«Il faut que l'islam se soumette à la critique, qu'il se soumette à l'humour, qu'il se soumette aux lois de la République, qu'il se soumette au droit français. On ne peut pas venir à bout de cette idéologie en disant aux gens “l'islam est une religion de paix et d'amour”» (18 décembre 2018)

 

Lettre au djihadiste

25 juillet 2016

Cette lettre a été publiée en tribune du Figaro du 25 juillet 2016.

Journaliste à Charlie Hebdo, vit depuis 2009 sous protection policière en raison de ses propos sur l’islam. Née à Casablanca, au Maroc, en 1982, elle est diplômée de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et titulaire d’une maîtrise en sociologie des religions.

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Avant ton grand départ, je voulais t’écrire comme on jette une bouteille à la mer, car je sais que tu ne lis pas.
Je ne te connais pas, mais je sais beaucoup de choses sur toi.
Je sais par exemple que tu n’es pas allé t’attabler ce matin avec ton Figaro Magazine sous le bras pour prendre ton café et saluer ceux de ton quartier. Tu me liras probablement en tapant djihad sur ton clavier, car c’est ainsi que tu procèdes. Ton moteur de recherche te proposera peut-être ma lettre parmi la longue liste de sites qui t’ont appris que le crime de masse était ton identité, que pour aimer ton Dieu, il fallait haïr les hommes.
Ton identité supposée, celle que tu penses avoir perdue et qui t’a fait entreprendre cette quête, c’est aussi la mienne.
Lorsque nous étions enfants, puisque nous avons le même âge, je m’étonnais que tu m’appelles «cousine» quand je venais du bled pour passer mes vacances en France. Je trouvais alors que tu avais beaucoup de chance de vivre ici. Tu avais des droits que je n’avais pas, tu allais à l’école républicaine pendant que je vomissais les cours de religion obligatoires. Tu faisais du sport, alors que le terrain de handball de mon collège était un vaste champ de boue, et que la moitié de mes camarades de classe avaient renoncé aux cours d’éducation physique parce qu’ils ne possédaient qu’une paire de sandales en plastique. Toi, tu venais frimer en été avec tes baskets dernier cri, tu te soignais gratuitement dans des hôpitaux équipés, alors que seuls les plus nantis parmi nous pouvaient se payer des médicaments.
Aujourd’hui, tu prônes la médecine mahométane dans des conférences en France, pays de l’hôpital public, tu conseilles de se soigner au Coran, au miel et à l’urine de chameau. Demande à tes cousins du bled, ils ont déjà essayé, ça ne marche pas.
Pourtant, tu te sentais exclu. Tu disais que tu n’avais pas eu les mêmes chances que les autres, et tu as oublié que nous, ceux du bled, n’avions jamais eu les mêmes chances que toi. Tu nous as donné beaucoup d’espérance, lorsque enfants, nous t’avons vu t’élever contre le racisme, revendiquer ton droit à l’égalité et à l’intégration. L’antiracisme est devenu un étendard d’espoir, nous avions alors cru à des lendemains républicains meilleurs, à une France qui serait enfin fière de sa diversité. Certains de tes «cousins» ont saisi l’air du temps, ils sont devenus fonctionnaires, enseignants, ministres, avocats ou policiers.
Lorsque tu as sombré dans la petite criminalité, ils t’ont trouvé des excuses pour mieux s’attirer le vote de tes pères. Pas moi.
Et toi, regarde-toi. Tu as fait de l’antiracisme non pas un combat pour l’universalité des droits, pour gommer les différences entre les citoyens d’un même pays, mais une petite lutte pour faire valoir ta portion congrue. A ta décharge, je reconnais que tu n’y serais jamais arrivé sans l’aide de certains politiques, pour qui l’antiracisme n’était qu’un slogan électoral. Ils ont fait de toi leur chasse gardée, leur fonds de commerce. Ils t’ont expliqué que toi, né en France, tu étais différent et que tu le serais toujours, car c’est ainsi qu’ils te voient, pas moi. Moi qui fus ta cousine, je sais que tu n’es pas exclu ipso facto, mais que tu te complais dans cette posture pour mieux haïr. Ils t’ont appris que ce n’était pas la peine d’apprendre à l’école, car tu ne trouverais jamais de travail. Pendant ce temps, chaque jour, de nouveaux arrivants en France s’élevaient par le savoir. Ils t’ont ôté toute notion de mérite en te consacrant des quotas, convaincus que c’était le seul moyen pour toi d’intégrer les grandes écoles. Lorsque tu as sombré dans la petite criminalité, ils t’ont trouvé des excuses pour mieux s’attirer le vote de tes pères. Pas moi.
Car je sais que si tous les hommes sont égaux en droits, ils le sont aussi en devoirs. Les politiques de ce pays t’ont expliqué que ta religion prônait la paix et l’amour, alors que ton imam t’expliquait qu’il fallait battre ta femme. Que dis-je? Tes femmes! Lorsque tu as arboré un accoutrement afghan pour revendiquer ton identité de Nord-Africain, ces mêmes politiques t’ont expliqué que tu avais le droit de te ridiculiser dans l’espace public, car il s’agissait de ta «culture». Moi, je sais que ce n’est pas l’habit qui fait l’Arabo-Berbère, l’Amazigh, qui dans la langue de Jugurtha, veut dire l’homme libre.
Tes droits, tu les as toujours obtenus en français, et pourtant, tu hais cette patrie.
Sais-tu au moins ce que le mot djihad veut dire avant d’y aller? Toi qui baragouines l’arabe depuis que tu appliques à la lettre la foi de Mahomet? Je gagerais que non. Ton arabe, celui que j’ai tété du sein de ma mère, ce dialecte que parlent tes parents et que tu n’as jamais appris, ne connaît pas ce mot. Tu n’as jamais eu à défendre tes droits en arabe. Tu n’as jamais eu à répondre à ton agresseur parce que tu es une femme, tu n’as pas eu à corrompre un fonctionnaire pour te délivrer ton acte de naissance, ni à expliquer à un policier ce que tu fais avec ta petite amie, ni à chanter les louanges d’un dictateur, ni à supplier à l’entrée d’un dispensaire pour que l’on daigne te soigner. Tes droits, tu les as toujours obtenus en français, et pourtant, tu hais cette patrie. Djihad veut dire effort, mais quel effort as-tu déjà fait avant de te résoudre à faire celui de la guerre?
Ton islam à toi, celui que tu penses être ton identité retrouvée, n’est qu’une maladie mentale, une nécrose de la raison, une défaite de ton humanité.
Lorsque tu cesseras de te faire passer pour une victime alors que tu es ton propre persécuteur, lorsque tu accepteras d’être enfin ton seul maître, et non le mercenaire et l’esclave d’une idéologie qui te méprise tout autant que ces politiques qui ont fait de toi le parent pauvre de la République, je pourrais te dire, moi ta lointaine «cousine» du bled, comment faire pour t’intégrer en France tout en retrouvant enfin ton identité. Pour l’y avoir étudiée, je pourrai te démontrer que ta langue, l’arabe, est remarquablement enseignée dans notre pays. Je t’apprendrai que Paris est la capitale de la culture arabe, celle qui n’a pas droit de cité sous les cieux de nos dictatures. Je t’emmènerai voir des spectacles d’artistes arabes qui ne peuvent plus se produire dans leur pays à cause de tes idéologues. Je te montrerai que la France est aussi la Mecque de ceux parmi nous qui défendent les droits humains dans des pays qui les violent allègrement. Si tu es encore parmi nous, tu verras qu’il est possible de renouer avec ton identité perdue, tout en étant plus français que jamais.

