
La seule synagogue subsistante en Corse avec les deux synagogues récente du mouvement Beth Habad). La synagogue Beit Meïr a été construite en 1934, du nom d'un rabbin de la Mishna. C'est le rabbin Meir Toledano, installé en 1924 à Bastia qui en est à l'origine.
(cf site de la synagogue www.synagoguecorsebastia.org)

Sur l'histoire de Juifs de Corse
En 1763, le général Paoli accède à la requête d'un Juif nommé Modigliani installé parmi les premiers habitants de la cité d’Ile Rousse, de bénéficier du même droit de vote que les habitants nationaux. Paoli lui répondit positivement en expliquant que « la liberté en Corse n'a pas de confession et ne consulte pas l'Inquisition ».

Les Juifs en Corse durant la première guerre mondiale
" Pendant la Première Guerre mondiale, des familles juives originaires du Maroc et d'Algérie mais vivant à Alep (actuelle Syrie) et à Tibériade (aujourd'hui située en Israël), sont chassées par les ravages de la campagne du Sinaï et de la Palestine que mènent les armées de l'Empire ottoman et de l'Empire allemand.

Elles parviennent à faire valoir leur nationalité française grâce aux décret Crémieux et au traité de Fez. De fait, elles sont expulsées de l'empire Ottoman à l'été 1915. Embarquées depuis Beyrouth et Jaffa, les familles sont d'abord reçues en Crète d'où elles sont finalement refoulées. Prises en charge par la marine française, elles sont débarquées au port d'Ajaccio le 14 décembre 1915.
À l'arrivée des Juifs dont 200 enfants, la solidarité corse s'organise. L'épouse du préfet Albert Marie Georges Henry aide les miséreux. « Un grand élan populaire vient au secours de ces 740 démunis, des « Syriens » qui ne parlent que l’arabe et l’hébreu ». Des bulletin de paie d'instituteurs montrent qu'ils ont versé une partie de celle-ci pour payer le tissu permettant de confectionner des habits européens pour les « Syriens ». Les réfugiés sont installés dans l'ancien séminaire d'Ajaccio. Chaque famille y dispose d'une chambre. Un temple avec un mikvé sont installés.
«Sur les instances du préfet, et avec le concours de Baruch Israël, le chef de l’unique famille juive d’Ajaccio, l’organisation communautaire s’ébauche. Début janvier 1916, un Comité israélite franco-syrien, présidé par Moïse Abbo se constitue au sein des réfugiés, chargé de les représenter auprès des autorités. Jacob Aknine, rabbin de Tibériade, est désigné comme « Grand Rabbin des réfugiés Israélites de Palestine », à charge pour lui de s’occuper des besoins religieux et de trancher les différends»
Rapidement des tensions entre les juifs d'origine algérienne et ceux d'origine marocaine se font jour. Il est donc décidé de transférer ces derniers à Bastia.
Ces 180 "Syrianos", qui sont en réalité des Marocains, y retrouvent la vingtaine de familles de "Turchinos" venus de Constantinople et établis vers 1895 autour du port de Bastia.
La vie communautaire se structure rapidement. Une synagogue plus vaste que le temple officieux qu'avaient créé les Turcs est installé dans le quartier des Docs. Salomon ben Samoun, est nommé « grand-rabbin » et un rouleau de Sefer Torah est offert par la communauté voisine de Livourne. Les juifs s'intègrent rapidement et reçoivent de nombreuses marques de sympathie et de solidarité de la part des Corses et des autorités bastiaises, dont le rabbin les remercie en écrivant à Bastia-Journal
À la suite de la Déclation Balfour, il est question pour les juifs réfugiés en Corse de retourner vers la Palestine. Leur départ est retardé par les tensions qui apparaissent dans la région. «Ce n’est que le 4 août 1920, alors qu’une administration civile vient d’être mise en place par les Britanniques à Jérusalem, que les réfugiés, volontaires pour retourner chez eux, sont rassemblés dans le port d’Ajaccio et embarquent via Beyrouth pour la Palestine ». Quelques familles décident cependant de rester en Corse. " in wikipedia
