7 septembre : rencontre au forum économique oriental russe à Vladivostok entre le chef de la junte et Vladimir Poutine. Min Aung Hlaing a déclaré à Poutin : « On dirait que vous n’êtes pas le leader de la Russie, mais le leader du monde, parce que vous contrôlez et organisez la stabilité dans le monde entier ». Pour Poutine, « La Birmanie est notre partenaire fiable et de longue date en Asie du Sud-Est (…) Nos relations se développent de manière positive ».

2 septembre : Aung San Suu Kyi est condamnée à trois ans de prison supplémentaire, pour fraude électorale. Au total , elle doit purger 20 ans de prison, ce qui lui enlève quasiment tout espoir d'en sortir (elle est née en 1945)

15 aout : Aung San Suu Kyi est à nouveau condamnée à six ans de prison, pour corruption

25 juillet : la junte exécute quatre opposants dont un rappeur connu, et Phyo Zeya Thaw, 41 ans, ancien député de la Ligue nationale pour la démocratie (LND)

"Des mises à mort risquent d'accentuer l'isolement international des militaires birmans. La junte a procédé à l'exécution de quatre prisonniers, dont un ancien député du parti de l'ancienne dirigeante civile Aung San Suu Kyi, a indiqué, lundi 25 juillet, un média d'État, alors que la peine de mort n'avait plus été pratiquée depuis plus de trois décennies.

Les condamnés avaient été accusés "d'acte de terreur brutaux et inhumains", selon le Global New Light of Myanmar. D'après le journal officiel, les exécutions ont suivi "les procédures de la prison", sans préciser ni comment ni quand elles ont été réalisées.

Ces quatre exécutions sont "un acte scandaleux" qui "créera des ondes de choc politiques, maintenant et pour longtemps", a réagi sur Twitter Richard Horsey, expert de la Birmanie auprès de l'International Crisis Group (ICG). Se disant "indigné et dévasté", Tom Andrews, le rapporteur spécial sur la situation des droits de l'Homme en Birmanie, a appelé la communauté internationale à réagir à ces "actes dépravés".

Depuis le coup d'État militaire du 1er février 2021, la Birmanie a condamné à la peine de mort des dizaines d'opposants à la junte." (France 24)

20 juillet : Total se retire de Birmanie compte  tenu de la situation des droits de l'homme. TotalEnergies en avait déjà fait l'annonce il y a six mois et attendait que le délai de préavis se soit écoulé pour rendre ce départ effectif. « Conformément à la période de préavis contractuelle de 6 mois, ce retrait devient effectif en ce 20 juillet 2022. Ce retrait a été effectué en conformité avec les sanctions européennes mises en place en février 2022 », a déclaré TotalEnergies dans un communiqué.

26 avril : Aung san suu kyi, toujours en résidence surveillée et tenue au secret depuis le coup d'Etat de février 2021  est condamnée à cinq ans supplémentaires de prison pour corruption, portant sa peine à onze ans.

21 mars : Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken écrit :"J'ai établi que des membres de l'armée birmane ont commis un génocide et des crimes contre l'humanité contre les Rohingyas en 2016 et 2017". Il ajoute qu’une série de preuves issues "de sources indépendantes et impartiales", notamment d'ONG, "en plus de [leur] propre recherche" montrent que "les intentions de l'armée allaient au-delà du nettoyage ethnique, jusqu'à une véritable destruction"

Une procédure est en cours devant la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction des Nations unies, pour déterminer si le pouvoir birman s'est rendu coupable d'un tel crime.

Il cite notamment un rapport de la diplomatie américaine focalisé sur deux périodes débutant en octobre 2016 et en août 2017.

En septembre 2017, par exemple, les soldats birmans "rasaient des villages, tuaient, torturaient, violaient hommes, femmes et enfants", a-t-il énuméré. Il a estimé que les attaques de 2016 avaient "forcé environ 100 000" membres de cette minorité musulmane à fuir la Birmanie pour le Bangladesh, et que celles de 2017 avaient tué "plus de 9 000 Rohingyas et forcé plus de 740 000 d'entre eux à trouver refuge" dans ce pays voisin.

