Mahathir, premier ministre charismatique de la Malaisie de 1981 à 2003 et 2018 à 2020 (il a alors 95 ans) a toujours affirmé son antisémitisme. Pour mémoire, la Malaisie ne compte plus de Juifs. Il ne restait à Penang, la plus importante communauté juive du pays , que 45 juifs en 1901. Depuis ce nombre à diminué.

Dans le discours prononcé à l'ouvrerture de la 10ème Conférence islamique Mahathir s'oppose à l'existence d'Israël et juge que les Juifs et Israël dominent le monde. 

"...

Il y a un sentiment de désespoir dans les pays et les peuples musulmans. Il leur semble qu'ils ne peuvent rien faire de bon. Que les choses ne peuvent qu'aller plus mal. Les Musulmans seront pour toujours opprimés et dominés par les Européens et par les Juifs.

...On ne peut pas dire qu'il n'y a pas d'autre voie. 1.3 milliards de Musulmans ne peuvent pas être vaincus par quelques millions de Juifs. Il y a certainement une voie.

...Les Européens ont tué 6 millions de Juifs sur 12 millions. Mais aujourd'hui, les Juifs dominent le monde par procuration. Ils poussent les autres à se battre et à mourir pour eux.

...Mais réfléchissons. Nous nous opposons à un peuple qui pense. Il a survécu durant 2 000 ans de pogroms non pas en ripostant mais en pensant. Il a inventé et répandu avec succès le socialisme, le communisme, les droits de l'homme et la démocratie de telle sorte que persécuter ce peuple est désormais interdit puisqu'il est censé jouir de droits égaux à ceux des autres. C'est ainsi que les Juifs ont maintenant pris le contrôle des pays les plus puissants et que cette petite communauté exerce un pouvoir sur le monde."

 

Discours du premier ministre Mahathir Mohamad

à l'ouverture de la 10ème session du sommet de la conférence islamique1

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PUTRAJAYA

ALHAMDULILLAH, louons Allah par la grâce duquel nous, les chefs des pays de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI), sommes aujourd'hui réunis ici pour conférer et tracer avec espoir les voies de l'avenir de l'Islam et de la Oumma du monde entier.


Au nom du gouvernement et des différentes races et religions du peuple de Malaisie, je souhaite une chaleureuse bienvenue à tous ceux qui sont présents à cette 10ème session du sommet de la Conférence Islamique à Putrajaya, capitale administrative de la Malaisie. C'est aussi un grand honneur pour la Malaisie, l'hôte de cette session, d'assurer la présidence de l'OCI. Je remercie les participants à cette conférence pour la confiance qu'ils font à la présidence malaisienne.

(…)

En tant qu'hôte, la Malaisie est honorée par le haut niveau de la participation des pays membres. Cela témoigne clairement de notre confiance durable, de l'engagement de notre organisation, de notre souhait et de notre détermination communs de renforcer son rôle au bénéfice de la Oumma.

Je dois aussi souhaiter la bienvenue aux dirigeants et aux représentants de nombreux pays qui ont souhaité participer à cette Conférence en tant qu'observateurs, du fait de l'importance de leur population musulmane. Qu'ils soient musulmans ou pas, leur présence à cette réunion aidera à une meilleure compréhension de l'Islam et des musulmans, à rejeter la perception de l'Islam comme une religion d'arriération et de terrorisme. Le monde entier nous regarde. En particulier, 1,3 milliards de musulmans, le sixième de la population mondiale, placent leurs espoirs en nous, dans cette Conférence, même si ils sont peut-être dubitatif sur notre volonté et notre aptitude à restaurer l'honneur de l'Islam et des musulmans, plus encore, à libérer leurs frères et leurs sœurs de l'oppression et de l'humiliation dans lesquelles ils sont aujourd'hui plongés.


Je ne ferai pas la liste des formes de cette oppression et de cette humiliation, pas plus que je ne condamnerai une fois encore nos adversaires et nos oppresseurs. Ce serait un exercice dérisoire, car une telle condamnation ne changerait pas leur attitude. Si nous voulons retrouver notre dignité et celle de l'Islam, notre religion, c'est à nous de décider, c'est à nous d'agir.


