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Ce deuxième livre blanc (le premier date de 1922) remet en question la poursuite de l'implantation Juive en Palestine et favorise l'emploi d'arabes, même dans les entreprises juives. Il est fortement contesté à Londres par les soutiens au mouvement sioniste tandis que Lord Passfield, secrétaire d'État aux colonies est la cible de jets de pierres lors de sa visite à Tel-Aviv en octobre.
Sydney Webb, 1er Baron Passfield, secrétaire d'Etat travailliste
Le gouvernement, qui ne détient pas de majorité parlementaire panique. Le Livre blanc est alors annulé par une lettre de Ramsay Macdonald Premier ministre adressée à Weizmann lue à haute voix devant le Parlement le 13 février 1931, que les Arabes ont surnommé la lettre noire de 1931.
Extraits du Livre blanc de Passfield
Déclaration de politique générale du gouvernement de Sa Majesté au Royaume-Uni
Présenté par le secrétaire d'État aux Colonies au Parlement par ordre de Sa Majesté,
Octobre 1930
1. Le Rapport* de la Commission spéciale, sous la présidence de Sir Walter Shaw, publié en avril, a suscité une vive controverse, au cours de laquelle il est devenu évident qu'il existe un malentendu considérable quant aux actions passées et aux intentions futures du Gouvernement de Sa Majesté au Royaume-Uni concernant l'administration de la Palestine...Il a donc été décidé d'envoyer en Palestine un enquêteur hautement qualifié (Sir John Hope Simpson) pour s'entretenir avec le Haut Commissaire et faire rapport au Gouvernement de Sa Majesté sur la colonisation, l'immigration et le développement.
...
3. ..tant les Arabes que les Juifs ont assailli le gouvernement de demandes et de reproches fondés sur l'hypothèse erronée qu'il était du devoir du gouvernement de Sa Majesté d'exécuter des politiques dont il est, en fait, empêché par les termes explicites du mandat... Il faut se rendre compte, une fois pour toutes, qu'il est inutile que les dirigeants juifs, d'une part, pressent le gouvernement de Sa Majesté d'aligner leur politique en matière, par exemple, d'immigration et de terre, sur les aspirations des sections les plus intransigeantes de l'opinion sioniste. Ce serait ignorer le devoir tout aussi important de la puissance obligatoire envers les habitants non-juifs de Palestine.
D'autre part, il est tout aussi inutile que les dirigeants arabes maintiennent leurs exigences en faveur d'une forme de Constitution qui rendrait impossible au gouvernement de Sa Majesté de mener à bien, dans son intégralité, le double engagement déjà évoqué.
Le Gouvernement de Sa Majesté a des raisons de penser que l'une des raisons de la tension et de l'agitation soutenues de part et d'autre a été la création, par des conseillers mal avisés, du faux espoir que les efforts d'intimidation et de pression sur le Gouvernement de Sa Majesté finissent par l'amener à adopter une politique qui pondére les équilibres en faveur de l'une ou l'autre partie.
... il est essentiel, dans l'estimation de la capacité d'absorption de la Palestine, de tenir compte à tout moment du chômage arabe et juif pour déterminer le taux auquel l'immigration doit être autorisée. Le gouvernement de Sa Majesté a l'intention de prendre des mesures pour assurer une application plus exacte de ces principes à l'avenir.
...le Gouvernement a l'intention, en consultation avec l'Administration palestinienne, de prendre des mesures actives pour améliorer les mécanismes permettant de répondre aux besoins tant des Arabes que des Juifs, sous ces trois aspects... tout en respectant le principe qui doit être considéré comme fondamental, à savoir que la position particulière de l'Agence, en fournissant conseils et coopération, ne lui donne pas, en soi, le droit de participer au gouvernement du pays
... Il ressort clairement du libellé de cet article que la population palestinienne dans son ensemble, et non un intérêt particulier, doit être l'objet des soins du Gouvernement, et il convient de noter que la disposition prévoyant la prise de dispositions avec l'Agence juive pour la construction ou l'exploitation de travaux, services et services publics n'est que facultative et non obligatoire, et ne peut être considérée comme contraire aux intérêts généraux de la collectivité.
Ces points sont soulignés parce que l'Agence juive a revendiqué, au nom de l'Agence juive, une position à l'égard de l'administration générale du pays, que le gouvernement de Sa Majesté ne peut que considérer comme allant bien au-delà de l'intention claire du mandat. En outre, des tentatives ont été faites pour faire valoir, à l'appui des affirmations sionistes, que la principale caractéristique du mandat est le fait qu'il concerne le foyer national juif et que les passages destinés à sauvegarder les droits de la communauté non juive ne sont que des considérations secondaires qualifiant, dans une certaine mesure, l'objet principal pour lequel le mandat a été formulé. C'est une conception que le Gouvernement de Sa Majesté a toujours considérée comme totalement erronée.
