frontière du 4 juin [1967]. Ainsi, les colonies illégales qui usurpent notre terre, notre nation et notre liberté doivent disparaître. Les colons doivent quitter notre terre palestinienne. Il ne peut y avoir de paix et de sécurité dans l’ombre de l’occupation et des colonies.

 

Nous sommes pour une paix juste, éternelle et globale, une paix des braves [que nous accorderons] en échange du retrait complet de notre terre arabe et palestinienne. C’est le principe consenti par les Arabes conformément à l’initiative du prince héritier saoudien Abdullah. C’est le principe de base de la conférence de paix de Madrid, de [la conférence de] Washington, de [la conférence] du Caire, de Charm El-Cheikh, de Taba, de Wye et de Paris, ainsi que des autres conférences. C’est le principe des territoires contre la paix.»

 

J’appelle notre peuple et notre noble nation arabe à serrer les rangs

«A une époque où le complot s’étend et où les comploteurs se multiplient contre nous et toute notre région, j’appelle notre peuple et notre noble nation arabe à serrer les rangs pour [obtenir] la restitution de nos territoires occupés, au nom de notre liberté et de notre défense des lieux saints du christianisme et de l’islam sur cette terre bénie. [J’appelle notre peuple et notre nation] a résister à la tempête qui passe au-dessus de nos têtes, dans toute la région. Nous triompherons, avec l’aide d’Allah.

 

Mes héroïques frères et sœurs, j’appelle chacun de vous à se plier à la discipline nationale, à respecter le régime général et la solidarité sociale [qui veut que] ceux qui en ont les moyens viennent en aide aux nécessiteux. Nous sommes sur le bateau de la liberté et nous nous accrochons à la solidarité, unis. C’est là la force et la grandeur de notre peuple, face au plus arrogant des conspirateurs et de la machine de guerre, de destruction, qui se trouve entre ses mains.

 

Je vous bénis tous, je vous serre la main à tous, à chaque femme, à chaque vieillard, à chaque garçon et fille en disant: cette patrie, ces lieux saints du christianisme et de l’islam, Jérusalem et les autres villes saintes, nos villages et nos camps de réfugiés, nous en avons tous la [responsabilité]. Je vous enjoins à la défendre avec votre âme et votre sang. ‘Endure! Ton endurance ne viendra qu’avec l’aide d’Allah. Ne t’afflige pas pour eux. Et ne sois pas angoissé à cause de leurs complots.’» [7]


[1] Al-Hayat Al-Jadida (Autorité palestinienne), le 16 mai 2003. Les sous-titres sont de MEMRI

[2] Le Coran, 28: 5

[3] Le Coran, 22: 40

[4] Jeu de mots: «chevalier» se dit «fares» en arabe.

[5] Le Coran, 17: 7

[6] Le Coran, 22: 47

[7] Le Coran, 16: 127

 

1 Source – http://memri.fr/2003/06/05/discours-darafat-le-jour-de-la-nakba/