Pour commencer, les gouvernements de tous les pays musulmans doivent resserrer les rangs et adopter des positions communes, si ce n'est sur tous les sujets, du moins sur les plus importants, comme la question de la Palestine. Nous sommes tous musulmans. Nous sommes tous opprimés. Nous avons tous été humiliés. Mais nous qui avons été désignés par Allah, parmi nos frères musulmans pour diriger nos pays, nous devons essayer vraiment d'agir ensemble, de faire preuve du niveau de fraternité et d'unité que l'Islam exige de nous.


Mais, non seulement nos gouvernements sont divisés, mais la Oumma musulmane est aussi divisée, encore et encore divisée. Tout au long des 1 400 dernières années, les interprètes de l'Islam, les Ulémas ont donné des versions de la religion apportée par le prophète Mohamed si différentes que nous avons à présent des milliers de religions qui sont souvent en conflit les unes avec les autres, qui se combattent et qui tuent de part et d'autre.

 

Au lieu d'être une Oumma unique, nous nous sommes divisés en de nombreuses sectes, les mazhabs et les tarikats, tous plus désireux de brandir notre Islam comme le seul véritable, que notre unité comme Oumma islamique. Nous n'avons pas perçu que nos adversaires et nos ennemis ne cherchent pas à savoir si nous sommes de vrais musulmans ou pas. Pour eux, nous sommes tous musulmans, les tenants d'une religion et d'un prophète dont ils disent qu'ils soutiennent le terrorisme, leur ennemi juré. Ils peuvent nous attaquer et nous tuer, envahir nos pays, abattre nos gouvernements, que nous soyons Sunnites ou Chiites, Alaouites ou Druzes ou quoi que ce soit d'autre. Et nous les aidons, nous en sommes les complices en nous attaquant et en nous affaiblissant les uns les autres. Parfois, nous obéissons à leurs ordres, nous agissons pour leur compte et nous attaquons nos frères musulmans. Nous entreprenons de faire tomber nos gouvernements par la violence, ce qui affaiblit et appauvrit nos pays.


Nous ignorons totalement, nous persistons à ignorer, l'injonction islamique de s'unir, d'être frères, nous les gouvernements de la Oumma et des pays islamiques.


Nous ignorons aussi d'autres enseignements de l'Islam. Il nous enjoint de Lire, Iqraq, c'est à dire d'acquérir de la connaissance. Les premiers musulmans s'en inspirèrent pour traduire et étudier les œuvres des Grecs et des autres lettrés antérieurs à l'Islam. Les savants musulmans ajoutèrent au corpus des connaissances leurs propres apports.


Les premiers musulmans produisirent de grands mathématiciens et de grands scientifiques, des physiciens et des astronomes, qui excellèrent dans le champ de la science de leur époque, tout en étudiant et en pratiquant leur religion. Les Musulmans furent ainsi capables d'extraire des richesses de leurs terres et grâce au commerce mondial, de renforcer leur potentiel de défense, de protéger leurs peuples et de leur apporter un mode de vie islamique, celui que prescrit l'Islam. À la même époque, les Européens du Moyen Age étaient encore arriérés et superstitieux alors que les Musulmans avaient déjà bâti une grande civilisation, puissante et respectée, en mesure, et même plus, de se comparer au reste du monde, capable de protéger la Oumma des agressions étrangères. Les Européens devaient s'agenouiller devant les savants musulmans, pour accéder à leur propre héritage scientifique.


Les Musulmans étaient conduits par de grands leaders comme Abdel Rahman III, AI-Mansour, Saladin et d'autres, qui investirent les champs de bataille, à la tête de leurs armées, pour protéger la terre des musulmans et la Oumma.

 

Mais, encore à mi chemin dans la construction d'une grande civilisation islamique, de nouveaux interprètes de l'Islam enseignèrent que pour les Musulmans l'apprentissage devait se réduire à l'étude de la théologie. L'étude de la science, de la médecine, etc., fut découragée.


Les musulmans commencèrent à régresser sur le plan intellectuel. Avec la régression intellectuelle, la grande civilisation musulmane commença à perdre du terrain et à se flétrir. Avec l'arrivée des guerriers ottomans, la civilisation musulmane devait disparaître à l'époque de la chute de Grenade en 1492.

