Les haut-parleurs des mosquées de Silwann (Jérusalem-Est) auraient propagé la rumeur que des extrémistes juifs de l'organisation ‘les fidèles du mont du Temple’ projetaient poser la pierre angulaire de la reconstruction du temple de Salomon sur le mont dû Temple qui est aussi l'esplanade des Mosquées.
Des Palestiniens présents sur l'esplanade des Mosquées s'emparent alors de pierres qu'ils lancent en contrebas sur le parvis du mur des Lamentations, qu'il domine de 18 mètres, aux cris de « Allah Akbar », « djihad » et « mort aux Juifs ». Les pierres ont sans doute été apportées sur l'esplanade qui est une surface rase sur laquelle il est difficile de s'en procurer.
La foule en contrebas, sur le parvis est alors assez dense à l'approche de la fête de Simha Torah, mais par chance, il n'y aucun mort.
Sur l'esplanade, les 40 hommes des forces de sécurité israéliennes répliquent à balles réelles faisant 21 morts et 150 blessés parmi les émeutiers. 19 policiers sont blessés.
Le gouvernement israélien plaide la légitime défense. Il instaure un couvre-feu dans les territoires occupés jusqu’au 15 octobre. Puis, du 24 au 28, ils sont totalement isolés d'Israël, la frontière d'avant juin 1967 ayant été fermée.
Le 9, tandis que les réactions hostiles à Israël se multiplient dans le monde, en particulier dans les pays arabes, le président George Bush «déplore» la fusillade de Jérusalem et recommande «une plus grande modération» aux forces de l'ordre.
Au Conseil de sécurité de l'ONU, les États-Unis votent la résolution qui condamne Israël pour «les actes de violence » commis par ses forces de sécurité. Le gouvernement d'Itzhak Shamir refuse de recevoir une mission d'enquête de l'O.N.U. qui, selon lui, violerait la «souveraineté israélienne sur Jérusalem ».
À partir du 21, plusieurs Israéliens sont tués ou blessés à coups de couteau par des Palestiniens.
Le 24, une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l'O.N.U. est adoptée à l'unanimité : elle « déplore » le refus du gouvernement israélien de recevoir la mission d'enquête de l'O.N.U. Le 26, le rapport de la commission d'enquête israélienne reprend la thèse de la «provocation palestinienne» tout en rendant les chefs de la police responsables de l'impréparation et du comportement des forces de sécurité.
Des experts ont visité les hôpitaux qui ont recueillis les blessés et examinés ceux qui sont encore hospitalisés (38). La plupart ont été blessés dans le thorax, l'abdomen ou les membres supérieurs, par des balles à haute vélocité, tirées par les fusils M16 des gardes-frontières...
Les agences de Nations unies disposent également d'un document confidentiel qui recoupe les investigations faites par B'Tselem et Al-Haq1. Ce document confirme que les policiers et gardes-frontières ont retardé volontairement l'arrivée des ambulances sur les lieux de la fusillade.2
Le 3 novembre, le gouvernement israélien rejette le rapport dans lequel Javier Pérez de Cuellar préconise des mesures destinées à «assurer une meilleure protection des Palestiniens ».3
1 ONG palestinienne de défense des droits de l'homme fondée en 1979 par des avocats palestiniens.
2 Le Nouvel Observateur 25/10/1990. René Backmann