Suite au rapport d'Amnesty international (cf  l'année politique 2022, 1er février ) qualifiant Israël de régime d'Apartheid pratiquant une politique de crimes contre l'humanité, la nouvelle ambassadrice d'Israël en France, Yael German, publie une tribune dans le journal du dimanche daté du 5 février :

"Amnesty International a récemment publié un rapport qualifiant Israël d'état d'apartheid. Ce rapport repose sur une interprétation malheureusement biaisée et décontextualisée des faits. Israël est une démocratie, la seule de la région. La séparation des pouvoirs, la liberté de la presse ainsi que les droits individuels et collectifs des citoyens y sont garantis par la loi. La cour suprême, qui en est un des piliers, est connue pour son indépendance et a toujours farouchement protégée les valeurs libérales de notre pays. Dans notre démocratie, les citoyens arabes israéliens bénéficient des mêmes droits que leurs compatriotes juifs. Ils sont juges à la cour suprême, entrepreneurs, ministres, médecins ou journalistes.

 Leur liberté de culte est protégée, ils ont leur propre système éducatif, leurs chaines de télévision et des partis politiques qui représentent leurs intérêts à la Knesset. Les indicateurs socio-économiques de la communauté arabe israélienne, en termes de niveaux de vie et d'éducation, sont parmi les meilleurs du Moyen-Orient. Enfin, malgré une histoire et un conflit complexes, dont nous ne nions pas un instant l'existence, leur voix est prise en compte dans la vie politique et publique israélienne et ils vivent dans leur immense majorité en bonne entente avec leurs voisins juifs. Le fait qu'un parti arabe fasse partie de la coalition gouvernementale actuelle en est un des meilleurs exemples. Ainsi, le mouvement Ra'am est un des architectes du gouvernement Bennett et son leader, Mansour Abbas, a mis les préoccupations sociales, économiques et sécuritaires de la population arabe israélienne au centre de l'agenda de la présente administration.
 

Les Palestiniens vivants en Cisjordanie ne sont pas des citoyens israéliens, mais relèvent de l'autorité palestinienne (AP) crée en 1994 à la suite des accords d'Oslo. Ces derniers, toujours en vigueur aujourd'hui et qui furent initiés par le gouvernement de feu le premier ministre Rabin, afin, notamment, de créer un État palestinien sur la majeure partie de la Cisjordanie, définissent clairement les prérogatives civiles, économiques et sociales de l'AP sur les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza. Par ailleurs, nous avons plusieurs fois proposés à notre voisin de faire aboutir le processus initié à Oslo de façon définitive à travers la création d'un état palestinien, notamment à Camp David en 2000, à Taba en 2001 ou lors des négociations menées par le Premier Ministre Olmert en 2009. Cependant, ceux-ci ont toujours rejetés ces offres de compromis territoriaux et de retrait des territoires.

 

Israël fait face à une réalité extrêmement complexe

Enfin, même si les défauts des autres n'atténuent en rien nos fautes potentielles, il est tout de même assez incroyable, lorsque l'on connait le pédigrée de beaucoup de nos voisins, qu'Amnesty choisisse d'accuser Israël d'apartheid entre tous les pays de la région. Pas plus loin qu'au Liban, les Palestiniens font l'objet d'un régime de discrimination particulièrement dur, avec restrictions du champs d'activité professionnelle, cantonnement dans des camps fermés, interdiction d'accès à la propriété foncière, inégalité devant les tribunaux et interdiction de participation à la vie politique ou d'intégration dans le corps civique. Le régime syrien qui a massacré un demi-million de ses propres citoyens, en utilisant notamment des armes chimiques, a maintenu des centaines de milliers de Kurdes en situation d'apatrides pendant des décennies. De l'Irak au Yemen, en passant par la Libye et la Syrie, les minorités, bien souvent chrétiennes, sont pourchassées, expulsées et massacrées. Pourtant c'est Israël, la seule démocratie de la région, et un des rares pays moyen-orientaux où les minorités s'épanouissent librement, qu'Amnesty a choisi de qualifier d'apartheid.

Israël fait face à une réalité extrêmement complexe. La plupart des pays de la région ne reconnaissent toujours pas notre droit à exister et des groupes djihadistes comme Daesh, le Hamas ou le Hezbollah attaquent régulièrement nos villes et ont amassés des centaines de milliers de missiles a moins de 150 km de nos grand centres urbains (la distance entre Paris et Rouen). L'Iran développe des capacités nucléaires tout en appelant à notre destruction et le conflit centenaire avec notre voisin palestinien n'est toujours pas réglé.  Pourtant, Israël a réussi à maintenir une société ouverte, diverse et dynamique, mais aussi une démocratie forte, vivante et capable d'introspection.

 Comme l'a dit notre ministre des Affaires étrangères Yair Lapid, Israël n'a pas la prétention d'être parfait et restera toujours ouvert à la critique afin de pouvoir aller de l'avant. Cependant, la diabolisation et le double standard dont fait preuve Amnesty International à notre égard visent à isoler notre pays et contribuent à la perpétuation du conflit. L'organisation internationale devrait plutôt s'inspirer des accords d'Abraham pour inciter d'autres pays musulmans à rejoindre le cercle de la paix. Cette dynamique d'acceptation et de reconnaissance mutuelle est le seul moyen d'arriver à un accord, et c'est notre souhait le plus cher, avec notre voisin palestinien."