 

Les premiers succès des Ottomans ne s'accompagnèrent pas d'une renaissance intellectuelle. A la place, on s'intéressa de plus en plus à des problèmes insignifiants comme savoir si les culottes ajustées ou les coiffes à visière étaient islamiques ou pas, si l'imprimerie était autorisée et si l'on pouvait éclairer les mosquées avec l'électricité. Les Musulmans ratèrent totalement la Révolution industrielle. Le recul continua jusqu'à ce que les Anglais et les Français fomentent une rébellion contre le pouvoir turc qui s'était imposé à la chute des Ottomans, derniers tenants d'une domination musulmane mondiale. Ils remplacèrent ce pouvoir par des colonies et non par les États indépendants qu'ils avaient promis. C'est seulement à partir de la seconde guerre mondiale que ces colonies devinrent indépendantes.

 

En plus de l'État-nation, nous avons aussi accepté le système démocratique occidental. Ceci nous divisa car les groupes ou partis que nous formâmes alors proclamèrent que l'Islam c'était eux. Ils rejetèrent l'Islam des autres et refusèrent les résultats des pratiques démocratiques quand elles ne leur attribuaient pas le pouvoir. On recourut alors à la violence, ce qui déstabilisa et affaiblit les pays musulmans.


De ce fait la Oumma et la civilisation musulmane s'alanguirent tellement qu'à un certain moment, il ne restait plus un seul État musulman qui n'était pas colonisé ou assujetti aux Européens. La conquête de l'indépendance ne renforça pas pour autant les Musulmans. Leur États étaient faibles et mal administrés, soumis à des troubles continuels. Les Européens pouvaient faire ce qu'ils voulaient des territoires où vivaient les Musulmans. Il n'est pas surprenant que pour résoudre leur problème juif, ils aient pu soustraire de la terre musulmane et créer l'État d'Israël. Les Musulmans ne purent rien faire pour empêcher le sacrilège de Balfour et des sionistes parce qu'ils étaient divisés.


Quelques uns d'entre nous considéraient toujours, en dépit de tout cela, que notre vie était meilleure que celle de nos adversaires. D'autres crurent que la pauvreté était une composante islamique, de même que la souffrance et l'oppression. Le monde n'était pas pour nous. Pour nous, les joies du Paradis après la mort. Tout ce que nous devions faire, c'était améliorer certains rituels, revêtir certains accoutrements, sauver certaines apparences. Notre faiblesse, notre arriération et notre incapacité à aider nos frères et nos sœurs opprimés reflétaient la volonté d'Allah, de même que les souffrances que nous devions endurer avant le Paradis, dans l'au-delà. Nous devions accepter cette réalité à laquelle nous étions soumis. Nous ne devions rien faire. On ne peut rien contre la volonté d'Allah.

Mais est-il bien vrai que c'est là la volonté d'Allah et que nous ne devons et ne pouvons rien faire ? Dans la sourate Ar-Ra'd, verset 11, il est écrit qu'Il ne changera pas la situation d'une communauté tant que cette communauté n'aura pas tenté de changer sa situation elle-même.

 

Les premiers musulmans furent tout autant opprimés que nous le sommes aujourd'hui. Mais du fait de leurs efforts sincères et déterminés pour se sauver eux-mêmes, en accord avec les enseignements de l'Islam, Allah les a aidés à vaincre leurs ennemis et à édifier une puissante civilisation musulmane. Quel effort avons-nous fait nous-mêmes avec les ressources qu'Il nous a données ?


Nous sommes aujourd'hui forts d'1.3 milliards d'individus. Nous avons les plus grandes réserves de pétrole du monde. Nous avons de grandes richesses. Nous ne sommes pas aussi ignorants que lorsque que la Jahilliah gagna l'Islam. Nous connaissons bien le monde économique et la finance. Nous contrôlons 50 des 180 pays du monde. Nos suffrages peuvent faire ou défaire les organisations internationales. Et nous semblons encore plus démunis que le tout petit nombre des convertis de la Jahilliah qui prit le prophète comme chef. Pourquoi ? Est-ce du fait de la volonté d'Allah ? N'est-ce pas plutôt parce que nous avons faussement interprété la religion, parce que nous n'avons pas su respecter ses préceptes et agi de façon erronée ?


