Les vagues d'immigration juive en Palestine, connues sous le nom d'’alyah (montée), ont joué un rôle central dans la formation de l'État d'Israël. On distingue plusieurs vagues :
1. Première Alyah (1882–1903)
Environ 30 000 russes fuyant les persécutions antisémites en Europe de l'Est (pogroms en Russie après l'assassinat du tsar Alexandre II en 1881). Cette vague marque le début du sionisme moderne, avec l'arrivée de pionniers cherchant à établir des colonies agricoles.
2. Deuxième Alyah (1903–1914)
40 000 russes fuyant là aussi les des pogroms en Russie (notamment le pogrom de Kishinev en 1903) et montée de l'antisémitisme en Europe de l'Est.
Cette vague a vu l'arrivée de nombreux socialistes et sionistes qui ont contribué à la création des premiers kibboutzim et à la fondation de Tel-Aviv en 1909.
3. Troisième Alyah (1915–1923)
Environ 35 000 juifs russes, polonais et des pays baltes fuyant toujours les persécutions antisémites des armées russes blanches et ukrainiennes ayant causé la mort de 100 000 juifs, au cours de la guerre civile qui a suivi la révolution bolchévique de 1917. L'Alyiah fut encouragée par la Déclaration Balfour (novembre 1917), qui promettait un foyer national juif en Palestine, et les bouleversements après la Première Guerre mondiale. Cette vague a renforcé les institutions sionistes et l'économie juive en Palestine.
4. Quatrième Alyah (1924–1929)
Environ 80 000 juifs, essentiellement de Pologne et d'Europe de l'est en raison des mesures antisémites, de la crise économique mais aussi des restrictions sur l'immigration aux États-Unis (lois de quotas de 1924) . Cette vague a été marquée par l'arrivée de nombreux Juifs de la classe moyenne, qui ont contribué au développement urbain et économique.
5. Cinquième Alyah (1929–1939)
Environ 250 000 migrants, principalement d'Allemagne, d'Autriche, de Pologne et d'autres pays d'Europe centrale, suite à la montée du nazisme en Allemagne et persécutions antisémites en Europe. Cette vague a été la plus importante en termes de nombre et a inclus de nombreux professionnels et intellectuels qui ont contribué au développement scientifique, culturel et économique de la Palestine.
" Il faut savoir que l’émigration en Palestine fut facilitée avant la guerre parles accords Haavara(« transfert » en hébreu),négociés en 1933entre le gouvernement allemand et l’Agence juive pour la Palestine,moyennant de fortes contreparties économiques. Au départ, Hitler voulait une Allemagne sans juifs, donc l’émigration restait possible. Ces accords ont permis le départ de 60 000 juifs allemands en Palestine jusqu’en 1939.
Progressivement, dans un contexte où la persécution des juifs en Europe ne faisait qu’augmenter,la politique des quotas des pays européens et des États-Unisne fit qu’aggraver le sort des réfugiés juifs.En 1941, avec l’instauration de« la solution finale », consistant en l’extermination de masse des juifs d’Europe, les départs furent totalement interdits.
En 1939, la Grande-Bretagne publia unLivre Blanc limitant l’immigration juive en Palestineà 75 000 personnes sur 5 ans et l’achat de terres par les juifs, l’objectif étant d’éviter le soulèvement de la population arabe.
L’immigration illégale (Alya Beth) permit de contourner ces restrictions. Grâce aux organisations sionistes, des navires affrétés par la Haganah (l’organisation de défense armée des juifs de Palestine), parviendront à rejoindre clandestinement la Palestine. Mais, un grand nombre d’entre eux seront renvoyés vers leurs ports de départ." in itravel inside, juifs ashkénazes, les pionniers d'Israël
6. Alyah Bet (1933–1948)
Elle concerne environ 100 000 à 120 000 Juifs . C'est une immigration illégale organisée par des organisations sionistes du Ychouv (les Juifs établis en Palestine mandataire) , suite aux restrictions et quotas britanniques sur l'immigration juive en Palestine (Livres blancs)
7. Alyah des survivants de la Shoah (1945–1948), la Brichah (fuite, évasion)
Environ 250 000, à la fin de la Seconde Guerre mondial, suite à la découverte de l'ampleur de la Shoah. Ils viennent principalement d'Europe (survivants des camps de concentration et personnes déplacées). Cette vague a été cruciale pour la création de l'État d'Israël en 1948.
8. Alyah des Juifs des pays arabes (1948–1950s)
Environ 850 000 Juifs de pays arabes, suite à la création de l'État d'Israël en 1948 et des persécutions contre les Juifs dans les pays arabes. Les migrants viennent principalement du Yémen, d'Irak, de Syrie, du Maroc, de Libye et d'autres pays arabes. Cette vague a été marquée par des opérations d'évacuation massives, comme l' Opération Tapis Volant (Yémen) et l' Opération Ezra et Néhémie (Irak).
9. Alyah de l'ex-Union soviétique (1970s–1990s)
Environ 1 million de Juifs suite à la chute de l'Union soviétique et l'ouverture des frontières. Ils viennent principalement de Russie, d'Ukraine et d'autres républiques soviétiques. Cette vague a eu un impact significatif sur la démographie et l'économie israélienne.
10. Alyah d'Éthiopie (1980s–1990s)
- Nombre de migrants : Environ 100 000.
- Élément déclencheur : Famine et persécutions en Éthiopie.
- Origine des migrants : Communauté juive éthiopienne (Beta Israel).
- Contexte : Opérations comme l' Opération Moïse (1984) et l' Opération Salomon (1991) ont permis l'évacuation de milliers de Juifs éthiopiens.
Ces vagues d'immigration ont façonné la société israélienne et ont été motivées par des facteurs politiques, religieux et économiques, ainsi que par des persécutions antisémites.