Les Caravansérails d'Acre (Akko) sont les témoins du commerce et de l’histoire de la ville. Outre le khan Al-Umdan il y a trois autres khans dignes d'intérêts dans la ville.
le Khan al-Shawarda, le Khan al-Franj et le Khan al-Shunah.
Chacun d’eux possède une histoire singulière et une architecture remarquable, témoignages de leur époque et de leur fonction.
Khan al-Shawarda : Le Caravansérail des Marchands
Construit sous la période ottomane, probablement sous le règne du gouverneur Ahmad al-Jazzar à la fin du XVIIIe siècle, le Khan al-Shawarda était destiné aux riches marchands de passage à Akko. Son nom, dérivé du mot arabe shawarid (marchands ambulants), reflète son rôle clé dans le commerce international.
Durant l’Empire ottoman, ce caravansérail prospérait grâce à la route commerciale reliant Akko aux villes de Damas et d’Istanbul. Il accueillait des négociants juifs, chrétiens et musulmans venus d'Europe et du Moyen-Orient pour échanger des produits de luxe et des matières premières.
Situé non loin du port, le Khan al-Shawarda est un édifice carré à deux niveaux organisé autour d’une grande cour centrale. Le rez-de-chaussée abritait les entrepôts et les écuries, tandis que le premier étage servait de logements aux commerçants et voyageurs.
Lors de la visite, on peut observer les arches imposantes qui entourent la cour, typiques de l’architecture ottomane, les vestiges des entrepôts, où l’on stockait autrefois les épices et la soie, et les portes en bois massives, souvent cloutées, qui témoignent des mesures de sécurité de l’époque.
Aujourd’hui, le Khan al-Shawarda est partiellement restauré et abrite des ateliers d’artisans ainsi que des expositions temporaires sur l’histoire d’Akko.
Khan al-Franj : L’Héritage des Marchands Européens
Le Khan al-Franj, ou « Caravansérail des Francs », doit son nom aux marchands chrétiens d’Europe (Franj) qui y séjournaient dès l’époque des Croisades. Bien qu’il ait été reconstruit sous la période ottomane, ses origines remontent au XVIe siècle, quand Akko était un centre commercial vital entre l’Orient et l’Occident.
Les Vénitiens, les Génois et les Marseillais y établissaient leurs comptoirs, facilitant l’importation de produits de luxe tels que le verre de Murano et les étoffes de soie. Plus tard, le khan fut transformé en centre administratif ottoman avant d’être progressivement abandonné.
L’un des mieux conservés d’Akko, le Khan al-Franj suit un plan rectangulaire et offre une architecture plus épurée que les autres caravansérails. En se promenant à l’intérieur, on peut admirer une immense cour centrale, où se déroulaient les transactions commerciales, des arcades élégantes, marquées par l’influence italienne et levantine et des salles voûtées, qui servaient autrefois de dépôts et de bureaux pour les négociants.
Aujourd’hui, il est partiellement ouvert au public et utilisé pour des événements culturels.
Khan al-Shunah : L’Entrepôt Transformé
Moins connu que les deux autres, le Khan al-Shunah était à l’origine un entrepôt (d’où son nom shunah, signifiant « grenier » en arabe). Construit sous l’Empire ottoman, il était principalement destiné au stockage des céréales, des huiles et des marchandises destinées à être expédiées par mer.
Avec le déclin commercial d’Akko au XIXe siècle, le khan fut progressivement abandonné, avant d’être réhabilité au XXe siècle pour des usages culturels et touristiques.
Le Khan al-Shunah se distingue par une structure plus basse et massive, typique des bâtiments de stockage, un intérieur voûté, conçu pour maintenir une température stable et préserver les denrées, et des ouvertures réduites, minimisant l’exposition aux intempéries et aux voleurs.
Aujourd’hui, ce khan abrite des galeries d’art et des ateliers de restauration de vestiges archéologiques, offrant aux visiteurs une perspective unique sur le patrimoine d’Akko.
Les caravansérails d’Akko ne sont pas de simples vestiges architecturaux : ils sont le reflet d’une époque où la ville était un carrefour commercial entre l’Orient et l’Occident. Chacun, du Khan al-Shawarda au Khan al-Shunah, en passant par le Khan al-Franj, raconte une facette de l’histoire économique et culturelle de la région.
Aujourd’hui, restaurés ou réaménagés, ils continuent de jouer un rôle dans la vie culturelle et touristique d’Akko, témoignant du génie architectural et du dynamisme commercial du passé