Notre religion nous commande de nous préparer à la défense de la Oumma. Malheureusement nous prenons en compte, non pas ce qui contribue à notre défense, mais les armes de l'époque du prophète. Ces armes, ces chevaux ne peuvent en aucune manière nous permettre de nous défendre. Nous avons besoin pour notre défense, de fusils et de missiles, de bombes et d'avions, de tanks et de vaisseaux de guerre. Mais comme nous n'avons pas encouragé l'apprentissage de la science et des mathématiques, comme nous n'avons pas œuvré pour la renaissance, nous sommes actuellement incapables de produire nos propres armes pour notre défense. Nous devons acheter nos armes à nos adversaires et à nos ennemis. Voilà la conséquence d'une interprétation superficielle du Coran, de l'omission de la substance de la Sunna du prophète et des injonctions du Coran, de l'adoption, à la place, des méthodes et des moyens utilisés au premier siècle de l'Hégire. Et il en est de même des autres enseignements de l'Islam. Nous attachons plus d'importance à la forme qu'à la substance des paroles, nous nous en tenons à l'interprétation littérale des traditions du prophète.


Nous désirons recréer le premier siècle de l'Hégire, le mode de vie de l'époque, pour pratiquer ce que nous pensons être le vrai mode de vie de l'Islam. Mais nous ne pourrons pas le faire. Nos adversaires et nos ennemis pourront tirer avantage de notre arriération et de notre faiblesse pour nous dominer. L'Islam n'est pas seulement fait pour le 7ème siècle. L'Islam est pour tout le temps. Et l'époque a changé. Que cela nous plaise ou pas, nous devons changer, pas changer de religion mais appliquer ses enseignements dans un monde qui est radicalement différent de celui du premier siècle de l'Hégire. L'Islam n'est pas erroné mais les interprétations de nos docteurs, qui ne sont pas des prophètes même si ils sont très instruits, peuvent être fausses. Nous voulons retourner aux enseignements fondamentaux de l'Islam pour être surs que notre croyance et notre pratique de l'Islam sont bien celles que le prophète a prêchées. On ne peut pas dire que nous pratiquons tous le vrai Islam alors que nos croyances sont si différentes les unes des autres.


Aujourd'hui, nous, la Oumma, sommes traités avec mépris et dédain. Notre religion est décriée. Nos lieux saints sont profanés. Nos pays sont occupés. Notre peuple est affamé et tué.
Aucun de nos pays n'est vraiment indépendant. Nous sommes sous influence, soumis aux souhaits de nos oppresseurs qui nous disent comment nous devons nous comporter, comment nous devons gouverner nos pays, même comment nous devons penser.


Si ils le veulent, ils sont en mesure, aujourd'hui, d'investir nos pays, de tuer nos peuples, de détruire nos villages et nos villes, et face à cela, nous ne pourrions rien faire de concret. Est-ce que c'est l'Islam qui en est la cause ? Ou est-ce parce que nous n'avons pas accompli les devoirs prescrits par notre religion ? Notre seule réaction est la fureur, toujours davantage de fureur. Un peuple furieux ne peut penser sainement. Et nous avons des gens qui ne réagissent pas de façon rationnelle. Ils lancent leurs propres attaques, tuant n'importe qui, y compris des Musulmans frères, pour évacuer leur colère et leur frustration. Leurs gouvernements ne peuvent rien faire pour les arrêter. L'ennemi engage des représailles et faire peser une pression encore plus lourde sur nos gouvernements. Et ceux-ci n'ont pas d'autre choix que de céder, d'accepter les directives de l'ennemi, littéralement d'abandonner toute indépendance d'action.


De ce fait, leurs peuples et la Oumma sont toujours plus furieux et se tournent contre leurs gouvernements. Chaque tentative d'apaisement est sabotée par des attaques sans discernement, faites pour déchaîner l'ennemi et empêcher tout règlement pacifique. Mais ces attaques ne résolvent rien. Simplement, les Musulmans sont encore plus opprimés.


