L’Église du Pater Noster est un édifice religieux catholique sis sur le Mont de l'Ascension, à Jérusalem-Est, en Terre sainte. Elle est aussi appelée Éléona (du grec elaiōn « oliveraie »). Cette église est construite sur le site où, d'après la tradition, Jésus enseigna à ses disciples le Notre Père (Luc 11:1-4) (en latin Pater Noster). Cette tradition est confirmée par les Actes de Jean à Rome, écrits apocryphes du IIIe siècle , et plus tard par Arculfe au VIIe siècle. Église et carmel jouissent de l'extraterritorialité et relèvent de l'autorité de l'État français.

Le site est mentionné par Égérie vers 384 lors de son pèlerinage, dans le Burdigalensis et par Eusèbe de Césarée.

 


Construction initiale

Sur le site a d'abord été construite au IVe siècle une église liée à l'Ascension du Christ par Constantin sous la direction de sa mère Hélène qui lui donna comme nom Église des Disciples.

Égérie nous donne dans le Peregrinatio Silviae des indications sur le Rite de l'Église de Jérusalem de l'époque en expliquant que l'archidiacre invitait d'abord les fidèles à rentrer dans l'Eleona, d'où une procession partait vers le mont des Oliviers. Après cela, on descendait à nouveau dans l'église, où les vêpres étaient chantées et où étaient lus Mt:24 et Mt:25.

Adossé au Mont des Oliviers, le bâtiment était construit sur trois niveaux reliés par des escaliers :

L'église, au plus haut niveau, sur un rectangle de 30 x 18,6 mètres carrés, formée d'une allée flanquée de deux rangées de colonnes. L'abside était à l'Est face au soleil levant. Un baptistère se trouve à sa porte sud.

Atrium: Une avant-cour à colonnades de 25 mètres de longueur, avec au centre une citerne voûtée sur piliers qui recueille l'égout des toits.

Le plus bas niveau coté Ouest: Un portique sur six colonnes.

Un couvent, un monastère et une chapelle appelée l'Apostolium furent ajoutés vers 430 par Mélanie la Jeune, chapelle où elle fut inhumée avec sa mère. Au cours du VIe siècle, la crypte et l'église étaient désignées sous le nom de Matzi ou Matheteion.

Treize évêques et patriarches de Jérusalem y auraient été inhumés, dont Cyrille de Jérusalem et Modeste de Jérusalem.

 


La Grotte dite 'du Pater'

Son emplacement avait été complètement oublié, et elle ne fut redécouverte qu'en 1911.

L'excavation qui s'enfonce dans une tombe du Ier siècle se trouve sous le côté Est de l'église. Sur le fronton de l'entrée est gravée l'inscription latine: Spelunga in qua docebat Dominus apostolos in Monte Oliveti qui signifie Grotte dans laquelle le Seigneur a enseigné à ses apôtres sur le mont des Oliviers. Il ne reste de l'édifice originel que quelques éléments architecturaux. Des travaux de reconnaissance non destructifs y ont été entamés en 2008.

Elle est encore appelée crypte du Credo ou grotte du Credo.

Destructions

Selon Eutychius, elle fut incendiée par les Perses dirigés par Schahr-Barâz en 614 faisant environ un millier de victimes sur le Mont des Oliviers, d'après Stratègios. Plus tard en 638, elle fut rasée par les Arabes Musulmans de Omar ibn al-Khattâb. À la fin du VIIe siècle, Adomnan d'Iona dans De Locis sanctis l'évoque comme étant toujours debout ou reconstruite.

Sous Charlemagne qui, ayant obtenu en 807 de Hâroun ar-Rachîd la protection des Lieux Saints pour entre autres y fonder des établissements religieux, des Bénédictins la relevèrent de ses ruines. Un recensement des monastères de Terre sainte fait en 808 - le Commemoratorium de Casis Dei - nous apprend qu'elle était desservie par trois moines et un prêtre. Elle semble avoir été détruite à nouveau en 1009 par Al-Hakim bi-Amr Allah. Les Croisés ayant reconquis la ville après le Siège de Jérusalem en 1099, ils construisirent un petit oratoire au milieu des ruines entre 1102 et 1106, et le Croisé Bartolf de Nangis semble la décrire dans sa chronique Gesta Francorum Iherusalem expugnantium, et son état de ruine est confirmé par Saewulf. Une église est totalement reconstruite en 1152 grâce à Svend Svendsson, évêque de Viborg, et à son frère Sveinsson Eskill, amiral du Jutland, qui furent enterrés dans l'église en 1153 (leurs tombes furent redécouvertes en 1869 et ils furent réinhumés dans la nouvelle église).

Cette église, décrite en 1172 par un pèlerin allemand, Théodoric, aurait été fortement endommagée pendant le siège de Jérusalem en 1187 par Saladin30, au point d'être abandonnée. Odoric de Pordenone mentionne encore une église en 1330 et Ludolph de Sudheim (Ludolph Schilder) parle d'une chapelle en 1336. Selon le pèlerin franciscain Nicolás de Poggibonsi, elle tombe en ruines en 1345, pendant la domination Mamelouk. En 1851, on en exploita les ruines pour les vendre comme pierres tombales.

Fondation du Carmel

Émue par un sermon sur la désolation des Lieux Saints donné par le Père Poyet, patriarche latin de Jérusalem, la princesse Héloïse de la Tour d'Auvergne, fille de Joseph Aurèle de Bossi, partit pour Jérusalem en novembre 1856, et en dix ans, réussit à acquérir six hectares de terrain au Mont des Oliviers. Elle y fit bâtir en 1868 un cloître, sur le modèle du Campo Santo de Pise, dont les plans sont attribués à Eugène Viollet-le-Duc, puis se livra à deux années de fouilles, aidée de Charles Simon Clermont-Ganneau, qui était depuis 1867 drogman-chancelier du Consulat français de Jérusalem, qui permirent notamment de dégager une mosaïque du Ve siècle où étaient inscrits en grec les Psaumes 121:8 et 118:20. On y a aussi retrouvé l'épitaphe de Césaire de Heisterbach. Héloïse de la Tour d'Auvergne fit par la suite, don du site à la France.

Avec l'aide du Père Alphonse Ratisbonne, elle y fonda un couvent de carmélites contemplatives en 1872, le Carmel du Pater, et en 1874, divisa le terrain entre les Pères blancs et les sœurs carmélites, et offrit le monastère à la France, qui l'intègre au sein de son domaine national. Des plaques reproduisant le texte du Pater Noster en cent-cinquante langues sont apposées sur les murs du cloître. Décédée à Florence en 1889, elle fut le 22 décembre 1957, conformément à ses dernières volontés, enterrée dans le cloître, dans un mausolée de marbre blanc, surmonté de son effigie, que Napoléon III fit exécuter. Une urne, déposée dans une niche au-dessus du mausolée, renferme le cœur du père de la princesse.

En 1910, les fondations au-dessus de la grotte, qui s'effondra partiellement lors des fouilles, ont été retrouvées en partie sous le cloître. Le couvent a été déplacé à proximité et à la reconstruction de l'église byzantine a commencé en 1920, pour s'interrompre en 1927, sans avoir achevé le toit, par manque de fonds.

Avec l'Église Sainte-Anne, le Tombeau des Rois, et l'Abbaye bénédictine d'Abou Gosh, elle fait partie des quatre territoires français de Jérusalem.

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