La Birmanie est située entre l'Inde, premier fournisseur d'opium au 19è siècle et la Chine son principal consommateur à l'époque. Les guerres de l'opium vont bouleverser la région et les rapports de force. C'est bien plus tard que la Birmanie va entrer dans le jeu planétaire des producteurs et commerçants de drogue.

 

Ce fléau en Birmanie est favorisé par l'impénétrabilité de certains territoires et les différentes guérillas qui cherchent un financement sans être trop regardant sur l'origine des fonds. Des seigneurs de guerres, Shan surtout, jouant autant sur le sentiment indépendantiste que la force armée se sont construits des empires grâce à l'opium d'abord puis aux méthamphétamines. L'existence d'un État totalement corrompu, d'une armée avide de revenus et de débouchés importants facilite encore le processus.

 

En 1988, a Birmanie produit 800 tonnes d'Opium. En 1994, ce volume est passé à 2 500 tonnes.

Le régime est passé en quelques années d'une dictature 'classique ' à une 'narcodictature' dans les années qui ont suivi la chute de Ne Win en 1988.

 

1Dès la fin des années 90, le pays concentrait près de 50% de la production mondiale d’opium brut et affinait environ 75% de l’héroïne mondiale. Il est devenu dans les années 2010 le premier producteur d’amphétamine au monde, et est, le deuxième plus gros exportateur d’opium après l’Afghanistan

Les parrains qu'étaient Lo Hsin Han ou Kun Sha ont pu exercer leur autorité avec parfois le soutien de l'armée. Lo Hsin Han contrôlait 17 usines de fabrication d'héroïne et aidait les militaires à combattre les Shan.

 

Les paysans Shan poussés vers 2012 à changer de culture ne sont pas vraiment incités économiquement à substituer le thé au pavot, d'autant plus que le prix du thé est maintenu très bas par les autorités. Il en est de même dans l’État Kachin et la responsabilité de l’État dans une culture et un trafic qu'il prétend combattre est clairement engagée.

Chaque rupture de cessez-le-feu provoque une montée des cultures et du trafic.

 

"Dans le nord du pays, 50 à 80% des jeunes, seraient dépendants aux injections d’héroïne et les commerçants de certaines zones particulièrement affectées, rendraient la monnaie en seringues. Cette situation a de lourdes conséquences sur la vie de ces populations : violence, misère, propagation du VIH/sida et autres maladies.

Le gouvernement pratique la sourde oreille et affirme que cette situation n’est due qu’à la proximité des États Kachin et Shan avec le triangle d’or.

L’ONUDC a estimé qu’en 2013, la Birmanie avait produit 870 tonnes d’opium, soit 26% de plus que l’année précédente. Entre 2006 et 2014 , la production d’opium en Birmanie aurait presque triplé. 97% de l’opium d’Asie du Sud-Est provient de la Birmanie et 92% de la production est réalisée dans l’État Shan.

En 2014, la Birmanie produit toujours 10 % de l'opium mondial (deuxièrme rang derrière l'Afghanistan)"

1 Sebastien Achaume pour InfoBirmanie 20 novembre 2014