6 janvier : L'armée de salut des Rohingya, l'ARSA revendique les attaques à la frontière du Bangladesh, qui ont fait 13 morts et 9 policiers.
29 janvier : le député U Aung Kyi Nyunt forme un comité de 45 parlementaires – dont 18 de la NLD et 8 militaires – chargé de proposer des amendements pour réformer la constitution de 2008.
19 février : Le parlement de l'Union approuve la formation d'une commission de réforme de la constitution, composée des représentants des quatorze partis politiques.
Mars : La LND propose plusieurs amendements pour réformer la constitution. Il s'agit notamment de ne plus réserver 25% des sièges du pouvoir législatif à l'armée. Ces amendements, qui nécessitent une majorité supérieure à 75% ,ne sont pas acceptés, l'armée s'y opposant, assez logiquement.
Sans surprises, cet amendement, et plusieurs autres, ne sont pas passés. Le PUSD (Parti de l'Union, de la solidarité et du développement) qui est le parti de l'armée et les parlementaires pro-armée, confortés dans leur majorité, les ont rejetés au motif que de tels changements auraient « des conséquences indésirables » qui affaibliraient la fragile « transition » vers la démocratie du pays.
Mais la LND de son côté s’est opposée à toutes les réformes autres que les siennes, notamment celles provenant des partis ethniques, choisissant de se les aliéner plutôt que de s’y allier, laissant aussi le PUSD suggérer des changements favorables à ces groupes ethniques dans une manœuvre hautement démagogique mais politiquement efficace puisque le parti conservateur savait que de toute façon la réforme ne passerait pas.
Point final, après avoir consacré durant son mandat une bonne partie de son temps et de ses forces à cette réforme de la Constitution vouée d’avance à l’échec au détriment de ce qui était et est toujours la priorité de la population, une amélioration économique et sociale, la LND a fini par renoncer au referendum qui aurait dû être organisé sur les quatre amendements mineurs finalement acceptés car cela coûterait trop cher pour aussi peu.
29 mai : Un mandat d'arrêt est émis contre le moine bouddhiste extrémiste Wirathu, accusé de sédition sous la loi 124(a)
124A. Quiconque, par des paroles, des écrits, des signes ou des représentations visibles, ou de toute autre manière, incite ou tente d'inciter à la haine ou au mépris, ou excite ou tente d'exciter la désaffection à l'égard [du gouvernement établi par la loi pour l'Union ou ses unités constitutives] sera puni de la réclusion à perpétuité ou d'une peine plus courte, à laquelle pourra s'ajouter une amende, ou d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à trois ans, à laquelle pourra s'ajouter une amende, ou d'une amende de 1 000 euros.
13 aout : importantes innondations. 89 000 personnes doivent être déplacées, essentiellement , dans les régions de Bago, Mon et Karen.
10-12 décembre : audiences devant la CIJ suite à la plainte de la Gambie sur le sort de Rohingya
La Cour internationale de justice (CIJ) est saisie par la Gambie au nom des 57 pays de l'organisation de la coopération islamique, appuyée par le Canada, les Pays-Bas et une dizaine d'ONG, sur le sort des Rohingya en Birmanie.
La requête de la Gambie identifie deux éléments de la persécution des Rohingyas par le Myanmar comme « particulièrement révélateurs de l’intention génocidaire » : le déni systématique des droits légaux des Rohingyas, notamment les restrictions de leur possibilité de se marier et d’avoir des enfants et les restrictions sévères sur la liberté de circulation, incluant des camps de détention, ainsi que le soutien du Myanmar et sa participation à des campagnes de haine généralisées visant à diaboliser et déshumaniser le groupe des Rohingyas.
Quant aux actes de génocide, la requête met en avant des incidents entre octobre 2016 et août 2017 constituant des « opérations de nettoyage », dont des exécutions massives d’hommes, de femmes et d’enfants rohingyas ; la destruction systématique par le feu de villages rohingyas « dans l’intention de [...] détruire [le groupe], en tout ou en partie » ; le fait de prendre les enfants pour cible ; et des actes de viols et de violences sexuelles à très grande échelle.