"Les attaques contre les Rohingyas étaient généralisées et systématiques, ce qui est essentiel pour qualifier des crimes contre l'humanité", a ajouté Anthony Blinken. Le chef de la diplomatie américaine n'a pas accompagné cette reconnaissance de nouvelles sanctions contre la Birmanie. Les Etats-Unis ont déjà imposé une série de sanctions aux dirigeants birmans et, à l'instar d'autres pays occidentaux, restreignent depuis longtemps leurs exportations d'armes à direction des militaires birmans. (FranceTV info)

15 mars : Le rapport, rendu public à l’occasion de la 49e session ordinaire du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, conclut qu’il existe « des motifs raisonnables de croire que l’armée Birmane, la « Tatmadaw »,  s’est livrée à des violences et à des abus dans le cadre d’une attaque généralisée et systématique dirigée contre des civils ». Certaines de ces violations « pourraient être assimilés à des crimes de guerre et à des crimes contre l'humanité »

"Un an après le putsch du 1er février 2021 qui a renversé Aung San Suu Kyi et mis fin à une parenthèse démocratique de 10 ans, au moins 1.600 personnes ont été tuées par les forces de sécurité et leurs affiliés. Plus de 12.500 personnes ont été également détenues, ont indiqué les services de la Haute-Commissaire Michelle Bachelet.

Le rapport indique que des « massacres » ont eu lieu. Selon l’ONU, certains des abus peuvent constituer « des crimes contre l’humanité », exhortant la communauté internationale à déployer des efforts immédiats et concertés pour endiguer la violence et demander des comptes aux militaires.

« L’ampleur et la portée effroyables des violations du droit international subies par le peuple du Myanmar exigent une réponse internationale ferme, unifiée et résolue », a déclaré Michelle Bachelet.

Parmi ces « massacres » détaillés, le rapport revient sur le sort de 40 personnes tuées en juillet dernier lors d’une série de raids dans la région de Sagaing. Des villageois auraient trouvé les restes de certaines victimes avec les mains et les pieds encore attachés dans le dos."

 

23 février : adoption par l'assemblée nationale française d'une "proposition de résolution portant sur la dénonciation des faits et conséquences du coup d’État militaire du 1er février 2021 en Birmanie, n° 4983 ".

"force est de constater que la situation dans l’ensemble du pays devient progressivement incontrôlable. L’absence de perspectives pacifiques, la menace d’effondrement de l’économie, l’abandon d’une politique de santé pour lutter efficacement notamment la propagation de la COVID 19, la situation inquiétante des minorités ethniques et religieuses, y compris des Rohingyas, et la radicalisation d’une partie de la population laissent chaque jour un peu plus entrevoir un point de non‑retour : celui d’une guerre civile à l’échelle de tout le pays.

Dans ce contexte, la France, puissance de l’Indopacifique, ne doit pas rester inactive. La défense de la liberté, de la démocratie et des Droits humains est un de ses devoirs. Notre Histoire, nos valeurs, notre rôle dans le monde nous y obligent. Nous connaissons trop bien le prix du sang, et les conséquences d’un État failli au cœur de l’Indopacifique, pour ne pas nous engager à empêcher l’irréparable.

C’est pourquoi, la représentation nationale française qu’incarne notre Assemblée doit prendre toute sa part dans la dénonciation de faits d’atteinte à la démocratie et aux droits d’un peuple...

1° Condamne avec la plus grande fermeté le coup d’État perpétré par l’armée birmane le 1er février 2021, sa prise de pouvoir consécutive à  celui-ci, ainsi que l’ampleur et l’impunité de ses exactions ;
2° Exprime son soutien total à la population birmane dans sa lutte pacifique et légitime pour la démocratie, les libertés et le plein respect des droits humains ;
3° Appelle à soutenir les représentants légitimement élus du peuple birman, attachés à l’instauration d’un État libre et démocratique en Birmanie ;
4 °Appelle à ce que le Conseil d’administration de l’État (SAC) et les institutions en découlant ne soient pas reconnus par la France, l’Union européenne et les organisations internationales comme des représentants
légitimes de la Birmanie et du peuple birman ;
5° Invite le Gouvernement à appeler avec la plus grande fermeté au respect des résultats des élections générales du 8 novembre 2020, à la fin de l’état d’urgence et à la libération immédiate et sans condition des prisonniers politiques arrêtés depuis le coup d’État, dont le président de la République U Win Myint et la Conseillère pour l’État Daw Aung San Suu Kyi, et à entreprendre toutes les démarches en ce sens ;
6° Invite la France à s’employer de manière déterminée, avec ses partenaires de l’Union européenne, de l’Association des nations d’Asie du sud-est (ASEAN) et des Nations unies à promouvoir une sortie de crise
pacifique, rapide et inclusive, reposant sur un processus de dialogue politique associant toutes les parties, notamment celles issues des élections générales du 8 novembre 2020, de la société civile, des partis politiques et des groupes ethniques ;
7° Exprime son soutien à l’égard des efforts humanitaires conduits au profit des populations les plus vulnérables."