 

 

Interview dans le figaro le 11 novembre 2016 par Alexandre DEVECHHIO

 

FIGAROVOX. - Dans votre dernier livre Détruire le fascisme islamique, vous dénoncez le concept d'islamophobie. Pourquoi?

 

Zineb EL RHAZOUI. - D'abord il s'agit d'un néologisme, un terme quasi-médical qui prétend désigner une «pathologie»: la haine injustifiée, aveugle, irrationnelle de l'islam avec un petit i, l'Islam avec un grand I, et les Musulmans, sans jamais les définir. Le concept d'islamophobie est une imposture intellectuelle fondée sur une confusion délibérée entre l'islam en tant que dogme, l'Islam en tant que civilisation, et les musulmans considérés ipso facto comme une communauté monolithique et non pas comme des individus. Qu'est-ce qu'un musulman? Une personne née dans cette foi ou une personne qui l'a choisie? On peut être issu de culture islamique et se définir par une multitude d'autres caractères, comme on peut opter pour cette religion sans en adopter les préceptes à la lettre. En réalité, ce que l'on nous désigne comme étant de l'islamophobie est souvent un rejet des manifestations ostentatoires et militantes d'un islam revendicatif. Les pleurnichards de l'islamophobie nous prennent en otage: à chaque acte terroriste, ils crient au «pas d'amalgame», mais lorsqu'on dénonce l'idéologie qui mène au terrorisme, ils nous accusent de haïr l'ensemble des musulmans. Le concept d'islamophobie est surtout un outil discursif qui consiste à faire taire toute critique envers la religion musulmane, à l'extraire à la raison. D'ailleurs l'islamophobie n'existe pas en terre d'Islam, là où la théocratie islamique a le pouvoir coercitif, puisque les islamistes disposent de mieux: le délit de blasphème, d'apostasie ou d'insulte à la religion. Lorsque vous critiquez l'islam dans un pays islamique, on vous met en prison, vous fouette sur la place publique ou vous assassine. Dans les démocraties occidentales, les islamistes, désespérés d'imposer le délit de blasphème, n'ont plus que l'accusation d'islamophobie dont ils veulent faire un nouveau racisme. Mais depuis quand la foi est une race?

Dans les pays où le voile est un uniforme obligatoire sous peine de châtiments corporels, les mêmes islamistes ne défendent pas la liberté individuelle de s'habiller comme on le veut.

 

Au-delà de la question de l'islamophobie, les islamistes instrumentalisent-ils les droits de l'homme à leur profit ?

