Ahed Tamimi fait ses premières armes à 11 ans, devant les ojectifs |
Mustafa Tamimi, en blanc, lors du tir du projectile lacrymogène |
En huit ans, il est la 20e personne tuée dans ce type de manifestations en Cisjordanie.6
Le jeune homme a été mis en terre, enveloppé d’un drapeau palestinien, accompagné par ses proches en larmes et la foule arborant des drapeaux Palestiniens et des drapeaux du Fatah, le parti du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Certains participants scandaient "Notre riposte viendra cette nuit", et "Personne ne nous arrêtera", menaçant de se venger sur la colonie juive voisine de Halamish.
Un parlementaire palestinien, Walid Assaf, a cependant appelé la foule à "poursuivre la lutte pacifique contre la colonisation et l’occupation", sans recourir à la violence.
A l’issue de l’enterrement, plusieurs centaines de jeunes Palestiniens ont caillassé les soldats israéliens présents qui ont riposté à coups de grenades lacrymogènes. Cinq protestataires ont été légèrement blessés par des gaz lacrymogènes et des balles caoutchoutées, et soignés sur place, selon des témoins.7
Selon Sarit Michaeli, la porte-parole de l’organisation non gouvernementale B’Tselem (Centre israélien d’information sur les droits de l’homme) , les soldats ont des consignes de ne pas tirer mais ne les respectent pas, au risque de tuer les manifestants. l’organisation écrit dans un communiqué :
“ Depuis plusieurs années, B’Tselem avertit les autorités que les forces de sécurité lancent des bombes lacrymogènes directement sur les personnes lors des manifestations. l’organisation a exigé - tant lors des réunions avec les hauts responsables militaires que par lettre - que les commandants précisent aux soldats qui servent sur le terrain que le fait de tirer des bombes lacrymogènes directement sur une personne est illégal. Le gaz lacrymogène est censé servir de mesure de contrôle des foules non létale, et son utilisation comme substitut au tir réel est interdite. Par conséquent, le fait de tirer des bombes lacrymogènes directement sur des personnes enfreint les règles d’engagement.
Selon le porte-parole de Tsahal, ces manifestations n’ont pas de raison d’être :
“ rien n’empêche les Palestiniens d’atteindre les terres entourant le village de Nabi Saleh, et les raisons de ces manifestations ne semblent pas claires. De plus, les perturbations et la violence dans la région se produisent souvent parallèlement au travail agricole.
l’ONG B’Tselem installée en Cisjordanie, comprenant le parti qu’elle pouvait tirer des personnalités et des actions de Nabi Saleh confie aux Tamimi des caméras afin de filmer en continu les actions de l’armée dans ce coin de la Cisjordanie. Bilal Tamimi, neveu de Bassem est chargé de filmer. Il fonde l’agence Tamimi press.
l’intrusion des caméras change les comportements. Quelques israéliens et des militants d’autres pays se joignent aux habitants. Les manifestants poussent plus loin les provocations tandis que l’armée semble tétanisée. On voit la petite Ahed, dès l’âge de 11 ans, insulter les soldats en tête à tête ou brandir le poing.
“ La première fois, elle n’est qu’une frêle petite fille de 11 ans quand elle lève le poing face à un soldat israélien. Elle menace, pleine d’aplomb, de lui « éclater la tête ». 8
On la voit les mordre et les frapper. Elle a très vite conscience de la portée des images où elle figure.
L’armée israélienne sait comment contenir et répondre à la violence, mais ce cas de figure semble la dépasser. On peut penser qu’un soldat russe, turc ou algérien aurait trouvé une solution, même devant les caméras.
Ahed Tamimi attendant son procès |
L’intifada « 2.0 » selon certains est commencée, chaque action étant diffusée et commentée sur les réseaux sociaux. Les Tamimi et l’armée jouent tous le rôle qu’attendent leurs partisans.
Les scènes se succèdent avec plus ou moins de diffusions et d’échos. Celle du 28 août 2015, ou toute la famille Tamimi bouscule et mord un soldat qui tente d’entraver le petit frère Tamimi au bras dans le plâtre devient célèbre. En 2012, Ahed avait été reçu par le président turc Erdogan qui la félicite pour ses actions.
Ahed Tamimi est l’auteur de déclarations non ambiguë sur Israël :
“ Nous nous opposons au racisme, au sionisme, à tout le système d’occupation et pas seulement aux colonies. ”
Mais c’est l’affaire de la gifle qui va provoquer l’arrestation de la jeune femme qui a maintenant 17 ans. Elle est arrêtée le 19 décembre 2017, 4 jours après avoir insulté et giflé un soldat devant ( ou dans, c’est selon) la courette de sa maison.
Elle est arrêtée à cause de l’incident du 15 décembre, « mais aussi pour des faits antérieurs dont elle est soupçonnée, comme des jets de pierres et des agressions contre les soldats », selon le juge qui a validé sa garde à vue.
Sur une vidéo que filme sa mère, juste après l’épisode de la gifle, Ahed Tamimi déclare :
“ (…) que ce soient des attaques au couteau, des opérations de martyrs (c’est à dire des attentats-suicides à la bombe), des jets de pierres, tout le monde doit agir pour que nous puissions ainsi nous unir et permettre de faire passer notre message comme il convient, et atteindre l’objectif qui est la libération de la Palestine, si Allah le veut. ”
La raison de sa colère ce jour là serait qu’un cousin à elle , Mohammed Al-Tamimi, 15 ans venait d’être blessé à la tête par des balles en caoutchouc israéliennes. La photo de ce dernier circule sur internet. En attente d’une reconstruction crânienne, il montre un visage déformé, assez impressionnant. l’armée israélienne affirme que c’est la suite d’une chute de vélo. Le jeune aurait été percuté en pleine tête par le guidon en tombant..
