Le 29 avril 1956, l'officier de 21 ans, Roy Rotenberg, responsable de la sécurité du Kibboutz, est tué et mutilé en patrouillant à la frontière entre Israël et Gaza. Son corps est trainé de son cheval à travers le champ de blé, la ligne d'armistice puis jusqu'à Gaza distant d'un kilomètre. Moshé Dayan se trouvait ce jour là au Kibboutz Nahal Oz où cette communauté relativement nouvelle se préparait à fêter quatre mariages durant la fête de Lag Baomer. Dayan avait rencontré Rotenberg. Le chef des armées fit le discours lors de l'enterrement avec ces propos:
"Hier à la tombée du jour, Roy a été assassiné. Le calme d'un matin de printemps l'a aveuglé, et il n'a pas vu les traqueurs de son âme cachés derrière le sillon.
Ne blâmons pas ses meurtriers aujourd'hui. Que pouvons nous dire à l'encontre de leur haine terrible envers nous ? Depuis huit ans maintenant, ils sont assis dans les camps de réfugiés de Gaza et ont vu comment , sous leurs yeux, nous avons transformé leur terre et leurs villages, où leurs ancêtres et eux-même résidaient auparavant, dans notre Etat.
Ce n'est pas parmi les Arabes de Gaza, mais en notre sein à nous que nous devons chercher la source du sang de Roy. Comment avons-nous pu fermer les yeux, refuser de regarder notre destin en face et de voir le sort de notre génération dans toute sa brutalité ? Peut-on oublier que ce groupe de jeunes assis à Nahal-Oz porte les lourdes portes de Gaza sur leurs épaules ?
Au delà du sillon de la frontière s'élève une mer de haine et de vengeance; une vengeance qui regarde vers le jour où le calme émoussera notre vigilance, le jour où nous écouterons les ambassadeurs de l'hypocrisie maligne qui nous appellent à déposer les armes.
Vers nous et nous seuls crie le sang de Roy, de son corps mutilé. Parce que nous avons juré un mille fois pour que notre sang ne soit pas versé à la légère – et encore une fois hier, nous nous avons été tentés, nous avons écouté et nous avons cru.
Aujourd’hui, soyons lucides sur nous-même. Nous sommes une génération qui colonise la terre, et sans le casque en acier et le canon de notre fusil, nous ne serons pas en mesure de planter un arbre ou de construire une maison.Nos enfants n'auront pas de vie à vivre si nous ne creusons pas d'abri; et sans la clôture de barbelés et la mitrailleuse, nous ne pourront pas ouvrir de chemin ni forer pour obtenir de l'eau.
Ne craignons pas de regarder en face la haine qui consume et remplit les vies de centaines d'arabes qui vivent autour de nous. Ne baissons pas les yeux, de peur que nos bras ne s'affaiblissent.
C'est le sort de notre génération. C'est notre choix - être prêts et armés, coriaces et durs – sans quoi l'épée nous échappera des mains et nos vies seront tranchées net.
Le jeune Roy, est parti de Tel-Aviv pour construire sa maison aux portes de Gaza pour être un rempart pour son peuple a été aveuglé par la lumière de son cœur et il n'a pas vu l'éclair de l'épée. L'aspiration à la paix a assourdi ses oreilles et il n'a pas entendu la voix du meurtrier en embuscade. Les portes de Gaza se sont révélées trop lourdes pour ses épaules, et l'ont vaincu."1
Le leader nationaliste Zeev Jabotinsky en 1923, dans son texte 'le mur de fer' n'avait pas dit autre chose :
" ..les autochtones, dans aucun pays, ni à aucune époque que ce soit, n'acceptent jamais l'établissement d'étrangers sur leurs terres. Toute nation autochtone, qu'elle soit civilisée ou primitive, considère son pays comme son « foyer national » où elle veut vivre et dont elle veut rester, éternellement, le propriétaire exclusif. Elle n'acceptera jamais de son plein gré, non seulement d'autres propriétaires, mais encore de partager son droit de propriété avec d'autres.
...Tout peuple autochtone lutte contre les étrangers qui s'établissent chez lui, tant que subsiste chez lui un espoir, quelque faible qu'il soit, de pouvoir écarter le danger de cet établissement. C'est ainsi que feront également les Arabes de Palestine, tant que subsistera, dans leur esprit, l'éternel espoir qu'ils parviendront à empêcher qu'on fasse de la Palestine arabe Eretz Israël, c'est-à-dire la Palestine juive.
À la suite de l'armistice de 1949 entre l'Égypte et Israël, l'Égypte occupe la bande de Gaza et refuse l'assistance d'aides internationales de l'ONU, destinées aux réfugiés palestiniens."23
1 Thirtenn day in September de Laurence Wright et Ari Shavit, ma terre promise p 330.
2 Refugee Politics in the Middle East and North Africa: Human Rights, Safety, and Identity, A. Ullah, 2014
3 Wikipedia article sur la diaspora palestinienne.