Moshe Sharett, né Moshe Shertok le 15 octobre 1894 à Kherson, en Ukraine (alors partie de l'Empire russe), et décédé le 7 juillet 1965 à Jérusalem, Israël, fut un diplomate et homme politique israélien de premier plan, principalement connu pour avoir été le deuxième Premier ministre de l'État d'Israël, de 1954 à 1955, et le premier ministre des Affaires étrangères de 1948 à 1956, avec une brève interruption pendant son mandat de Premier ministre.
Sharett a immigré en Palestine ottomane en 1906 avec sa famille. Il a poursuivi des études à l'Université hébraïque de Constantinople puis à la London School of Economics avant de retourner en Palestine en 1922. Très tôt, il s'est engagé dans la diplomatie et l'organisation politique, devenant un membre influent de l'Agence juive pour la Palestine, où il a travaillé sous les ordres de David Ben-Gurion, notamment dans le département politique.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Sharett a joué un rôle crucial dans les efforts diplomatiques pour obtenir le soutien des Alliés pour le Yichouv (la communauté juive en Palestine) et a été impliqué dans des négociations pour faciliter l'immigration des Juifs fuyant l'Europe nazie. Il a également été envoyé en mission diplomatique aux États-Unis pour renforcer les relations avec ce pays, crucial pour le futur État d'Israël.
À la création de l'État d'Israël en 1948, Sharett a été nommé ministre des Affaires étrangères, un poste qu'il a occupé avec distinction, travaillant à établir et à consolider les relations diplomatiques d'Israël avec le monde, malgré l'isolement initial du nouvel État. Il a été instrumental dans l'obtention de la reconnaissance internationale d'Israël, notamment par les États-Unis, l'Union soviétique, et plusieurs pays européens.
En 1954, après la mort de David Ben-Gurion, Sharett devient Premier ministre. Son mandat a été marqué par des efforts pour stabiliser la région après la guerre d'indépendance et pour promouvoir une politique étrangère plus modérée, visant à réduire les tensions avec les voisins arabes. Cependant, son approche diplomatique a souvent été en conflit avec la ligne plus dure défendue par certains membres de son gouvernement, y compris Ben-Gurion, qui est revenu en tant que ministre de la Défense et a souvent éclipsé Sharett.
Sharett a également été confronté à des défis internes, comme l'afflux massif d'immigrés juifs et les tensions économiques qui en résultaient. En 1955, Ben-Gurion est revenu au poste de Premier ministre, et Sharett a repris son rôle de ministre des Affaires étrangères jusqu'en 1956.
Après sa carrière politique active, Sharett a continué à contribuer à la vie publique israélienne à travers des écrits et des discours. Il a publié ses mémoires en plusieurs volumes sous le titre "At the Gates of the Nations" (1958-1978), où il détaille ses expériences diplomatiques et ses vues sur la politique étrangère d'Israël. Ces mémoires, ainsi que ses nombreux discours et articles, reflètent sa vision d'un Israël cherchant la paix et l'intégration dans la communauté internationale par le dialogue et la diplomatie.
Moshe Sharett est souvent rappelé pour sa modération, son engagement envers la diplomatie, et sa vision d'une coexistence pacifique avec les voisins arabes. Son héritage est celui d'un homme d'État qui a aidé à poser les fondements de la politique étrangère d'Israël et qui a œuvré pour un État juif respecté sur la scène mondiale.