Ahed Tamimi encourt une peine de sept ans de prison suite aux douze chefs d’inculpation à son encontre. Finalement seuls quatre sont retenus.
Elle est jugée à huis clos à partir du 13 février, tandis que partout dans les mondes des comités Ahed suivent et médiatisent l’affaire. Des pétitions en ligne circulent aussi.
Finalement le verdict est rendu le 22 mars 2018. Ahed Tamimi est condamnée à 8 mois de prison. Elle a plaidé coupable pour éviter les fourches caudines de l’ordonnance 101. Compte tenu des quatre mois déjà écoulés en prison, sa sortie est attendue pour juillet.
“ Selon l’ONG palestinienne Addameer, 274 mineurs palestiniens ont été arrêtés depuis le début de l’année 2018, et attendent à leur tour d’être jugés par un tribunal militaire israélien, où le taux de condamnation dépasse les 99%. 9
Du côté de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas vieillit, il a 83 ans. Marwan Barghouti est toujours en prison. Mohammad Dahlane, grand rival d’Abbas ou Saeb Erekat, ancien négociateur d’Oslo et secrétaire général de l’OLP peuvent peut-être prendre la relève. Mais il faudra certainement compter dans quelques années sur Ahed Tamimi dont les actions ont déjà montré quelle résonnance elles peuvent avoir chez les Palestiniens et leurs soutiens.
La famille Tamimi compte une personne qui s’est illustrée il y a quelques années en conduisant le 9 août 2001 le terroriste Izz al-din Shuheil al-Masri sur le site de la pizzeria bondée Sbarro dans un quartier animé de Jérusalem. Il se fait sauter faisant 15 morts et 130 blessés.10
Pour le journal Haaretz, pas vraiment favorable au pouvoir durant l’ère Nétanyahu, la famille Tamimi est moins pacifique qu’elle ne veut le faire croire.
“ Le père Bassem Tamimi a écrit en Octobre 2015 un article sur Facebook « alléguant que des Israéliens détenaient des enfants palestiniens pour leur voler leurs organes, et que les sionistes contrôlaient les médias pour supprimer cette information. Ce poste est d’autant plus remarquable que Bassem Tamimi encourage régulièrement ses propres enfants à affronter les soldats israéliens et a souvent préconisé la participation des enfants aux manifestations et aux manifestations.
Bassem Tamimi a également précisé qu’il appréciait le groupe terroriste libanais Hezbollah pour avoir combattu contre Israël, et il a récompensé un poste glorifiant les brigades du Hamas Al Qassam sur la page Facebook de sa fille avec un "Like"...
Nariman Tamimi - l’épouse de Bassems et la mère d’Ahed - ne manque presque jamais prendre parti sur Facebook, après une attaque terroriste pour féliciter l’agresseur comme un héros..
En juin 2016, [elle publie un ] post qui honore l’adolescente terroriste palestinienne qui venait de tuer Hallel Yaffa Ariel, 13 ans, dans son sommeil, après avoir fait irruption dans sa maison. ..
Alors que Nariman Tamimi publie habituellement en arabe sur Facebook, Manal Tamimi représente les Tamimis sur les réseaux sociaux en anglais depuis plusieurs années. Sa production sur Twitter, en particulier, reflète une intense haine des Juifs et un soutien indéfectible au terrorisme.
Pour Manal Tamimi, Yom Kippour est le jour où "le sioniste vampire célèbre en buvant du sang palestinien" - une pratique qui, elle l’espère, finira par s’avérer mortelle. Quand un tireur arabo-israélien a tué deux personnes et en a blessé sept dans un pub à Tel-Aviv le 1er janvier 2016, Manal Tamimi était en liesse: "#TelAviv sous le feu - Il n’y a aucun endroit sûr où ces sionistes peuvent se cacher". tweet orné d’une émoticone de victoire. 11
Ils ont occupé nos terres, ils ont tiré sur des enfants en bas âge et pris pour cible des maisons et des personnes, tout le monde devrait gifler les soldats.
Elle ajoute aussi vouloir « continuer sur la voie des martyrs » et s’est dite prête à mourir « pour la libération de la Palestine ». Elle appelle ensuite ,lors d'un interview à la télévision tunisienne, à « la libération de la Palestine dans son intégralité ».
Excepté le facteur religieux, elle semble ainsi rejoindre la philosophie (martyrs) et les buts du Hamas (disparition d'Israël)
1 Victor Guerin (1821-1890) a mené de nombreuses missions en Palestine (1852, 1854, 1863). Il en revient convaincu que « en Orient, presque toutes les questions politiques deviennent en même temps des questions religieuses » Il est l’auteur d’une « Description géographique et archéologique de la Palestine »
2 Pour mémoire, la Cisjordanie était alors occupée et annexée par la Transjordanie, transformée en Jordanie. C’est cette dernière qui a attaqué Israël le 5 juin, persuadée que l’Égypte volait de victoires en victoires, comme le répétaient les messages radios du Caire.
3Gideon Levy, Haaretz, 22/04/2010
4Cf infra
6 B’Tselem, cité par le Parisien et l’obs du 11 décembre 2011, Heurts en Cisjordanie lors des obsèques d’un manifestant palestinien.
7l’obs du 11 décembre 2011
8Le Parisien, 13 février 2008, R.K.
9 Libération, Guillaume Gendron, 21 mars 2018
10Cf supra 9 aout 2001
11Haaretz, Petra marquardt-bgiman, 05/01/2018
- l'incarcération des mineurs en Israël et chez ses voisins
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