Alors qu'ils circulaient en voiture à proximité d'une l’implantation Rehelim en Cisjordanie, au carrefour de Tapuah, un couple et leur enfant de neuf ans, est caillassé par des Israéliens de ladite implantation. L'une des pierres frappe la tête de la femme Aisha Rabi, 47 ans. Le véhicule sort de la route et Aisha Rabi, traverse le pare-brise du véhicule. Elle est gravement blessée ainsi que son mari. Ils sont évacués vers l’hôpital de Naplouse, où cette mère de huit enfants décède. Ses funérailles sont suivies par des milliers de personnes dans le village de Bidya, près de Naplouse. Son corps a été enveloppé dans un drapeau palestinien.

Une enquête est ouverte par le Shabak , service de sécurité intérieure.

Mahmoud Abbas déclare :

C’est un crime terriblement affreux, mené par des habitants d’implantation sous la protection de l’État d’occupation. Il ne peut rester impuni 

Lors des funérailles, les personnes qui suivent le corps scandent :

Avec notre sang et avec notre esprit, nous vengerons le martyr.

Cinq suspects, tous étudiants d'une même Yeshiva (école talmudique), sont arrêtés et détenus pour « infraction terroriste » dont le meurtre. Quatre seront libérés le 10 janvier

Le 9 janvier 2019, la police perquisitionne la Yeshiva Pri Haaretz de l'implantation et interroge 80 étudiants.

Des rabbins de l'implantation affirment alors qu'il est possible de violer Shabbat pour aller soutenir les suspects et les personnes interrogées par la sécurité intérieure

Estimant qu’une enquête du Shin Bet sur le meurtre d’une femme palestinienne représentait un danger mortel, deux rabbins d’implantation respectés ont autorisé un groupe de militants d’extrême-droite à prendre le volant pendant Shabbat pour donner des conseils aux élèves d’une yeshiva du nord de la Cisjordanie concernant l’attitude à adopter lors d’un éventuel interrogatoire mené par l’agence de sécurité.  1

Le Shin Bet, qui a mené l’enquête, a essuyé les critiques de militants d’extrême droite et de certains députés concernant la détention prolongée des mineurs, et a été accusé de torture, ce qu’il a nié.

Les avocats des suspects ont affirmé que leurs clients avaient été torturés ou maltraités de diverses manières.

« Nous sommes bien sûr satisfaits [de la demande de la police], mais nous exigerons une enquête sur la manière dont le Shin Bet en est venu à faire une telle enquête, qui a été si dure avec des individus innocents, en ignorant complètement leurs appels ainsi que les appels de leurs familles et avocats » a déclaré Hay Haber, avocat qui a accusé l’agence de sécurité d’avoir interrogé ses clients avec violence.

Le Shin Bet a catégoriquement nié toute allégation d’inconduite, affirmant que son enquête est suivie de près par le bureau du procureur. L’agence de sécurité a publié un communiqué peu après la décision du tribunal accusant les « parties intéressées » d’un « effort délibéré et continu… pour entraver le déroulement de l’enquête, y compris la diffusion de fausses informations concernant la conduite de l’enquête ». 2

Le Shin Beth martèle « qu'il s'agit bien d'un attentat terroriste, dans tous les sens du terme » et se livre à une inhabituelle explication de texte :

Dans son long communiqué, le Shin Bet a lié les jeunes Juifs soupçonnés dans l’attentat et le mouvement des ‘Jeunes des collines’, qu’il a décrit comme un mouvement d’adolescents « renvoyés du système d’éducation, des criminels qui rejettent l’autorité des rabbins ou de leurs parents, qui errent dans les collines de Cisjordanie sans surveillance et se prêtent à des activités violentes, certaines secrètes, à l’intérieur des villages arabes avoisinants, mettant en danger la sûreté de la région entière ».

Il a expliqué que les jeunes « adhèrent à une idéologie de ‘messianisme actif’ qui voit dans l’Etat et dans ses institutions [qu’ils qualifient de ‘sionistes’] un ennemi qui doit être remplacé à travers le renversement de la règle démocratique et l’institution, à sa place, d’un ‘Etat halakhique’. »

Il a noté que ces jeunes ne font pas leur service militaire au sein de l’armée israélienne et qu’ils ne reconnaissent pas l’autorité des agences d’Etat israéliennes et qu’ils « n’hésitent pas » à attaquer les services israéliens de sécurité.

« L’année 2018 a été marquée par une hausse significative des incidents violents de la part de ces activistes, et notamment contre les services de sécurité, et une agente de la police des frontières qui a été blessée à la tête par une pierre qui avait été lancée délibérément dans sa direction », a noté l’agence.3

 

1TOI 07 janvier 2019, Jacob Magid