Il y a un sentiment de désespoir dans les pays et les peuples musulmans. Il leur semble qu'ils ne peuvent rien faire de bon. Que les choses ne peuvent qu'aller plus mal. Les Musulmans seront pour toujours opprimés et dominés par les Européens et par les Juifs. Ils seront pour toujours pauvres, arriérés et faibles. Certains croient, comme je l'ai dit, que c'est la volonté d'Allah, que le destin des Musulmans, c'est d'être pauvres et opprimés, dans ce monde.


Mais est-il vrai que nous ne devons et nous ne pouvons rien faire de nous-mêmes ? Est-il vrai que 1.3 milliard de personnes ne peuvent rien entreprendre pour se sauver de l'humiliation et de l'oppression qui leur sont infligés par un minuscule ennemi ? Ne peuvent-ils que s'abîmer aveuglément dans la colère ? N'y a-t-il pas d'autre voie que de demander à des jeunes gens de se faire exploser, de tuer des gens et d'inciter ainsi davantage au massacre de notre peuple ? On ne peut pas dire qu'il n'y a pas d'autre voie. 1.3 milliards de Musulmans ne peuvent pas être vaincus par quelques millions de Juifs. Il y a certainement une voie. C'est seulement quand nous cesserons de penser en termes de riposte, d'évaluer nos forces et nos faiblesses, de planifier et même de contre-attaquer que nous pourrons trouver un chemin. En tant que Musulmans, nous devons rechercher les orientations du Coran et de la Sunna du prophète. Les 23 ans de lutte du prophète peuvent nous fournir des directives sur ce que nous devons et pouvons faire.


Nous savons que lui et ses premiers fidèles étaient opprimés par les Quoreïch. Lança-t-il des opérations de représailles ? Non. Il s'était préparé à faire une retraite stratégique. Il envoya ses premiers fidèles dans un pays chrétien et il émigra lui-même à Médine. Là, il rassembla ses partisans, construisit des moyens de défense et assura la sécurité du peuple.


À Hudaybiyah, il accepta un traité injuste, malgré l'opposition de ses compagnons et de ses fidèles. Dans la période de paix qui suivit, il accumula des forces et, de fait, il fut en mesure d'entrer dans La Mecque et de la proclamer musulmane. Même à ce moment, il ne chercha pas à se venger. Le peuple de La Mecque accepta l'Islam et nombre d'entre eux devinrent ses plus puissants soutiens, et contribuèrent à défendre l'Islam contre ses ennemis.


Voilà, en bref, l'histoire de la lutte du prophète. Nous parlons beaucoup de suivre les préceptes de la Sunna du prophète. Nous citons d'abondance les prescriptions et les traditions. Mais en fait, nous ignorons tout d'elles.


Si nous utilisions la faculté de penser dont Allah nous a dotés, nous saurions qu'aujourd'hui, nous agissons irrationnellement. Nous combattons sans objectif, sans but autre que causer des dommages à l'ennemi parce qu'il nous en cause. Nous imaginons naïvement qu'il va capituler. Nous sacrifions inutilement des vies, sans rien obtenir, si ce n'est des représailles plus massives et des humiliations.


Il est certainement l'heure de s'arrêter pour réfléchir. Est-ce que ce sera du temps perdu ? Pendant au moins cinquante ans nous avons combattu pour la Palestine. Qu'avons nous gagné ? Rien. Nous sommes dans une situation pire qu'avant. Si nous avions fait une pause pour réfléchir, nous aurions mis au point un plan, une stratégie susceptible de nous apporter la victoire finale. Faire une pause et réfléchir calmement n'est pas une perte de temps. Nous devons effectuer une retraite stratégique et envisager calmement notre situation.


En fait, nous sommes très forts. 1.3 milliards d'individus ne peuvent pas être balayés d'un coup, simplement. Les Européens ont tué 6 millions de Juifs sur 12 millions. Mais aujourd'hui, les Juifs dominent le monde par procuration. Ils poussent les autres à se battre et à mourir pour eux.


