10 janvier : affrontements entre l'armée indépendantiste Kachin (KIA) et l'armée, forçant 4000 personnes à tenter, sans succès, de fuir vers la Chine
9 mars : L'autorité bouddhique suprême de Birmanie, le Sangha Maha Nayaka, prononce à l'encontre du moine extrémiste Wirathu, une interdiction de parler en public pendant un an.
25 mars: confrontation entre l'armée et des membre de l'Armée du Sud de l'État Shan, pourtant signataire du cessez le feu de 2015.
24 mai : début de la seconde conférence de la Paix de Panglong (après 2015) à NayPyidaw, avec sept groupes armés n'ayant pas signé le cessez-le-feu en 2015.
9 septembre : alors que les rumeurs vont bon train sur les exactions qu'auraient commis des Rohingya, l'ONU compte 300 000 personnes déplacées en 10 jours.
Selon LeMonde, la dirigeante ne regarde pas la vérité en face :
« Nous sommes inquiets de voir que beaucoup de musulmans fuient au Bangladesh et nous devons comprendre pourquoi. » En s’exprimant publiquement pour la première fois, mardi 19 septembre, depuis le début de la fuite en masse au Bangladesh des musulmans rohingya, la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi a préféré louvoyer, choisissant prudemment de ne pas décrire la réalité telle qu’elle est, tout en reconnaissant l’ampleur du problème. La réalité est pourtant très clairement identifiée : un processus d’épuration à l’encontre d’une minorité ethnique largement dépourvue de citoyenneté.
« Il y a eu des allégations et des contre-allégations » à propos de violations des droits de l’homme par les forces de sécurité, a poursuivi la ministre des affaires étrangères. Promettant que tout abus serait puni, « quelles que soient les origines ou la position de pouvoir » des personnes accusées, elle s’est empressée de préciser : « encore faut-il que nous disposions de preuves solides » de tels abus. Elle a aussi affirmé : « On parle toujours de ceux qui ont fui, mais pas de ceux qui sont restés et ne sont pas à couteaux tirés avec leurs voisins. » Et de conclure : « Il y a plus de 50 % de villages [dans les zones troublées] qui sont intacts. » Formule malheureuse : l’affirmation sous-entend donc que près d’une moitié a été détruite.
Aung San Suu Kyi « s’interroge » alors que tout le monde connaît les causes du problème. Après l’attaque menée le 25 août par des rebelles d’un groupe armé musulman rohingya contre une trentaine de postes de police birmans, qui a fait 12 morts chez les policiers, les forces de sécurité se sont lancées dans une nouvelle campagne de terreur à l’encontre de cette communauté de longue date réprimée au Myanmar (nom officiel du pays).
L’ancienne dissidente, qui doit faire face à la vague d’indignation internationale provoquée par son silence têtu depuis le début de la crise, devait malgré tout faire un geste pour montrer qu’elle reconnaissait la dimension de la tragédie. « Nous voulons que prenne fin la souffrance de tous », a-t-elle promis devant un parterre de diplomates et de journalistes réunis à Naypyidaw, la capitale. Une formule qui lui a également permis de relativiser le sort des Rohingya par rapport à celui d’autres communautés de la région, elles aussi victimes, mais sur une échelle considérablement moindre, des violences.
Alors que plus de 400 000 musulmans ont fui les cantons de l’ouest de l’Arakan, le discours de la chef de facto du gouvernement de Birmanie – elle possède le double titre de ministre des affaires étrangères et de « conseillère d’Etat » – était très attendu. Le ministre des affaires étrangères français, Jean Yves Le Drian, avait dit la veille espérer une « expression forte » de sa part, tandis que le Britannique Boris Johnson organisait une réunion sur le sort des Rohingya. Depuis le début de cette nouvelle crise, la « Lady » avait préféré laisser à son porte-parole le soin de dénoncer le« terrorisme » dans la région tout en exonérant policiers et militaires des accusations de crimes de guerre, de viols et de destructions de villages, dont font état les victimes arrivant au Bangladesh.