...Les problèmes pratiques auxquels le Gouvernement de Sa Majesté est confronté en Palestine doivent maintenant être examinés en détail
11. Il a déjà été fait référence aux demandes des dirigeants arabes en faveur d'une forme de constitution qui serait incompatible avec les obligations obligatoires du Gouvernement de Sa Majesté. Toutefois, le Gouvernement de Sa Majesté estime, après mûre réflexion, que le moment est venu où l'importante question de l'instauration d'une mesure d'autonomie en Palestine doit, dans l'intérêt de la communauté dans son ensemble, être prise en main sans plus attendre.
...Deux autres occasions ont été données aux dirigeants arabes représentatifs en Palestine de coopérer avec l'Administration dans le gouvernement du pays, d'abord par la reconstitution d'un Conseil consultatif désigné, mais avec une composition conforme à celle proposée pour le Conseil législatif, et, ensuite, par une proposition de création d'une agence arabe. Il était prévu que cette agence aurait des fonctions analogues à celles confiées à l'Agence juive par l'article 4 du Mandat pour la Palestine. Aucune de ces possibilités n'a été acceptée
Terres :
Dans le passé, on a beaucoup critiqué l'étendue relativement petite des terres de l'État qui ont été mises à la disposition des colonies juives. C'est toutefois une erreur d'imaginer que le gouvernement de Palestine est en possession de vastes étendues de terres vacantes qui pourraient être mises à la disposition des colonies juives. L'étendue des zones inoccupées des terres de l'État est négligeable. Le Gouvernement revendique des superficies considérables qui sont, en fait, occupées et cultivées par les Arabes. Même si le gouvernement reconnaissait le titre de propriété de ces zones, ce qui est souvent contesté, il ne serait pas possible de mettre ces zones à la disposition des Juifs, compte tenu de leur occupation effective par des cultivateurs arabes et de l'importance de mettre des terres supplémentaires à la disposition des cultivateurs arabes, qui sont maintenant sans terre. L'octroi d'une marge disponible pour le règlement dépend des progrès réalisés dans l'augmentation de la productivité des terres déjà occupées.
17. La condition du fellah arabe laisse beaucoup à désirer, et une politique d'aménagement du territoire est nécessaire si l'on veut améliorer ses conditions de vie.
Les seules agences qui ont mené une politique cohérente d'aménagement du territoire ont été les organisations juives de la colonisation, publiques et privées. Les colons juifs ont eu tous les avantages que le capital, la science et l'organisation pouvaient leur donner.
C'est à eux et à l'énergie des colons eux-mêmes que l'on doit leurs progrès remarquables. D'autre part, la population arabe, tout en n'ayant pas les avantages dont jouissent les colons juifs, a, par l'excès des naissances sur les décès, augmenté très rapidement, tandis que les terres disponibles pour sa subsistance a diminué d'environ un million de dounams. Cette région est passée entre les mains des Juifs.
18. Il a été fait référence à l'énergie manifestée et aux progrès remarquables réalisés dans la colonisation des terres juives. Il serait injuste d'accepter l'affirmation qui a été avancée au cours de la controverse concernant les relations entre Juifs et Arabes en Palestine, selon laquelle l'effet de la colonisation juive sur la population arabe a toujours été préjudiciable aux intérêts des Arabes.
Cela n'est pas tout à fait vrai, mais il est nécessaire, en examinant cet aspect du problème, de faire la distinction entre la colonisation par des organismes tels que l'Association juive de colonisation de la Palestine (communément appelée P.I.C.A.) et la colonisation sous les auspices sionistes. En ce qui concerne la politique passée du P.I.C.A., il ne fait aucun doute que l'Arabe a largement profité de l'installation des colonies, et les relations entre les colons et leurs voisins arabes ont été excellentes dans le passé. Les cas qui sont maintenant cités par les autorités juives à l'appui de l'affirmation selon laquelle l'effet de la colonisation juive sur la population arabe voisine a été avantageuse sont des cas relatifs à des colonies établies par le P.I.C.A. avant la création de la colonisation financée par le Palestine Foundation Fund, qui est le principal instrument financier de l'Agence juive.
Certaines des tentatives qui ont été faites pour prouver que la colonisation sioniste n'a pas eu pour effet d'amener les anciens locataires des terres acquises à rejoindre la classe des sans terre se sont révélées peu convaincantes, sinon fallacieuses.
19..Il est prévu par la Constitution de l'Agence juive élargie, signée à Zurich le 14 août 1929 (article 3 (d) et (e)}, que le terrain acquis sera détenu comme propriété inaliénable du peuple juif, et que dans " tous les travaux ou entreprises réalisés ou favorisés par l'Agence, il sera considéré comme une question de principe que le travail juif sera employé "
Aussi logiques que puissent être ces arguments du point de vue d'un mouvement purement national, il faut néanmoins souligner qu'ils ne tiennent pas compte des dispositions de l'article 6 du Mandat, qui exige expressément que l'Administration palestinienne, en facilitant l'immigration juive et l'installation des Juifs sur le territoire, veille à ce que "les droits et la position des autres groupes de la population ne soient pas lésés".
(2) Développement agricole.