Nous ne sommes pas capables de faire comme eux. Nous ne sommes pas capables d'unir tous les 1.3 milliard de Musulmans. Nous ne pouvons pas obtenir que tous les gouvernements musulmans agissent de concert. Mais, si nous pouvions obtenir que seuls un tiers de la Oumma et un tiers des États musulmans agissent ensemble, nous pourrions déjà faire quelque chose. Souvenons-nous que le prophète n'avait pas beaucoup de fidèles quand il se rendit à Médine. Mais il parvint à unir les Ansars et les Muhajirins et ainsi il devint assez fort pour défendre l'Islam. A partir de l'unité partielle dont nous avons besoin, nous devons faire le point sur nos atouts. J'ai déjà mentionné notre nombre et notre richesse en pétrole. Dans le monde actuel, nous avons beaucoup d'influence en matière politique, économique et financière, assez pour compenser notre faiblesse militaire.

Nous savons aussi que tous les non-Musulmans ne sont pas contre nous. Certains sont bien disposés à notre endroit. D'autres voient même nos ennemis comme les leurs. Même chez les Juifs, il y en est beaucoup qui désapprouvent ce que les Israéliens sont en train de faire.


Nous ne devons pas nous opposer à tout le monde. Nous devons gagner les cœurs et les esprits. Nous devons les vaincre, de notre coté, non pas en demandant de l'aide contre eux, mais selon la voie estimable qui veut que nous luttions en nous aidant nous-mêmes. Nous ne devons pas renforcer l'ennemi en poussant tout le monde dans leur camp du fait d'actes irresponsables et contraires à l'Islam. Souvenons-nous de Saladin et de la façon dont il combattit contre les soi-disant croisés, le roi Richard d'Angleterre en particulier. Souvenons-nous des réflexions du prophète sur les ennemis de l'Islam. Nous devons faire pareil. C'est vaincre dans la lutte qui est important, pas les représailles ou la revanche.


Nous devons construire notre force sur tous les terrains et pas seulement sur le champ militaire. Nos pays doivent être stables et bien administrés, forts sur les plans économique et financier, industriellement compétents et technologiquement avancés.


Cela prendra du temps, mais on peut le faire et ce sera du temps bien employé. Notre religion nous commande d'être patients. Évidemment, c'est une vertu d'être patient.


Mais la défense de la Oumma, la contre-attaque, exigent de ne pas se lancer avant d'avoir mis sa maison en ordre. Déjà, nous avons des atouts suffisants pour nous déployer contre nos adversaires. Il nous reste à les identifier et à travailler pour savoir comment faire cesser les carnages. C'est tout à fait possible si nous cessons de réver, de faire des plans, d'élaborer des stratégies, au lieu de prendre de premières mesures un peu critiques ? Même ces petits pas peuvent amener des résultats positifs.


Nous savons que la Jahilliah des Arabes les a amenés à se quereller, s'entretuer, simplement parce qu'il appartenaient à des tribus différentes. Le prophète prêcha la fraternité de l'Islam et ils furent en mesure de surmonter la haine qu'ils entretenaient, s'unirent et s'aidèrent pour établir une grande civilisation musulmane. Pouvons nous dire que ce que la Jahilliah (l'ignorance) a été capable de faire dans le passé, les musulmans modernes ne peuvent pas le faire aussi. ? Tout au moins certains d'entre nous sont capables de le faire ? Si nous ne parvenons pas à promouvoir la renaissance de notre grande civilisation, au moins, nous pouvons assurer la sécurité de notre Oumma.

Faire ce qui est suggéré ici n'implique même pas d'abandonner nos différences. Nous devons seulement appeler à une trêve pour agir ensemble sur certains problèmes d'intérêt commun, le problème Palestinien par exemple.


Dans toute lutte, dans toute guerre, rien n'est plus important que la concertation et la coordination des actions. Le prophète a perdu dans Jabal Uhud parce que ses forces brisèrent les rangs. Nous savons que, nous sommes encore incapables de faire preuve de discipline et d'abandonner les actions irrégulières et non coordonnées. Nous devons être braves mais pas téméraires. Nous ne devons pas seulement penser à notre récompense dans l'autre monde mais aussi aux résultats matériels de notre mission.


Le Coran nous dit que quand l'ennemi sollicite la paix, nous devons répondre positivement. C'est vrai même si le traité qui nous est offert n'est pas favorable. Mais nous pouvons négocier. Le prophète l'a fait à Hudaybyah. En fin de compte, il a triomphé.


