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En venant de la ville moderne via Mamillia, cette porte se situe à la jonction des quartiers chrétien. et arménien.

 Accès au quartier Chrétien et Arménien

On peut arriver à cette porte par la route, par le tramway qui descend de la gare centrale le long de la rue Jaffa (Yafo), suivi d'une petite marche le long des remparts ou par le centre commercial ouvert Mamilla dont les escaliers d'accès sont situés à quelques mètres de la porte.

C'est la seule porte percée sur le coté occidental de la vieille ville. Elle est donc aussi la plus empruntée par les juifs qui se rendent au mur occidental à partir de Jérusalem-Ouest, c'est-à-dire la Jérusalem juive moderne. La porte comporte une chicane, permettant de freiner l'envahisseur potentiel et donne sur le quartier chrétien, en descendant la rue David, ou le quartier arménien, en suivant la route qui part à droite.

Elle ouvre la vieille ville en direction d'Hébron. Son nom en arabe est Bab el-Khalil. Khalil, qui signifie l'aimé, comme l'aimé de Dieu, est le surnom d'Abraham qui habitait Hébron. L'origine du nom Hébron (Hévron' en hébreu) est d'ailleurs la même, la racine hébraïque de 'HéVRon étant 'HaVeR, l'ami. On trouve cette appellation dans Isaïe 41-8 : "Et toi, Israël, mon serviteur, Jacob, que j'ai choisi, semence d'Abraham mon ami "
La porte ouvre aussi en direction du port antique de Jaffa, d'où le nom que lui préférèrent les autorités britanniques et les immigrants juifs au début du XXe siècle. Elle était nommée porte de David, du temps des croisés, du fait de la proximité avec la tour de David ou aussi porte de  Bethléem.

Le tracé actuel de la muraille qui entoure la vieille ville de Jérusalem ne coïncide avec celui du Ier siècle de notre ère que sur quelques courtes sections. La porte de Jaffa date de l'époque de Soliman le Magnifique qui l'a fait restaurer en 1538 (comme c'est le cas de six des huit portes et de la muraille), mais est située à peu près à l'emplacement d'une porte préexistante. Comme les autres elle était à l'origine en bois, puis en fer pour éviter les incendies. Jusqu'en en 1870, les portes étaient fermées chaque soir et rouvertes chaque matin. Elle comporte une mezouza et un pispash, une petite ouverture pour permettre les entrées et sorties d'urgence.

Le portail est flanqué d'une niche, au-dessus de laquelle se trouve un arc effilé. Autour des voussoirs (les pierres situées aux extrémités) de l'arc, il y a une décoration estampillée. Le décor se termine de chaque côté de l'arc par un panneau en saillie en forme de médaillon sculpté de motifs végétaux et géométriques. À la hauteur de la clé de voûte de l'arc, on peut voir un lobe de pierre. Directement au-dessus de celui-ci se trouvent trois corbeaux de pierre, qui portent un mâchicoulis. De cette façade s'ouvre une embrasure pour le tir de flèches qui sert également de point d'observation.

A l'intérieur de l'arche est inscrit : "Au nom de Dieu, le plus gracieux et le plus miséricordieux, L'ordre de la construction de ces murs bénis a été commandé par notre maître, le Sultan le Grand, le Souverain, le Souverain de Rome, des Arabes et des Perses, le Sultan Soliman fils du Khan Selim. Que Dieu prolonge son règne et sa puissance en l'an 945 de l'Hégire [1538 ]"

Tout près de la porte de Jaffa se trouve les restes du palais d'Hérode, appelé la Citadelle avec la 'Tour de David', lieu de résidence vraisemblable de Pilate à Jérusalem (Mc 15,16), aujourd'hui transformé en un musée sur l'histoire de la ville.

Sur le coté, une route entre dans la vieille ville par la brèche ouverte dans la muraille. Cette brèche a été créée pour permettre au Kaiser Guillaume II , le 25 octobre 1898 d'entrer dans la vieille ville sur son cheval blanc. Il allait inaugurer l'église luthérienne du rédempteur de Jérusalem.

