DÉCLARATION CONJOINTE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ET DU PREMIER MINISTRE DE L’ÉTAT D’ISRAËL

 

Bonjour mesdames, messieurs. 

Je suis très heureux et honoré d’accueillir à Paris, le Premier ministre de l’État d’Israël, mon ami Yaïr LAPID. Je le suis d’autant plus, cher Yaïr, que comme tu l’as dit en arrivant, cela fait quelques années que nous attendons. Je suis très heureux que vous ayez choisi la France pour votre premier déplacement officiel à l'étranger dans cette nouvelle fonction. Cela nous touche beaucoup, cela me touche beaucoup. Cher Yaïr, cette visite illustre, s'il en était besoin, la relation singulière et exceptionnelle entre nos deux pays et l'ampleur des liens humains qui nous unissent. 

Votre visite intervient à un moment crucial à plus d'un titre. D'abord, celui où la guerre est revenue sur le continent européen. Une guerre délibérément choisie par la Russie, dont les conséquences impactent la sécurité de tous. La souveraineté et l'intégrité de l'Ukraine doivent être respectées, de même que ses choix démocratiques. C'est cela que défend l'Ukraine face à la Russie et c'est pour cela que nous devons, ensemble, être à ses côtés. 

Votre visite intervient également à un moment crucial pour le Moyen-Orient, avec des crises qui perdurent et d'autres qui couvent. Vous savez que vous pouvez compter sur l'attachement indéfectible de la France à la sécurité d'Israël et sur notre détermination à rester engagés pour garantir la stabilité et la sécurité de toute la région. Vous savez aussi que vous pouvez compter sur ma détermination à poursuivre le combat contre notre ennemi commun, le terrorisme, qui a encore frappé durement Israël au cours des derniers mois. 

Parmi les nombreuses crises qui affectent l'environnement d'Israël et qui mettent aussi en jeu les intérêts de sécurité français et européens, je veux évoquer le programme nucléaire iranien ainsi que les activités régionales de l'Iran. Je souhaite rappeler une nouvelle fois notre volonté de faire aboutir dans les plus brefs délais les négociations sur un retour au respect du JCPOA. Nous sommes d'accord avec Israël sur le fait que cet accord ne suffira pas à contenir les activités déstabilisatrices de l’Iran, mais je reste, plus que jamais, convaincu qu’un Iran qui serait au seuil nucléaire pourrait mener ces activités de manière plus dangereuse. Il faut donc défendre cet accord, prendre en compte les intérêts de sécurité de nos amis dans la région, Israël au premier chef, et le compléter par des négociations encore plus fortes sur les activités balistiques et régionales. 

Je ne peux que constater, pour le regretter, que l’Iran refuse toujours de saisir l’opportunité qui lui est offerte de conclure un bon accord, comme l’ont montré les derniers pourparlers avec les Américains à Doha, mais, sur ce sujet comme sur d’autres, nous allons poursuivre en étroite coordination avec nos partenaires, tous les efforts pour tenter de ramener l'Iran à la raison. 

Il y a, heureusement, aussi des dynamiques positives. Parmi elles, la normalisation des relations entre Israël et plusieurs États arabes qui apporte une contribution importante à la stabilité et la sécurité régionale. J'apporte tout mon soutien à ce processus. Israël est un partenaire proche de la France. Ces pays arabes le sont aussi. Quoi de mieux qu'un partenariat entre eux de notre point de vue. Il est nécessaire de poursuivre, d'approfondir, d'élargir cette dynamique. Nous en parlerons ensemble et je souhaite que la France puisse au maximum accompagner celle-ci. 

Cette dynamique doit aussi s'accompagner de progrès tangibles vers une solution de la question palestinienne qui réponde à la fois aux intérêts de sécurité d'Israël et aux aspirations légitimes du peuple palestinien. 

Monsieur le Premier Ministre, cher Yaïr LAPID, là aussi, votre visite intervient à un moment crucial. Il n'y a pas d'alternative à une reprise du dialogue politique entre les Israéliens et les Palestiniens. Je sais combien vous pouvez marquer l'histoire en relançant un processus en panne depuis trop longtemps. Je sais les difficultés, je n'ignore pas les obstacles, je sais aussi tous les raccourcis qui sont parfois faits mais je sais d'expérience, et je peux en témoigner, que vous avez l'étoffe de celui qui peut relever ce défi. Je veux vous dire ici, dans un calendrier, avec le respect des échéances qui sont les vôtres et une nécessité aussi de retrouver toute la stabilité pour la vie politique d’Israël, vous dire ma disponibilité à contribuer à la reprise de ce processus, de ce dialogue et à mobiliser la communauté internationale en sa faveur. 

Je conclurai en évoquant le Liban. Vous connaissez mon attachement à ce pays. Sa stabilité est indispensable à celle de la région. Nous allons poursuivre les efforts entrepris en faveur de son relèvement. Je souhaite à l’occasion de votre visite, évoquer les négociations sur la frontière maritime avec Israël. Il faut éviter toute action, de quelque nature que ce soit, qui mettrait en danger le processus en cours. Les deux pays ont intérêt à aboutir à un accord qui permettra une exploitation des ressources énergétiques au bénéfice des deux peuples. La France contribue déjà et est prête à y contribuer davantage. 

Voilà les quelques mots que je souhaitais avoir. Mais face à tous ces défis — et je n'ai pas été ici exhaustif, pour beaucoup d'autres, vous les connaissez comme moi et nous aurons l'occasion d'en parler — je veux ici vous dire que le gouvernement d'Israël et le pays, peuple tout entier, ont beaucoup de chance de vous avoir à leur tête. N'oubliez jamais que vous avez ici à Paris, un ami fidèle, attaché à la sécurité d'Israël et surtout, à sa réussite dans toute la région. Cette réussite, vous et moi, nous le savons, passe par un chemin de paix. Il est exigeant, difficultueux, mais j'ai la conviction intime et profonde que vous aurez en vous toutes les ressources pour y conduire votre pays et au-delà. 

Merci encore, Monsieur le Premier Ministre, cher Yaïr, d'être à Paris aujourd'hui pour cette première visite à l'extérieur. Vous êtes le bienvenu.