 

L'islamisme est une idéologie impérialiste, elle a intrinsèquement vocation à se répandre car le prosélytisme est un devoir en islam, y compris sous sa forme la plus belliqueuse: le jihad. Lorsque cette idéologie n'est pas en position de force, elle n'hésite pas à faire feu de tout bois pour faire avancer son agenda: l'édification de l'Oumma, partout sur terre. Ainsi les islamistes ont coutume de se prévaloir de luttes auxquelles ils n'ont jamais contribué, voire auxquelles ils ont été hostiles. Les partis islamistes par exemple se diront démocrates, puisqu'élus, alors qu'ils considèrent la démocratie comme du kufr (impiété), puisqu'elle tend à ériger la volonté des humains plutôt que celle d'Allah. En France, nous voyons comment la notion de liberté individuelle est récupérée pour défendre les porteuses du voile. Le voile est par définition la négation de la liberté des femmes, mais peu importe pour les islamistes: ils n'encensent que la «liberté» d'être islamiste alors qu'il s'agit en réalité d'un consentement. Dans les pays où le voile est un uniforme obligatoire sous peine de châtiments corporels, les mêmes islamistes ne défendent pas la liberté individuelle de s'habiller comme on le veut. L'antiracisme est également détourné par eux et vidé de toute noblesse: ils ne dénonceront jamais les préceptes islamiques qui interdisent les unions interreligieuses comme racistes. Les islamistes qui crient au racisme le vident de sens, car pour eux, il n'est pas une lutte pour l'universalisme, pour gommer les différences entre les êtres humains, mais plutôt un combat pour imposer leur propre différence comme un universel. Les islamistes dénoncent le racisme des autres parce qu'ils veulent avoir le monopole du racisme.

Il faut avant tout oser désigner cette idéologie pour ce qu'elle est : un fascisme.

 

Pour combattre l'islamisme, il faut donc déconstruire le discours des islamistes...

 

En France, nous sommes loin d'une démarche saine de raison critique envers l'islamisme, car nous peinons toujours à le nommer. Il faut avant tout oser désigner cette idéologie pour ce qu'elle est: un fascisme. On ne peut pas prétendre combattre le terrorisme si on le considère comme un crime de droit commun. Il faut non seulement juger les terroristes, mais incriminer l'idéologie qui les produit.

En réalité, il y a bien plus de paix, d'amour et de justice dans la constitution française que dans le coran.

 

Selon vous, il faut aussi revenir aux sources du mal qui se situeraient dans le Coran …

 

On ne peut quasiment plus évoquer la religion musulmane en France sans la faire précéder par la précaution d'usage: «l'islam est une religion de paix et d'amour». Cela en soit indique qu'il y a bel et bien un problème. Lorsque la parole est confisquée, cela signifie que nous sommes face à un totalitarisme. Je ne vois absolument pas pour quelle raison l'islam serait la seule religion de paix et d'amour dans le monde. Revenons à la raison: l'islam est une religion écrite par des bédouins d'Arabie il y a 15 siècles, et elle est fortement empreinte de leur contexte. Prétendre qu'elle pourrait régir notre société et nos mœurs en 2016 est une hérésie. Il est essentiel de revenir aux sources écrites de la religion pour comprendre à quel point elles sont -à l'instar des écrits des autres religions monothéistes- un condensé de mythes et de barbarie. Le problème spécifique de l'islam, ce n'est pas tant l'archaïsme de ses textes, mais le mensonge collectif qui consiste à dire qu'ils seraient des textes qui prônent la paix et l'amour. En réalité, il y a bien plus de paix, d'amour et de justice dans la constitution française que dans le coran. Tant que nous ne disons pas aux islamistes que nous ne sommes pas dupes du message de leur religion, ils continueront à vouloir l'ériger en universel.

 

Vous dénoncez également la «chimère» du vrai islam. Selon vous, il n'y aurait pas de différence entre islam et islamisme

 

L'islamisme, c'est simplement l'islam appliqué à la lettre. Et l'islamisme génère forcément le terrorisme, puis qu'aucun théologien puriste ne déclarera le jihad ou tout autre précepte de l'islam caduc. Dans le dogme islamique, la religion est un tout, et non pas des pratiques à la carte. A chaque fois qu'un attentat terroriste est commis, les crypto-islamistes crient: «ceci n'est pas le vrai islam!». Mais personne ne nous dit jamais où il est, le vrai islam. Est-ce l'islam des individus qui en font une pratique partielle, respectueuse des lois? Moi je dirais Amen si ceux-là n'étaient pas dénoncés par les islamistes comme des apostats inféodés à l'Occident. Où est-il le «vrai islam»? En Arabie saoudite? En Iran? Dans les théocraties soft d'Afrique du Nord qui persécutent les buveurs d'alcool et les homosexuels, qui violent les droits des femmes et la liberté de culte et de conscience? C'est justement pour déconstruire ce mythe du «vrai islam» que je me suis attachée à revenir aux textes et à décortiquer leur contenu.

 

Mais tous les musulmans ne sont pas des islamistes!

