Selon la Bible, c'est Salomon, fils du roi David, qui construit le temple , sur le mont Moriah, à l'endroit où Abraham a attaché son fils Isaac pour le sacrifier selon les ordres divins.
Le premier temple a été détruit en - 586 par le conquérant babylonien Nabuchodonosor. Vainqueur de son successeur Nabonide, le Perse Cyrus autorise en - 539 la reconstruction du Temple. Il est ensuite consolidé et agrandi par Hérode le Grand (-37; -4 ) sous l'occupation romaine, mais est détruit à nouveau en 70 par les troupes du général Titus, fils de l'empereur Vespasien.
La partie du mur qui surplombe actuellement le lieu de prière est haute de 18 mètres et longue de 57 mètres. Mais le mur continue, caché par les constructions du quartier arabe, et sa longueur dépasse 200 mètres, sans compter une partie enterrée de même longueur.
Le mur est le seul vestige restant de l'enceinte du second Temple. Les Juifs se sont ensuite tournés vers lui suite à la destruction du temple. Cependant d'après l'historien Vincent Lemire, sa fonction religieuse actuelle, de lieux saint, n'est apparue qu'au XVIe siècle.
En 135, les armées de l'empereur Hadrien détruisent Jérusalem qu'ils renomment Aelia Capitolina. les Juifs sont expulsés de Jérusalem.
Le mur n'est alors plus fréquenté.
En 1516, le sultan ottoman Suleyman conquiert à son tour la ville sainte. Le parvis devant le mur sert alors de décharge et la porte dans la muraille qui permet encore aujourd'hui d'y accéder y gagne son nom de "porte des immondices", aujourd'hui la porte des Maghrébins. Suleyman fait déblayer le parvis et autorise les Juifs à venir y prier.
Un quartier est alors construit face au mur pour héberger les pèlerins musulmans venus pour la plupart du Maroc. Il ne laisse plus qu'une voie étroite face au mur, entre 2,5 m et 3,30 m au plus large. Les Juifs continuent cependant d'y prier, pas toujours bien accueillis en ce lieu.
On trouve des traces écrites sur des 'prières organisées' au mur à partir de 1625.
Au début du 20e siècle, sous le mandat britannique, des émeutes ont lieu sur fond d'antisémitisme des habitants musulmans. La propriété du mur est aussi contestée.
Pour les Juifs c'est un élément du second Temple
Pour les Musulmans l'accès au mur n'est qu'un passage du quartier de Maghrébins sur lequel les Juifs n'ont aucun droit. C'est aussi l'endroit où le prophète Mahomet aurait attaché sa monture ailée 'Al Buraq' avant de monter sur l'esplanade et d'aller discuter au ciel avec les prophètes ( épisode du 'voyage nocturne' où est évoqué la mosquée lointaine, Al-Aqsa). Ce dernier point est d'ailleurs contesté par les Juifs, l'épisode du Buraq n'étant mentionné pour la première fois que plusieurs siècles après la mort de Mahomet.
Le 23 août 1929, les tensions entre Arabes et Juifs dégénèrent. Les Arabes augmentent le son des prières du muezzin voisin et font passer les troupeaux le long du mur pour perturber les prières juives.
Ils accusent ces derniers qui ont apporté des chaises et des tables pour les vieillards et les malades, de tenter de reprendre la propriété de la zone du mur. Ce point est d'autant plus compliqué que le droit ottoman considère le dépôt de chaises ou autre mobilier comme une revendication de propriété (c'est aussi l'origine des conflits récurrents entre les communautés chrétiennes du Saint-Sépulcre.)
En 1925 et 1928 , des incidents semblables avaient conduit à l'interdiction de cette pratique. Les autorités musulmanes avaient alors demandé le retrait des éclairages de la zone du mur.
Mais en 1929, la tension ne s'apaise pas et des émeutes finissent par faire des morts.
Lire aussi :
1930 : rapport sur les émeutes de 1929
1967 : 11 juin, destruction du quartier des Maghrébins
En 1948, la Jordanie conquiert la vieille ville, détruit ses 56 synagogues et expulse tous les Juifs. Malgré l'accord d'armistice qui garantit le droit à venir prier au mur pour les Juifs, ils ne sont plus autorisés à s'en approcher.
En 1967, les Israéliens, vainqueurs de la Guerre des six jours, détruisent les 135 maisons du vieux quartier maghrébin, permettant la création de l'immense esplanade qui accueille les foules les jours de fête religieuse.
LES PIERRES
Les pierres du Mur Occidental sont faites de calcaire. Leurs bords sont taillés afin de former un contour autour de chacune d’elle. C’est le style typique employé par le roi Hérode qui régna au premier siècle avant notre ère sous la tutelle romaine, et qui érigea le mur de telle sorte qu’il soutienne le Mont du Temple. En levant les yeux, on s’aperçoit que les pierres sont de plus en plus petites. La raison en est qu’au début, le mur n’était pas aussi haut que maintenant et que des ajouts ont été effectués au cours des siècles. Les fondations du mur sont en fait à environ six mètres en-dessous de l’endroit où l’on prie.
Une des pierres mesure plus de douze mètres de long et pèse 400 tonnes. C’est la plus grande pierre connue jamais extraite par les hommes, qu'aucune grue moderne n’est capable de soulever. D’autres pierres ont un poids de plus de cent tonnes. On peut les voir en passant dans les tunnels archéologiques qui ont été percés récemment.
