La Cisjordanie est ce territoire enclavé entre Israël et la Jordanie, occupé et géré conjointement par Israël et l'autorité palestinienne. Jusqu'en 1948, il s'appelait Judée et Samarie, en hébreu Yehouda vé Shomron ou en abrégé Yosh. L'appellation était utilisée par les Juifs, les Arabes, les Français, les Anglais et l'Onu.
"si les deux régions connues sous les noms de Judée et de Samarie le furent assurément par la Bible hébraïque et le Nouveau Testament, elles le furent aussi par les textes romains, politiques ou littéraires, des discours de Cicéron aux chroniques de Suétone en passant par les histoires de Tacite. Elles le furent aussi des classiques, et ni Corneille ni Racine n’en devinrent fictivement sionistes pour autant ; elles le furent encore des politiques qui, de 1937 à 1947, étudièrent les divers plans de partage sans recouvrir les noms de Judée et de Samarie par celui de Cisjordanie, alors pas encore émergé du vieux fleuve.
Pour qui la lit dans le texte, la résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations unies appelle encore en 1947 la Judée et la Samarie de leur nom historique.
Assurément aussi, la Judée et la Samarie sont encore appelées par leur nom dans le projet de partage de 1947, qui les place dans le territoire du virtuel État arabe de la résolution 181."
Dans son Histoire de la Palestine 1896-1940, Kayyâli relate les événements de 1936 et ignore bien sûr toute entité qui pourrait s’appeler artificiellement (et alors de manière anachronique) « Cisjordanie » : c’est ainsi qu’il évoque des incidents meurtriers dans la région de Tulkarem et Bala (au nord-ouest de ce qu’on peut appeler « Cisjordanie » aujourd’hui) et écrivant qu'ils « transformèrent la grève calme qui se déroulait en Samarie en une révolte sur tous les fronts » ;
en juin 1939, la Samarie est encore une entité administrative, rappelle Elias Sanbar qui observe que des pièces d’identité sont alors « délivrées dans les cinq districts de Jérusalem, Gaza, Samarie, Haïfa et Galilée » ;
en 1948, durant la guerre menée par les pays arabes contre Israël au lendemain de sa proclamation comme État, les districts de Samarie et de Judée sont encore appelés de leur nom respectif par les troupes proches des futurs Palestiniens, en l’occurrence la Légion arabe dont le chef Glubb Pacha rapporte dans ses mémoires que « les trois zones que la Légion arabe était chargée de défendre formaient les trois districts de Samarie, de Judée et d’Hébron », précisant que Naplouse était « la capitale du district de Samarie" ( extraits du blog d'Olivier Russbach)
La Transjordanie l'occupe lors de la guerre de 1948 et la nomme Cisjordanie. Elle réunit en l'annexant les deux rives trans- et cis- du Jourdain et forme la Jordanie.
Mais elle perd ce territoire en 1967 lors de la guerre des six jours. Elle reste à ce jour le seul pays à avoir annexé le territoire, qu'elle n'a pas laissé aux Palestiniens pour les laisser construire un État.
La Cisjordanie est présentée comme un territoire occupé, allant à l'encontre des lois internationales. Faute d'avoir été conquise sur un État palestinien qui n'existait pas ( et la Jordanie a laissé tomber ses prétentions en 1988), c'est pour les Israéliens un territoire disputé. Deux parties sont en lice, Israël et l'autorité palestinienne.
La résolution 242 du conseil de sécurité ne critique pas l'occupation, issue du conflit, mais l'annexion éventuelle
"Le conseil de sécurité,
Soulignant l'inadmissibilité de l'acquisition de territoire par la guerre et la nécessité d'œuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque État de la région de vivre en sécurité ..."
Il lié son exigence de retrait des forces armées israéliennes (i) , à la cessation de toute belligérance et que soit reconnue toute souveraineté, donc l'Etat d'Israël puisqu'il s'agit ici d'une contrepartie (ii)
"1. Affirme que l'accomplissement des principes de la Charte exige l'instauration d'une paix juste et durable au Moyen-Orient qui devrait comprendre l'application des deux principes suivants :
i) Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit ;
ii) Cessation de toutes assertions de belligérance ou de tous états de belligérance et respect et reconnaissance de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique de chaque État de la région et leur droit de vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues à l'abri de menaces ou d'actes de force."
Depuis les accords d'Oslo, signés par les Israéliens et les Palestiniens en 1993 et 1995, la Cisjordanie est découpée en 3 zones, avant d'arriver à signer une hypothétique paix.
Mais le processus de paix est en panne depuis l'assassinat de Ytzhak Rabin en 1995, et l'intifada de 2000. L'accord qui devait être intérimaire s'éternise.
La situation actuelle est née de ces accords qui n'ont pas été dénoncés.
La barrière de sécurité a mis fin à une campagne d'attentats sans précédent. Et son utilité n'est pas remise en cause. Mais le découpage géographique qu'elle inclut est mis en avant, car il est problématique à l'ouest en permettant à la barrière de sécurité d'empiéter sur le territoire.
Un focus sur la population est aussi intéressant.
Actuellement 6% de la population vit sous autorité israélienne seule tandis que 94% des palestiniens de Cisjordanie vivent sous autorité conjointe palestinienne et israélienne ou palestinienne seule.
Ainsi, la zone A (qui recouvre aujourd'hui environ 18% de la superficie totale des territoires) regroupe près de 50% de la population). Elle est sous le contrôle civil et militaire palestinien et englobe les grandes villes, à l'exception d'Hébron, qui est en partie contrôle de l'armée israélienne.
La zone B (actuellement près de 18% du territoire ) , comprend 40% de la population. Elle dépend du contrôle civil palestinien et du contrôle militaire conjoint israélo-palestinien et comprend essentiellement des communes rurales et des villages.
La zone C (qui représente aujourd'hui à peu près 60% du territoire ) , abrite environ 6% de la population. C'est la seule bande de terre continue. Elle se trouve entièrement sous contrôle israélien, tant au plan civil que militaire. Ces territoires se composent avant tout de zones peu peuplées, de villages palestiniens et de colonies israéliennes.
Sources : Arte , élaboré sur la base d'une carte et des informations de l'OCHA (Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations-unies)