Guillaume II, devient empereur allemand 1888, l'année des trois empereurs (Guillaume I meurt en mars, son successeur Frédéric III trois mois plus tard, et Guillaume II débute son règne qui dure jusqu'en 1918. Il est tenu pour responsable du déclenchement de la première guerre mondiale.  Guillaume II est contraint d'abdiquer en 1918 après la défaite de l'Allemagne. Des années plus tard, face à la montée du nazisme, bien qu'antisémite,  il écrit lors de la nuit de cristal en 1938 : "pour la première fois j'ai honte d'être allemand ».

En 1908 est installée une 'tour de l'horloge' au dessus de la Porte. Il reste actuellement six autres tours de même type en Israël, à Jaffa, Acre, Tsfat (Safed), Nazareth, Haïfa, et Naplouse. Elles ont été construites vers 1900 en l'honneur du jubilé d'argent du sultan Abdülhamid II et financées par les contributions plus ou moins volontaires des habitants. Dans l'empire ottoman ce sont plus de cent tours qui ont été construites à cette occasion.

En 1917, ce sont les britanniques, vainqueurs des Ottomans qui entrent dans la ville par cette porte. Le général Allenby franchit cette porte en décembre, immortalisé par une photo un brin composée. En 1922, la tour de l'horloge est démontée, ainsi que les constructions qui se situaient devant la muraille.

Entre 1948 et 1967, les jordaniens occupent la vieille ville et donc la porte. Les israéliens la reprennent suite à la guerre de six jours en 1967.

 

Les deux tombes Safadiyya

Juste à l’intérieur de la porte, derrière une barrière en fer, se trouvent deux tombes sans nom, décorées avec des turbans de pierre de l'époque ottomane. Même s’il n’y a pas de noms sur les tombes, elles abriteraient les dépouilles des deux architectes qui ont conçu les murs de la ville.

Selon une tradition locale,  Souleyman, fou de rage, les aurait fait exécuter tous les deux lorsqu’il aurait appris que, malgré ses ordres, ils avaient laissé la tombe de David en dehors des murs de la ville.

Selon une autre légende, Souleyman aurait ordonné de décapiter les deux architectes afin que les glorieux murs de Jérusalem ne puissent jamais être reproduits. Et certains disent que les deux hommes ont été assassinés parce qu’ils connaissaient les secrets de la ville. Une fois morts, bien sûr, ils ne pourraient plus transmettre ces faiblesses à l'ennemi.

Mais ces tombes datent probablement du début du XVIIe siècle.

Selon Yusuf Natasha, archéologue du Waqf de Jérusalem, en se basant sur les documents historiques d'une famille musulmane au 16ème siècle,  le site a été acheté par Haj Ibrahim bin Muhammad al-Safuti en 1590. Al-Safuti a acheté trois maisons et une boulangerie sur le site. Les maisons comprenaient une cour, un jardin potager, une citerne et des toilettes extérieures. Le jardin potager serait devenu une partie de la tombe de la famille, connue sous le nom de "tombes Safadiyya". Le tombeau date de 1656 et est associé à deux membres de la famille, riches et instruits, venus de la ville de Safed et enterrés à Jérusalem.

 

Hôtel impérial

Plus loin sur la place se situe l’Hôtel Impérial qui, à la fin du 19e siècle, était l’édifice le plus majestueux où l’on pouvait loger dans la ville. Dans une allée entre les colonnes massives qui encadrent l’entrée se trouve un petit pilier avec, au sommet, un drapeau orthodoxe grec. Parmi les lettres latines sur la quatrième rangée, on peut lire « LEG X ». C’est parce que la dixième Légion romaine, la terrible Legio Fretensis a campé ici lors de la première révolte des Juifs contre les Romains au 1er siècle, et après leur victoire également.

 

De cette porte part:

- sur le coté gauche (immédiatement à l'entrée) la promenade des remparts (nord) qui permet de survoler la vieille ville en longeant les remparts jusqu'au quartier musulman (passage notamment en haut de la porte de Damas) et la basilique Sainte-Anne.

- Sur le coté droit, en restant à l'extérieur, la promenade des remparts Sud (jusqu'au quartier juif et au Kotel)

- Sur le coté droit mais dans la vieille ville, le quartier arménien

- En face la rue David qui abrite le souk.

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