En janvier, Al-Jazeera, la chaine de télévision du Qatar publie des documents confidentiels relatifs au conflit israélo-palestinien sur la période 1999 à 2010. Dans 1700 documents figurent des milliers de pages de correspondance diplomatique, des minutes de réunions privées, des transcriptions d’échanges de haut niveau et des documents de stratégie.

Le journal The Guardian avec qui la chaîne a partagé les informations et les autorités israéliennes confirment la véracité des documents.

 

" Les documents dévoilent d’importantes concessions proposées à Israël par l’autorité palestinienne en 2008, notamment concernant les quartiers juifs de Jérusalem et le retour des réfugiés.

Les documents attestant du haut niveau de coopération entre les forces de sécurité des deux camps amènent à suspecter l’autorité israélienne d’avoir prévenu le camp palestinien de l’opération « plomb durci » déclenchée dans la bande de gaz en 2008. "2

 

La révélation n’arrange ni les Israéliens ni les Palestiniens. Pour les premiers, elle met à mal la version selon laquelle les Palestiniens refusent toute concession et ne sont pas prêts à faire réellement la paix. Pour les Palestiniens, elle montre que contrairement au discours officiel, Abbas lâche du lest pour avancer alors qu’en public il assure ne jamais rien lâcher. Le Hamas accuse Saeb Erekat, négociateur en chef du côté palestinien et Mahmoud Abbas de « vouloir liquider la cause. »

Mahmoud Abbas conteste la véracité des documents qui montrent que l’autorité palestinienne aurait fait d’importantes concessions sur le statut de Jérusalem et le sort des « réfugiés ».

 

« Le président palestinien Mahmoud Abbas a nié lundi avoir offert des concessions secrètes à Israël et a déclaré que les rapports sur des documents prétendument divulgués avaient présenté les positions israéliennes comme celles de ses propres négociateurs...Nous disons les choses très clairement, nous n’avons pas de secrets."


..Les journaux palestiniens ont jusqu’à présent révélé que les Palestiniens avaient déjà accepté de sérieuses concessions, telles que des compromis secrets sur des questions fondamentales telles que Jérusalem et les réfugiés...M. Abbas a déclaré qu’il avait tenu les pays arabes pleinement informés des négociations avec Israël.

Rapidement après la publication des documents sur Al-Jazeera TV, les Palestiniens ont démenti ces informations, affirmant que certaines parties de ces documents avaient été fabriquées.
Le négociateur palestinien en chef lors des pourparlers de 2008, Ahmed Qureia, a déclaré à l’Associated Press que "de nombreuses parties des documents ont été fabriquées, dans le cadre de l’incitation contre l’Autorité palestinienne et les dirigeants palestiniens".

Il a nié avoir fait une offre au sujet des enclaves juives à Jérusalem-Est, affirmant qu’Israël refusait de discuter de la question.
l’actuel négociateur en chef, Saeb Erekat, a qualifié le reportage télévisé de "mensonges et demi-vérités".

M. Abbas a déclaré dimanche au Caire aux éditeurs égyptiens qu’il tenait la Ligue arabe au courant de tous les détails des négociations avec Israël, selon l’agence de presse palestinienne Wafa. "Je ne sais pas d’où vient Al-Jazira avec des choses secrètes", a déclaré M. Abbas. "Il n’y a rien que nous cachions à nos frères, les Arabes."

Al-Jazira a déclaré que les Palestiniens avaient proposé à Israël de conserver toutes les enclaves juives construites à Jérusalem-Est, sauf une, après l’avoir capturée lors de la guerre de 1967 au Moyen-Orient. ...

En retour, selon les documents cités, les Palestiniens voulaient des terres israéliennes, y compris une section proche de la ligne Cisjordanie-Israël, où vivent de nombreux citoyens arabes minoritaires d’Israël.

En outre, ils ont proposé le contrôle international du site saint de Jérusalem comme mesure temporaire. Les Palestiniens, Israël, les États-Unis, l’Arabie Saoudite, l’Egypte et la Jordanie administreraient le site où se trouve la mosquée Al-Aqsa sur les ruines des temples juifs bibliques, jusqu’à ce qu’Israël et les Palestiniens puissent trouver un arrangement permanent.

Sur la question des réfugiés, les documents indiquaient que les Palestiniens étaient d’accord pour qu’Israël accueille 10 000 réfugiés par an pendant 10 ans, soit un total de 100 000.

Les Palestiniens ont insisté sur le fait que tous les réfugiés de la guerre de 1948-1949 et leurs descendants - plusieurs millions de personnes - ont le droit de retourner en Israël. Les Israéliens ont toujours rejeté cela comme une menace pour le caractère juif de l’État.
Les pourparlers de paix mentionnés dans les documents ont eu lieu en 2008 mais se sont terminés sans accord lorsqu’Israël a attaqué Gaza pour essayer d’arrêter les barrages de roquettes par des militants palestiniens sur la bande. »3

 


 

[ Les documents sont accessibles (en anglais) sur la Jewish virtual library ]

2 Le Parisien, tout comprendre aux Palestine Papers, 5 novembre 2017