Reconstitution du Palais d'Hérode sur le versant nord de Massada

Massada est une forteresse construite en plein désert, au IIe siècle av J.-C, sur un piton rocheux d'environ 600 m de long et 300 de large. Elle surplombe de 400 m la mer morte.

La forteresse a été édifiée du temps des Hasmonéens, puis est devenu le dernier refuge des zélotes juifs. Ces derniers, aussi appelés sicaires (du sica le petit couteau utilisé pour tuer les Romains) font régner la terreur parmi leurs compatriotes, lorsqu'ils les suspectent de collaborer avec l'occupant Romain. Massada compte environ 900 zélotes, dont les femmes et les enfants quand ils sont assiégés par le nouveau gouverneur de Judée, Lucius Flavius Silva. Celui-ci veut reprendre la dernière place forte juive.

Les 15 000 soldats romains de la légion X Fretensis font donc le siège de la forteresse. Ils l'isolent en établissant un mur reliant onze tours et huit camps empêchant toute fuite des retranchés. N'arrivant pas à accéder au sommet, Silva fait construire une rampe en terre battue qui permet l'approche d'une tour bélier du point le plus bas du piton rocheux.

Les assiégés érigent de leur coté un terre-plein soutenu par une assise en bois.

Mais les assaillants romains utilisent leur rampe pour se mettre au niveau du terre-plein qu'ils incendient grâce à des flèches incendiaires, ouvrant le chemin vers la forteresse en 73.

Lorsque les romains entrent, ils ne trouvent que des morts. Les sicaires ont préféré se suicider à la suite de leur chef Eleazar Ben Yair plutôt que de se rendre. Massada a résisté trois ans.

L'unique source écrite est le témoignage de l'historien Judéo-romain Flavius Josèphe. Il n'était pas sur place mais, il a pu rencontrer deux femmes qui ont survécu au massacre en se cachant dans une conduite d'eau.

"... Ensemble, ils embrassèrent, étreignirent leurs femmes, serrèrent dans leurs bras leurs enfants, s'attachant avec des larmes à ces derniers baisers ; ensemble, comme si des bras étrangers les eussent assistés dans cette œuvre, ils exécutèrent leurs résolutions, et la pensée des maux que ces malheureux devaient souffrir, s'ils tombaient aux mains des ennemis, était pour les meurtriers, dans cette nécessité de donner la mort, une consolation. Enfin, nul ne se trouva inférieur à un si grand dessein ; tous percèrent les êtres les plus chéris. Malheureuses victimes du sort, pour qui le meurtre de leurs femmes et de leurs enfants, exécuté de leur main, paraissait le plus léger de leurs maux !

Aussi, ne pouvant plus supporter l'angoisse dont ces actes une fois accomplis les accablait, et croyant que ce serait faire injure aux victimes de leur survivre même un court instant, ils entassèrent promptement au même endroit tous leurs biens et y mirent le feu ; puis ils tirèrent au sort1 dix d'entre eux pour être les meurtriers de tous ; chacun s'étendit auprès de sa femme et de ses enfants qui gisaient à terre, les entourant de ses bras, et tous offrirent leur gorge toute prête à ceux qui accomplissaient ce sinistre office. Quand ceux-ci eurent tué sans faiblesse tous les autres, ils s'appliquèrent les uns aux autres la même loi du sort : l'un d'eux, ainsi désigné, devait tuer ses neuf compagnons et se tuer lui-même après tous ; de cette manière, ils étaient assurés qu'il y aurait égalité pour tous dans la façon de porter le coup et de le recevoir. Enfin, les neuf juifs souffrirent la mort et le dernier survivant, après avoir contemplé autour de lui la multitude des cadavres étendus, craignant qu'au milieu de ce vaste carnage il ne restât quelqu'un pour réclamer le secours de sa main et ayant reconnu que tous avaient péri, mit le feu au palais, s'enfonça d'un bras vigoureux son épée tout entière dans le corps, et tomba près de ceux de sa famille.. 2

" Le plateau est parsemé de grosses pierres rondes comme en lançaient les balistes romaines. Une partie du mur casematé manquait là où sans doute le bélier avait été mise en œuvre...dans une grotte de l'escarpement sud, en contrebas du mur casematé, on trouva vingt-cinq cadavres..mais la découverte la plus frappante, de l'avis de Yadin3 fut celle de douze tessons de poterie ou ostraca de la même écriture, chacun marqué d'un nom différent..sur l'un deux on pouvait lire clairement « Ben Yaïr »4

La forteresse qui a ensuite été habitée à d'autres périodes, garde les traces de l'incendie.

Le palais hérodien a subi un tremblement de terre au IVe siècle qui a ébranlé toute la région. Des moines l'ont habité jusqu'à la conquête arabe de 638.

Les Juifs du ghetto de Varsovie qui ont préféré prendre les armes, sans aucune chance de survie, suite à la décision de Hitler de liquider le ghetto en avril-mai 1943 ont souvent été comparés aux assiégés de Massada.

1 Des cartes portant des noms, ayant pu servir à tel tirage au sort ont été trouvées sur le site.

2 Flavius Josèphe, la guerre des Juifs.

3 Ygal Yadin, ancien chef d’état-major pendant la guerre d'indépendance est l'archéologue qui entreprit les premières fouilles de Masssada entre 1963 et 1965.

4 Massada, Histoire et symbole, Mireille Hadas-Lebel, présence du judaïsme, Albin Michel.