Pourim se fête le 14 Adar (vers mars) chaque année.

Le mot signifie "les sorts"

 

L'Empire Perse et la Vie des Juifs

L'histoire de Pourim se déroule dans l'Empire perse, sous le règne du roi Assuérus, souvent identifié à Xerxès I (qui régna de 486 à 465 avant notre ère).

Cet empire, l'un des plus vastes de l'Antiquité, s'étendait de l'Inde à l'Éthiopie, englobant une multitude de cultures, de langues et de religions. Les Perses avaient établi un système administratif sophistiqué et tolérant, permettant à diverses communautés de conserver certaines de leurs traditions, à condition de rester loyales à l'autorité centrale.

Parmi ces communautés se trouvait une importante population juive.

Après la destruction du premier Temple de Jérusalem par Nabuchodonosor II en 586 avant notre ère, de nombreux Juifs avaient été exilés à Babylone. Lorsque l'Empire perse conquit Babylone, la situation des Juifs changea radicalement. Cyrus le Grand, fondateur de l'Empire perse, leur permit de retourner à Jérusalem pour reconstruire leur temple, mais beaucoup choisirent de rester en Perse. Là, ils s'épanouirent dans une société multiculturelle, bénéficiant d'une certaine liberté religieuse tout en s'intégrant économiquement et socialement.

Lors du récit, à la mention du nom du méchant Vizir Haman, les fidèles agitent des crécelles et font du chahut, dans une joyeuse atmosphère de carnaval. On mange des pâtisseries traditionnelles et l’on monte de courtes pièces de théâtre ou sketches dans lesquels on use de la parodie et de la satire.

 

La Reine Vasti et l'Ascension d'Esther

Le Livre d'Esther commence par la description d'une grande fête organisée par le roi Assuérus à Suse, la capitale impériale, pour montrer sa richesse et sa puissance. Cette fête, qui dura six mois, culmina par un banquet de sept jours pour l'élite de l'empire.

Au cours de ce banquet, le roi, dans un moment d'ivresse et de vantardise, demanda à sa reine, Vasti, de paraître devant ses invités pour exhiber sa beauté. Vasti, cependant, refusa de se soumettre à cette humiliation publique, un acte de défi qui entraîna sa destitution.

Cet événement ouvrit la voie à une recherche à l'échelle de l'empire pour trouver une nouvelle reine.

Esther, une jeune femme juive orpheline élevée par son cousin Mardochée, fut choisie pour participer à cette sélection. Sa beauté, sa grâce et sa sagesse impressionnèrent le roi, et elle fut couronnée reine, bien que son identité juive restât secrète.

Mardochée son oncle, conscient des dangers potentiels, lui conseilla de ne pas dévoiler ses origines, une décision stratégique qui s'avérera déterminante pour le salut de son peuple.

 

Le Complot de Haman et la Crise

La Montée en Puissance de Haman :  Simultanément à l'ascension d'Esther, Haman, un Agaggite ambitieux et rusé, fut promu au rang de vizir, devenant ainsi l'un des personnages les plus puissants de l'empire perse.

Haman était connu pour sa fierté et sa soif de pouvoir, exigeant que tous les serviteurs du roi se prosternent devant lui en signe de respect.

Cependant, Mardochée, en raison de sa foi et de ses principes, refusa de s'incliner devant Haman, considérant ce geste comme une forme d'idolâtrie. Cette insubordination publique de Mardochée irrita profondément Haman, qui nourrissait une rancœur croissante envers lui.

Plutôt que de se contenter de punir Mardochée seul, Haman décida d'étendre sa vengeance à l'ensemble du peuple juif, qu'il considérait comme un obstacle à son pouvoir. Il élabora un plan pour les exterminer tous, utilisant sa position d'influence pour convaincre le roi Assuérus que les Juifs constituaient une menace pour l'unité de l'empire en raison de leurs lois et coutumes distinctes.

 

Le Tirage au Sort et le Décret de Destruction :  Afin de déterminer la date exacte de l'exécution de son plan, Haman utilisa le "Pour" (le sort), un moyen divinatoire courant à l'époque pour prendre des décisions importantes.

Le sort désigna le 13ème jour du mois d'Adar comme date de l'extermination des Juifs.

Haman présenta ensuite son plan au roi, justifiant la nécessité de ce décret par des arguments fallacieux sur la dangerosité des Juifs pour l'ordre public. Il offrit également de verser une énorme somme d'argent au trésor royal pour compenser la perte de revenus que cette extermination pourrait causer.

Le roi, influencé par Haman et inconscient de l'identité juive de sa reine, donna son accord en scellant le décret avec son anneau royal, rendant ainsi l'ordre irrévocable.

Ce décret fut envoyé à toutes les provinces de l'empire, semant la peur et le désespoir parmi les Juifs, qui se voyaient condamnés à mort sans recours possible.

 

La Réaction de Mardochée : Lorsque Mardochée apprit la nouvelle du décret, il fut frappé de terreur et de chagrin.

Il déchira ses vêtements, se couvrit de cendres et se livra à un deuil public à la porte du palais, un acte de désespoir mais aussi de protestation.

Mardochée savait qu'il devait agir rapidement pour tenter de sauver son peuple.

Il envoya un message urgent à Esther, lui demandant d'intercéder auprès du roi pour annuler le décret. Cependant, Esther était consciente des risques énormes associés à une telle démarche : selon la loi perse, quiconque se présentait devant le roi sans y être invité risquait la mort, à moins que le roi ne tende son sceptre en signe de clémence.

