Selon une étymologie traditionnelle, Jérusalem (Yeroushalaïm en hébreu) signifie "ville de paix". Il s'agit cependant d'une réinterprétation, voire d'un jeu de mots, car le second élément du nom n'est pas shalom (la paix) mais shalem, ce que confirme la prononciation équivalente en akkadien au IIe millénaire (uru-salim).

Shalem, qui signifie "complet" en hébreu était le nom du dieu du crépuscule, attesté dans la mythologie d'Ougarit, en Syrie, au XIIIe siècle avant notre ère.

Quant au premier élément, "Yeru", il ne veut pas dire ville mais peut-être "fondation", d'où le sens "fondation de Shalem", c'est à dire "fondé par Shalem".

Plus tard apparaîtra, et s'imposera, la variante yerushalayim. En hébreu, la finale -ayim signale une entité double, ce qu'il faut peut-être rapprocher du fait que la ville comprenait une partie haute et une partie basse.

Une nouvelle réinterprétation du nom se fera jour en grec, car à coté de Ierusalem, on rencontre Ierosoluma : le premier élément suggère que Jérusalem est une cité sainte (hieros), le second paraît imiter le nom du mont Solyme, en Asie mineure.

C'est encore une autre appellation qu'affectionnent les poètes de la Bible : "Sion". D'étymologie incertaine ("lieu sec", "citadelle", "colline nue" ?) , ce terme ne désigne à l'origine qu'une partie de la cité, mais s'emploie souvent comme équivalent de Jérusalem, spécialement quand la ville est envisagée comme centre religieux. Dans certains textes, Sion se voit personnifiée sous les traits d'une femme, tandis que la "fille de Sion" désigne la communauté de ses habitants. Le "mont Sion" n'est autre que le mont du Temple. Celui-ci reçoit également le nom de "mont Moriyya" sous la plume de Chroniste (2 Chroniques 3,2), manière d'identifier le lieu central des sacrifices judéens avec celui où, selon la Genèse (22,2), Isaac, sur le point d'être mis à mort par son père Abraham, fut remplacé par une victime animale.

(Mathieu Richelle in dossiers de l'Archéologie n°384 Novembre décembre 2017 - Jérusalem, Histoire et archéologie d'une ville sainte, p.17)

 

 

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