Suite à l'explosion d'une mine (revendiquée par le FPLP) placée sur la route près d'Eïlat, qui a tué deux enfants et en a blessé une dizaine d'autres, l'armée israélienne attaque la ville de Karameh, que le ministre de la défense Moshé Dayan décrit comme un repaire du Fatah.

Les Palestiniens du Fatah représentent une force d'environ cinq cents hommes, équipés d'armes légères, de grenades et d'explosifs, retranchés depuis plusieurs mois dans le village. Ces fedayin ne sont pas tous des combattants expérimentés; seule une petite frange d'entre eux fait partie des commandos terroristes opérant en Israël. Plus de la moitié des partisans d'Arafat sont des adolescents manquant d'entraînement militaire, mais exaltés et prêts au sacrifice.

Timbre commémoratif mauritanien de la bataille de Karameh

Côté jordanien, la région d'As-Salt est sous la responsabilité de la 1re division d'infanterie du Général Haditha, forte de sept mille hommes, de quatre-vingt chars et d'une centaine d'obusiers. Bien entraînée, cette unité est équipée de matériels équivalents à ceux de Tsahal, exception faite des hélicoptères. Le 20 mars, le chef d'Etat-major jordanien et le Général Haditah rencontrent Yasser Arafat et lui demandent, en vain, de replier ses troupes dans les collines à l'est de Karameh. Arafat, décidé à prouver à la communauté internationale la détermination de la résistance palestinienne, rentre sur-le-champ à son quartier général et met en alerte ses fedayin. 1

Le combat dure 15 heures avec des grosses pertes de part et d'autres. Il s'agissait aussi pour les Israéliens d'envoyer un message au roi Hussein qui laissait toute liberté aux Palestiniens d'organiser des actions terroristes à partir de son territoire.

Côté palestinien, il y a entre 40 et 84 morts, côté israéliens 33 morts2. La bataille revêt une importance majeure pour le monde arabe qui y a vu une possibilité de revanche contre les Israéliens et le début d'une résistance des Palestiniens. La défaite renforce paradoxalement l'OLP et permet l'émergence de son chef Yasser Arafat.

Un jeune soldat israélien a subi son baptême du feu à Karame, c'est le futur Premier ministre Benyamin Netanyahu.

1 Centre de doctrine et d'enseignement du commandement (penseemiliterre.fr)

2Selon Jean-Pierre Filu il faut compter 116 morts parmi les combattants palestiniens, 28 militaires israéliens et 61 jordaniens – Blog le monde du 11 mars 2018