Nombreuses sont les personnes qui ont la coutume de placer entre les pierres des petits morceaux de papier sur lesquels sont rédigées des prières. Selon la tradition juive, le mont du Temple est l’endroit le plus saint de la terre et la présence de Dieu y est permanente. Il est également enseigné dans la tradition mystique juive que toutes les prières prononcées aux quatre coins du monde parviennent au Mur puis s’élèvent jusqu’au ciel.
Un certain nombre d’espèces végétales poussent sur les pierres du Mur: jusquiame, podosnoma, gueule-de-loup sicilienne, prêle-renouée, câpre épineuse et phagnalon.
- Le regard de l'historien (extrait d'un entretien avec Vincent Lemire par le magazine LHistoire)
"Le Mur des lamentations est certes un objet de culte, mais c’est d’abord un lieu – ce n’est pas une maquette – même s’il concentre différents objets de piété, notamment ces petits papiers de prière que les fidèles ou les touristes viennent glisser entre les pierres.
L’histoire de ce mur en calcaire, situé à Jérusalem, remonte à 2 000 ans. Aujourd’hui lieu saint pour les Juifs, haut d’une vingtaine de mètres et long d’une cinquantaine, le vestige constituait une partie du mur occidental de l’ancien temple de la ville, détruit en l’an 70.
Ce lieu est emblématique de l’histoire de Jérusalem et de l’histoire des lieux saints : solide, minéral, impressionnant, on le croit intangible et éternel, alors que son histoire est tortueuse, paradoxale et saccadée.
Il y a en effet une disjonction entre sa maçonnerie, antique, et sa sanctuarisation, plus récente. S’il est vieux de deux millénaires (et ce n’est pas le seul bâtiment de cette période à Jérusalem), il n’est devenu un lieu saint qu’il y a 500 ans, avant d’être à nouveau transformé il y 55 ans.
...ce mur ne dit rien. Il est muet. Il ne porte ni inscriptions ni décorations. Il n’est, comme son nom l’indique, que le mur occidental de soutènement du temple. C’est donc un monument qui n’indique rien d’autre que l’absence d’un autre monument, bien plus signifiant, celui vers lequel les fidèles se tournent lorsqu’ils prient : le temple détruit.
Ensuite, c’est un monument qui incarne la polyphonie, la cacophonie parfois, de Jérusalem, de ses noms de lieux, de sa toponymie. Ce Mur a plusieurs noms. Pour les Juifs, c’est le Mur occidental car il se situe à l’ouest de l’ancien temple. « Kotel ha-Maaravi », le nom hébreu renvoie à une tradition très ancienne. Pourtant, jusqu’au XVIe siècle, les Juifs ne priaient pas devant ce mur, mais plutôt devant le mur oriental, en face du Mont des oliviers ! Mur oriental qui, lui, est beaucoup plus éloquent, puisqu’il comprend la porte dorée, ou porte double, qui ne s’ouvrira qu’à l’arrivée du messie. Sa portée symbolique est donc bien plus forte. D’ailleurs, jusqu’au XVIe siècle, on présentait souvent ce mur oriental comme le mur… « occidental » ! C’est sans doute que le point de référence était différent : on se positionnait probablement par rapport au Mont des oliviers, lieu du jugement dernier.
Ensuite, pour les chrétiens, c’est le Mur des lamentations. Le sanctuaire devant lequel les Juifs viennent en permanence se « lamenter » sur la destruction du temple. Si l’expression est communément utilisée, elle véhicule cependant une vision chrétienne d’un judaïsme condamné au regret et à la déploration.
Enfin, pour les musulmans, on désigne le mur par le nom du cheval ailé de Mahomet, « al-Bouraq », sur lequel il aurait effectué son voyage nocturne vers Jérusalem pour y rencontrer les prophètes, et qu’il aurait laissé accroché là, sur ce mur. Il faut souligner que ce ne sont pas seulement des noms qui évoluent dans le temps, ils sont cumulatifs : ces trois toponymes différents sont utilisés aujourd’hui par les habitants de la ville, ce qui est caractéristique de Jérusalem.
Pour finir, faire l’histoire du Mur des lamentations, c’est aussi l’occasion de rappeler l’histoire du quartier maghrébin qui se trouvait à ses pieds jusqu’en 1967. Car ce mur ne devient véritablement un monument que lorsqu’il est doté d’un parvis – un espace libre d’où on peut l’admirer. Comme pour Notre-Dame, on pense parfois que ces bâtiments prestigieux ont toujours été bordés d’une esplanade, alors que bien souvent ils étaient entourés d’habitations."1
PRIER AU MUR
Tout le monde peut aller au mur occidental, Juif ou non, comme pour une synagogue. Le vendredi soir comme les jours de fête, la foule compacte, composée pour beaucoup d'orthodoxes est impressionnante et l'ambiance, très sonore, est chaleureuse. Évitez cependant de prendre des photos durant Shabbat et les fêtes.
On peut accéder au mur par la porte des Maghrébins. Il est accessible jour et nuit et rarement désert.
Le mur comporte plusieurs sections. Les hommes prient à gauche et les femmes à droite.
La partie gauche permet aussi d'aller dans la "grotte", partie couverte de l'esplanade où est aménagée une synagogue. L'arche qui permet l'accès soutenait le passage qui reliait le temple à la ville haute. Si l'arche est relativement basse, c'est que le sol actuel est plus haut que celui d'il y a 2000 ans.
1 Pourquoi faire l'histoire du mur des lamentations, 22 avril 2022, Vincent Lemire, Arte, L'Histoire
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