 

C'est ce qu'on nous rétorque à chaque fois que l'on dénonce l'islamisme comme inhérent à la religion musulmane et non comme une idéologie ex nihilo. Mais d'abord, qui prétend que tous les musulmans de la terre sont des islamistes? Et qui désigne-t-on d'abord comme musulman? Si je m'alignais sur la définition du CCIF: l'islamophobie est un racisme antimusulman, j'en conviendrais (à tort) que les musulmans seraient une race. Si la race musulmane existe, et bien j'en fais moi-même partie. Pourtant, je suis bien loin d'être une islamiste, je suis même ce qu'il conviendrait d'appeler «une bouffeuse d'islamiste». On peut être musulman de culture et athée, voire athée militant. Pour moi, un islamiste c'est d'abord quelqu'un qui pense que l'islam a vocation à régir la cité, et qu'il prévaut sur les lois terrestres.

Le différencialisme culturel prôné par certains antiracistes est l'antithèse de l'antiracisme. Les droits humains, l'égalité homme femme, ne sont pas l'apanage des blancs.

 

Selon vous, l'islamisme serait «un fascisme comme les autres». En quoi cette idéologie est-elle totalitaire?

 

Elle est avant tout totalitaire parce que c'est le règne de la pensée unique. Est-il utile de rappeler le triste sort de tous ceux qui ont osé critiquer cette idéologie? Dans mon livre, je démontre que l'islamisme possède l'ensemble des caractéristiques structurelles des fascismes: le culte absolu de la personnalité du chef, un quasi-dieu. Mahomet, le chef perpétuel de l'Oumma, est si sacré qu'on ne peut même pas le représenter, et 15 siècles après sa mort, ceux qui osent le faire sont encore passés par les armes. Cette sacralité, il en lègue une partie aux souverains temporels qui règnent en son nom: on ne peut caricaturer aucun chef d'Etat musulman. Comme les autres fascismes, le fascisme islamique pratique un sexiste répressif contre les femmes et les homosexuels. Même dans un pays dit «modéré» comme le Maroc, les homosexuels sont passibles de 3 ans de prison, et les femmes n'ont légalement pas les mêmes droits que les hommes. Dans les pays où le projet du fascisme islamique a réussi, comme en Iran, en Arabie saoudite ou dans l'Etat islamique, les femmes doivent carrément disparaître du paysage en se couvrant de noir et les homosexuels sont pendus, ont la tête coupée ou sont précipités du haut d'un immeuble. L'autre caractéristique commune entre le fascisme islamique et les autres fascismes, c'est ce que les islamistes appellent la Taqia, c'est-à-dire l'habilité à masquer le véritable agenda. Les partis islamistes, comme les partis fascistes, se présentent d'abord avec des programmes attrape-tout qui admettent des revendications sociales ou ouvrières. Une fois arrivés au pouvoir, ils pratiquent un libéralisme sauvage et répriment toute contestation. Il y a aussi l'aversion profonde pour les intellectuels et les arts. Comme les autres fascismes, et peut-être même plus, l'islamisme opprime les artistes et les intellectuels et n'hésite pas à condamner en bloc certaines formes d'expression artistique comme la musique, le chant ou la peinture. Et puis, le fascisme islamique a aussi son uniforme, son drapeau, son prêt-à-penser, son jargon et son esthétique. Il suffit de voir comment des jeunes français ou belges se mettent du jour au lendemain en accoutrement saoudien pour s'en rendre compte.

Ces féministes ont admis une autre imposture intellectuelle : le féminisme islamique. Depuis quand l'islam a-t-il des choses à nous apprendre sur la libération des femmes ?

 

Votre livre est une charge contre l'islamisme mais aussi contre les «antiracistes». Ces derniers ont-ils fait le lit de l'islamisme? Comment?

 

Heureusement que tous les antiracistes de France ne sont pas tombés dans le piège tendu par les islamistes. Beaucoup rejettent la notion d'islamophobie et continuent à défendre un antiracisme universaliste. Le différencialisme culturel prôné par certains antiracistes est l'antithèse de l'antiracisme. Accepter une idéologie totalitaire qui réprime les femmes, les homosexuels et l'altérité de façon générale, comme étant l'expression légitime d'une différence culturelle, c'est dénier à certaines cultures les droits que l'on admet pour soi. Les droits humains, l'égalité homme femme, ne sont pas l'apanage des blancs, ils sont faits pour tout le monde. Malheureusement, les antiracistes différencialistes ont laissé les islamistes avoir le monopole de la définition de toute une culture. La forme de racisme la plus dangereuse aujourd'hui, ce n'est pas quelqu'un qui monterait sur un toit et crierait: «les bougnoules dehors!», car celui qui le ferait tomberait sous le coup des lois antiracistes. La forme de racisme la plus pernicieuse, c'est celle qui consiste à considérer les «musulmans» comme une race/culture/religion condamnée à être régie par sa coutume. Encenser les lumières quand il s'agit de culture occidentale et la dénier à l'Islam (avec un grand I), c'est ça le racisme.

 

Vous allez jusqu'à les comparer aux collaborationnistes. N'est-ce pas excessif ?

