Le Président tunisien Habib Bourguiba se rend à Jéricho, en Cisjordanie en mars 1965.  Il y prononce un discours qui tranche avec ceux de l'époque.

 

Le président tunisien Habib Bourguiba se distingue des autres chefs d'État arabes du Moyen-Orient en recommandant la reconnaissance d'Israël. Il justifie cette position en évoquant son approche des petits pas, préconisant une marche progressive, par étapes, vers l'indépendance des Palestiniens. Ce discours prononcé à Jéricho, en Cisjordanie, reçoit un accueil froid dans le monde arabe. ( Université Sherbrooke - Perspective monde )

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En 1965, le délégué de la Palestine à la ligue arabe demande l'expulsion de la Tunisie, membre depuis 1956 sans cependant l'obtenir. La résolution 292/12 du 1er avril 1960 de la ligue stipule en effet que tout Etat membre qui engagerait des négociations avec israël pour conclure un traité de paix unilatéral ou tout autre accord politico-militaire ou économique serait immédiatement exclu de la ligue. (cf La crise de la ligue arabe, Boutros-Ghali, 1968, Persée)

 

Extraits de l'allocution de Bourguiba

"Je ressens en ce moment un double sentiment d'émotion et de fierté. Ému, je le suis lorsque je pense à l'ampleur du désastre que nous avons subi en Palestine il y a dix-sept ans. Mais en même temps, l'enthousiasme qui vous anime, la volonté farouche que je lis sur vos visages, la détermination à reconquérir vos droits, tout cela me réconforte et consolide mon optimisme.

 

... l'enthousiasme et les manifestations de patriotisme, ne suffisent point pour remporter la victoire. C'est une condition nécessaire. Mais elle n'est pas suffisante. En même temps que l'esprit de sacrifice et de mépris de la mort, il faut un commandement lucide une tête pensante qui sache organiser la lutte, voir loin, et prévoir l'avenir. Or, la 1utte rationnellement conçue implique une connaissance précise de la mentalité de l'adversaire, une appréciation objective du rapport des forces afin d'éviter l'aventure et les risques inutiles qui aggraveraient notre situation.

 

 ... Nous devons profiter des expériences passées et nous imposer un grand effort de réflexion. Déjà nous sommes sur la bonne voie ; mais la voie est longue. Pour aboutir au but, notre action exige loyauté, sérieux et courage moral.

Il est extrêmement facile de se livrer à des proclamations enflammées et grandiloquentes. Mais il est autrement difficile d'agir avec méthode et sérieux. S'il apparaît que nos forces ne sont pas suffisantes pour anéantir l'ennemi ou le bouter hors de nos terres, nous n'avons aucun intérêt à l'ignorer, ou à le cacher. Il faut le proclamer haut. Force nous est alors de recourir, en même temps que se poursuit la lutte, aux moyens qui nous permettent de renforcer notre potentiel et de nous rapprocher de notre objectif par étapes successives. La guerre est faite de ruse et de finesse.

 

... notre défaite et l'arrêt de nos troupes aux frontières de la Palestine prouvent la déficience de notre commandement.

 

... Il ne faut pas qu'on accuse de défaitisme ou de compromission tel au tel leader arabe parce qu'il a proposé des solutions partielles ou provisoires si celles-ci représentent des étapes nécessaires sur la voie de l'objectif.

 

... Quant à la politique du « tout ou rien », elle nous a menés en Palestine à la défaite et nous a réduits à la triste situation où nous nous débattons aujourd'hui.


Nous n'aurions en aucune façon réussi en Tunisie si nous n'avions abandonné cette politique et accepté d'avancer pas à pas vers l'objectif.

 

... En Palestine, au contraire, les Arabes repoussèrent les solutions de compromis. Ils refusèrent le partage et les clauses du Livre blanc. Ils le regrettèrent ensuite."

 

voir aussi :

- Le texte complet du discours