Le 3 octobre 1980, à 18h40, alors que le grand rabbin Williams lit la prière des morts, une forte explosion retentit dans la synagogue de la rue Copernic à Paris. Dix kilos d'explosif pentrite, dissimulés dans la sacoche d'une moto garée devant l'édifice, viennent d'exploser, tuant quatre personnes et faisant quarante-six blessés.
Il s'agit du premier attentat mortel contre la communauté juive de France depuis la Libération.
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Attentat de la rue Copernic en 1980. Les coupables courent toujours . (Photos Paris-Match)
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" L'enquête, l'une des plus anciennes instructions encore en cours en 2017 à Paris, attribue l'attentat, non revendiqué, au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS), un groupe né d'une scission du FPLP, et les renseignements français identifient, en 1999, Hassan Diab comme celui qui a confectionné l'engin explosif. Ce dernier assure qu'il se trouvait à Beyrouth (Liban) au moment des faits.
Le 13 décembre 2014, le parquet de Paris a requis le renvoi devant une cour d'assises spéciale d'Hassan Diab, unique suspect de l'attentat. Il est poursuivi pour assassinat "en relation avec une entreprise terroriste, tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste, et destruction volontaire de bien par l'effet d'une substance explosive ou incendiaire en relation avec une entreprise terroriste", précise le parquet.
Le parquet estime "les charges suffisantes" à l'encontre d'Hassan Diab, tout en relevant qu'il existe des "doutes" sur sa présence à Paris au moment des faits qui devront être débattus devant la cour, selon une des sources. Extradé en novembre 2014 du Canada et placé depuis en détention provisoire, le Libano-Canadien a toujours clamé son innocence dans l'attaque, qui a fait quatre morts et une quarantaine de blessés."
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Plaque commémorative de l'attentat de la rue Copernic, Paris
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Mais le 12 janvier 2018, la cour prononce un non-lieu,
Contre l'avis du parquet ..., les juges estiment que les charges à son encontre «ne sont pas suffisamment probantes» et «se heurtent à trop d'éléments à décharge»... Ils ordonnent la «mise en liberté immédiate» du Libano-Canadien qui a passé plus de trois ans en détention provisoire.
Pour Hassan Diab, le coupable ne peut-être qu'un homonyme, argument qu'il présentait déjà avant son extradition du Canada
Je n'étais au courant de rien. Je suis victime d'une nouvelle homonymie sans fondement. Mon nom de famille est très courant au Liban et dans les pays arabes. Quand je travaillais à l'Université américaine de Beyrouth, nous n'étions pas moins de quatre Diab, et il est arrivé que l'un de mes collègues reçoive un chèque qui m'était destiné !
Je n'ai jamais appartenu à aucune organisation palestinienne, ni milité politiquement. Je suis né à Beyrouth en 1953, j'ai étudié la sociologie là-bas et je n'ai fait qu'étudier. J'ai ensuite quitté le Liban pour les États-Unis dans les années 1980, parce que j'en avais assez de la guerre et de la violence.
Le non-lieu est ensuite annulé le 27 janvier 2021 par la cour d’appel de Paris,un revirement considérable salué par les victimes et attaqué en cassation par la défense. La cour de Cassation rejette alors le pourvoi et confirme donc le renvoi de M. Diab devant une cour d’assises spécialement composée pour « assassinats, tentatives d’assassinats et destructions aggravées, en relation avec une entreprise terroriste »
La cour d’appel avait en grande partie fondé sa décision sur le passeport de M. Diab, retrouvé par les enquêteurs porteurs de visas espagnols, un d’entrée le 20 septembre 1980 et un autre de sortie le 7 octobre 1980. Pour la défense de M. Diab, ces visas sont faux et sont contredits par plusieurs témoignages attestant qu’il était à Beyrouth en train de passer des examens.