En 1644, un édit de l'empereur de Chine interdit la consommation du tabac en 1644. C'est peut-être ce qui a favorisé d'autres pratiques alors autorisées comme celle de l'opium, introduit en Chine via l'Inde (L'Assam) et l'Indonésie.

1729 : L'empereur Yong Zheng (1723-1736) interdit l'importation et la commercialisation de l'Opium en Chine. L'édit est renouvelé en 1796 par l'empereur Jiaqing (1796-1821). L'infraction est alors passible de la peine de mort. Puis signe constant de l'inefficacité des mesures, un nouvel édit est promulgué en 1800, interdisant la culture sur sol chinois. Enfin en 1809, il est demandé à tous les navires déchargeant à Huangpu de certifier qu'ils ne transportent pas d'opium. La corruption aidant, tous les navires seront certifiés sans que cela ait aucune signification.

Néanmoins ces mesures plus ou moins appliquées favorisent l'accroissement du marché noir et des prix. Les producteurs étant Indiens, ce sont finalement les britanniques qui recueillent les fruits des ces interdictions.

Les ventes Anglaises d'Opium passent de 240 tonnes en 1792 à 2740 tonnes en1838, représentant 34% des revenus de la Couronne britannique aux Indes.1

 

Première guerre de l'opium

 

En 1839, les chinois détruisent 1400 tonnes d'opium appartenant à des négociants anglais dans le port de Canton, déclenchant ainsi la première guerre de l'Opium. Les anglais ripostent à la saisie en bombardant Canton, tandis que une escadre remonte le fleuve Yang Tsé Kiang (Yangzi Jiang en Piyin2) jusqu’à Nankin. L'empereur Daoguang doit capituler. C'est la première victoire de la 'diplomatie de la canonnière', vouée à une postérité immense.

1842 : Le traité de Nankin signé le 29 août 1841 (complété par le traité du Bogue en 1843) clôt cette première guerre de l'Opium. Il prévoit notamment le versement d'une indemnité de 21 millions de dollars aux armateurs-contrebandiers (les français et les américains exigent la même chose) , la cession de Hong-Kong (qui restera anglaise jusqu'en 1997), le privilège d'extraterritorialité3 et l'ouverture de cinq ports au commerce international, les 'ports de traité' (Shangai, Canton, Ningbo, Fuzhou et Amoy). Les guerres de l'opium ouvriront ainsi de force près de 80 ports de traité.

L'affaiblissement de la dynastie chinoise laissera penser à certains que le pouvoir est à prendre. le 19 mars 1853, les Taipings (secte de la grande pureté) , que l'on reconnaît à leurs cheveux longs non portés en natte, s'emparent de Nankin. Ils rejettent l'autorité de la dynastie Mandchoue au pouvoir et veulent la remplacer par une dynastie chinoise. Ils ont aussi des revendications sociales assez modernes telles que l'aspiration à une société plus égalitaire, la renonciation à la polygamie, le partage des terres, la renonciation à l'esclavage et au bandage des pieds des femmes. Leur pouvoir, sans réussir à atteindre l'empereur leur permettra d'occuper 600 villes et 11 des 18 provinces. La guerre en résultant sera effroyable puisque le nombre de victimes est estimé à 20 millions, le pire bilan jamais atteint par une guerre civile. L'empire vacille mais ne rompt pas.

 

Deuxième guerre de l'opium

 

Elle trouve son origine dans le soucis qu'avaient les pays occidentaux d'équilibrer leur balance commerciale avec la Chine. En 1854, ils demandent aux autorités chinoises :

- de légaliser le commerce de l'opium

- de pouvoir entrer dans Canton dont seul le port leur est ouvert,

- d’éteindre leur commerce au Nord de la Chine et le long du Yang Tsé Kiang

- de traiter directement avec la cour à Pékin

Ces exigences étant refusées par la cour, les anglais saisiront la première occasion venue, à a savoir la saisie par les Chinois d'un navire, l 'Arrow, suspecté de piraterie et de trafic d'opium le 8 Octobre 1856. Devant le refus de la Chine de protéger le navire, les Anglais invoquent l'insulte faite au drapeau britannique et attaquent Canton. Ils sont aidés par les Américains qui bombardent la ville de leur navire. Les Français et les Russes se joignent à la coalition.

 

1858 : Le traité de Tien-Sin clôt la deuxième guerre de l'opium. Il légalise l'importation d'Opium en Chine à des fin médicinales, ouvre onze ports supplémentaires, laisse les missionnaires catholiques français acheter des terres et construire des églises, permet aux britanniques d'embarquer sur leur navire de la main d’œuvre chinoise (il faut remplacer les esclaves suite à l'abolition de l'esclavage). Évidemment une nouvelle indemnité est due, soit huit millions de tael aux français comme aux britanniques.

Cependant le respect de ses clauses et sa ratification tardant à venir, les franco-britanniques entrent dans Pékin et incendient le palais d'été où l'empereur Xianfeng est réfugié. Le frère de l'empereur, le prince Gong ratifie finalement le traité par la convention de Pékin du 18 Octobre 1860.

Cependant le prix maintenu très élevé pour ces importations stimule la culture locale du pavot. La part importée diminue jusqu’à devenir marginale.

1861 : Un loi anglaise considère le commerce de l' l'opium comme immoral mais reconnaît l'utilité de ses produits dérivés, morphine et héroïne, que produit l'industrie pharmaceutique britannique.

Les traités octroient des concessions aux occidentaux et de fait sont le signe de l'infériorité militaire de l'empire chinois. Ils font parti d'une série de traités appelés 'traités inégaux' par les Chinois.

 

1 Francis Christophe. Birmanie la dictature du Pavot. le site d'histoire, hérodote cite d'autres chiffres : 100 Tonnes en 1800 et 2600 Tonnes en 1838, mais l'ordre de grandeur reste le même.

2 LePinyin est le système de romanisation officiel du Mandarin voulu par la Chine, et adopté en 1979 par l'organisation internationale de normalisation.

3 Le privilège d'extraterritorialité est une clause de certains accords internationaux conclus aux XIXe et XXe siècle. Il prévoit que les ressortissants de la nation qui bénéficie d'une telle clause ne peuvent être jugés par les tribunaux du pays cosignataire.