Israël est aussi un carrefour artistique où l'interaction entre les sens est au cœur de l'expression créative.

Le parfum est déjà présent dans la Bible, ancien et nouveau testament :

"Tu feras un autel pour brûler des parfums. Tu le feras en bois d'acacia... Aaron y fera brûler du parfum odoriférant. Il en fera brûler chaque matin, lorsqu'il arrangera les lampes... C'est ainsi que vous brûlerez constamment du parfum devant l'Eternel au fil des générations. " (l'Exode 30. 1, 7 et 8)

"L'Eternel dit à Moïse : « Prends des meilleurs aromates : 5 kilos de myrrhe, de celle qui coule d'elle-même ; la moitié, soit 2 kilos et demi, de cinnamome aromatique ; 2 kilos et demi de roseau aromatique ; 5 kilos de casse, tout cela d’après la valeur étalon du sanctuaire, ainsi que 4 litres d'huile d'olive. Tu feras avec cela une huile pour l'onction sainte, un mélange de parfums préparé selon l'art du parfumeur. Ce sera l'huile pour l'onction sainte." (Exode 30:22)

" Les marchands pleureront la chute de Babylone qui ne leur achètera plus divers produits, dont des parfums " (Apocalypse 18. 13)

"Une femme répandit sur la tête de Jésus un parfum de grand prix (Matthieu 26. 7, 9, 12 ; Marc 14. 3-5)

 

 

Dans ce pays riche en histoire et en culture, de nombreux artistes intègrent des éléments sensoriels dans leurs œuvres, explorant la relation entre l'art visuel et les expériences olfactives. Une artiste contemporaine comme Maya Zack, utilise des installations multimédias pour créer des expériences immersives. Son travail explore souvent la mémoire et la perception, utilisant des éléments visuels et sonores pour évoquer des souvenirs sensoriels liés à l'odorat. Dans ses installations, Zack intègre des éléments naturels qui font écho aux paysages olfactifs de la région.

 

En Egypte

Les Egyptiens fabriquaient et utilisaient du parfum. On connait notamment le Kyphi, sorte d'encens solide qu'ils faisaient brûler en l'honneur du Dieu Ré. Il comprenait entre 10 et 16 ingrédients : le souchet odorant, du miel, de la cannelle, de la myrrhe, des baies de genièvre et du bois de santal[2], mais aussi la térébinthe, les graines de genévrier, le nard, les fleurs de genêt, le jonc odorant.

"L'encens est une résine de couleur miel, blanchâtre ou même verte, qui se présente sous forme de caillots de sève issue de l'arbre à encens ou Boswellia sacra en latin, qui ne pousse que sur les hauteurs semi-arides du sud de l'Arabie et les terres adjacentes de la Corne de l'Afrique... Les agriculteurs du sud de l'Arabie récoltaient de grosses quantités d'encens, et d'autres résines et épices aromatiques telles que la myrrhe, le bdellium et le myrobalan, qu'ils envoyaient au nord pour être commercialisées." (National Geographic, Parfums et épices, la route de l'encens à AIUIa)

Dans sa ferme près de la mer Morte, un agriculteur passionné d'agriculture biblique, Guy Erlich prétend d'ailleurs avoir reconstitué le parfum de Cléopâtre, l'huile d'onction des rois d'Israël ou encore l'encens utilisé au Temple juif de Jérusalem. Il souhaite redonner ses lettres de noblesse à une résine médicinale mentionnée dans la Bible. Baptisée "Baume de Galaad" ou "Baume de Judée", elle est extraite d'un arbre originaire de ces régions désertiques, le "Commiphora gileadensis". (in La Croix 23/08/2019)

 

Le baume de Judée

Selon Erlich, de nombreuses sources attestent que l'Afarsimon, ou baume de Judée, était considéré comme la plante à parfum la plus célèbre et la plus chère au monde à l'époque romaine byzantine."

Pline l'ancien, historien romain du Ier siècle écrit dans son histoire naturelle : " Mais à toutes les odeurs on préfère le baume (balsamodendrum opobalsamum, L. ), accordé à la seule terre de Judée"  (Pline l'ancien, histoire naturelle livre 12 LIV. XXV.in site Remacle)

 

Chez les Nabatéens

Le patrimoine des Nabatéens, très présent en Israël (Mamshit, Avdat, Aluza et Shivta), en Jordanie et en Arabie saoudite, est aussi totalement lié à la route de l'encens et de la myrrhe, que ce soit dans le Neguev ou de l'autre coté du Jourdain, à Petra.

La route continue d'ailleurs d'inspirer des projets artistiques modernes qui explorent l'héritage olfactif de la région. Des initiatives culturelles locales organisent des ateliers et des expositions qui célèbrent l'histoire des parfums et leur influence sur l'art contemporain.

 

>> Lire aussi : Les parfums dans l'antiquité

 

Les Nabatéens sont célèbres pour leur architecture impressionnante, notamment à Pétra, où des structures majestueuses ont été taillées dans la roche rose. Ces façades, comme le Trésor (Al-Khazneh), témoignent de leur ingéniosité et de leur savoir-faire.

