l’Autorité palestinienne attribue des diplômes honorifiques de martyr et verse un "salaire" mensuel de 1000 € aux familles de prisonniers, aux prisonniers libérés et aux « martyrs » (auteurs d’attentat suicide par exemple, ce qui pose question quant au renoncement du recours à la violence aveugle) pour un montant global annuel de 300 millions de dollars.1

La pratique, déjà ancienne avait été officialisée en avril 2011, lorsque l’Autorité palestinienne avait publié une résolution gouvernementale « accordant à tous les prisonniers palestiniens emprisonnés en Israël pour des infractions liées à la sécurité et au terrorisme » un salaire mensuel.2

Les personnes concernées par le salaire que promet la résolutions sont les personnes emprisonnées du fait de [leur] participation à la lutte contre l’occupation.

Le président de l’ONG Palestinian Media Watch estime que cette pratique est l’un des principaux obstacles à la paix. Bien que le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson ait été informé3 de l’arrêt de cette pratique,

Les Palestiniens «ont modifié leur politique, du moins j’ai été informé du fait qu’ils avaient changé cette politique», a déclaré M. Tillerson lors d’une audition devant des sénateurs américains. 4

Issa Karake (comité des prisonniers de l’AP) assure au contraire que le gel du paiement de ces ’salaires’ équivaudrait à un démantèlement de l’AP.

Selon reuters5,

Les responsables Palestiniens disent qu’il n’y a aucun plan d’arrêt des paiements aux familles de palestiniens tués ou blessés qui commettent des attaques contre des Israéliens, en contradiction avec les commentaires du secrétaire d’État américain Rex Tillerson.

...les responsables Palestiniens ont déclaré qu’ils n’étaient pas conscients de tout changement et qu’il était peu probable qu’une politique qui ait été la pierre angulaire du soutien social pendant des décennies soit modifiée.

On a parlé de faire les paiements d’une manière différente, mais pas d’y mettre fin”, a déclaré un fonctionnaire, s’exprimant sous l’angle de l’anonymat parce qu’il n’était pas autorisé à commenter les discussions avec les Américains.

Ils pourraient peut-être être étiquetés différemment”, a-t-il dit, suggérant que la description "martyr" pourrait être abandonnée, mais il a ajouté: "Ils ne vont pas être arrêtés".

l’Autorité palestinienne effectue une variété de paiements de sécurité sociale, principalement pour les familles, pour les personnes reconnues coupables et emprisonnées par Israël pour avoir lutté contre l’occupation et les personnes tuées dans la violence, qu’ils commettent des attaques suicidaires, des tirs lors du lancer des pierres ou dans d’autres circonstances.

Les montants varient selon que la personne tuée était mariée ou avait des enfants. Les blessés reçoivent également une aide.
Au total, quelque 35 000 familles reçoivent un soutien d’un fonds dédié créé dans les années 1960, y compris ceux qui vivent à l’extérieur des territoires palestiniens. Selon certaines estimations, le fonds distribue jusqu’à 100 millions de dollars par année.

Parallèlement, il y a 6 500 palestiniens dans les prisons israéliennes, dont 500 détenus sans inculpation, dans certains cas depuis des années. Tous, dont environ 300 enfants et 50 femmes, reçoivent un soutien mensuel de l’Autorité palestinienne.

Le 25 août 2017, Abbas déclare6,

 Je n’ai pas l’intention de cesser de payer les familles des martyrs prisonniers, même si cela me coûte mon siège. Je continuerai à les payer jusqu’à mon dernier jour.

 


1 Sur le sujet un reportage de Stéphane Amar du journal d’Arte de juin 2017 : Les martyrs palestiniens

2 Résolution 2010-21 et 2010-23 publiées le 15 avril 2011 par Al-Hayat Al- Jadida, journal palestinien paraissant à Ramallah, créé en 1995.

3 Audition devant des sénateurs américains.

4 AFP, 14 juin 2017 cité par express.mu

5 Ali Sawafta , Ramallah ,Agence Reuters, 14 juin 2017

6 Selon i24 news, se référant à ’des média israéliens’

 

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