21. Comme indiqué au paragraphe précédent, il est du devoir de l'Administration, en vertu de son mandat, de veiller à ce que l'immigration juive ne porte pas préjudice à la situation des "autres couches de la population". En outre, il est de son devoir, en vertu de son mandat, d'encourager l'installation des Juifs sur le territoire, sous réserve toujours de la première condition.
22. la suite d'enquêtes récentes, le Gouvernement de Sa Majesté est convaincu que, pour atteindre ces objectifs, un développement agricole plus méthodique s'impose afin d'assurer une meilleure utilisation des terres.
23. Ce n'est que par l'adoption d'une telle politique qu'une implantation agricole juive supplémentaire sera possible, conformément aux conditions énoncées à l'article 6 du mandat. Le résultat désiré ne sera obtenu qu'après des années de travail. C'est pour cette raison que les organisations juives ont la chance de posséder une grande réserve de terres non encore colonisées ou développées. Leurs opérations peuvent se poursuivre sans interruption, tandis que des mesures de développement plus générales, dont les juifs et les arabes peuvent tous deux tirer profit, sont en cours d'élaboration.
Pendant cette période, cependant, le contrôle de toutes les dispositions foncières doit nécessairement incomber à l'autorité chargée de l'aménagement. Les transferts de terrains ne seront autorisés que dans la mesure où ils n'interfèrent pas avec les plans de cette autorité. Eu égard aux responsabilités du Pouvoir Mandataire, il est clair que cette autorité doit être la Palestine.
...
27. En ce qui concerne la relation entre l'immigration et le chômage, de grandes difficultés existent actuellement en raison de l'absence de mécanismes efficaces d'estimation du degré de chômage existant à un moment donné. C'est particulièrement vrai en ce qui concerne la partie arabe de la communauté. Bien qu'il n'existe pas de statistiques fiables, des preuves suffisantes ont été apportées pour conclure qu'il existe actuellement un grave taux de chômage arabe et que le chômage juif existe également dans une mesure qui constitue une caractéristique nettement insatisfaisante.
La capacité économique du pays à absorber de nouveaux immigrants doit donc être jugée à l'aune de la situation de la Palestine dans son ensemble en matière de chômage, et il faut également veiller* à ce que cette capacité économique soit établie en tenant compte de toute demande de travail qui, du fait d'une circulation accrue des fonds liés aux dépenses de développement ou d'autres causes, peut être considérée comme temporaire.
28. L'article 6 du mandat stipule que l'immigration juive ne doit pas porter atteinte aux droits et à la situation des autres couches de la population. De toute évidence, si l'immigration des Juifs empêche la population arabe d'obtenir le travail nécessaire à son entretien, ou si le chômage des Juifs affecte défavorablement la situation générale du travail, il est du devoir du Mandataire de réduire ou, si nécessaire, de suspendre cette immigration jusqu'à ce que la partie des "autres sections" en chômage soit en mesure de trouver un emploi.
Il se peut qu'à la lumière de l'examen auquel ont été soumis les problèmes d'immigration et de chômage, le Gouvernement de Sa Majesté considère comme pleinement justifiée l'action qu'il a prise en mai dernier pour suspendre l'immigration en vertu de la liste du travail..... En décidant de suspendre la délivrance des certificats, le gouvernement de Sa Majesté avait à l'esprit les opinions exprimées dans le rapport de la Commission Shaw selon lesquelles il y avait pénurie de terres et que l'immigration devrait être contrôlée plus étroitement.
...Toute décision hâtive concernant une immigration juive plus illimitée doit être fortement dépréciée, non seulement du point de vue des intérêts de la population palestinienne dans son ensemble, mais aussi du point de vue particulier de la communauté juive. Tant qu'il existera une suspicion généralisée, et qu'il existera, au sein de la population arabe, que la dépression économique, dont elle souffre sans aucun doute actuellement, est largement due à une immigration juive excessive, et tant qu'il existera des raisons plausibles de croire que cette suspicion est fondée, les relations mutuelles des deux races ne pourront que peu s'améliorer. Mais c'est de cette amélioration que la paix et la prospérité futures de la Palestine doivent largement dépendre
29 ...Aux Arabes, le Gouvernement de Sa Majesté lance un appel en faveur d'une reconnaissance des faits et d'un effort soutenu de coopération en vue d'obtenir cette prospérité pour l'ensemble du pays, dont tous bénéficieront.
Le Gouvernement de Sa Majesté demande aux dirigeants juifs de reconnaître la nécessité de faire des concessions de leur côté en ce qui concerne les idéaux indépendants et séparatistes qui ont été développés dans certains milieux en rapport avec le foyer national juif, et d'accepter comme facteur actif dans l'orientation de leur politique que le développement général du pays soit mené de telle sorte que les intérêts des Arabes et des Juifs soient dûment pris en considération, en vue de développer la prospérité dans tout le pays dans des conditions qui ne donneront pas lieu à des accusations de partialité d'un côté ou de l'autre, mais permettront aux communautés arabe et juive de se développer en harmonie et en satisfaction.