Je suis conscient que ces idées ne seront pas populaires. Ceux qui sont fanatiques les rejetteront. Ils voudront même réduire au silence quiconque soutiendrait cette ligne d'action. Ils voudront envoyer davantage de jeunes hommes et de jeunes femmes au sacrifice suprême. Mais où cela les conduit-il ? Sûrement pas à la victoire. Durant les cinquante dernières années de combat en Palestine, nous n'avons obtenu aucun résultat. La situation a même empiré pour nous.


L'ennemi fera probablement un bon accueil à ces propositions et on conclura que leur promoteur travaille pour lui. Mais réfléchissons. Nous nous opposons à un peuple qui pense. Il a survécu durant 2 000 ans de pogroms non pas en ripostant mais en pensant. Il a inventé et répandu avec succès le socialisme, le communisme, les droits de l'homme et la démocratie de telle sorte que persécuter ce peuple est désormais interdit puisqu'il est censé jouir de droits égaux à ceux des autres. C'est ainsi que les Juifs ont maintenant pris le contrôle des pays les plus puissants et que cette petite communauté exerce un pouvoir sur le monde. Nous ne pouvons pas les combattre seulement avec les muscles. Nous devons aussi utiliser nos cerveaux.


Dernièrement, du fait de leur pouvoir et de leurs succès apparent, ils sont devenus arrogants. Comme un peuple impétueux fait des erreurs, un peuple arrogant oublie de penser.


Ils ont déjà commencé à faire des fautes. Et ils feront de plus en plus de fautes. Il y a pour nous une fenêtre d'opportunité maintenant et à l'avenir. Nous devons saisir ces opportunités.


Mais pour cela, nous devons agir avec justesse. La rhétorique est bonne. Elle nous aide à mettre en évidence les erreurs perpétrées contre nous, peut-être à nous faire gagner de la sympathie et des soutiens. Elle peut renforcer notre moral, notre volonté et notre résolution, face à l'ennemi.


Nous pouvons et nous devons prier Allah pour qu'à la fin, ce soit lui qui décide si nous devons gagner ou perdre. Nous avons besoin de ses bénédictions et de son aide dans nos entreprises.
Mais c'est la façon dont nous agirons et ce que nous ferons qui déterminera si Il consentira à nous aider et à nous donner la victoire ou non. Il l'a déjà écrit dans le Coran, sourate Ar Ra'd verset 11.


Comme je l'ai dit au début, le monde entier nous regarde. Toute la Oumma musulmane place ses espoirs dans cette Conférence des leaders des nations islamiques. Ils attendent de nous, non seulement la dissipation de leurs frustrations et de leur colère, mais des paroles et des gestes et pas seulement d'implorer la bénédiction d'Allah. Ils attendent que nous fassions quelque chose, que nous agissions. Nous ne pouvons pas dire que nous ne pouvons rien faire, nous, les dirigeants des nations musulmanes. Nous ne pouvons pas dire que nous ne pouvons pas nous unir même quand nous sommes confrontés à la destruction de notre religion et de notre Oumma.


Nous savons que nous pouvons le faire. Il y a de nombreuses choses que nous pouvons faire. Nous avons des ressources abondantes à notre disposition. Ce dont nous avons besoin, c'est de la volonté de le faire. En tant que Musulmans, nous devons être reconnaissants pour les préceptes de notre religion, nous devons faire ce qui doit être fait, avec volonté et détermination. Allah ne nous a pas élevés, nous les dirigeants, au-dessus des autres, pour seulement jouir du pouvoir pour notre propre compte. Le pouvoir que nous exerçons est pour notre peuple, pour la Oumma, pour l'Islam. Nous devons avoir la volonté d'en user de façon judicieuse, prudente, concertée. Inch Allah, nous triompherons en fin de compte.


Je prie Allah que cette 10ème Conférence de l'O.C.I. à Putrajaya, en Malaisie, nous donne des orientations nouvelles et positives, qu'elle seront bénie avec succès par Lui, le Tout Puissant, Allah.


www.pmo.gov.my

 

1 Traduction JP Bensimon pour le site Objectif-Info