3 février : L'ASEAN exclut la Birmanie  de sa prochaine réunion

"La mise en œuvre d'un plan en cinq points, adopté par l'organisation en avril, «n'a guère progressé», a relevé jeudi 3 février à l'AFP Chum Sounry, porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Cambodge, qui assure la présidente tournante de l'Asean. «Les États membres ne sont donc pas parvenus à un consensus pour inviter le ministre birman des Affaires étrangères à leur prochaine réunion», les 16 et 17 février. À la place, il a été décidé «de convier un représentant apolitique birman». Il s'agit du second revers diplomatique infligé aux généraux birmans par l'organisation, souvent critiquée pour son immobilisme. Le bloc, qui regroupe 10 pays d'Asie du Sud-Est, avait déjà décidé l'année dernière d'exclure d'un sommet le chef de la junte, Min Aung Hlaing." Le Figaro 03/02/2022

21 janvier : le groupe Total, historiquement installé en Birmanie, annonce se retirer du pays "à la fois en tant qu’opérateur et en tant qu’actionnaire, et ce sans aucune contrepartie financière »

"Le retrait de TotalEnergies, qui détient jusque-là 31 % des parts, « sera effectif au plus tard à l’issue du délai de préavis de six mois prévu au contrat », est-il précisé dans le communiqué : « Les accords prévoient qu’en cas de retrait les intérêts de TotalEnergies seront répartis entre les partenaires actuels, sauf refus de leur part, et que le rôle d’opérateur sera repris par un des partenaires. » En l’occurrence : l’américain Chevron (28 %) et le thaïlandais PTTEP (26 %), filiale de la société nationale d’énergie thaïlandaise ; mais aussi l’entreprise au cœur de la controverse, la Myanmar Oil and Gas Enterprise (MOGE), à hauteur de 15 %, qui agit sous le contrôle de l’armée birmane.

Ce retrait fait notamment suite aux révélations du Monde, qui avaient mis en lumière, en mai 2021, un montage financier autour du gazoduc sous-marin de 346 kilomètres reliant le gisement de Yadana à la Thaïlande. Dans ce système, des centaines de millions de dollars échappaient à l’Etat birman, et profitaient plutôt à la MOGE, entreprise publique à la gestion opaque, contrôlée par les militaires." Le Monde 21/01/2022

15 janvier : cinq nouveau chefs d'accusation pour corruption ont été notifié à Aung San Suu Kyi . Elle est accusée d'avoir causé une perte financière à l'État birman en violant les règlements sur la location et l'achat d'hélicoptères.

7 janvier : Hun Sen, premier dirigeant à se rendre en Birmanie depuis le coup d'Etat de février 2021

"La Birmanie est très isolée diplomatiquement depuis le coup d’État l’an dernier et la répression qui a suivi. Mais le Cambodge, qui prend cette année la présidence tournante de l’Asean, voudrait bien y faire rentrer à nouveau le chef de la junte qui avait été exclu du dernier sommet il y a quelques mois. « Hun Sen, il faut comprendre qu’il est beaucoup plus proche des Birmans et de la junte que de pratiquement tout autre régime, à part la Chine. C’est tout à fait normal qu’il prenne contact avec eux, analyse Guy Lubeigt, chargé de recherche à l'Institut de recherche sur l'Asie du Sud-Est contemporaine (Irasec). Pour Hun Sen, c’est un petit peu aussi l’occasion de faire parler de lui, parce que qui parle du Cambodge ? Et eux, ils sont très contents, parce qu’ils ont quelqu’un avec qui parler, parce que jusqu’à maintenant il n’y avait personne, même les Chinois étaient un peu réticents à avoir des conversations rapprochées avec la junte. »

Dans ce contexte, de nombreux observateurs doutent de l’utilité de cette visite officielle. « Le Cambodge voudrait bien que la junte lâche un peu de lest de son côté, mais le problème, c’est que les Birmans ne veulent absolument pas de la junte, ils détestent les militaires, souligne le chercheur. Et avec ce que les militaires ont fait récemment, massacrer des gens, brûler des villages, etc., il y a peu de chances que la junte puisse arriver à se faire soutenir par la population. De plus en plus de chefs de quartier nommés par la junte sont abattus peu à peu par les PDF [Forces de défense populaires, NDLR], les forces démocratiques. La visite de Hun Sen, ce n’est pas ça qui va faire avancer les choses, cela est certain. »

Alors que l’Asean s’est refusée à légitimer le coup d’État, certains craignent que la visite n’aboutisse qu’à un début de reconnaissance de l’autorité militaire." RFI le 7/01/2022

 

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