Après avoir décidé d’annuler son déplacement à New York pour assister à l’Assemblée générale des Nations unies, Mme Suu Kyi a choisi de faire un discours télévisé dans un immense centre de conférences internationales de Naypyidaw, dont la grandeur est à l’image de l’étrange, irréelle et presque déserte nouvelle capitale du pays, qui a remplacé Rangoun en 2006, fruit d’une décision de l’ancienne junte militaire.
La Prix Nobel de la paix 1991, dont le parti, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), a remporté les élections de novembre 2015, est désormais prisonnière d’une réalité fort différente de celle qui était la sienne quand elle était assignée à résidence par les militaires avec lesquelles elle pactise aujourd’hui. Elle estime ne pas avoir d’autres choix que de travailler avec l’armée, institution toute-puissante qui conserve la haute main sur les ministères-clés et dispose d’un quota automatique de 25 % de sièges réservés au Parlement.
Elle évite aussi de montrer publiquement tout soutien direct aux Rohingya, qu’elle appelle simplement des « musulmans » : dans une nation ouvertement islamophobe, de telles déclarations pourraient être politiquement coûteuses… De nombreux bouddhistes birmans appellent les Rohingya des « Bengalis », en référence à leur origine géographique.
Pour Amnesty international, le discours n'est qu'un "un tissu de mensonges":
Le 19 septembre, Aung Suu Kiy a prononcé un discours sur la crise que traverse l'État d'Arakan. Discours qui démontre qu'elle-même et son gouvernement préfèrent fermer les yeux sur les violences. Certains passages n'étaient rien de plus qu'un tissu de mensonges et de faute rejetée sur les victimes.
Des preuves accablantes témoignent de ce que les forces de sécurité sont engagées dans une campagne de nettoyage ethnique. S'il est positif d'entendre Aung San Suu Kyi condamner les violations des droits humains dans l'État d'Arakan, elle garde le silence sur le rôle des forces de sécurité dans ces événements.
Contrairement à ce qu'affirme Aung San Suu Kyi, les Rohingyas sont victimes de ségrégation dans l'État d'Arakan – ils sont privés de nationalité et en butte à de nombreux obstacles pour accéder aux services de santé et à d'autres services élémentaires. Les réfugiés qui ont fui vers le Bangladesh ne peuvent pas revenir vers ce statu quo désastreux.
Aung San Suu Kyi a souligné à juste titre les difficultés que génèrent les conflits dans d'autres régions du pays. Cependant, le fait demeure que les minorités ethniques subissent de graves atteintes aux droits humains imputables à l'armée, notamment dans les États kachin et chan. Ces pratiques se poursuivront tant que les forces de sécurité jouiront d'une impunité quasi-totale.
Aung San Suu Kyi affirme que son gouvernement ne craint pas l’examen international, mais ses mots sonnent creux. Le Myanmar a déclaré à plusieurs reprises qu'il ne coopérerait pas avec la mission d'établissement des faits mandatée par l'ONU en 2017. Si le Myanmar n'a rien à cacher, il devrait autoriser la venue d'enquêteurs de l'ONU dans le pays, y compris dans l'État d'Arakan. Il devrait aussi accorder aux organismes humanitaires un accès complet et sans entrave dans toutes les régions du pays, afin qu’ils puissent venir en aide à ceux qui en ont besoin.
2 octobre 2017 : L'Onu débloque un fonds d'urgence de 12 millions de dollars pour les réfugiés Rohingya
29 octobre 2017 : manifestation de soutien à l'armée à Yangon, réunissant 10 000 personnes
5 décembre : Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies adopte une résolution condamnant "la perpétration probable de crimes contre l'humanité" contre les Rohyingya en Birmanie.
12 décembre 2017 : arrestation de deux journalistes birmans de l'agence Reuters, Wa Lone et Kyaw Soe, qui ont enquête sur la découverte de charniers dans l'Etat d'Arakan.
24 décembre : résolution de l'Assemblée générale des Nations unies, à 122 voix pour et 10 contre, dont la Chine et la Russie, exhortant le gouvernement Birman à mettre fin aux opérations militaires contre les Rohingya et à autoriser les travailleurs humanitaires à accéder au pays.