Les motifs décoratifs, souvent inspirés par les influences hellénistiques et orientales, et intègrent des éléments floraux et végétaux, illustration notamment des essences et des résines utilisées et transportées.

 

Les artisans nabatéens ont produit une variété d'objets en céramique, y compris des récipients pour contenir des parfums et des huiles. Ces objets étaient souvent ornés de motifs symboliques ou de dessins représentant des plantes aromatiques.

La céramique nabatéenne reflète non seulement leur expertise technique, mais aussi leur connexion avec les pratiques olfactives de leur époque.

Les Nabatéens maîtrisaient l'art de la distillation et de l'extraction des huiles essentielles. Ils utilisaient des techniques avancées pour créer des parfums à partir de plantes aromatiques et de résines. Les outils et les récipients utilisés dans la fabrication de parfums sont des témoins de leur savoir-faire artisanal, et certains ont été retrouvés dans des fouilles archéologiques.

 

>> Lire aussi les site nabatéens d'Israël

 

L'encens et la myrrhe se retrouvent assez logiquement dans les textes sacrés et de l'iconographie dont c'était quasiment l'unique inspiration durant des siècles

Ils occupent ainsi une place centrale dans l'iconographie religieuse, non seulement en Israël, mais dans de nombreuses traditions spirituelles à travers le monde. Leur utilisation remonte à des millénaires, et ces substances aromatiques continuent d'évoquer des significations profondes dans le contexte religieux et culturel.

 

L'Encens dans l'Iconographie Religieuse

 

 

Dans la tradition juive, l'encens, ou "ketoret", était utilisé dans le Temple de Jérusalem pour les rituels sacrés. Il symbolisait la prière et la dévotion ascendantes vers le ciel. L'encens était composé de 11 différentes résines et épices, dont certaines étaient spécifiques et secrètes. Sa fumée symbolisait la communication avec le divin et la purification de l'espace sacré.

"Pour les Hébreux, le parfum dépassait le simple plaisir olfactif. Il revêtait une sacralité profonde, imprégnant chaque aspect de leur vie quotidienne. Le henné, poudre issue d'un arbuste, devenait un élément clé. Les feuilles teintaient la chevelure et les pieds, les fruits étaient des remèdes, et les fleurs, des joyaux parfumés.

Le parfum n'était pas simplement un ornement, mais un lien avec le divin. Les instructions divines à Moïse insufflaient une spiritualité particulière aux fragrances. Ces arômes, décrits dans l'Exode 30.7, s'intégraient aux rituels de prière, créant un lien tangible entre les croyants et le divin."

Dans le christianisme, l'encens a une signification similaire, souvent utilisé lors des messes et des cérémonies pour représenter la prière des fidèles montant vers Dieu. Dans l'iconographie chrétienne, l'encensoir est souvent représenté dans les scènes de liturgie ou dans les mains des anges et des saints.

 

La Myrrhe dans l'Iconographie Religieuse

La myrrhe est également profondément enracinée dans les traditions religieuses.

Dans la Bible, elle est mentionnée comme l'un des trois présents offerts par les mages à l'enfant Jésus, aux côtés de l'or et de l'encens, symbolisant respectivement la royauté, la déité et la souffrance à venir. Cette triade de cadeaux souligne la myrrhe comme emblème de l'humanité de Jésus et de sa future passion.

Dans l'iconographie chrétienne, la myrrhe est souvent associée aux scènes de la nativité et de la crucifixion. Elle est utilisée pour évoquer la mort et l'embaumement, représentant à la fois la souffrance et la résurrection. Les huiles de myrrhe étaient traditionnellement utilisées pour embaumer les corps, ce qui renforce sa symbolique de préparation à la mort et au passage vers l'au-delà.

 

Symbolisme et Utilisation

En plus de leurs significations spirituelles, l'encens et la myrrhe sont souvent utilisés dans l'art religieux pour ajouter une dimension sensorielle, capturant l'essence des rituels sacrés. Les artistes intègrent souvent ces éléments dans leurs œuvres pour évoquer la profondeur et la sacralité des moments religieux.

Les peintures de l'Adoration des mages, par exemple, illustrent souvent les mages portant des récipients d'encens et de myrrhe, soulignant leur importance symbolique.

 

Essences et art

Si le sujet traité ici est centré sur l'Orient proche, on retrouve dans toutes les civilisations cette correspondance entre parfums et histoire, en lien avec des oeuvres d'art.

En France, à Paris, Essences et Art organise des conférences olfactives dans plusieurs musées, au Louvre, au musée Guimet, au musée du Quai Branly, au musée d’Orsay, au musée Rodin… où guidés par un expert parfums et une historienne d’art, les participants vont voyager à travers une synesthésie vue et odorat !

 L’art est en dialogue avec le parfum, avec un parcours de 9 œuvres d’art en correspondance émotionnelle avec des parfums de niche et des matières premières de la parfumerie.

Pour un voyage artistique, historique et émotionnel inédit..

 La prochaine conférence a lieu au musée du quai Branly le samedi 5 avril :

Pour réserver vos billets (nombre de places limitées) c’est sur le lien suivant :

 Conférence au musée du Quai Branly 3 - Essences et art

 

 

 

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