Mardochée, cependant, pressa Esther de ne pas se taire, lui rappelant que son statut de reine ne la protégerait pas de la destinée de son peuple. Il l'encouragea à considérer que sa position privilégiée pouvait être vue comme une opportunité providentielle pour agir en faveur des Juifs.

 

 Le Courage d'Esther et le Renversement du Destin

La Décision d'Esther :  Malgré ses craintes, Esther prit la décision courageuse de risquer sa vie pour sauver son peuple.

Elle demanda à Mardochée de rassembler tous les Juifs de Suse pour jeûner et prier pendant trois jours avec elle, cherchant la force et la guidance divine pour l'épreuve à venir.

Ce jeûne collectif symbolisait non seulement une préparation spirituelle mais aussi une démonstration de solidarité communautaire face à la crise. Après cette période de jeûne, Esther se para de ses plus beaux atours et se présenta devant le roi, prête à affronter son destin.

Le roi, visiblement touché par son courage et sa détermination, lui tendit son sceptre doré en signe de clémence, lui permettant de parler.

 

Les Banquets Stratégiques :  Plutôt que de révéler immédiatement sa requête, Esther invita le roi et Haman à un banquet qu'elle avait préparé. Cette invitation inattendue piqua la curiosité du roi et attisa l'orgueil de Haman, qui se sentit honoré d'être convié à un tel événement.

Lors de ce premier banquet, Esther repoussa encore sa demande, invitant les deux hommes à un second banquet le jour suivant. Ce stratagème permit à Esther de capter toute l'attention du roi et de préparer le terrain pour sa révélation.

Lors du second banquet, Esther révéla finalement sa véritable identité en tant que Juive et implora le roi de sauver sa vie et celle de son peuple, exposant le complot de Haman dans toute son atrocité.

 

La Chute de Haman :  Le roi, stupéfait et furieux d'apprendre que Haman avait orchestré un complot qui menaçait non seulement sa reine mais aussi un peuple entier sous sa protection, quitta le banquet en colère pour réfléchir à la situation.

Lorsqu'il revint, il trouva Haman en train de supplier Esther pour sa vie, une scène que le roi interpréta comme une agression envers sa reine. Cet acte fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase pour Assuérus.

En un tournemain, Haman fut arrêté et, dans une ironie du sort cruelle et symbolique, pendu sur la potence qu'il avait lui-même préparée pour Mardochée. Ce renversement de situation marqua non seulement la fin tragique de Haman mais aussi le début de la délivrance pour les Juifs de l'empire.

 

 La Délivrance et l'Institution de Pourim

Le Nouveau Décret et la Défense des Juifs Bien que le décret initial ne puisse être annulé, en raison des lois irrévocables de l'empire perse, le roi permit à Esther et Mardochée d'émettre un contre-décret.

Ce nouvel édit autorisait les Juifs à se rassembler et à se défendre contre leurs agresseurs, transformant ainsi leur statut de victimes prédestinées en celui de combattants légitimes.

Le 13 Adar, jour prévu pour leur extermination, les Juifs se mobilisèrent dans toutes les provinces de l'empire, soutenus par les autorités locales qui craignaient la colère royale. Grâce à cette préparation et à la faveur royale, les Juifs purent repousser leurs ennemis avec succès, déjouant ainsi le complot qui menaçait leur existence.

 

L'Institution de Pourim

Mardochée, devenu un personnage influent à la cour, envoya des lettres à toutes les communautés juives de l'empire, instituant la fête de Pourim pour célébrer cette délivrance miraculeuse.

Le nom "Pourim", dérivé du mot "Pour" (sorts), fait référence à la méthode utilisée par Haman pour déterminer la date de l'extermination, soulignant ainsi le rôle du hasard et de la providence dans le renversement de leur destin.

Les célébrations de Pourim furent fixées aux 14 et 15 Adar, les jours suivant la victoire des Juifs. Ces jours de fête sont marqués par des lectures publiques du Livre d'Esther, des festins joyeux, l'envoi de mets (mishloach manot) entre amis et les dons aux pauvres (matanot la'evyonim), renforçant ainsi les liens communautaires et l'esprit de solidarité.

 

Impact et Héritage de Pourim

Pourim est depuis devenu un symbole puissant de la survie et de la résilience du peuple juif face à l'adversité et à l'oppression. Il rappelle que même dans les moments les plus sombres, la foi, le courage et l'unité peuvent mener à des renversements de situation inattendus et miraculeux. Cette fête, avec ses coutumes joyeuses et festives, a inspiré au fil des siècles une riche tradition de créations artistiques, littéraires et théâtrales, notamment les pourimshpiels, des pièces de théâtre humoristiques et satiriques jouées à cette occasion.

Pourim est également l'occasion pour les enfants et les adultes de se déguiser, symbolisant l'idée que les apparences peuvent être trompeuses, tout comme les événements du Livre d'Esther.

À travers les âges, Pourim a continué de rappeler aux Juifs du monde entier l'importance de se réjouir et de célébrer la vie, même face aux défis les plus ardus, faisant de cette fête un moment de joie et de renouveau pour toute la communauté.

Pourim reste une fête vibrante et joyeuse, marquant la victoire de l'espoir et de la vie sur la menace de l'annihilation. En honorant cette histoire, les communautés juives rappellent chaque année que même le plus faible des groupes peut survivre et prospérer grâce à la solidarité et à la persévérance, renforçant ainsi l'esprit collectif et la mémoire culturelle durable.

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