Le 10 décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte était élu président de la IIe République, pour un mandat de 4 ans non renouvelable, au suffrage universel masculin avec 5 434 226 voix favorables (sur 10 026 000 inscrits, 7 326 345 avaient voté).
Le 20 décembre, après avoir prêté serment, il prononça un discours devant les députés de l’Assemblée nationale. Peu après, le président de la République était conduit à son domicile officiel, le palais de l’Élysée.

Ce n’est que le 11 octobre 1848 qu’avait été votée l’abrogation de la loi du 10 avril 1832, bannissant les Bonaparte du territoire français.

Prestation de serment de Louis-Napoléon Bonaparte, premier président de la IIe République française, 20 décembre 1848 (BnF, coll. De Vinck) © BnF (id. Gallica btv1b53018611d)

 

Serment

 

« En présence de Dieu et devant le Peuple français, représenté par l’Assemblée nationale, je jure de rester fidèle à la République démocratique, une et indivisible, et de remplir tous les devoirs que m’impose la Constitution ».

Après la lecture du serment par Armand Marrast (1801-1852), président de l’Assemblée nationale, Louis-Napoléon Bonaparte prononça « je le jure. »

 

Discours de Louis-Napoléon Bonaparte

 

« Citoyens représentans [NDE : l’orthographe de l’époque a été respectée]


Les suffrages de la nation et le serment que je viens de prêter commandent ma conduite future. Mon devoir est tracé ; je le remplirai en homme d’honneur.


Je verrai des ennemis de la patrie dans tous ceux qui tenteraient de changer, par des voies illégales, ce que la France entière a établi.
Entre vous et moi, citoyens représentans, il ne saurait y avoir de véritables dissentimens. Nos volontés, nos désirs sont les mêmes.
Je veux, comme vous, rasseoir la société sur ses bases, affermir les institutions démocratiques, et rechercher tous les moyens propres à soulager les maux de ce peuple généreux et intelligent qui vient de me donner un témoignage éclatant de sa confiance.


La majorité que j’ai obtenue, non seulement me pénètre de reconnaissance, mais elle donnera au Gouvernement nouveau la force morale sans laquelle il n’y a pas d’autorité.
Avec la paix et l’ordre, notre pays peut se relever, guérir ses plaies, ramener les hommes égarés et calmer les passions.


Animé de cet esprit de conciliation, j’ai appelé près de moi des hommes honnêtes, capables et dévoués au pays, assuré que, malgré les diversités d’origine politique, ils sont d’accord pour concourir avec vous à l’application de la Constitution, au perfectionnement des lois, à la gloire de la République.


La nouvelle administration, en entrant aux affaires, doit remercier celle qui la précède des efforts qu’elle a fait pour transmettre le pouvoir intact, pour maintenir la tranquillité publique.
La conduite de l’honorable de l’honorable général Cavaignac a été digne de la loyauté de son caractère et de ce sentiment du devoir qui est la première qualité du chef d’un État.


Nous avons, citoyens représentans, une grande mission à remplir, c’est de fonder une République dans l’intérêt de tous, et un gouvernement juste, ferme, qui soit animé d’un sincère amour du progrès sans être réactionnaire ou utopiste.
Soyons les hommes du pays, non les hommes d’un parti, et, Dieu aidant, nous ferons du moins le bien si nous ne pouvons faire de grandes choses. »

 

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