Le « G77+ la Chine » est un groupe de 134 pays (à l'origine 77) issu d'une déclaration commune à l'issue d'une réunion le 15 janvier 1964 à Genève d'une conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). 

Son objectif principal est d'établir des coopérations sud-sud afin notamment de lutter contre la pauvreté.

Le groupe énonce en 1964 ses objectifs ainsi :

'Les pays en développement considèrent que leur unité, l’unité des soixante-quinze, est le fait le plus marquant de cette Conférence. Cette unité est née du constat de leur intérêt commun à mettre en place une nouvelle politique en matière de commerce international et de développement pour faire face aux problèmes de développement. Ils considèrent que cette unité a apporté de la clarté et de la cohérence aux discussions de cette Conférence. Leur solidarité y a été testée et leur unité et leur force en ont été renforcées.

Les pays en développement sont profondément convaincus qu’il est impératif de maintenir et de renforcer encore plus cette unité dans les années à venir. C’est un instrument indispensable pour garantir l’adoption de nouvelles attitudes et de nouvelles démarches sur la scène économique internationale. Cette unité permet aussi d’élargir les efforts de coopération sur la scène internationale et de garantir des relations mutuellement bénéfiques avec le monde. Enfin, elle constitue un moyen nécessaire pour le renforcement de la coopération entre les pays en développement eux-mêmes.

Par cette déclaration, les soixante-quinze pays en développement s’engagent à maintenir, à promouvoir et à renforcer cette unité. À cette fin, ils adopteront tous les moyens possibles pour accroître les contacts et les consultations entre eux de manière à déterminer les objectifs communs et à formuler des programmes d’action communs en matière de coopération économique internationale. Ils considèrent que les mesures visant à consolider l’unité atteinte par les soixante-quinze pays durant la Conférence et les dispositions spécifiques régissant les contacts et les consultations devraient être examinés par les représentants des gouvernements durant la dix-neuvième session de l’Assemblée générale des Nations Unies'1

 

Après sa fondation, le groupe se réunit pour la première fois en 1967 à Alger, d'où il établit sa charte2.

En 1979, le but est précisé par Julius K. Nyerere3. Il s'agit  :

"de parachever la libération des pays du Tiers-Monde de la domination extérieure."

Israël ne fait pas partie du G77. L’État de Palestine en fait partie.

En septembre 2018, le G77 décide de confier la présidence 2019 à la Palestine. Seulement la Palestine n’est qu'observateur à l'ONU, ce qui la prive de cette possibilité.

Le 16 octobre 2018, une résolution statutaire , proposée par l’Égypte à l'Assemblée générale de l'ONU permet à la Palestine d'être co-auteur de résolutions mises au vote de l'Assemblée et de pouvoir représenter un groupe. La résolution prévoit l’adoption d’une série de modalités « pour la participation de l’État de Palestine » aux différentes sessions et conférences internationales auxquelles participera le G77 l’année prochaine.

Une annexe jointe à la résolution cite, entre autres, « le droit de faire des déclarations au nom du Groupe des 77 et de la Chine », « le droit de se porter co-auteur de propositions et d’amendements » et « le droit de soulever des motions de procédure ».4

 

 

Le texte de la résolution rappelle que «l’État de Palestine» est déjà «partie à de nombreux instruments conclus sous les auspices de l’Organisation des Nations unies et qu’il est membre à part entière de plusieurs institutions spécialisées et organes de l’Organisation des Nations unies».

Par 146 voix pour (sur 193 pays représentés) et 3 contre (Israël, USA et Australie) la résolution est votée.

Dans leur prise de parole suivant le vote, le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Pays-Bas ont d’ailleurs pris soin de souligner que leurs votes positifs ne devaient « en aucun cas » être interprétés comme une reconnaissance de l’Etat de Palestine.5

La stratégie de contournement de la Palestine vis-à-vis des États-Unis comme d'Israël s'avère payante. L’État de Palestine prend du poids au travers de la reconnaissance des instances internationales.

Les USA réagissent vivement :

Nous ne pouvons pas soutenir les efforts des Palestiniens de renforcer leur statut en dehors de négociations directes, a expliqué Jonathan Cohen, le représentant américain adjoint aux Nations unies. A chaque fois que la Palestine prendra la parole au nom des 77, nous rappellerons aux autres États membres que les États-Unis ne reconnaissent pas l’État de Palestine et qu’aucun État de ce type n’a été admis comme État membre de l’ONU6

Tandis que Nikki Haley, dans une de ces dernières interventions 7 condamne :

une « erreur » qui, selon elle, « mine les efforts de paix » dans la région. « Les Palestiniens ne sont pas un État membre de l’ONU et pas un État du tout »

 L'accession à la Présidence du groupe a lieu le 15 janvier 2019. Elle est saluée par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Gutteres qui s'adresse à Mahmoud Abbas et dit8 :

« Je suis impatient de continuer à travailler étroitement avec le ‘G77 et la Chine’ en 2019 sous la direction historique de l'État de Palestine .  La Palestine et ses citoyens ont une expérience directe de certains des problèmes mondiaux les plus difficiles et les plus dramatiques auxquels nous sommes confrontés. Vous êtes bien placés pour assumer la présidence de cet important groupe de pays ».

 La Présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies, Maria Fernanda Espinosa, a également jugé « historique » l’accession de la Palestine à la présidence du G77.

« C’est un moment historique et le chemin que nous avons emprunté pour y parvenir n’a pas été facile. L'Assemblée générale a joué un rôle crucial : depuis la décision d'octroyer à la Palestine la condition d'État observateur non membre, adoptée en novembre 2012, jusqu'à la résolution d'octobre dernier sur les conditions permettant à la Palestine d'exercer cette présidence », a souligné Mme Espinosa dans un discours.

« Le fait que nous puissions aujourd’hui célébrer ce transfert de la présidence du ‘Groupe des 77 et la Chine’ est sans aucun doute un triomphe du multilatéralisme et une démonstration de l’importance du rôle de l’organe le plus démocratique et le plus représentatif des Nations Unies », a-t-elle ajouté. »

 

1 https://unchronicle.un.org/fr/article/le-groupe-des-77-ses-d-buts-0

2 à ne pas confondre avec la Charte d'Alger du FLN en 1964

3 Président de la Tanzanie (1964- 1985)

5Le Monde 17/10/2018 - Les Palestiniens obtiennent un soutien international à l’ONU pour présider le G77

7 Elle a déjà annoncé sa démission.

 8 Onu info

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