Saladin

Salah ad-Din signifie 'rectitude de la foi'. Il est surnommé, Al-Nasir, 'le victorieux', mais son vrai nom est Yusuf Salah Ibn Ayyoub ( fils de Ayyoub, le gouverneur de Baalbek), appelé Saladin en Occident.

Saladin est né à Tikrit au centre de l'Irak actuel. C'est un officier Kurde nommé Vizir au Caire, à la mort de son oncle Shirkuh (en 1169) qui s'était peu auparavant emparé du vizirat Fatimide d’Égypte.

En 969 , le calife fatimide Al-Mu'izz, après avoir imposé son autorité sur la Tunisie, l’Algérie, une partie du Maroc et la Sicile, lance le général Jawhar al-Siqilli à la conquête de l’Égypte à la faveur d’une crise économique. Jawhar, à la tête de plus de 100 000 cavaliers, emporte un immense trésor qu’il doit distribuer aux Égyptiens. Il entre en Égypte sans coup férir et est vainqueur au pied des pyramides. En 971, la capitale des Fatimides est transférée au Caire (al-Qâhira, la Victorieuse), ville construite par Jawhar al-Siqilli au nord de Fostat. Leur but reste l’établissement du Chiisme dans le monde musulman par l’élimination du Califat abbasside de Bagdad.

Saladin lance une première expédition contre Jérusalem en 1177. Au mois de juin 1187 , il attaque et assiège Tibériade. Guy de Lusignan décide de se porter à sa rencontre pour le combattre.

Bataille d'Hattin

La bataille est livrée le 4 juillet 1187 à Hattin et l'armée croisée, encerclée après une marche épuisante, est assoiffée et anéantie. Une grande partie de la noblesse franque, dont Guy de Lusignan, Renaud de Châtillon, Gérard de Ridefort est capturée. De Lusignan est épargné mais Renaud de Châtillon est exécuté peu après par Saladin lui-même d'un coup de sabre, ainsi que tous les Templiers et les Hospitaliers.

La terrible défaite de Hattin détruisit les forces vives du royaume de Jérusalem. Parlant de la bataille, le chroniqueur musulman Abû Shâmâ put écrire : Celui qui voyait les morts disait : il ne peut y avoir de prisonniers. Celui qui voyait les prisonniers disait: il ne peut y avoir des morts. Elle provoqua une grand choc en occident et déboucha sur la troisième croisade (1190-1191).1

N’ayant que peu de résistance face à lui, Saladin entreprend la conquête du royaume de Jérusalem et met le siège devant la ville le 20 septembre 1187, assurant qu’il fera subir aux Chrétiens le même sort que celui des Musulmans lors de la prise de Jérusalem. La ville est alors défendue par Balian d'Ibelin. connétable du comté de Jaffa

Balian d'Ibelin commandait l'arrière-garde de l'armée croisée lors de la bataille de Hattin. Il fut l'un des rares barons à avoir pu échapper à Saladin et s'est enfui vers Tyr.

Il obtient alors un sauf-conduit de Saladin qui l'autorise à se rendre à Jérusalem afin d'emmener sa femme et ses enfants vers Tripoli. Saladin pose comme conditions qu'il fasse le serment de quitter Jérusalem et ne prenne plus jamais les armes contre lui. Mais les habitants de Jérusalem le supplient de rester pour assurer sa défense. Le patriarche Héraclius le relève de son serment et Balian d'Ibelin s'excuse auprès de Saladin, qui laisse tout de même passer sa femme et ses enfants avant de commencer le siège, deux mois plus tard.

Jérusalem résiste et accepte de se rendre contre la vie sauve de ses habitants, moyennant le paiement d’une rançon. Ceux qui ne peuvent payer deviennent esclaves. Saladin permet aux Chrétiens de quitter les villes conquises et de regagner sains et saufs la côte avec une partie de leurs biens. À Jérusalem, il rend à l'islam l'église du Temple (mosquée Al-Aqsa). Il laisse aux Chrétiens le Saint-Sépulcre et rend aux Juifs leurs synagogues, supprimées par les Croisés. Il adopte sur ses monnaies, l'étoile à six branches.

La première prière musulmane depuis 1099 a lieu a Al-Aqsa le 9 octobre 1187. Quatre ans plus tard, Saladin écrit à Richard Cœur de Lion et lui rappelle l'importance de Jérusalem pour les Musulmans. Il finit de façon très claire :

" N'imagine pas que nous puissions hésiter à cet égard."

1 La Grande Syrie , p207

Voir aussi :

- Hattin : les conquêtes de Saladin - Jean Richard (article)

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