Extraits d'un article de Anne-Lucie Chaigne-Oudin, Docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne
publié en 2010 sur le site les clés du moyen-Orient, dont elle est la fondatrice.
De la fin du mandat britannique à la première guerre israélo-arabe
Le plan de l’ONU du 29 novembre 1947 partage la Palestine mandataire en deux Etats constitués de territoires discontinus, l’un juif et l’autre arabe.
L’Etat arabe est composé de la Galilée occidentale avec un accès à la mer à Acre, de la Cisjordanie (sauf Jérusalem) et de la Bande de Gaza.
Des violences éclatent entre Juifs et Arabes dès l’annonce du plan, les Arabes refusant le partage de leur terre.
En 1948, des troupes arabes commandées par le neveu du mufti de Jérusalem, Abdel Kader al-Husseini, et des troupes de volontaires dépendant de la Ligne des Etats arabes combattent les forces sionistes, qui s’imposent sur le terrain, entrainant le départ des populations civiles arabes vers le Liban et vers l’Egypte, en particulier à la suite du massacre des populations du village de Deir Yassin le 9 avril 1948.
Dans le même temps, les Britanniques quittent progressivement la Palestine, pour mettre fin à leur mandat le 15 mai 1948.
La veille, Ben Gourion a proclamé la création de l’Etat d’Israël.
La première guerre israélo-arabe est immédiatement déclenchée le 15 mai, jour de la fin du mandat britannique et les combats se terminent en janvier 1949. A l’issue de la guerre, les territoires composant la partie arabe passent sous domination étrangère : la bande de Gaza est administrée par l’Egypte et la Cisjordanie est annexée par la Jordanie, la Galilée occidentale et une partie du Néguev sont intégrés à l’Etat juif.
Sur le plan politique, un gouvernement palestinien est organisé à Gaza, avec l’autorisation de l’Egypte.
Le 23 septembre 1948, le mufti de Jérusalem, Hajj Amin al-Husseini, organise un gouvernement, dont Ahmad Hilmi Pacha devient président du Conseil. Le 30 septembre, la chambre palestinienne réunie à Gaza élit Hajj Amin al-Husseini président.
Ce nouveau gouvernement n’est légitime et reconnu qu’à Gaza et ses pouvoirs sont limités. Il est cependant reconnu par les Etats de la Ligue arabe (qui a, dès le 12 juin 1946, une représentation palestinienne), excepté par la Jordanie.
Le 24 avril 1950, le parlement jordanien vote l’annexion de la Cisjordanie. Cette décision suscite le mécontentement des nationalistes palestiniens, car elle met fin à l’entité politique de la Palestine.
A l’issue de la guerre israélo-arabe, une question cruciale se pose : celle des réfugiés.
Le départ des Arabes se fait en deux étapes. La première commence dès la fin 1947, c’est-à-dire dès l’annonce du plan de partage de l’ONU. Les populations arabes habitant sur la partie israélienne du plan de partage fuient devant les combats. Cette population est estimée à environ 300 000.
Pendant le premier conflit israélo-arabe, les Arabes habitant la partie palestinienne de la Galilée occidentale fuient également devant l’armée israélienne, ainsi que ceux habitant la partie du Néguev jouxtant l’Egypte. Ces derniers se réfugient dans la Bande de Gaza.
Au total, les Arabes réfugiés pendant ce premier conflit sont estimés à 700 000 et se réfugient au Liban, en Syrie, en Cisjordanie, en Jordanie et dans la bande de Gaza.
Les territoires palestiniens jusqu’à la guerre de 1967
A la fin des années 1950, le président Hajj Amin al-Husseini demande au président égyptien Nasser la participation de la Palestine à la République arabe unie, composée de l’Egypte et de la Syrie et créée le 1er février 1958. Nasser refuse, craignant que la participation palestinienne ne provoque l’intervention israélienne dans la Bande de Gaza.
Une surenchère se met également en place entre les gouvernements égyptien et irakien. En effet, le 15 mars 1958, Nasser met en place à Gaza un Conseil législatif composé de Palestiniens et d’Egyptiens. Tout en souhaitant que les droits des Palestiniens soient reconnus et entendus sur le plan régional et international, Nasser souhaite également que ce Conseil profite à la politique égyptienne.
Refusant ce double langage, Hajj Amin al-Husseini et le gouvernement palestinien s’installent au Liban à l’été 1959.
Une proposition est faite par le chef des phalanges libanaises, Pierre Gemayel, concernant la création d’un Etat palestinien sur Gaza et sur la Cisjordanie.
Sa proposition remporte l’adhésion d’Hajj Amin al-Husseini, qui se déclare favorable à la mise en place d’un gouvernement palestinien en exil, mais la Jordanie refuse cette proposition qui remettrait en cause l’annexion de la Cisjordanie.
C’est alors que l’Irak intervient. Le général Kassem, président irakien, refuse de s’aligner sur Nasser et sur sa politique. La question palestinienne lui permet de marquer son opposition à l’Egypte : la proposition du général Kassem de former un gouvernement palestinien en exil, ainsi que la création d’une Palestine indépendante dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie suscitent les réactions tant égyptiennes que jordaniennes qui ne veulent pas perdre ces territoires, et qui rivalisent alors de mesures favorables aux Palestiniens.
Dans ce contexte, et indépendamment des intérêts poursuivis par les Etats voisins qui souhaitent intégrer la Palestine dans une union arabe, la résistance palestinienne s’organise autour de l’idée de la Palestine indépendante et de la lutte contre Israël.
Plusieurs mouvements s’organisent : le Fatah de Yasser Arafat créé en 1959 au Koweït et l’organisation de libération de la Palestine (OLP) créée lors du Sommet arabe tenu au Caire du 13 au 17 janvier 1964. L’avocat palestinien Ahmad al-Shuqayri, après avoir représenté l’Arabie Saoudite à l’ONU, est nommé à la tête de l’OLP. L’organisation se met progressivement en place, et un congrès réunissant les représentants palestiniens ainsi que des membres de la Ligue des Etats arabes se tient à Jérusalem du 28 mai au 2 juin 1964.
Ce premier Congrès national palestinien organise l’OLP : un Conseil national (équivalent du Parlement) est mis en place ainsi qu’un Comité exécutif de l’OLP (CEOLP), dont Ahmad al-Shuqayri est président, une Charte est adoptée, une armée est créée, l’Armée de libération de la Palestine (ALP).
En 1967, le Palestinien Georges Habache fonde le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP). Il était déjà en 1952 à l’origine de la création du Mouvement national arabe (MNA), qui se réclamait de l’unité arabe et de la lutte contre Israël, et qui est dissous en 1967.
En 1967, le FPLP s’installe à Amman, capitale jordanienne, et commet des attentats dès 1968. En outre, les actions armées du Fatah se développent dès 1964 contre Israël et provoquent les représailles de l’Etat hébreu sur la Jordanie, le Liban et la Syrie.
Ces vives tensions entre les Etats arabes et Israël conduisent à la guerre de 1967, qui débute le 5 juin et se termine le 11 juin. Au terme de la guerre des six jours, Israël annexe le Sinaï égyptien et la bande de Gaza sous administration égyptienne, la Cisjordanie annexée par la Jordanie depuis 1950 ainsi que Jérusalem-Est et le Golan syrien....