Les Juifs en Corse sous l'occupation
Le préfet de Corse Paul Balley, profitant sans doute de l’isolement de l’île, n’a appliqué qu’avec mollesse et lenteur les directives de recensement des Juifs ordonné par le gouvernement de Vichy en application de la loi du 2 juin 1941.
« La préfecture entame le recensement à partir de décembre 1942 » (Hélène Chaubin, Corse des années de guerre, p. 47, Tirésias, 2005), c'est-à-dire sous l'occupation italienne.
Le résultat de ce recensement fut très modeste puisque sur 800 personnes concernées 146 ont vu leur carte d'identité ornée de la mention « juif » (Hélène Chaubin, La Corse à l'épreuve de la guerre, p. 69, Editions Vendémiaire, 2015) et que le sous-préfet de Bastia, Pierre-Henri Rix, a obtenu du consul général de Turquie à Marseille, Bedi Arbel, de faire déclarer sujets turcs tous les Juifs de son arrondissement » (Général Gambiez, La libération de la Corse, p. 63, Hachette, 1973).
L'occupation italienne
Les Italiens, lorsqu’ils ont occupé l’île à partir de novembre 1942, se sont opposés, comme dans tous les départements du Sud-est de la France qu’ils ont également occupés, « à l'application de la politique antijuive, notamment de l'estampillage des pièces d'identité » (Laurent Joly, Dénoncer les juifs, p. 245, CNRS éditions, 2021). Et ils n’ont procédé à aucune déportation, au grand dam d’Hitler qui ne cessait de presser Mussolini de soutenir la politique de persécution des Juifs, mais aussi des autorités de Vichy qui regrettaient que Nice puisse être considérée comme un paradis pour les Juifs.
Le général Vercellino, commandant en chef de l'armée d'occupation italienne dans le Sud-est de la France, a refusé de livrer les Juifs et le maréchal Cavallero, chef d'état-major général des armées italiennes, s’est élevé en novembre 1942 contre les violences perpétrées par les Allemands à l’égard des Juifs, considérant qu’elles n’étaient « pas compatibles avec l'honneur de l'armée italienne », tandis que le consul général à Nice Angelo Donati multipliait les mesures de protection des Juifs dans les Alpes-Maritimes.
Comme l'ont écrit Jean-Marie Arrighi et Olivier Jehasse, deux historiens nationalistes, dans leur Histoire de la Corse et des Corses (Perrin, 2008), « c'est la présence italienne qui sauve les Juifs de Corse », ce qui explique que « de nombreux Juifs se réfugient en Corse » comme à Nice.
Cela ne signifie évidemment pas que le fascisme italien ne fut pas antisémite mais les mesures prises contre les Juifs ont été de nature essentiellement vexatoires, administratives ou économiques (interdictions d'exercer, confiscations) comme le montre le très beau film de Vittorio de Sica, Le jardin des Finzi Contini. Elles n'ont pas conduit à des déportations.
Le rassemblement d'Asco
Cette « mollesse » déplut aux dirigeant nazis et c'est pourquoi, en 1943, Rome voulut « apaiser le ressentiment de Berlin en lui accordant une satisfaction, fût-ce minime : celle de voir regrouper les Juifs étrangers en situation irrégulière dans des ''résidences forcées'' telles que Saint-Martin-Vésubie, Vence, Castellane, Barcelonnette, Moustier, Combloux, Saint-Gervais, Megève ». Mais « les Allemands ne furent pas dupes », relève Jean-Louis Panicacci (L'occupation italienne et ses ambiguïtés : l'exemple des Alpes-Maritimes).
Dans ce cadre, plusieurs dizaines de Juifs résidant dans la région bastiaise furent rassemblés en mai 1943 à Asco où, en août, on en recensait cinquante-sept qui « ne peuvent ni sortir du village, ni avoir des contacts avec la population » et s'égailleront après le 9 septembre (Paul Silvani, Et la Corse fut libérée, p. 117, La marge, 1993).
Les Juifs de Corses ont survécu, les Italiens n'ont pas décidé de déporter les Juifs regroupés à Asco