 

Pour moi, les antiracistes différentialistes ne sont pas les seuls collaborationnistes du fascisme islamique. Il y a aussi une partie de l'extrême gauche qui passe tout aux islamistes parce qu'elle est suffisamment condescendante (et manque surtout d'intelligence politique) pour considérer les «musulmans» comme un nouveau prolétariat. Il suffit de voir le sort réservé aux communistes par les régimes islamistes pour battre en brèche ce postulat. Il suffit aussi de rappeler que l'idéologie islamistes est financée par les plus riches de ce monde: l'Arabie saoudite et le Qatar, pour se rendre compte de la bêtise politique de cette extrême-gauche. Il y a aussi une partie du mouvement féministe, qui admet le voile comme une «liberté» alors qu'il sert de technique de marquage visuel non pas de celles qui le portent, comme elles le prétendent en France, mais de celles qui ne le portent pas dans les pays où il est obligatoire légalement ou socialement. Ne pas porter le voile dans un contexte où il prolifère, c'est être immédiatement identifiée comme non-adhérente à l'idéologie islamiste. Ces féministes ont admis une autre imposture intellectuelle: le féminisme islamique. Depuis quand l'islam a-t-il des choses à nous apprendre sur la libération des femmes? Il y a aussi une autre classe de collaborationnistes du fascisme islamique, qui eux, ne sont pas des idiots utiles, mais des acteurs conscients de l'expansion de cette idéologie détestable: une partie de la classe politique. Tous ces élus qui vont de compromission en compromission et cèdent le terrain à l'islamisme militant pour mieux être réélus. Ces politiciens devront un jour porter l'opprobre de leur trahison aux principes républicains dont ils sont pourtant censés être les défenseurs.

 

Zineb,

revient sur l’antisémitisme dans le Coran.

29 avril 2018 dans l'Obs

 

La journaliste et militante Zineb El Rhazoui réagit au « manifeste contre le nouvel antisémitisme ».

 

Lorsque j’ai entendu le mot « Yhoudi » (juif) pour la première fois, il y a plus de 30 ans au Maroc, il sonnait comme une insulte. C’était dans un large rassemblement familial, le genre de réunions où les adultes profitant des retrouvailles s’irritent de leur marmaille qui court dans tous les sens. Quelqu’un venait de traiter son enfant de « Yhoudi ould lyhoud (juif fils de juifs) pour lui dire qu’il était un vilain garnement. J’allais avoir l’occasion d’entendre cette « insulte » sous différentes formes au cours de ma vie au Maroc, un pays dont j’ai pourtant appris plus tard qu’il était le moins antisémite du monde arabe.

« Hachak » (sauf votre respect) est un mot que les Marocains, très soucieux de la politesse verbale, accolent à tout terme infamant. Ainsi, un Marocain dira « la poubelle hachak » ou « l’âne hachak ». Mais plus étonnant encore, beaucoup de Marocains diraient « une femme sauf votre respect » ou « un juif sauf votre respect ». D’ailleurs, la légende ne raconte-t-elle pas qu’avant l’extinction des lions de l’Atlas, en des temps immémoriaux, le voyageur qui craignait une attaque des fauves devait s’entourer de Juifs, un gibier si vil que le roi des animaux ne s’abaisserait pas à le chasser ?

Un peu plus tard à l’école primaire Al-Amani à Casablanca où j’apprenais des rudiments d’arabe, de français, et beaucoup de cours religieux, il se murmura dans la cour que la maison mitoyenne était habitée par des Juifs. Nous-nous crûmes alors autorisés, nous autres petits écoliers d’un établissement privé plutôt bourgeois, à balancer des insultes et des détritus depuis les fenêtres de nos classes. La propriétaire s’en plaignit au directeur, un lauréat de l’université théologique d’Al Azhar au Caire et docteur en littérature arabe, qui, furieux, nous administra une punition exemplaire. Pour la première fois, les antisémites en herbe que nous étions venaient d’apprendre que haïr les Juifs était quelque chose de mal. Ironie du sort, c’était M. Fahmi Shanti, un brillant intellectuel palestinien réfugié au Maroc où il avait fondé notre école, qui nous l’a appris.
Cette leçon, je n’allais jamais l’oublier. J’en retins que l’antisémitisme -n’en déplaise aux détracteurs de George Bensoussan- est bel et bien un atavisme que l’on a de fortes chances de téter du sein de sa mère pour peu que l’on reçoive une éducation islamique standard. Un atavisme, certes, mais pas une fatalité. J’en retins également que la cause palestinienne ne peut être prétexte à l’antisémitisme, même pour ceux qui ont en personnellement fait les frais comme M. Shanti. J’en retins surtout que tout théologien d’Al Azhar qu’il était, le directeur de l’école tenait avant tout à avoir des relations de bon voisinage. Si lui parvenait à vivre ensemble avec ses voisins juifs, pourquoi en France nous n’y parviendrions pas ?

L’antisémitisme musulman, le mot est lancé


Dans un « Manifeste contre le nouvel antisémitisme » publié dimanche 22 avril dans « Le Parisien », 300 personnalités politiques, médiatiques et du monde des arts tirent la sonnette d’alarme quant à l’inquiétante recrudescence des crimes antisémites commis en France par des islamistes. Pour ceux qui les perpètrent, ces actes ont un nom : le Jihad. Afin de faire cesser ces ordalies au rabais qui envoient tout droit leurs auteurs auprès des Houries de l’Éden et qui contraignent les Juifs de France à migrer plus prosaïquement vers des cieux ou des quartiers plus sûrs, les signataires du manifeste exhortent les autorités théologiques islamiques de France à frapper du sceau de l’obsolescence les versets du coran appelant au meurtre des Juifs, des Chrétiens et des incroyants.
D’aucuns ont d’abord réagi au texte en pointant sa partialité, car le fait même d’évoquer un antisémitisme islamique serait « stigmatisant » pour toute une « communauté ». Les auteurs du manifeste se sont ainsi vus sommés de mentionner tous les antisémitismes ; celui de la fachosphère française et celui qui sévit eu Europe de l’Est, sous peine de se voir accuser de façon à peine voilée d’ »islamophobie ». Cette même dialectique de l’intimidation enjoint à toute personne qui s’exprime sur l’intégrisme islamique de valider d’abord « qu’il y a des intégristes dans toutes les religions ». L’argument en apparence équilibré n’est qu’une technique de réfutation qui permet de diluer le propos sans jamais en discuter le fond.

