Il n’y avait pas eu d’élection depuis 1996 (il n’y en aura pas non plus dans les dix années qui suivent). Le Hamas qui avait boycotté la précédente élection est, avant l’élection, la principale opposition au Fath de Yasser Arafat et Mahmoud Abbas.

Le Hamas obtient 56 % des sièges soit la majorité absolue avec 42,9 % des voix contre 39,8 % au Fatah ( 74 sièges sur 132 contre 45 seulement au Fatah et 13 aux autres formations) au Parlement palestinien. Le taux de participation est de 77,6 % sur les 1,35 millions d’électeurs inscrits.

l’ Autorité palestinienne dominée par le Fatah se trouve alors en porte-à-faux.

En France, Alain Gresh, journaliste traditionnellement opposé à Israël, voit dans cette élection une incontestable victoire de la démocratie, sans s’interroger sur les méthodes, l’idéologie ou les buts poursuivis par le Hamas. Ceux-ci ont pourtant été annoncés haut et fort (monde diplomatique du 27 janvier 2006). l’article où il développe les atouts majeurs du mouvement tels que son pragmatisme, son réseau d’aide sociale et son ’libéralisme économique’ ne mentionne pas l’antisémitisme virulent, la finalité de destruction d’Israël, l’utilisation du terrorisme et l’interdiction de négocier que le Hamas a pourtant inscrit en toute lettre dans sa charte, sans même parler des ses références digne de la France Juive d’Edouard Drummont1

Ismaël Haniyeh, membre du Hamas est nommé Premier ministre de l’Autorité palestinienne par le président Mahmoud Abbas le 21 février 2006.

Le 15 février 2007, Haniyeh démissionne pour former un gouvernement d’union nationale avec le Fatah. C’est la conséquence de l’accord trouvé entre les deux mouvements à la Mecque le 8 février. Il s’agit alors

- de mettre un terme aux violences opposant les partisans du Hamas et du Fatah.

- d’obtenir un rétablissemnet de l’aide internationale suspendue depuis le résultat des élections qui mènent au pouvoir un mouvement terroriste.

- Le nouveau gouvernement s’engage aussi à respecter les accords signés par l’OLP.

- La composition du nouveau gouvernement comprendra neuf représentants du Hamas, six du Fatah, quatre d’autres formations et trois indépendants.

Mahmoud Abbas désigne Haniyeh comme Premier ministre :

En tant que responsable du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine et président de l’Autorité palestinienne, après avoir lu notre Charte et en accord avec les autorités :

a) Je vous désigne pour former le prochain gouvernement palestinien dans un délai de cinq semaines comme le stipule notre Charte.

b) Après avoir formé le gouvernement et nous l’avoir présenté, vous devrez le présenter au Conseil législatif pour un vote de confiance.

c) J’en appelle à vous, en tant que responsable de ce futur gouvernement palestinien, pour que vous vous engagiez à servir les intérêts supérieurs du peuple palestinien, à préserver ses droits, à atteindre les objectifs qui ont été approuvés par le Conseil national palestinien, les clauses de la Charte, le document de réconciliation nationale et les décisions du sommet arabe.

À partir de ces points, je vous appelle à respecter les résolutions internationales et les accords signés par l’Organisation de libération de la Palestine.

Le nouveau gouvernement est finalement constitué le 19 mars.

Le Hamas hérite des portefeuilles de l’économie, la justice, l’éducation, la communication, les sports et la jeunesse, la planification l’agriculture, la condition féminine, les affaires religieuse et le waqf.

Le Fatah, outre le portefeuille de vice-Premier ministre reste à la tête du travail, de la santé, des prisonniers et des transports.

 

Ismaël Haniyeh, chef du Hamas, et Mahmoud Abbas

 

Mais la cohabitation entre les deux mouvements n’est pas possible tant les positions idéologiques et les appétits de pouvoir sont opposés. Il s’ensuit un violent conflit entre le Hamas et le Fatah qui fait près de 600 morts jusqu’en 2009. Dès juin 2007, le Hamas prend le contrôle de la bande de Gaza.

Après la reprise du conflit entre le Fatah et le Hamas le 10 juin, des militants du Hamas capturent plusieurs membres du Fatah et jettent l’un des officiers de la Garde Présidentielle, Mohammed Sweirki, du haut d’un immeuble de 15 étages à Gaza. En représailles, des militants Fatah attaquent et tuent l’imam de la plus importante mosquée de la ville, Mohammed al-Rifati. Ils ouvrent le feu contre la maison du Premier ministre Ismaël Haniyeh. Peu avant minuit, un militant du Hamas est également jeté du haut d’un immeuble de 12 étages.

Le 11 juin, la résidence de Mahmoud Abbas, dirigeant du Fatah et de l’Autorité palestinienne et celle de Ismaël Haniyeh, Premier ministre et l’un des dirigeants du Hamas, sont visés par balles et par obus.

le 14 juin 2007 Ismaël Haniyeh est limogé par Abbas au profit du ministre des finances Salam Fayyad, ( indépendant). Le président de l’AP déclare l’État d’urgence et s’arroge, par décret là-aussi, la gouvernance de Gaza.

Mais les territoires palestiniens sont de facto scindés en deux entités contrôlées par des pouvoirs rivaux.2

 


 

1 Edouard Drummont, journaliste et député d’Alger a écrit en 1886 ’La France Juive’, ouvrage nauséabond dans lequel il développe sur 1200 pages sa haine des Juifs. l’ouvrage de cet homme politique qui s’honorait d’être le seul député véritablement antisémite a connu un tel succès qu’il a été réédité 200 fois jusqu’en 1914.

2 Du moins jusqu’à la fin 2017, où le Hamas semblant tirer des leçons de ses échecs et sous la pression égyptienne accepte de coopérer avec l’Autorité palestinienne dominée par le Fatah.

 

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