A l'époque de l'exil de Mahomet de la Mecque à Yatrib, devenue Médine, il y a cinq tribus arabes à Médine, dont trois sont juives. Ce sont les Banu Nadir , les Banu Qurayza et les Banu Qaynuqa.

 A Yathrib , Muhammad rencontre les juifs , sous une forme organisée: plusieurs tribus , trois principales , et une foule de clans. Ils l'appellent, quand ils le connaissent mieux "Le meurtrier toujours souriant", et "Celui qui vient du sud".3

Ils forment , de l’aveu des textes, la partie la plus active de la population. Il aurait pu s’attendre à un accueil favorable pour sa doctrine , qui , de loin , s’apparente à leur propre monothéisme. Mais le rejet massif et immédiat, plus de sa personne que de ses paroles, a pour conséquence sa colère, non pas celle d'Allah, mais de Muhammad. La violence extrême trahit aussi l'incapacité de l'islamisme naissant à convaincre, à convertir de bon gré, à soutenir une argumentation contraire.

Mais la confrontation sera brutale , ponctuée d’expulsions , de massacres collectifs et d’assassinats individuels. C’est à cette suite d’événements que le public est convié ici. Il y a d'abord les expulsions des Banu Qaynuqa, puis des Banu Nadir. Quand l'islamisme est assez puissant pour frapper plus fort, c'est l'extermination de la tribu la plus puissante, par l'exécution des hommes, l'asservissement et le viol des femmes, et l'asservissement des petits enfants. S'ajoute à cela le meurtre des chefs, comme opération de commando, et pour être complet, les attaques contre les communautés extérieures, notamment Khaybar, comme on le verra longuement. Les huit années de pouvoir mohammédien à Médine ont donc un caractère absolument hostile non pas à l'influence juive, mais à sa simple présence. Les récits des événements, certes tragiques, fournissent une quantité considérable d'informations factuelles sur la situation sociale, économique, matérielle, de Médine dans la décennie 620- 630. La période d’anti-judaïsme de Médine porte en elle le ferment de nombreux exactions futures, puisque l'attitude mohammédienne est considérée comme exemplaire et impeccable.

A la fin de la période , plus rien ne reste de cette communauté dans la ville4 , éliminée selon les procédés les plus variés. Elle était pourtant à l'origine de Yathrib, et sa composante la plus importante.

Le sentiment antisémite, ou antijudaïque, pour être plus exact, qui s'est développé dans tout le monde musulman, repoussant les communautés dans des ghettos, les marquant de signes infâmants, de taxes sigmatisantes, est largement à l'origine de ces textes nombreux et précis. Les populations, jalouses des juifs et agacées par les juifs, ont aimé entendre parler de Muhammad punissant, détruisant, humiliant les juifs. La situation actuelle au Proche- Orient, et l'existence d'Israël a encore avivé l'expression de cette détestation. 5

Le judaïsme auquel est confronté Muhammad, et que décrivent les source, n'est pas le judaïsme "main stream", de Palestine (si tant est qu'il est jamais existé). Mais là, en Arabie, au sein de communautés isolés depuis longtemps, les dogmes et rituels ont évolué en toute indépendance de ce qui se passait en Palestine, ou à Babylone. Des traits se retrouvent en entier: la Torah et son rôle central, le shabbat, les interdictions, même des points particuliers, comme les menstruations. Mais rien sur le Talmud, ou la Mishna, pas de synagogues visibles non plus, seulement des écoles. Voilà pour les matériaux qui viennent de la vie de Muhammad, et qui doivent venir en partie de juifs convertis. Concernant le Coran, le tableau est différent, car là, il semble bien que les sources principales viennent d'autre part que la Torah, plutôt de toute la tradition postérieure.

Au delà des péripéties (et elles seront relatées en entier), l'apport de la confrontation avec les juifs qui nous est présentée est celui-ci: l'impression d'une grande proximité dogmatique et même rituelle, trop grande même, qui risque de noyer l'hérésie (au sens étymologique) dans l'indifférence. Le seul point d'achoppement, dramatique et aux conséquences dramatique, est le même avec les chrétiens: le refus obstiné d'accorder la qualité prophétique et messiaque à un nouveau-venu, arabe qui plus est. Mais le christianisme apporte vite autre chose. A Médine, l'affrontement est frontal, et attisé par la proximité immédiate des adversaires.

Est-ce l'origine arabe de Muhammad qui pose difficulté ? Sans doute, même si les deux populations sont mêlées dans bien des domaines, la qualité messianique ne s'accorde pas si facilement, et pas à n'importe qui: elle peut chaque fois être le prélude à une explosion du peuple juif.
Comparer le contact avec les chrétiens est toujours riche en enseignements: ceux-ci sont éloignés géographiquement. L'affrontement est dès le départ de type théologique, du moins présenté ainsi.

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 ( cf site : https://islam-documents.ch )

 

Voir à ce sujet l'important article de wikipedia sur les tribus musulmanes et juives de Yatrib

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