Toutefois, ce sont les principaux intéressés eux-mêmes qui mettent fin à ce début de polémique stérile pour amorcer le seul véritable débat qui compte : la part de responsabilité des textes islamiques dans ces crimes antisémites et l’opportunité de procéder à un toilettage du texte coranique pour l’expurger de ses versets violents. « Des Imams au service de la République française », publié dans « Le Monde » du 25 avril, est rédigé par Tareq Oubrou, le recteur de la mosquée de Bordeaux, et signé par 30 imams qui dénoncent « le terrorisme et les crimes antisémites » et les qualifient de « situation intenable ». Si la démarche a le mérite d’entériner à demi-mot l’existence d’un antisémitisme musulman, les imams républicains ne vont pourtant pas jusqu’à accéder à la requête qui leur est faite de revoir leur copie du coran.

L’ »imam modéré » ? Un mythe médiatique

L’expression est à la mode. Ou comment un oxymore se ferait presque passer pour un pléonasme. Lors de la polémique sur le burkini qui a empoisonné le débat estival en 2016, les imams français dits modérés ont magistralement raté l’occasion de prouver que « modérés », ils l’étaient vraiment. Quasiment tous ont défendu la « liberté » de ces anti-Mariannes des plages à s’afficher en tenue wahhabite, déplorant pour la plupart cette « islamophobie » si française, à une heure où la France n’avait pas encore fini d’enterrer les victimes des attentats de Nice. S’il y avait, certes, matière à débattre du bienfondé des décrets préfectoraux interdisant le burkini, il aurait suffi qu’un seul de ces imams lève le petit doigt pour dire que l’on peut parfaitement être musulmane et porter le maillot de bain pour qu’il mérite authentiquement son étiquette de « modéré ». Aucun ne l’a fait.

Le traditionnel ballet des « condamnations » de ces imams fait maintenant partie du décorum post-attentats. Pourtant, il y aurait lieu de se questionner sur l’opportunité de plébisciter des théologiens qui se contentent de condamner des crimes qui le sont déjà par la loi au lieu de condamner les textes qu’ils prêchent dans leurs mosquées et qui justifient ces mêmes crimes.

Dans le cas précis des attentats visant les citoyens de confession juive, il aura fallu des années depuis le forfait de Merah pour que les imams lâchent le mot « antisémitisme ». Mieux vaut tard que jamais. Toutefois la noblesse de l’intention affichée masque à peine l’affront ressenti par les imams face à ces 300 illustres profanes qui les somment d’amender leur livre saint. Demander à un musulman croyant, imam de surcroit, de changer l’emplacement d’une virgule dans le coran, c’est comme demander au Louvre de repeindre la gorge de la Joconde en noir parce que les islamistes trouvent son décolleté trop affriolant.

Maladroite, certes, et même « ignare » comme l’a sous-entendu Tareq Oubrou, l’injonction faite aux responsables musulmans de se justifier sur les versets criminogènes contenus dans le coran a tout de même le mérite de sonner le glas d’une mystification. D’abord, à travers ce manifeste, 300 signataires d’horizons très divers affirment ne pas être dupes. Sauf à faire preuve d’une extrême mauvaise foi, plus personne ne croit à l’antienne répétée en chœur par les Imams de France et de Navarre face au fléau terroriste. Non, la succession des crimes idéologiques perpétrés à coups d’ »Allah Akbar » n’est ni l’œuvre hasardeuse de détraqués mentaux mystérieusement inspirés par le même génie profane, ni le fruit amère d’une civilisation occidentale intrinsèquement raciste et oppressive pour « une communauté musulmane » dont la jeunesse désœuvrée exprimerait ainsi de façon ultime son extrême désespoir. Si tel avait été le cas, on ne compterait pas les victimes du terrorisme islamique par milliers sous les cieux où règne l’Islam.

Ensuite, la proposition faite par les Imams signataires de l’appel des 30 de remédier au fondamentalisme en enseignant le « bon » islam – le leur – ne résiste pas non plus à l’analyse. En refusant encore une fois toute critique de fond des textes islamiques, parce que l’Islam serait foncièrement vertueux et mal interprété, Tareq Oubrou qui s’est fait connaître pour son projet très louable de régénérer l’islam de France, un islam qui selon lui doit être nourri de l’esprit des Lumières, semble ne pas se donner les moyens de ses ambitions. Comment réformer l’islam sans le critiquer, sans le pousser dans ses retranchements, sans le questionner sur la nature du coran, crée ou incrée, et sur la question du Salut dans la foi musulmane ? En effet, l’imam et ses comparses usent et abusent du postulat éculé de « l’islam religion de paix et d’amour » victime à la fois de « stigmatisation » de l’Occident et de mauvaise interprétation de la part de ceux de plus en plus nombreux qui commettent des crimes de masse en son nom.