Concernant la persistance des actes de génocide, la requête souligne les attaques continues contre les Rohingyas, notamment la destruction de plus de 30 villages entre novembre 2018 et mai 2019 et la privation de l’accès à la nourriture pour les Rohingyas. Elle prend aussi note du récent avertissement de la Mission d’établissement des faits indiquant que les 600 000 Rohingyas toujours présents sur le territoire birman vivent sous la menace de nouveaux actes de génocide perpétrés par le Myanmar.
La conseillère spéciale et ministre des affaires étrangère Aung San Suu Kyi est venue personne défendre le bilan du Pays et la politique de l'armée Birmane dans l'Etat d'Arakan.
Au sortir de ces trois jours d’audience, le décalage entre la gravité de la situation des Rohingya et le contenu de l’intervention d’Aung San Suu Kyi est frappant.
La page d'accueil du site officiel de la de la conseillère d'État mentionne « fake rape » (viol mensonger) au sujet des viols infligés aux femmes Rohingya. Aung San Suu Kyi a eu un mot pour les victimes innocentes mais elle n’a pas une seule fois nommé les Rohingya par leur nom. Elle conteste, non seulement « l’intention génocidaire » de l’État birman, mais aussi les crimes documentés par l’ONU et la nature de l’intervention de l’armée en 2017, défendue comme une action légitime face à une menace terroriste. Tout juste concède-t-elle un éventuel « usage disproportionné de la force » dans le cadre d’une opération de contre-insurrection, arguant que tout crime de guerre devra être jugé par la justice de son pays.
Quant au porte parole de l'armée le général Zaw Min Tun, c'est peur de dire qu'il est satisfait de l'intervention de la conseillère, comme il l'exprime à l'issue de l'audience :
27 décembre : L'ONU adopte une résolution condamnant les violences contre les Rohingyas et les autres minorités ethniques ( cf point de presse UN )
l’Assemblée générale a adopté la résolution IV de sa Troisième Commission intitulée « Situation relative aux droits de l’homme des musulmans rohingya et des autres minorités au Myanmar » (A/74/399/Add.3) par 134 voix contre 9 (Bélarus, Cambodge, Chine, Fédération de Russie, Myanmar, Philippines, République démocratique lao, Viet Nam et Zimbabwe), avec 28 abstentions.
Selon les termes de cette résolution, l’Assemblée générale se déclare vivement préoccupée par la poursuite du signalement de graves violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits ainsi que de violations du droit international humanitaire au Myanmar contre les musulmans rohingya et les autres minorités dans les États rakhine, kachin et shan.
Elle demande aux autorités de ce pays de mettre immédiatement un terme à toutes les violences et à toutes les violations du droit international, afin de garantir la protection des droits de l’homme au Myanmar et de prendre toutes les mesures nécessaires pour rendre justice aux victimes, veiller à ce que les responsables rendent pleinement compte de leurs actes et mettre un terme à l’impunité de toutes les violations du droit des droits de l’homme et du droit international humanitaire, en commençant par ouvrir une enquête complète, transparente et indépendante sur toutes ces violations.
Par ce texte, l’Assemblée générale engage de nouveau le Gouvernement du Myanmar à manifester une volonté politique claire en vue d’un retour durable et librement consenti des musulmans rohingya, à lutter contre l’incitation à la haine à l’égard des musulmans rohingya et des membres des autres minorités, à accélérer les mesures visant à éliminer l’apatridie et la discrimination systématique et institutionnalisée à l’égard des membres des minorités ethniques et religieuses. Elle l’engage également à démanteler sans plus tarder les camps de déplacés dans l’État rakhine, à instaurer des mesures de confiance parmi les musulmans rohingya dans les camps au Bangladesh et à garantir la tenue d’élections générales crédibles, inclusives et transparentes en 2020.
Par ailleurs, l’Assemblée générale engage le Myanmar et le Bangladesh à continuer de coopérer, conformément aux instruments de rapatriement qu’ils ont signés, afin d’accélérer la mise en place de conditions permettant le retour durable et librement consenti et dans la sécurité des réfugiés rohingya et des personnes déplacées de force se trouvant au Bangladesh.