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Les quatre synagogues séfarades constituent un exemple unique de synagogues accolées, permettant à chacune de suivre un rite  différent. Totalement vandalisées et brûlées en partie par les Jordaniens, elles ont été réhabilitées.

L'origine de ces synagogues fait suite à l'expulsion des Juifs d'Espagne en 1492 par Isabelle la Catholique et Ferdinand  d'Aragon.
De nombreux Juifs commencèrent alors à arriver en terre d'Israël, soit directement, soit en séjournant auparavant pour une ou  plusieurs générations dans des terres d'accueil comme Istanbul.

La synagogue Ha-Ramban venait de fermer, obligeant les Juifs à trouver d'autres lieux pour prier.

Les synagogues séfarades sont édifiées au  XVIIIe siècle.
La construction est assez basse, sans doute pour ne pas dépasser, statut de Dhimmi oblige, la hauteur d'un édifice musulman.

La première synagogue construite  porte le nom de Yohanan Ben Zakkaï. Ben Zakkaï était grand prêtre et dirigeant pharisien du conseil juif, le Sanhedrin, lors de la destruction du Temple par Titus en 70. Il obtient de ce dernier l'autorisation de le déplacer de Jérusalem à Yavné.

Yohanan ne se mêla pas aux événements politiques. Il s’opposa à la révolte en ne croyant pas qu’elle pouvait être couronnée de succès. Alors que la situation dans Jérusalem assiégée par les armées romaines empirait, il décida de fuir la cité en simulant la maladie et la mort et en se faisant transporter dans un cercueil par ses élèves. Une fois hors de la ville, il fut amené dans le camp romain et il y fut reçu par Vespasien, commandant des légions du siège, qu’il salua comme le futur empereur. Réprimandé pour lui avoir accordé un titre qui ne lui revenait pas, Yohanan cita les Ecritures d’après lesquelles Jérusalem et le Temple ne tomberaient qu’à la suite de l’intervention d’un roi. Tandis qu’ils discutaient, un message arriva de Rome annonçant que l’empereur Néron était mort et que Vespasien avait été élu comme son successeur. Avant que celui-ci ne retourne à Rome, il permit à Yohanan de formuler une requête, ce dernier demanda alors : « Donne-moi Yavneh et ses sages » (Gitin 56a-b).

 

Ben Zakkaï est l'un des fondateurs du judaïsme rabbinique dont l'essor fait suite à la disparition du Temple. C'est lui notamment qui a institué la prière en remplacement des offrandes au Temple devenus impossibles.

 

Les trois autres synagogues se nomment Eliyahou Hanavi, Emtsaï et  Ha-Istanbuli.


Ces synagogues étaient dans un état déplorable lorsqu'en 1835 le Sultan d'Egypte Mohammed Ali autorisa leur restauration. Une plaque toujours en place en  atteste : "Ceci est la porte de Dieu, qui délivrera Sion et redressera les villes de Juda, son peuple et le troupeau de son berger entreront pas ses portes - l'an 5595"  (du calendrier  hébraïque soit 1835)

La synagogue Yohanan Ben Zakkaï est la première et la plus importante des quatre. Le  grand rabbin séfarade d'Israël, le Hakham Bachi y était nommé parmi l'une des familles qui y priaient.

À l'intérieur, dans  une meurtrière située en haut du  mur sud se trouvent une cruche  d'huile et un  schofar (corne de bélier que l'on sonne au nouvel an et à Kippour)  dont l'origine remonterait au Temple. En fait, ils avaient disparu en 1948 et  ont été renouvelés. La synagogue a été construite par des exilés expulsés d'Espagne sur le lieu où Ben Zakkaï aurait prié, sur le modèle de la synagogue Ramban. Comme les  trois autres, cette synagogue a été vandalisée en 1948, et servait d'écurie aux Jordaniens. Il a donc fallu la réhabiliter à partir de 1967. On peut notamment y voir au dessus de l'armoire un  tableau du peintre Jean David. Les tables de la loi viennent de Livourne en Italie.

La seconde synagogue Elyahu Hanavi porte le nom du prophète Elie. A l'origine, elle devait servir de salle d'étude à la première. Le nom de la synagogue fait référence à un évènement qui se serait passé la veille de Yom Kippour au XVIIIe siècle.

Il n'y avait ce soir là que neuf juifs présents dans la salle, le quorum pour les prières les plus importantes étant de dix. Alors que la petite assemblée manifeste sa tristesse, un vieillard se présente alors pour participer à l'office,  qui maintenant peut donc avoir lieu. L'homme reste pour la durée de la fête puis disparaît. Les fidèles en concluent que ce ne peut-être que le prophète Élie. Son siège est alors gardé précieusement, et on peut voir aujourd'hui une copie du siège originel qui a été dérobé en 1948. La magnifique armoire qui trône dans la salle provient aussi de Livourne dont elle a été rapportée après la seconde guerre mondiale.

La troisième synagogue, Emstaï (du milieu) ou Khal Tsion (l'assemblée de Sion) occupe l'espace central, anciennement une cour entre deux synagogues, là où était érigée la Souccah (cabane) lors de la fête automnale de Souccoth. C'était l'endroit de prière des femmes. Un toit a été ajouté au XVIIIe siècle. On trouve dans la synagogue l'inscription "Joseph  fut ...." sans que l'on connaisse la suite. Au plafond l'alignement des traverses vise à éviter qu'elles forment des croix.

Des photos de la rénovation des synagogues après 1967 sont exposées dans une pièce à part de la synagogue.

La dernière synagogue est nommée Ha-Istambuli, du nom de la ville d'origine des immigrants qui l'ont construite au XVIIIe siècle. Comme les trois autres il a fallu la réhabiliter après 1967. L'armoire sainte provient d'Ancône et l'artche de Pezzaro.

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