« Citoyens aussi, nous voulons proposer notre expertise théologique aux différents acteurs qui sont confrontés aux phénomènes de la radicalisation dans les prisons, dans les établissements publics, fermés et ouverts, afin de répondre à des aberrations religieuses par un éclairage théologique lorsque les arguments avancés par ces jeunes sont d’ordre religieux. Une expertise que seuls les imams peuvent apporter », écrivent-ils. Autrement dit, à chaque fois que le texte coranique leur est opposé, et bien qu’il soit d’une très grande clarté quant au sort des Juifs, des chrétiens, des incroyants et des femmes, les imams éluderont en évoquant des complexités exégétiques qui ne sont en réalité qu’un écran de fumée. Ils renverront leur interlocuteur à son ignorance supposée du contexte, de la langue arabe ou des subtilités exégétiques pour s’affirmer comme seuls à pouvoir comprendre l’Islam. Les seuls donc à pouvoir sauver la France et le monde d’une menace idéologique pourtant contenue dans la foi qu’ils prêchent. Le tour de passe-passe est remarquable.
En réalité, s’adjuger le monopole de la compréhension du coran revient à mettre à l’index le corpus textuel islamique pour n’en distiller au public que ce qui en lustre l’image et paraît convenable pour les oreilles de la République. Les imams s’instaurent ainsi en clergé ad hoc, mais ils refuseront de se reconnaître comme tels à chaque fois qu’ils seront sommés de réformer leur dogme. En effet, comment toucher aux textes saints lorsque chacun sait qu’en Islam, il n’y a pas de clergé ?

L’antisémitisme, une science islamique ?

Si les imams reconnaissent à demi-mot l’existence d’un antisémitisme musulman, ils le décrivent volontiers comme une regrettable conséquence de l’ignorance de certains musulmans. Ces « ignares » qui n’ont pas pu profiter des Lumières des imams « modérés » de France se seraient ainsi formés à l’antisémitisme auprès de sombres réseaux anonymes sur Internet. Encore une mystification, pour ne pas dire un pur mensonge. Si n’importe quelle personne sachant lire l’arabe comme moi peut accéder à une riche bibliographie antisémite en effectuant une simple recherche sur Internet ou dans n’importe quelle bibliothèque du monde musulman, nos imams éclairés de France ne peuvent ignorer l’existence de tels « travaux ». Contrairement à ce que prétendent ces imams plus soucieux de lustrer leur image que de dire la vérité, les écrits antisémites ne sont pas toujours l’œuvre des prédicateurs autoproclamés des sous-sols. Citons quelques exemples !

Abdul Rahim Shareef, Doyen de la faculté de Charia à l’Université de Zarqa en Jordanie, titulaire – entre autres – d’un doctorat en exégèse coranique à l’Université de Damas en 2006, est l’auteur d’une recherche intitulée « Les caractéristiques des Juifs dans le coran ». En s’appuyant sur plus de 13 versets coraniques que sa qualité de docteur en exégèse habilite parfaitement à interpréter, il en sort que les juifs présentent huit caractères majeurs : le non partage de la sagesse, l’avarice, la cupidité, la couardise, la trahison, le mensonge, le vandalisme et le crime (ils assassinent les prophètes).
Voilà donc à quoi ressemble un travail académique en sciences islamiques dans un pays comme la Jordanie.

Les imams de France ne peuvent l’ignorer, l’étude des juifs semble même obséder les « savants » de l’Islam. Un autre universitaire, Abdullah Ben Radi Al Shamri, docteur en Charia mention Fiqh, professeur de théologie à l’Université de Hail en Arabie Saoudite, écrit sur le sujet : « Nous ne pourrons comprendre les Juifs que grâce à la description que Dieu en fait dans le coran. La raison de notre faiblesse face à eux, de l’humiliation qu’ils nous infligent et de notre sang qu’ils font couler, c’est que nous nous sommes éloignés des enseignements coraniques sur notre combat face à eux et que nous les avons substitués par une législation internationale et des considérations politiques (….) Les Juifs que nous voyons aujourd’hui sont les mêmes que Dieu a maudits depuis le septième ciel, ils ne sont pas différents de leurs ancêtres. Ils combattent même l’islam avec des moyens encore plus pervers (…) ». L’auteur de ces lignes compte à son actif plusieurs conférences en Europe, dont une en France, une à la faculté islamique de Bruxelles, une à Barcelone, et d’autres au Canada et ailleurs dans le monde.
Pour finir, l’auteure libanaise Salam Al Haj, diplômée en communication et en démographie à l’Université libanaise, ancienne journaliste du quotidien Al-Safîr, dénombre 24 caractéristiques des Juifs dans son étude « Qui sont les Juifs et quelles sont leurs caractéristiques dans le coran ? ».
Selon elle, aux huit tares citées plus haut, les Juifs se caractériseraient en outre et non exhaustivement par leur cruauté, leur insolence, et par leur idolâtrie de l’argent. Les « études » comme celles-ci sont légion dans les universités islamiques. Nier leur existence soulève la question de la sincérité des Imams de France lorsqu’ils proposent de promouvoir un islam des Lumières, compatible avec les valeurs républicaines.

