Les Mamelouks, une dynastie de soldats esclaves d'origine turque et circassienne, ont régné sur l'Égypte, la Syrie et la Palestine de 1250 à 1517. Leur domination a suivi la chute des Ayyoubides et a précédé l'arrivée des Ottomans. Jaffa, alors un port secondaire mais stratégique, a été intégrée dans leur vaste empire.
Sous les Mamelouks, Jaffa a servi de point de transit pour les marchandises entre l'Égypte et la Syrie. Bien que moins importante que des ports comme Acre ou Alexandrie, elle a maintenu une activité commerciale significative, notamment pour l'exportation d'agrumes, une spécialité de la région. Les Mamelouks ont renforcé les défenses de la ville pour protéger la côte des incursions chrétiennes, notamment après les croisades.
Les Mamelouks ont laissé leur empreinte sur Jaffa à travers des constructions religieuses et militaires. La Grande Mosquée de Jaffa, bien que modifiée plus tard, trouve ses origines dans cette période. Les fortifications de la ville ont été renforcées pour résister aux attaques maritimes, reflétant l'importance stratégique de Jaffa dans le système défensif mamelouk.
À la fin du XVe siècle, Jaffa a commencé à décliner en raison de la concurrence d'autres ports et de l'instabilité politique. En 1517, les Ottomans ont conquis la région, mettant fin à la domination mamelouke. Jaffa est devenue une ville provinciale sous l'Empire ottoman, mais son rôle commercial a persisté.
Jaffa et Napoléon (1799)
En 1798, Napoléon Bonaparte lance une campagne militaire en Égypte et en Palestine, visant à affaiblir l'Empire ottoman et à contrer l'influence britannique dans la région. Après avoir conquis l'Égypte, il se dirige vers la Palestine, avec Jaffa comme objectif clé.
En mars 1799, les forces françaises assiègent Jaffa. La ville, bien fortifiée, résiste initialement, mais tombe après quelques jours de combats intenses. La prise de Jaffa est marquée par des scènes de violence : les soldats français massacrent une partie de la population et des prisonniers ottomans, un épisode sombre de la campagne.
Napoléon utilise Jaffa comme base pour avancer vers Acre, mais son expédition échoue finalement. Après son retrait, Jaffa retourne sous contrôle ottoman. L'occupation française, bien que brève, a laissé des traces dans la mémoire collective de la ville, symbolisant à la fois la modernité militaire européenne et la brutalité de la guerre.
Jaffa dans la première moitié du XXe siècle
Au début du XXe siècle, Jaffa est une ville prospère, centre économique et culturel de la Palestine ottomane. Cependant, l'Empire ottoman est en déclin, et la région devient un enjeu pour les puissances européennes et les mouvements nationalistes arabes et sionistes.
Après la Première Guerre mondiale, la Palestine passe sous mandat britannique. Jaffa, avec son port animé et sa population mixte (Arabes, Juifs, Chrétiens), devient un foyer de tensions croissantes. Les Britanniques modernisent les infrastructures, mais peinent à gérer les rivalités communautaires.
Dans les années 1920 et 1930, Jaffa connaît une croissance économique, notamment grâce à l'exportation d'agrumes. La ville attire des migrants arabes des zones rurales et des Juifs fuyant les persécutions en Europe. Cependant, cette croissance s'accompagne de tensions sociales et politiques.
La montée du nationalisme arabe et du sionisme exacerbe les tensions à Jaffa. Les émeutes de 1921 et 1929, ainsi que la révolte arabe de 1936-1939, témoignent de l'hostilité croissante entre les communautés. Jaffa devient un symbole de la lutte pour le contrôle de la Palestine.
En 1948, Jaffa est un enjeu majeur dans la guerre qui suit la proclamation de l'État d'Israël. La ville, majoritairement arabe, est attaquée par les forces juives. En mai 1948, la plupart de ses habitants arabes fuient ou sont expulsés, marquant la fin de Jaffa en tant que centre culturel et économique arabe. La ville est intégrée à Tel-Aviv, formant l'entité de Tel-Aviv-Yafo.