S’exprimant devant le Parlement européen, Mahmoud Abbas déclare :
un certain nombre de rabbins en Israël ont tenu des propos clairs, demandant à leur gouvernement d’empoisonner l’eau pour tuer les Palestiniens.
La source de son affirmation proviendrait selon lui d’un certain rabbin Melamed de Cisjordanie que personne ne retrouve…
Il ajoute que cet appel entre dans le cadre d’attaques qualifiées par lui d’incitation à la violence contre les Palestiniens. Le discours retransmis dans un documentaire d’Arte montre la standing ovation qui lui est ensuite adressée par un hémicycle quasiment plein.1
Abbas ajoute
Une fois que l’occupation cessera, le terrorisme disparaîtra, il n’y aura plus de terrorisme au Moyen-Orient ni nulle part ailleurs dans le monde .
Il donne ainsi la cause, l’origine et la responsabilité aux Israéliens de la vague de terrorisme qui touche tous les pays occidentaux mais aussi arabo-musulman à cette époque.
Rapidement Abbas se rétracte. Son bureau publie un communiqué :
Après la vérification de la prétendue déclaration attribuée à un rabbin au sujet de l’empoisonnement des puits qui s’avère sans fondement, l’Autorité palestinienne souligne qu’elle n’a pas l’intention de nuire au judaïsme ni au peuple juif, en conformité avec le profond respect que nous avons pour toutes les religions, y compris pour le judaïsme.
Mahmoud Abbas n’avait cependant pas innové avec ses accusations d’empoisonnement de puit. On en trouve une première trace en 1319, les Juifs étant alors accusés de propager la lèpre par ce moyen. En 1321, la même rumeur provoque un massacre de 160 juifs dans le Dauphiné. Lors de la grande peste de 1348-1349, elle avait été le catalyseur de plusieurs massacres de Juifs en France comme en Allemagne.
Ces propos font écho à d’autres, qu’il avait tenu en Arabe à la télévision de l’AP en septembre 2015 :
Nous accueillons chaque goutte de sang versé à Jérusalem. Ce sang pur, ce sang propre, ce sang qui chemine vers Allah. Avec l’aide d’Allah, chaque martyr sera au paradis et chaque blessé recevra sa récompense. Toutes leurs actions [des israéliens] , nous ne les permettrons pas.
(…) Toutes ces divisions – Al-Aqsa est nôtre et le Saint-Sépulcre est nôtre, entièrement nôtres. Ils n’ont pas le droit de les souiller avec leurs pieds sales et nous ne le leur permettront pas ». 2
Ban Ki-Moon avait alors réagi, craignant que ces déclarations incendiaires attisent les tensions…
1 France24 du 23/06/2016