De la contextualisation sélective


La seule posture acceptable de la part de Tareq Oubrou et de ses cosignataires, c’est non seulement la condamnation la plus ferme de ce type de travaux produits par leurs condisciples, mais surtout la réfutation absolue de ces thèses sur le plan intellectuel et théologique. Ils pourraient le faire, si seulement ils sortaient de leur posture identitaire. Non, Messieurs les Imams, vous n’êtes pas des ambassadeurs de l’Islam, vous n’avez pas un rôle de représentation, vous n’êtes pas la voix des musulmans de France, car ces derniers – ne vous en déplaise – ne sont pas une communauté, mais des individus. Des individus qui ne vous ont jamais élus.
L’Islam en France est-il à ce point devenu l’otage du paradigme identitaire qu’il en est devenu impensable d’en discuter le fond ? Qui oserait parler d’un catholicisme des Lumières devant un concert de rock irlandais, une exposition d’un artiste italien ou un défilé de mode d’un créateur français, simplement parce que les protagonistes sont nés dans des familles catholiques ? Pourquoi leurs congénères nés d’origines tunisienne, algérienne ou marocaine seraient-ils condamnés à être qualifiés et évalués par le spectre d’une identité religieuse monolithique aussi chimérique que dangereuse ?

Ceux parmi les musulmans éclairés qui s’évertuent à nous expliquer que les Musulmans peuvent être des personnes fréquentables ne nous apprennent rien. Nous autres Français de toutes origines avons suffisamment de sagesse politique et de valeurs humanistes pour nous permettre de critiquer ce fascisme qui se développe au sein de l’Islam sans en faire porter la responsabilité à tout individu né musulman, qu’il soit croyant ou pas, qu’il pratique la religion de ses pères ou qu’il ait choisi de s’y convertir. Ceux qui, par le déni de l’évidence, tentent de nous faire croire que l’Islam ne souffre aucun soupçon d’antisémitisme nous mentent. Nous n’avons pas besoin de leur discours infantilisant pour puiser en la civilisation islamique ce qui nous permettra de vivre avec nos concitoyens juifs.

Pour ma part, je n’ai jamais oublié la leçon de Fahmi Shanti, et je n’oublie pas non plus qu’il fut un temps où les cieux musulmans de l’Empire ottoman étaient bien plus cléments pour les Juifs que n’importe quel pays chrétien. Et pendant les temps les plus sombres en Europe, il valait bien mieux être juif à Alger, Fès ou Alexandrie qu’à Paris ou Berlin.

 

Expurger le coran n’est pas une hérésie, mais un contresens


Faut-il pour autant faire l’ablation de tout ce qui dans le coran ne correspond pas aux valeurs de la République ? Sans craindre d’offenser les musulmans, je suis en droit de me demander s’il en resterait alors grand-chose. Faire de l’archéologie coranique est nécessaire, mais vouloir l’expurger de ses versets barbares pour le rendre plus adapté à notre époque revient à en reconnaître le caractère législatif. Or, c’est bien parce que le coran est vu comme une constitution par une large partie de musulmans qu’il pose problème. Pas moins de 8 versets coraniques affirment que la terre est plate.
La science a-t-elle attendu pour autant que M. Oubrou et ses comparses les frappent d’obsolescence pour établir l’évidence ?

Au pays de Voltaire, à l’épreuve de la raison, l’Islam sacré des prédécesseurs arrive à péremption. Comme le catholicisme avant lui, il faudra que l’inconscient collectif français le désacralise pour le remettre à la seule place que devrait allouer une démocratie moderne en 2018 à un corpus législatif rédigé il y a 15 siècles en Arabie préislamique. Nul besoin d’expurger le coran que la tradition nous a transmis aujourd’hui s’il est tenu pour ce qu’il devrait : un livre ancien renfermant à la fois la sagesse et la barbarie des temps où il fut rédigé. L’Islam peinera à se renouveler tant que ses théologiens et ses fidèles défendront l’idée que Dieu est éternel, et que le coran est sa parole incréée. L’édifice intellectuel islamique continuera inexorablement à se fissurer jusqu’à effondrement total, tant que les questions fondamentales autour du coran, ses auteurs, sa chronologie, sa fabrication en tant que livre saint, seront soigneusement éludées par les imams.

Ce qui se joue à travers cette bataille des pétitions, c’est que l’omerta qui a entouré le dogme islamique pendant des siècles, usant de coercition et de violence contre tous les esprits éclairés qui ont osé induire le doute, est en train de céder à l’esprit critique et anticlérical français. Ce qui a été protégé à coup de lois anti blasphématoires ailleurs ne saura résister longtemps à la liberté du débat en France. Les crimes antisémites ou les attentats de « Charlie Hebdo » doivent être compris pour ce qu’ils sont : une ultime tentative de semer la terreur pour masquer la faillite intellectuel du dogme islamique tel que défendu par ses imams aujourd’hui.

 

Zineb El Rhazoui

 

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