L'émir Chekib Arslan, émir Druze libanais, homme politique, journaliste et poète nationaliste est notamment le créateur du journal La nation arabe

 La Grande-Bretagne n’est pas dans la vraie voie quand elle croit que la solution qui sera trouvée par une commission nommée de la part de la Société des Nations et laquelle ne peut être qu’au détriment des droits musulmans établis depuis quatorze siècles, pourra lui faciliter de transformer graduellement la Palestine arabe en pays juif comme elle l’a prévu dans le Mandat.

La Palestine est un pays arabe à la majorité arabe incontestable… les Arabes et les Musulmans savent pertinemment que l’établissement de la majorité juive et l’élimination de l’élément arabe et musulman entrepris officiellement selon le texte du Mandat ouvrira aux Juifs, dans un laps de temps qui ne sera pas très long, les portes de tous les lieux saints convoités y compris la Mosquée d’Al-Aqsa.

C’est pour ces raisons que nous devons déclarer que chaque pierre en Palestine cache un mur de lamentations qui mettra aux prises les Arabes et musulmans avec les Juifs, tant que l’injustice sera maintenue.

Comme ce sera le cas jusqu'en 1967, le nationalisme qui s'exprime est alors uniquement arabe et musulman. Ses deux buts en sont la défense d'Al-Aqsa menacée, et d'éviter que la Palestine ne tombe aux mains des Juifs. La notion de 'peuple palestinien' n'a pas encore cours.

En janvier 1919, lors du congrès des associations islamo-chrétiennes qui se réunit dans la ville sainte, la motion qui l'emporte à une large majorité intègre Jérusalem dans une « Grande Syrie » pan-arabe placée sous la tutelle de Damas. On trouve ici les échos d'un débat qui divisera pendant des décennies les nationalistes arabes de Palestine, les uns favorables à l'option pan-arabe, les autres partisans d'une Palestine autonome avec Jérusalem pour capitale.1

En Mai 1930, Le haut-commissaire britannique, sir John Chancellor écrit à son gouvernement que sa politique de soutien aux aspirations sionistes représente un "bourde colossale". Il conseille de limiter l'immigration juive et le ventes de terrain par les Arabes, pensant ainsi mettre fin au tumulte. Il prévient aussi que les Juifs comme les Arabes font entrer des armes en Palestine.

S'il devait y avoir résurgence des troubles à l'ordre public,.., à la prochaine occasion, ils seront plus terribles que ceux d'août dernier.2

1V. Lemire – Jérusalem la ville monde p. 372

2 James Barr – une ligne dans le sable, 2011 (ed fr 2017), Perrin, p195